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Par zéphyros2 le 16 Mars 2016 à 22:57
Mercredi 16 mars.
Encore attendre ! Encore patienter !... Que de temps perdu sur une destination ionienne faite de bleu, de blanc, de pita, d'ouzo et de retsina ! 580 miles me séparent des toutes premières îles grecques. Et je suis là, depuis 10 jours, à NETTUNO, avec un vent et une mer qui radotent, qui oscillent, qui hésitent entre le rien et le trop. "Cette fourberie des éléments est bien pire que la franchise d'un grain furieux. Le doute permanent qui règne finit par user". J'emprunte ce texte à Kim HAFEZ et à son livre, UNGHALAK - La quête sauvage.
Bien sur, entre lui et moi, c'est une autre échelle, une autre planète presque ! Lui est au fin fond du CANADA sous des températures hivernales, simplement sous une toile de tente, avec un canoë et quelques kilos de bagages, loin de tout, loin des hommes, avec seulement la Providence qui gratte à sa porte pour lui rappeler qu'il est vivant.
Bien sur, ce n'est pour moi, pas pareil. Je suis au port, dans un bateau confortable, au chaud, avec de la musique, du café..., mais comme lui, en ces instants ou le vent retrouve sa vigueur à n'en plus finir, je ne sais pas prendre la bonne décision. Où du moins, je ne sais pas si la décision que j'ai prise de patienter encore et toujours est la bonne. Et comme lui, j'en viens à douter de mes capacités à agir sur le cours de ma vie et à reprendre la mer. F5 à F6 aujourd'hui. Et du portant. 20 à 25 nœuds de vent pour te pousser en ligne droite. Et je reste au port !... Il y a quelques temps, je me serais mis en route. Mais là, je reste comme engourdi. Je suis engourdi par, si non le confort, la sécurité du port.
Alors je me dis : Quelle perte de temps ! Même si, au plus profond de moi, je perçois comme quelque chose de positif à cette attente. J'ai souvent dit que parfois, le chemin est plus important que la destination. Kim HAFEZ l'exprime avec d'autres mots : la chasse ne serait-elle pas plus importante que le trésor? Si la destination importe plus que le moyen de l'atteindre, alors il faut vraiment être bête pour emprunter le bateau à voile comme moyen de transport : lent et tributaire.
L'autre question est : si le moyen prime sur la destination, alors pourquoi aller si loin? Faire des ronds dans l'eau peut suffire ?
Ah Ah! Voilà à quoi ça sert de patienter : on se pose des questions existentielles sur le qui suis-je, où vais-je, etc... Peut être que la vérité est beaucoup plus simple : j'ai besoin de me sentir être, vivre, tout en donnant un sens à ma vie : vivre ne me suffit pas.
Bon. Je vais arrêter la bière pour aujourd'hui !
Au fait, ma carte électronique est enfin arrivée. Je n'ai plus aucun prétexte pour rester ici...sauf si négocier avec ÉOLE et ses copains s'avère impossible !
A bientôt...
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