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Par zéphyros2 le 29 Juillet 2024 à 01:14
Dès le lendemain de l’arrivée du Zeph à Πάτμος (transcription : Patmos), le Zeph était invité par le Βασίλισσα. Ainsi, à la première strophe du poème toscan, qui chantait les vertus de l’attente, a succédé, sans tarder, la deuxième strophe, qui révélait l’hospitalité du Βασίλισσα.
L’invitation du Βασίλισσα suscite deux remarques.
La première remarque concerne le facteur temporel. En effet, la promptitude avec laquelle cette invitation a été formulée indiquait qu’elle était le dénouement cohérent d’une pensée qui avait eu le temps de mûrir. Ce temps du mûrissement était accordé par l’attente.
À ce sujet, il n’est pas superflu de considérer cette phrase écrite par l’auteur français Christian Bobin dans son ouvrage « Une petite robe de fête » :
“L’amour – et la poésie qui est sa conscience aérienne, sa plus humble figure, son visage au réveil – est profondeur de l’attente, douceur de l’attente.”
L’écrivain utilise deux locutions pour caractériser l’attente, nourrie par l’amour. Selon lui, une telle attente possède de la profondeur et de la douceur.
Dans notre cas, l’attente décrite dans la première strophe était nourrie par l’amour fraternel entre le Βασίλισσα et le Zeph. Cette attente possédait donc de la douceur, qui s’est traduite par la tendresse des embrassades.
Selon Christian Bobin, cette attente possédait aussi de la profondeur : c’était cette profondeur qui a donné naissance à l’invitation.
La deuxième remarque suscitée par l’invitation du Βασίλισσα concerne le cadre physique où se sont déroulées les agapes préparées par le Βασίλισσα lui-même : c’était à son bord, et non en taverne.
D’ailleurs, le vocable même de ‘taverne’ n’a effleuré aucune lèvre.
Par empathie, le Βασίλισσα a pris en compte les convictions intimes du Zeph.
Pour ce sublime savoir-être du Βασίλισσα, le Zeph lui en sait gré « éternellement ».
Avec beaucoup d’intelligence et de tact, le Βασίλισσα a œuvré comme si c’était une évidence que la réception aurait lieu à domicile et non en extérieur. La manière d’amener à la lumière cette évidence et de conduire celle-ci sans heurt témoignait du brillant savoir-faire du Βασίλισσα. Pour ce brillant savoir-faire, le Zeph est très reconnaissant envers le Βασίλισσα.
Après ce prélude éthique, voici le lieu où le Βασίλισσα a concrétisé son initiative de recevoir le Zeph :
Il s’agissait de la baie de Γροίκος (transcription : Grikos), située à quatre kilomètres (à vol d’oiseau) au Sud-Est de Σκάλα (transcription : Skala), où était amarré le Zeph.
La photo a été faite du haut d’une falaise.
Le Βασίλισσα, qui se trouvait au premier plan, avait une bôme ocre.
Le balcon ocre avait une embarcation complémentaire, dotée de deux rames. Voici l’embarcation complémentaire :
Avec empressement et joie, le capitaine du Βασίλισσα a ramé jusqu’à la grève pour nous y attendre.
L’embarcation complémentaire s’appelait ΒΑΣΙΛΙΝΟΣ. La parenté sémantique entre les deux noms avait pour but de mettre en évidence le cordon ombilical entre le balcon principal et le balcon d’appoint.
En plus du nom, l’embarcation complémentaire attirait encore le regard par son extrême propreté. Aucune salissure, aucune tache n’étaient apparentes. Et tout le Βασίλισσα était comme cela, parfaitement propre, nickel chrome !
Et pourtant, le Βασίλισσα a consenti à introduire du désordre et même de la salissure dans son espace-cuisine pour faire plaisir aux papilles du Zeph ! Quel dévouement et quelle bonté d’âme !
Pour la circonstance, le Zeph possédait aussi un balcon d’appoint, non pas flottant, mais roulant, avec deux roues, deux selles et deux casques. Voici le balcon roulant, qui a été loué pour deux jours :
La fête de l’amitié à bord du Βασίλισσα était précédée par une mise à l’eau. Voici l’entrée dans l’eau, conduite par le messager du Βασίλισσα :
Certes, il y avait les précautions d’usage, liées au bon sens : faire attention aux vagues, éviter de provoquer le déséquilibre et l’inondation, ne pas introduire du sable ou des cailloux à l’intérieur de l’embarcation,...
