• 1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Cartes de cette première partie du trajet !

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

  • 1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Le ZEF vole !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Plouf !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Un très joli « Méridien » du chantier POUVREAU... Plan de André MAURIC qui dessina, entre autre chose, le PEN DUICK VI de Eric TABARLY et les KRITER V et VIII pour Michel MALINOVSKY !

    C'est un voilier qui m'a longtemps fait rêver !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Quelques réparations en altitude ! Quitte à s'envoyer en l'air... Autant que ça soit utile !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    La moustiquaire... Élément indispensable à PORT NAPOLÉON !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    On quitte PORT NAPOLÉON par un petit vent qui nous pousse gentiment. Le vent nous arrive par le travers jusqu'à virer la pointe du THEY de la Gracieuse qui ferme la rade de PORT-SAINT-LOUIS-DU-RHONE. Cap au 135° pour sortir du golfe de FOS et parer le haut-fond de CARRO.

    Après avoir dépassé les premières cardinales qui délimitent le passage, le vent tourne à l'Ouest. J'aurais dû patienter un peu. Attendre que le vent retrouve sa force et son allure. Mais j'ai un spi tout neuf et l'occasion me semble trop belle de le tester sur ce bord de travers qui dure 10 miles, avant de virer sur bâbord en direction de l'île MAIRE qui marque l'entrée dans les calanques de MARSEILLE.

    Consciencieusement, je prépare la voile : drisse derrière l'étai, écoutes derrières les haubans et point d'amure qui file jusqu'au taquet d'amarrage à l'extrémité arrière du bateau.

    J'aurais dû regarder la mer un peu devant le bateau avant de hisser la voile ! J'aurais dû regarder sa couleur ! Celle d'un bleu de Prusse frémissant qui suggère quelques risées inopportunes ! Mais j'étais trop pressé !

    Pieds nus, sans gants, je hisse le spi. Et d'un coup d'un seul, la voile se gonfle brutalement entraînant le ZEF dans une gîte insensée ! Toutes les manœuvres sont tendues à craquer ! Il faut que je fasse quelque chose avant que tout ne dégénère ! Je pense à déventer la voile en choquant l'écoute... Et à peine celle-ci détachée de son taquet qu'elle me file entre les doigts. Par pur réflexe, je cherche à la retenir... Aïe, aïe, aïe !!! Elle me brûle les 4 doigts et la paume jusqu'au sang !

    Le spi est enfin déventé. Avec l'aide de Minh, je le réintègre dans son sac sans plus de dégâts, sauf d'énormes élancements dans la main ! Piètre essai !!! Une grosse frayeur et une main brûlée au second degré et dont je garderai la blessure durant 2 semaines !

     

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    Le petit port de CARRO débordé, l'île MAIRE atteinte, on s'faufile entre la côte et l'île de JARRE avant de prendre le bon cap sur le cap SICIÉ. L'idée de départ est de gagner la CORSE en direct, sans escale, depuis PORT NAPOLÉON. Un parcours de 200 miles. Le vent est bon et nous pousse au largue de 7,5 à 8,5 nœuds !!! La mer est légèrement agitée. Rien de bien grave ! Mais le contre coup de la fin de l'année scolaire pour le mousse, et les traditionnelles précipitations liées au départ, font que Minh l'mousse est malade... Pas franchement malade, mais suffisamment pour devoir somnoler dans son duvet et son ciré, par 28° C, coincé dans l'angle du balcon arrière...

    La situation n'est pas drôle pour lui ! Et encore plus quand il s'attend à une quarantaine d'heures de ce supplice ! La météo sur la CORSE n'étant pas fameuse au jour prévu de notre éventuel atterrissage, je propose à Minh de nous arrêter soit à LA CIOTAT qui s'trouve à une petite 10zaine de miles sur notre bâbord, soit aux EMBIEZ, droit devant. Il opte pour LA CIOTAT en prévision d'une escale un peu longue du fait de la météo à venir. Être bloqué aux EMBIEZ ? Bof ! Nous virons donc de 90° et pointons l'île VERTE. On arrive au port en fin de journée, après 49,5 miles, et trouvons une étroite place devant un monstre à voile rutilant de beauté. Et de fric aussi !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Force 4/5 puis 6/7 et 8 durant les 3 prochains jours ! Jusqu'au cap CAMARAT, la situation est ventée mucho, avec une mer forte ! Le choix du mousse d'être bloqué ici, à LA CIOTAT, s'avère judicieux ! Me concernant, ça m'embête de ne pas avoir réussi à dépasser SICIE et atteindre les îles du LEVANT... A l'Est de CAMARAT, c'est du tout bon... Tandis qu'à l'Ouest, c'est le bor...del ! Et même si le coup de vent concerne aussi la CORSE, si on avait été à l'Est de CAMARAT, on aurait pu continuer la route vers NICE et réduire d'autant la longueur de la traversée. Voire même poursuivre la route en LIGURE et rejoindre ELBE par le golfe de GÊNES !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Bon. En attendant, on est toujours ici !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Sur la photo, on peut voir à quelle sauce ma main droite a t'elle été grignotée par le spi ! 

