• À l’automne dernier, le Zeph a dit à l’Aventy : « Venez quand vous voulez ! Point de protocole entre nous ! Sur place, on improvisera. »

    Une semaine après notre retour du périple ibérique, nous avons reçu, dans le Val de Saône, l’Aventy.

    Pour les agapes de midi, nous avons prévu une table avec l’azur qui nous a réunis en juin dernier, à Ponza, dans l’arcipelago delle Isole Ponziane.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Un azur lumineux et généreux.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    L’azur de fête pour les retrouvailles, saison après saison.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Après la délectation à table, l’Aventy a l’habitude d’enchaîner avec une passeggiata pour profiter de la lumière et du bon air. Nous sommes donc allés du côté de l’Île Barbe pour nous promener à pied.

    Avec l’Aventy, la passeggiata a une triple fonction : digestive, récréative et éducative. Il ne s’agit pas de marcher pour chasser l’oisiveté, mais de mettre un pas avant l’autre pour mieux connaître l’environnement et l’apprécier à sa juste valeur. Les découvertes faites en chemin interpellent, questionnent, émerveillent. Le savoir est l’aiguillon du plaisir. La finalité de la démarche n’est pas l’érudition, mais une plus grande intimité avec le cosmos.

    Première halte botanique, à la sortie du domicile du capitaine : le jasmin d’hiver.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    L’Aventy nous explique comment ne pas le confondre avec le mahonia, qui, lui aussi, est prospère en cette saison. Le premier exhibe de longues tiges arquées et des fleurs solitaires tandis que le second présente des fleurs en grappes et un feuillage qui rappelle celui du houx.

    L’Aventy a la sagesse et le talent de ne jamais prendre le ton professoral pour diffuser son savoir. L’ignorance ou la maladresse de l’interlocuteur ne suscitent jamais chez l’Aventy le ton du scandale ni celui de la moquerie. Certes, l’Aventy est conscient que la transmission de l’information est une contribution visant à aider l’autre, mais l’Aventy n’y voit pas une relation de supériorité. Car le motif de la communication est la bonté, et non l’exhibition de soi.

    Le chemin qui conduit vers les berges du fleuve traverse le Parc de Montpellas, qui est en pente.

    Le première exclamation de l’Aventy est pour l'éclosion des violettes dans la pénombre.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Exclamation de joie, bien sûr.

    Nous nous faisons expliquer les caractéristiques de l’espèce florale.

    Quelques pas plus loin, de nouvelles exclamations signalent la présence de pervenches, toujours dans la pénombre, et toujours dans la palette des bleus.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    De nouveau, nous nous faisons préciser les détails qui permettent l’identification.

    L’Aventy a l’œil aiguisé pour explorer la pénombre, mais il se montre aussi vigilant dans le miroitement de la lumière. Voilà qu’il s’extasie, en pionnier, devant un laurier comestible :

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Là où nous n’avons vu que du lierre, l’Aventy a reconnu un laurus nobilis, non sans le relier à l’assaisonnement des prochains plats du Zeph.

    La promptitude du repérage et de l’identification témoignait de l’éveil sensoriel et de l’expérience acquise. La disponibilité ne concernait pas que les jambes, elle était aussi à l’œuvre au niveau de l’intellect.

    Avec l’Aventy, c’est toujours sérieux, mais ce n’est jamais barbant.

    Avec l’Aventy, la ronde des heures est très plaisante, sans masque et sans farce.

    On rit volontiers, on sourit très souvent, sans pitrerie, sans acrobatie.

    Ah, qu’il est doux, le bonheur de la simplicité, faite de calme, de modération et d’harmonie !

    L’Aventy est féru de sciences environnementales, mais jamais pédant, jamais hautain.

    Sa pédagogie opère par la douceur, le respect, et même l’humilité.

    L’Aventy offre au Zeph une disponibilité réciproque, immédiate, durable.

    Une disponibilité qui n’a pas failli depuis Cetraro et Ponza.

    Le Val de Saône a réservé à l’Aventy de belles surprises. L’une d’elles concernait la physionomie de la différence. La différence ne déstabilise pas l’Aventy. Loin de là, l’Aventy l’embrasse volontiers, dans un élan de fraternité noble et communicatif. Ce jour-là, la différence venait d’un continent que les géographes et les sociologues avaient coutume de situer sur un axe Nord-Sud, en position méridionale, c’est-à-dire, en bas, dans tous les sens du terme.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Longuement, l’Aventy a contemplé le spectacle de la différence, puis est parti à la recherche de l’alter ego parmi ce foisonnement de nouveautés. La quête a été fructueuse, car l’Aventy a jeté son dévolu sur un masque bleu.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Les masques reçoivent les derniers rayons du soleil qui se couche sur la rive opposée.

    Ils occupent donc la même position que les sculptures sur le portail occidental des églises, qui est le portail de la gloire.

    Quelle gloire a trait à ces visages illuminés dans leur attente ?

    Vers la fin du mois de mai de l’an 2017, l’Aventy a livré au Zeph plusieurs visions fascinantes du sanctuaire Santa Maria de finibus terrae, sur le rivage d’Otranto. L’une d’elles montrait un face à face entre le Roi Salomon et la reine de Saba sur l’immense mosaïque de 1512 mètres carrés.

    Avec ce contexte, la multitude de masques qui absorbent la lumière dorée du soleil couchant représente le cortège de la Reine de Saba.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Il se tient prêt pour accueillir le Grand Salomon, dont parlent les Écritures grecques.