Cependant l’intérêt de la photo n’était pas dans les formalités d’embarquement, mais dans la synchronisation des gestes de part et d’autre. Une synchronisation qui exprimait une convergence stratégique et une complicité fraternelle.
L’étape suivante était la traversée depuis la grève jusqu’au Βασίλισσα :
La photo a été faite par la Muse du Βασίλισσα, qui observait de son balcon ocre le déplacement de la caravane flottante.
À l’arrière-plan, sur la gauche, se profilait une pente. Nous avons garé en haut de cette pente la mob de location. Puis nous avons rejoint la grève à pied, en empruntant un chemin très raide, très étroit et très glissant. Pendant cette descente périlleuse, le capitaine du Βασίλισσα surveillait très attentivement nos pieds, nos jambes, nos bassins, nos bras et nos têtes, de peur que nous ne nous fassions mal.
Cette vigilance de tous les instants reflétait une affectueuse sollicitude.
L’escalade dans le sens inverse, pour le chemin du retour, a donné lieu à une sollicitude encore plus grande, à cause de l’obscurité et de son inéluctable cortège de pièges.
On ne retrouve pas le Βασίλισσα, ni on le quitte, sans s’émouvoir de la bonté qu’il irradie autour de lui.
Voici la caravane flottante qui arrive au seuil du Βασίλισσα :
Avec le Βασίλισσα, comme avec les Grecs, l’hospitalité ne commence pas au seuil, mais bien avant. De la même façon, pour l’au revoir, elle ne s’arrête pas non plus au seuil, mais continue bien au-delà !
L’hospitalité généreuse rend extensible l’espace pris en charge.
Pour ces retrouvailles, le Βασίλισσα a innové au sujet du protocole d’accueil. Une garde d’honneur nous était consacrée :
Le recrutement de cette garde d’honneur obéissait scrupuleusement à la règle de la parité. Au premier plan, c’était la contribution du féminin, avec « Bouboulina ». À l’arrière-plan, c’était la contribution du masculin, avec « Spiro ».
Après ces considérations relatives à la topographie, venons-en à l’entrée en matière gustative, que le Βασίλισσα a conçue comme un triptyque.
Le premier volet comportait une omelette fourrée, taillée en polygones.
Le deuxième volet associait le moelleux des champignons avec le croquant des supports de froment.
Le troisième volet jouait sur le contraste entre la douceur du beurre et l’âpreté des anchois.
Chaque bouchée était un véritable délice.
Comme breuvage, le Βασίλισσα a servi un Entre-Deux-Mers sorti des fûts de la Cuvée Clémence :
Le Zeph n’était pas venu les mains vides : il a apporté le Bordeaux blanc de la Cuvée Éléonore :
Pour le plat principal, le Βασίλισσα a prévu des pâtes.
La parure de l’accueil du Βασίλισσα était la pureté des intentions. L’équivalent de cette pureté se retrouvait, en architecture, dans le profil de la chapelle grecque.
Les pâtes étaient accompagnées d’une sauce aux supions.
Le goût de la mer, bien dosé, mettait l’assiette en résonance avec le cosmos ambiant.
Avec générosité, le Βασίλισσα nous a offert le plaisir de savourer la merveilleuse authenticité d’un véritable chez-soi.
La sincérité et le dévouement faisaient que le menu concocté par le Βασίλισσα ce soir-là était le meilleur menu de toute la baie.
Car nulle part ailleurs, il n’y a eu autant d’enchantement dans l’assiette, grâce à l’amitié, qu’à bord du Βασίλισσα.
Comblés, nous avons retrouvé le Zeph avec le clair de lune.
Sur cette photo nocturne de la baie de Σκάλα, l’édifice que les insulaires appelaient pompeusement le Grand Monastère se trouvait tout à fait à droite, en haut de la montagne.
Quant au Zeph, il était reconnaissable sous le phare rouge.
Le balcon posé sur la mer à Πάτμος était le balcon choyé par l’amitié. La deuxième strophe du poème toscan chantait la douce prévenance et l’affectueuse sollicitude du Βασίλισσα.
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