    Et durant 3 jours, je vais maudire cette malchance d'être de ce côté-ci de la zone de calme ! Ce n'est pas tant que j'ai absolument envie d'avancer, mais notre programme de gagner ROME et de visiter ses trésors d'architecture et d'histoire nous impose de ne pas traîner ! Certes, nous disposons de 2 mois de congé, mais le hasard des rendez-vous fait que nous devons retrouver le cousin Philippe et toute sa smala, fin juillet, à ELBE...

     

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    09 juillet 2009.

    Au matin du 4ème jour, la météo nous laisse entrevoir une petite fenêtre d'un calme très relatif : vent d'Ouest, force 5 à 6, rafales à 7, mer agitée... C'est notre seule fenêtre ! Les volets sont un peu fermés, mais il reste une interstice pour passer ! Nous n'hésitons pas longtemps !... Cette fenêtre ne représente qu'un léger répit dans le coup de vent qui est sensé reprendre de plus belle pour les prochains jours. Si on reste ici, adieu ROME !

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    On quitte le port sous foc seul. Je n'ai pas hissé la grand voile. On va assez vite déjà comme ça !!! 7 nœuds ! On a mis nos cirés et nos harnais, tout est arrimé dans le bateau et la porte d'accès à la cabine est close ainsi que les coffres extérieurs ! Les premières heures sont assez calmes... Ou disons le plus calme possible compte tenu de la situation ! Le bateau va vite. Très vite même ! La mer est agitée et Minh est nauséeux ! Tout va bien jusque par le travers de la rade de TOULON.

    Puis le vent se met à forcir... Et la mer itou ! Et beaucoup plus que ce qui était prévu et ce à quoi je m'attendais... Les vagues se creusent de plus en plus, ce qui m'oblige à barrer en regardant sur l'arrière de façon à anticiper au cas où les vagues deviendraient encore plus grosses et plus agressives !!! Je réduis encore le foc. Quelques tours d'enrouleur. Le vent est de plus en plus fort. Un bon F8 ! Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la hantise que la bosse de l'enrouleur ne se casse et que le foc se déroule d'un coup d'un seul ! Non mais quoi ! Pourquoi je n'arrive pas, en ces instants, à penser à des trucs apaisants ? Hein ? Un bon ouzo les pieds en éventail avec une nymphe qui ondulerait devant moi ?

    Au loin se dessinent la presqu'île de GIENS et l'île de PORQUEROLLES avec, entre les deux, l'île du GRAND RIBAUD.

    Les vagues se redressent de plus en plus. J'ai des montées d'adrénaline ! Ce petit goût amer dans la bouche, lié à l'effort et à la concentration pour lutter contre la peur naissante... Ça fait longtemps que ça m'était pas arrivé ! Les vagues sont vraiment grosses... Près de 4 mètres peut-être ! Et, à force de se redresser, elles commencent à déferler généreusement ! J'attrape des crampes tellement ma position de barre est inconfortable. Je me cramponne d'une main à la barre tandis que de l'autre, j'agrippe le winch de spi pour ne pas basculer sur Minh. Minh ? Lui, il comate ! Heureux ceux qui ne voient pas les choses en cette journée de cauchemars ! Et toujours, je barre les yeux rivés sur notre arrière pour voir les vagues se précipiter sur nous !