    En effet, dans le récit de la Bonne Nouvelle selon Matthieu, on peut lire ceci :

    βασίλισσα νότου ἐγερθήσεται ἐν τῇ κρίσει μετὰ τῆς γενεᾶς ταύτης καὶ κατακρινεῖ αὐτήν ὅτι ἦλθεν ἐκ τῶν περάτων τῆς γῆς ἀκοῦσαι τὴν σοφίαν Σολομῶνος καὶ ἰδοὺ πλεῖον Σολομῶνος ὧδε

    ΤΟ ΚΑΤΑ ΜΑΤΘΑIΟΝ ΕΥΑΓΓΕΛΙΟΝ. Kεφ. ιβ’. Στίχος μβ

     

    La reine du Sud se réveillera, lors du jugement, avec cette génération, et elle la condamnera, parce qu'elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon ; et pourtant il y a ici plus que Salomon.

    Bonne Nouvelle selon Matthieu. Chapitre 12. Verset 42

     

    La "reine du Sud" évoquée dans le verset est la Reine de Saba.

    Les masques sont du plasticien camerounais Pascale Marthine Tayou.

    Autre magnétisme auquel l’Aventy n’a pas cherché à résister : le Belvédère avec ses nervures irisées.

    Était-ce à cause de l’architecture orientalisante, qui rappelait le profil des dômes de la côte amalfitaine, magnifié par la coupole hémisphérique et l’émail étincelant ?

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Ou était-ce à cause de la position stratégique, qui offrait un superbe panorama sur l’amont, avec le plus vieux pont de Lyon au premier plan et l’abbaye bénédictine derrière le pont ?

    On accède au poste d’observation par une rampe qui est parallèle à un ancien embarcadère. C’est là où, jadis, le mentor du capitaine du Zeph a finalisé le projet qui enfanterait une légende sur les flots grecs.

    Quand l’Aventy s’est précipité vers cette rampe pour monter vers le Belvédère, il était en fait attiré par l’énergie résiduelle laissée par l’ancien chantier naval, qui était florissant, car à l’époque, on ne parlait pas encore de Confluence.

    On quitte le Belvédère en descendant la rampe que l’on a empruntée pour monter. À cette période de l’année, le soleil couchant était pile dans le prolongement de la rampe.

     

    La promesse de la disponibilité 

     

    Dans cet éblouissement, il y a tout le rêve du Sud, au sens large bien sûr, c’est-à-dire un Sud qui s’étend aussi vers l’Orient, dont fait évidemment partie la Mer Égée.

    Le Belvédère est l’œuvre de l’artiste stéphanois Jean-Michel Othoniel, membre de l'Académie des Beaux-Arts depuis le 14 novembre 2018.

    Nous avons quitté les berges de la Saône quand le pont de l’Île Barbe a commencé à s’illuminer.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Trois décennies plus tôt, l’Aventy, sans voile, était passé sous le tablier métallique pour rejoindre le Bas-Rhône.

    L’Aventy n’oublie pas le passé. Mais il réserve sa disponibilité, pleine et entière, pour le présent et pour le futur.

    Mais de quelle disponibilité parle-t-on depuis tout à l’heure ?

    De celle du Zeph envers l’Aventy ou de celle de l’Aventy à l’égard du Zeph ?

    Initialement, l’article était dédié à celle du Zeph envers de l’Aventy.

    Comme de coutume, l’effet miroir se révèle inévitable et la réciprocité se mue en complémentarité.

    Il en est toujours ainsi du lien d’amitié entre l’Aventy et le Zeph, depuis l’aurore du voyage initiatique de celui-ci.

    Pour les agapes du soir, nous avons proposé à l’Aventy une table avec la palette du crépuscule.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Les joies de la passeggiata anticipée ont donné plus de saveur à la nourriture et plus de bonne humeur et d’enthousiasme à la dégustation.

    La question cruciale qui se pose à chaque bateau à partir de midi jusqu’à la tombée de la nuit est celle de la disponibilité des places, au port comme au mouillage. Cette disponibilité est très fortement conditionnée par l’enjeu financier, mais aussi par le sans-gêne de ceux qui affluent.

    Entre l’Aventy et le Zeph, la disponibilité n’est ni une denrée rare, ni un motif de stress.

    C’est même ce qui caractérise le mode de vie de l’un et de l’autre. C’est la signature commune aux deux itinéraires, que ceux-ci se déploient dans la Mer Tyrrhénienne et la Mer Égée, ou au fil des saisons, dans le cadre temporel.

     

    La promesse de la disponibilité

     

    Entre l’Aventy et le Zeph, la promesse de la disponibilité sera toujours tenue.

    Le dramaturge romain Publilio Siro, contemporain du Consul Marc-Antoine, a déclaré :

    « La disponibilità di un animo altruista non ha limiti ! »

    « La disponibilité d'une âme altruiste n'a pas de limites ! »

     

    Selon l’auteur romain, la disponibilité est régie par la loi du tout ou rien.

    Ou l’on est disponible, ou l’on ne l’est pas. On ne peut pas être disponible qu’un tout petit peu, ou même à moitié. Dans ce cas, cela veut dire que l’on ne l’est pas du tout. À l’inverse, si l’on affiche sa disponibilité, alors celle-ci est nécessairement sans limite, selon Publilio Siro. Dans ce cas, la promesse de la disponibilité est un pacte avec l’éternité.

     

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