• Février et Mars 2016

    Les articles de ces deux mois :

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    • SCAURI (en ITALIE)
    • De GAETA à NETTUNO
    • De NETTUNO à ANZIO
    • Je reste à NETTUNO
    • Par TOUTATIS ou par MERCURE, je ne sais plus, mais c'est une drôle d'histoire !...

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    • Dédicace...
    • Force 8
    • Force 8, bis !
    • La parenthèse bretonne (CONCARNEAU)
    • Une Bretagne d'épaves...

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    • Souvenirs bretons
    • Bon ben voilà quoi !
    • Il pleut, il pleut et il pleut !
    • La via APPIA
    • Un génie à bord

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    • En quête de soi
    • De NETTUNO à VENTOTENE
    • De VENTOTENE à FORIO D'ISCHIA
    • De FORIO D'ISCHIA à CAPRI
    • De CAPRI à ACCIAROLI

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    • ACCIAROLI
    • CAMEROTA (Rencontre avec l'AVENTY)
    • De CAMEROTA à SCARIO
    • De SCARIO à MARATEA

     

    Février et Mars 2016

    Peu d'escales, ces 2 mois. Je sillonne à vélo les environs de Gaeta avant de revenir à Nettuno pour près d'un mois, le temps d'une parenthèse bretonne !

    Ce n'est que le 18 mars que je reprends le fil des choses !

    Direction le SUD !

    Ventotene, Ischia, Capri puis Acciaroli, Camerota (c'est dans ce port que je fais connaissance avec l'AVENTY, un bateau et un équipage d'exception !), Scario et Maratea.

  • Hier, j'ai fait 40 kms A/R à vélo pour aller voir Porticciolo Romano. Heureusement, il n'y avait aucune côte. Que du plat. Parce qu'avec le petit vélo pliant, avaler les kms nécessite quand même beaucoup d'efforts !

    La destination en valait la peine.

    Scauri

     Scauri

     

     En dépit de son nom, même si l'idée d'un port romain me faisait plus rêver, il ne s'agit en fait ici que de la version romaine d'une ferme à poisson. Un vivier quoi. Mais le vivier est joli !

    Scauri

     Scauri

     

    Bon. je ne vais pas vous bassiner (c'est le cas de le dire) avec mon port romain !

    Sur le chemin, au final, peu de chose à voir. Juste une ambiance. A l'image de ce chantier où des passionnés construisent leur rêve à coup de soudure, de sablage, de peinture...

    Scauri

     

    J'aime cette ambiance presque romanichelle. En même temps, c'est fou de voir par quoi certaines gens passent pour accomplir leur rêve. En espérant que le rêve, après des années de labeur, ne s'arrêtera pas dans un port quelconque parce que le vent aura été ce jour là trop tempétueux.  Combien de bateau issus de rêve, ne serait-ce qu'à Port Napoléon (mon port d'attache), ne prendront jamais la mer ? Combien de bateau sont à vendre parce que le rêve a été mis à mal par le mauvais temps ou seulement par le mal de mer ?

     Scauri

    La route longe la mer sauf quand ce sont des résidences qui en condamnent l'accès.

    Scauri

     

     A SCAURI, le port est minuscule, juste pour accueillir des petits bateaux. Mais l'ambiance est tranquille et sereine. 

    Scauri

     

     Bon je me dépêche un peu parce que aujourd'hui, j'ai 50 miles à faire jusqu'à NETTUNO. Normalement le vent F3 au départ et F4 à l'arrivée devrait être du portant.

    Bon une derrière pour vous agacer un peu. Parce que, même si c'est un vivier, moi, j'y vois un port. Certes pas pour la galère de Jules, mais pour quelques barques marchandes.

    Scauri 

    A bientôt.

     

     

     
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    RP
    Mercredi 3 Février 2016 à 05:27   Supprimer le commentaire
     

    Zeph, te souviens-tu du cousin éloigné qui a vu à Salerno, dix jours avant toi, les mouettes posées sur la tête des pingouins ? Te souviens-tu qu'il gisait, depuis Noël, sur le rivage occidental de l'Adriatique, tel un corps sans vie, dans l'antichambre de la mort ?

     

     

    Cette fois-ci, c'en est fait, le rêve de l'hiver grec est définitivement fini pour lui. Rêve éventré, rêve explosé. Rêve éventré avec la douleur quand on est transpercé. Rêve explosé avec la dislocation du corps et l'éparpillement aux quatre vents.

