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2- Des miles et des miles
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Par zéphyros2 le 3 Avril 2020 à 18:39
On arrive à la cardinale « des moines » au large des îles de LERINS. On a parcouru près de 15 miles depuis ST RAPHAEL. Le vent nous oblige à mixer voile et moteur. La traversée vers la CORSE est encore compromise pour cause de météo.
Le mousse dort dans le cockpit après un repas d'apéritif : vin rouge, pain, lonzu, coppa et fromage de chèvre. Le bateau marche bien.
Les ports de NICE et de VILLEFRANCHE sont complets. Dommage... J'aime bien ces ports. On finit donc par s'ancrer dans la baie (de VILLEFRANCHE). C'est coloré à souhait et la mer est calme. On ne va même pas aller à terre ! Le bateau est trop proche d'un de mes voisins et l'annexe n'est pas gonflée et à la rame, c'est un peu loin, et même si je dispose d'un p'tit moteur HB, faut quand même le mettre sur l'annexe qui n'est toujours pas gonflée ! Hein ? Le dire c'est pas le faire !
Finalement, ce n'est que le 6 août que nous commençons notre traversée vers la CORSE. La météo n'annonce pas de vent supérieur à F4. Après, ça se dégrade à nouveau ! Bon augure et heureux présage, dès la sortie de la rade de VILLEFRANCHE, quelques dauphins viennent nous souhaiter bonne route ! C'est sympa à eux, non ?
La journée s'écoule calmement. Durant ce trajet, nous avons de grandes périodes de voile pure. Le ZEF taille sa route sans faiblir. Je surveille l'avancée à l'estime ! On a des conditions météorologiques rarement rencontrées lors de nos précédentes traversées où le moteur ronronnait près de 20 heures non-stop ! Et c'est tant mieux.
Après l'estime, j'affine le point au GPS. La nuit va tomber... L'île de la GIRAGLIA est encore loin devant. On la passe à l'aurore et nous poursuivons notre route en direction de l'île d'ELBE et plus précisément PORTO AZZURO sur sa face EST. Pas d'arrêt prévu en CORSE ! Ça vous étonne ? Moi non !... Et même si nous ne nous arrêtons pas en CORSE, c'est toujours avec plaisir que je sens le parfum délicat du maquis, et ce, bien après en avoir perdu de vue les contours !
Après 31 heures de mer et 164 miles, on arrive à la nuit à PORTO AZZURO. Toutes les pannes du port que j'ai connues jadis ont disparu ! Forcément, le port est vite complet. Ça explique aussi pourquoi le mouillage est si bondé !
Mon premier essai pour mouiller l'ancre est infructueux ! Elle ne croche pas. Le second essai sera le bon. Ça tient ! On peut partir à terre faire la nouba ! En fait, j'aurais mis beaucoup de temps à tergiverser, choisir ma place, le bon endroit, là où on gêne pas et là où personne ne me gêne ! D'autres ne s’embarrassent pas... Ce qui fait qu'au petit matin, on en découvre un, quasi juste sous notre proue ! Le vent se serait levé et ç'aurait été, une fois de plus, la débandade !!!
Bon. En fait de vent, il est nul. Et la mer itou ! Le mouillage est sans ride. Il n'y a même pas une petite houle pour venir nous bercer !
Aux premières heures du jour, on lève l'ancre. Il est 8H30. En silence, on quitte le mouillage. Le petit vent qui nous déhale à 4 nœuds est vite remplacé par le moteur. On a 30 miles à faire et je ne veux pas m'éterniser sur l'eau, et spécialement ce jour... Parce que trouver une place dans le port de PORTO ERCOLE, c'est pas aisé si on arrive trop tard !... Bon. Je connais bien l'endroit... Et je sais qu'il y a souvent une petite place, cachée au fond du port... Mais faut pas y arriver trop tard quand même ! J'aimerais bien y faire de l'eau, la lessive et y boire un café !
L'île de MONTE CRISTO s'est fondue dans la brume matinale. GIGLIO et ARGENTARIO dessinent de très légers contours bleutés sur l'horizon, tandis que ELBE s'efface peu à peu.
Lorsqu'on arrive, notre place nous tend les bras ! On est au quai de la Guardia Costiera ! On s'y glisse en marche arrière, on amarre le bateau et on squatte allégrement l'eau et le courant sur les bornes disponibles !!! Mais on a oublié un truc ! On est en août et l'ormeggiatore du coin ne voit pas d'un très bon œil que nous, picoli Francesi, (petits Français), prenions ici une place sans payer quoi que ce soit ! Et donc, on est prié d'aller voir ailleurs !!! La guigne !