    Il y a quelque chose d'effrayant quand tu t'aperçois que ta barque est sur la trajectoire d'une série de grosses vagues, et que ces séries vont en se multipliant ! J'essaie, en lofant ou en abattant légèrement de nous sortir de ces trajectoires. En même temps, je ne peux quitter franchement ma route de peur que le bateau ne se retrouve en travers des lames, avec le risque insensé de chavirer, alors que le mousse se berce dans un monde totalement étranger à la situation ! Et puis de toutes façons, faut bien que je passe entre PORQUEROLLES et le GRAND RIBAUD...

    Derrière nous.

    Je guette cette vague. Cette seule vague.

    Elle est vraiment plus grosse que les autres ! Elle est plus noire aussi ce qui accentue son côté sinistre... Je sais que je n'arriverais pas à l'éviter. Elle fait comme une grosse barre sur notre arrière. Et plus elle s'approche et plus elle semble grossir, comme si elle se nourrissait des autres vagues qu'elle rattrape !... Plus elle gagne sur nous et plus elle se redresse, s'étire, se gonfle... J'ai vraiment peur. Si, si ! Elle semble le double de la hauteur des autres vagues qui nous lançaient déjà dans des surfs endiablés ! J'ai peur de sa verticalité. Je la quitte un peu des yeux pour remettre le bateau bien dans sa perpendiculaire par rapport à la vague. Je me retourne. Elle est juste là. Elle nous coiffe littéralement ! Je crie à Minh de se tenir. J'ai la certitude qu'elle va nous submerger. Finalement, elle explose juste sur le tableau arrière du bateau et nous propulse immédiatement à plus de 10 nœuds. Le bateau vibre, creusant un sillage digne d'un bateau à moteur avec 2 grandes moustaches d'écume sur notre avant. La vague passe sous nous. C'est fini. J'en tremble encore.

    La passe du GRAND RIBAUD est encore à 4 miles. Une demi heure encore, dans une mer forte. Et j'ai cette crainte que la mer ne grossisse encore à l'approche de la passe avec la remontée des fonds ! Je ne cesse de guetter les grosses vagues, espérant (priant même si je savais le faire...) de ne pas nous retrouver à nouveau dans le lit d'une méchante lame !

    Une grosse vedette remonte la mer pour gagner la rade de TOULON. Je mesure alors au gré de ses embardées, la hauteur et la force des vagues. La vedette avance au ralenti, malmenée par la houle grandissante. Des gerbes d'écume l’inondent entièrement. Vont avoir du boulot, au port, pour dessaler tout ça ! Nous sommes les 2 seuls bateaux en mer !

    L'île du GRAND RIBAUD est passée et, comme par magie, les vagues s'estompent ! Il ne reste plus qu'une petite houle agressive avec des creux n'excédant pas 1 mètre et où chaque vague déferle. La mer est blanche d'écume. Le vent est toujours aussi fort. Mais je trouve cela presque reposant ! Minh ne s'y trompe pas... Il se réveille instantanément et regarde la mer, toute inquiétude envolée !... Ce temps nous plaît désormais ! Tellement que, plutôt que de pointer notre étrave vers le port de PORQUEROLLES qui nous tend les bras, je propose à Minh de continuer la route dans ce chaudron d'écume vers le LAVANDOU à une 12zaine de miles... On avance toujours très vite sous foc seul. Je me sens serein. Le bateau s'est bien comporté. Rien n'a cassé. On arrive au LAVANDOU après 47,4 miles de vent et d'eau. Je suis heureux !

    Le lendemain, on reprend la route pour passer CAMARAT et atteindre, enfin, la zone de vent modéré. On part tôt, toujours sous foc seul, parce que les prévisions sont identiques à la veille !!! La mer et le ciel sont laiteux. Là-haut, dans les nuages qui filent vers l'Est, on sent que le vent est déjà fort. Mais fort heureusement, le vent restera en altitude ! En bas, on ne ressentira à peine plus qu'un F5.

     

    1- Grutage et hop ! LA CIOTAT puis NICE !

    Dans le golfe de SAINT-TROPEZ, le vent se radoucit enfin tandis que la densité de bateau augmente. La mer est belle. Le soleil est chaud. Ici, c'est l'été ! Tout est calme. Nous n'envisageons pas de traverser vers la CORSE qui subit encore, et ce pour les 2 jours à venir, un coup de vent de F8. On file donc jusqu'à NICE.

     

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    67 miles à l'arrivée.

     

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