    Zeph, ton capitaine redoute le fracas des vagues, qui renvoie l'image de l'embarcation brisée. Ton capitaine redoute aussi le ressac, qui entraîne de façon irrésistible et projette de façon sauvage. Zeph, le ressac pour ton cousin a été d'une telle violence qu'il a éclaboussé au-delà de la chaîne des Apennins et du massif des Alpes. Quel morcellement ! Quel émiettement !

    Avant, les marins et le bateau ne formaient qu'un. Maintenant, une immensité les sépare. Avant, le capitaine et l'équipage ne formaient qu'un. Maintenant, une immensité les sépare aussi. Avant la dispersion, il y a eu l'écartèlement, ô combien douloureux !

    Douleur double, deuil double. Deuil par rapport à la Grèce, parce que son rivage, le rivage oriental de l'Adriatique, est resté cruellement inaccessible pour ton cousin. Deuil aussi par rapport à l'avenir de ce côté-ci de la mer.

    Hasard des calendriers certes, mais hasard très troublant. L'oraison funèbre de ce matin, sur les rêves échoués et brisés, est en résonance avec les lamentations de ce soir, sur le sort funèbre de ton cousin. Bienvenue aux larmes comme lorsque le valeureux Achille pleurait la disparition de Patrocle.

     

     

    On n'entre pas dans la mer pour plaisanter.

     
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    RP
    Vendredi 5 Février 2016 à 02:29   Supprimer le commentaire
     

    Scauri à contre-jour. Lumière obstruée et encerclée, ou obscurité percée de lumière ? Quels voiles faut-il écarter et ôter ? Quel puits de lumière faut-il rechercher et atteindre ? Énigmes des lieux ou mystères du temps ?

    La fascination du capitaine est tangible. Un vivier de poissons, même renommé en port romain, n'a rien d'extraordinaire. Et le capitaine insiste sur des fondations battues par l'onde bleutée, reconnaît leur modeste taille, puis fait un croche-pattes à la galère de Jules, le premier des Césars. Comme si l'on ne pouvait pas ne pas évoquer une certaine grandeur. Mais de quelle grandeur pourrait-il s'agir ? D'où viendrait-elle ? Le capitaine n'a-t-il pas parlé de " quelques barques marchandes ", qu'il aurait aperçues dans une vision, au milieu de cette pièce d'eau antique, gardée par des débarcadères à moitié immergés ? La grandeur spontanément et intuitivement recherchée pourrait-elle avoir un lien avec le contenu de ces barques, de leurs cales, de leurs filets ? Ô surprise, grande surprise et belle surprise ! Il y a eu effectivement une grandeur du nom, une grande réputation dans le passé, grâce au poisson de Scauri, à son mode de conservation, à sa macération secrète. Réputation d'excellence qui faisait que cette saumure était la fierté des tables de l'aristocratie pompéienne.

     

     

    Dans l'atrium d'une villa appartenant à un riche négociant de Pompéi, apparaît aux quatre coins de la mosaïque centrale, la représentation de jarres contenant ce condiment recherché et extrêmement cher, fait à base de poisson et de sel. Sur l'une d'elle, la supériorité du goût fait l'objet d'un éloge appuyé, qui mentionne la ressource naturelle de choix, le mode de fabrication breveté et le système de conditionnement spécifique.

     

     

    Sur l'argile cuite, sont gravées les lettres : G(ari) F(los) SCOMBRI A. UMBRICI SCAURI EX OFFICINA SCAURI

    Fleur de garum, fabriquée à partir du maquereau à la mode d'A. UMBRICIUS SCAURUS, venant de la fabrique de SCAURUS  "

    Garum, c'est le vocable latin pour saumure.

    Scomber , c'est le maquereau, qui est la matière première.

    SCAURUS  apparaît à deux reprises. Une première fois, au sujet du procédé d'obtention du condiment liquide. Puis une deuxième fois, au sujet des jarres appropriées à cette saumure de maquereau.

    L'atrium était la cour d'honneur où le maître des lieux exhibait devant ses invités l'opulence de sa fortune. La saumure de Scauri  participait à cette démonstration de fierté dans les demeures des privilégiés de Pompéi.

    Avant les coulées de lave, il y a eu des coulées de saumure, dont l'appellation de Scauri faisait les délices du palais et l'effervescence des palais.

    Capitaine, ton intuition était juste, ton insistance était bien guidée. Plus tu parcours le littoral à la façon des Anciens, avec les moyens des Anciens, plus tu viens à la rencontre d'eux et plus tu sens leur mode de vie palpiter, même à des millénaires de distance.

     

     


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