• Janvier 2020

    L'amour, le divin ne sont que des mythes créés par les hommes – des illusions, dit-on – mais que seraient les hommes sans ces illusions qui les recréent ? Le visible donne une existence à la valeur, l'invisible donne une valeur à l'existence

    Gustave THIBON

    Ah ouais ? Ben avec ça, je ne sais plus trop ce qu'il faut penser, moi !
     

  • Il voulait partir loin, très loin. Sa destination était dictée par son idéal de liberté. Liberté pour tous, pour les autres aussi, pour les opprimés surtout.

    Son départ était donc un élan d’altruisme.

    C’était par un ami de son père qu’il appris que de l’autre côté de l’Océan, des colonies venaient de se soulever pour se défaire du joug de la puissance dominante.

    Il a décidé de prêter main forte aux insurgés en les rejoignant. Et pour leur permettre d’acquérir leur liberté, il a mis en œuvre la sienne, intelligemment, patiemment et efficacement.

    Existait-il des contraintes auxquelles sa condition personnelle était assujettie ?

    Aucune par rapport à la santé, car il était dans la fleur de l’âge. Il n’avait que dix-neuf printemps quand il a planifié le projet de traverser l’Océan pour venir en aide aux insurgés.

    Aucune contrainte non plus par rapport aux finances. Grâce à la noblesse de son rang social, qui mettait à sa disposition d’importantes ressources matérielles et un réseau d’amis dévoués et zélés. Il était marquis !

    Et pour le récent passage à l’an neuf, la Providence a mené nos pas vers le sillage du jeune marquis épris de liberté.

    Nous voici devant le port de Saint-Jean-de-Luz, au Pays Basque :

     

    La liberté de partir
     

    Le jeune marquis s’y est arrêté, lui aussi. Mais pas en tenue de marquis. Il avait revêtu des habits de postier. Pourquoi cet accoutrement ? C’était un stratagème pour déjouer la vigilance de l’opposition, qui était double.

     

    La liberté de partir

     

    D’abord, le jeune marquis ne voulait pas éveiller les soupçons des espions lancés à ses trousses par la puissance dominante dont le joug était à secouer. Non seulement il devait se méfier de l’ennemi contre lequel il allait se battre, il devait encore tenir compte de la position de son propre roi, qui n’était pas du tout favorable à une expédition susceptible de déclencher des incidents diplomatiques très fâcheux.

    Pourquoi le jeune marquis s’est-il rendu à Saint-Jean-de-Luz ?

     

    La liberté de partir

     

    Parce que de là, il pouvait traverser la frontière et rejoindre son bateau qui l’attendait de l’autre côté.

     

    La liberté de partir

     

    Innocemment, nous aussi, nous sommes passés du Pays Basque français au Pays Basque espagnol.

     

    La liberté de partir

     

    Nous voici à San Sebastián, non loin de là où le jeune marquis avait fait amarrer son bateau :

     

    La liberté de partir

     

    C’était un bateau de commerce, officiellement déclaré pour aller faire du négoce à Saint-Domingue, dans les Caraïbes. Il ne fallait surtout pas alerter les services secrets du roi à propos de la finalité militaire et politique de l’expédition.

     

    La liberté de partir

     

    Déguisement administratif avant le déguisement vestimentaire.

    Mais avant cette ruse administrative, il y en a eu une autre.

    À l’époque, la majorité était fixée à vingt-cinq ans. Légalement, le marquis n’avait donc pas le droit de faire des transactions à cause de ses dix-neuf printemps. Qu’à cela ne tienne ! Il a demandé à un ami, plus âgé, de réaliser l’acquisition du bateau. Le marquis n’avait pas son propre nom inscrit dans les registres de commerce. Cependant, il demeurait la figure centrale de l’expédition qu’il avait conçue.

    L’armement du bateau se faisait en secret, au Pays Basque.

     

    La liberté de partir

     

    Et du rivage basque, la nef pourrait s’élancer, en toute quiétude, vers l’Océan.

    Le bateau avait-il un nom ? Il n’en avait pas qu’un, il en avait quatre. À la sortie du chantier de construction, il s’appelait « La Comtesse de Richemond ». Puis, « La Bonne Mère ». Et ensuite, « La Clary ». Juste avant de rejoindre les insurgés de l’autre côté de l’Océan, il a été rebaptisé par le jeune marquis et s’appelait désormais « La Victoire ».

    La liberté se doit d’être victorieuse.

    Le 26 avril 1777, la liberté de partir se concrétise, quand les amarres sont détachées, quand l’étrave s’élance et que les voiles se gonflent.

     

    La liberté de partir

     

    Grâce à son ingéniosité et à sa persévérance, le jeune marquis a eu accès à la liberté de partir.

    Trois ans plus tard, il a de nouveau traversé l’Océan pour défendre l’idéal de liberté. Cette fois-ci, son bateau n’était plus un navire de commerce, mais une frégate de guerre qui s’appelait « L’Hermione ».

    Au Pays Basque, nous avons levé nos verres en souvenir de la fabuleuse initiative du jeune marquis.

     

    La liberté de partir

     

    La liberté de partir requiert des ressources matérielles et mentales.

     

    La liberté de partir

     

    Parmi les ornements architecturaux mis en valeur par les illuminations au Pays Basque, se trouvaient des profils qui évoquaient la marine.

     

    La liberté de partir

     

    Nous nous plaisions à voir dans les splendides lumières qui baignaient les effigies de la navigation la gloire de « La Victoire », qui avait précédé celle de « L’Hermione ».

    Port Napoléon ne nous fait plus des appels du pied depuis que le Zeph hiverne dans le Golfe Ambracique. Alors s’offre à nous la liberté de partir vers l’Ouest, là où la mer s’amuse à avancer et à reculer.

     

    La liberté de partir

     

    Le καιρός – ΚΑΙΡΟΣ vient de donner à cette liberté de partir une saveur exquise en nous conduisant sur les traces du marquis Gilbert du Motier, dit « La Fayette ».

     

    La liberté de partir

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