Par VHF, on trouve une place dans la marina d'à côté. CALA DI GALERA. On nous guide jusqu'à notre place, on prend nos amarres et on nous branche le bateau. Après ? Il suffit d'aller payer ! 113 € qu'ils veulent !!!!!!!!!!!! Alors zou, on file au mouillage !
Depuis que nous sommes en ITALIE, on n'a pas encore pu vraiment se balader sur la terre ferme ! Ça fait 3 jours...C'est un huis-clos avec le mousse depuis une semaine. Parce que les ports sont trop chers et les mouillages bien encombrés, on se résigne à s'ancrer un peu loin des centres urbains ! Et comme j'ai la flemme de gonfler l'annexe et d'y installer le moteur... Ben voilà quoi !
L'avantage, c'est que nous nous endormons avec le bruit des vagues qui roulent sur la plage et celui, lancinant, des cigales dans le maquis. Et, comme chaque matin depuis plusieurs jours, notre journée débute dès les premiers rayons du soleil !
Pour mieux profiter de nos escales, y m'faudrait, outre un port pas cher, voire gratis 1/ Que je puisse avoir confiance en mon mouillage et que je me fasse confiance, aussi ! Et 2/ Que je gonfle l'annexe, que je lise le mode d'emploi du moteur HB que je n'ai encore jamais essayé, que j'achète de l'essence et que je le teste ! C'est pas encore gagné !
On quitte donc le mouillage aux aurores... Comme la dernière fois. Sauf que là, il est 6H30. On ne gêne personne. On s'éclipse en douceur. Comme quand je travaillais et que je partais un peu avant l'heure réglementaire ! Oui, oui... J'ai appris à faire ça. A force de regarder mes patrons !
63 miles plus loin, on entre dans le port d'OSTIA : PORTO DI ROMA. J'y fais une manœuvre caca-phonique, mais en silence !
Une sacrée manœuvre, tiens ! En 2 mots : Ne sachant pas où était la place qu'on nous avait attribuée, je déboule dans le port... Pas bien ça ! Au dernier moment, ayant repéré la place, je ralentis à peine et, ne voulant pas refaire une nouvelle manœuvre d'approche, ne voilà t'il pas que je vire à droite toute ! Wouaouhh... Super ! Entre temps, le mousse qui préparait les amarres et les défenses en laisse échapper une. Bon. C'est pas grave en fait. Et moi ? Que fais-je ? Ben je lâche la barre alors que le bateau a viré, et, moteur embrayé, je vais aider le mousse avec la gaffe pour récupérer la défense. Ah ! Ça c'est bien, hein ? Bien sûr, le bateau a continué sur sa trajectoire... Normal quoi. Et quand je m'en aperçois, on est plus qu'à peine 2 mètres d'un autre bateau, en long side, sur le quai d'en face ! Je lâche tout, gaffe et compagnie, et saute d'un bon de gazelle (pas toute jeune la gazelle) jusqu'à la barre pour enclencher une marche arrière express ! Trop tard ! La proue avec son ancre heurte violemment le liston du voilier juste devant ! Un bruit d'enfer ! Tout le monde nous regarde ! Heureusement qu'il n'y a pas grand monde... Je finis par me dégager et file, honteux, tout au fond du port pour me cacher !
Le pire dans tout ça ? C'est que j'ai aucun dégât !!! Et pour le bateau voisin ? Ben... J'ai honte... Mais je n'ai pas pu aller y voir de près ! Bon. Y semblait abandonné... (Ouahhh, l'excuse bidon!). Et puis, j'aurais fait quoi ? Il a pas coulé quand même, hein ? Ça lui fera un souvenir ! Un petit... Parce qu'en quittant le port, quelques jours plus tard, j'ai bien longé le dit voilier de près et au ralenti, et j'y ai rien vu : A peine une égratignure. Un petit souvenir quoi !
Non. Le vrai pire, c 'est qu'en jouant à la gazelle, je me suis terriblement blessé au pied, à tel point que j'ai gémi (pauvre bichon) toute la nuit ! Et la Lune n'y a rien changé !
Après avoir boitillé une bonne partie de la matinée, m'aidant de la gaffe en bois en guise de béquille, après avoir fait quelques courses à la pharmacie du port, on prépare les vélos ! J'peux pas marcher, mais j'peux pédaler ! Heureusement !
Voilà. Le soleil se couche. Demain ? On visite ROME. On est venu pour ça !
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