• L’ami nous a rendu un très grand service quand nous étions à Παλαιλώνι – ΠAΛAIΛΩNI (en français : Palailôni), qui était la deuxième étape de notre périple en terre crétoise. En effet, il a amplement comblé notre envie de jardin. Initialement, nous avons pensé seulement au jardin d’agrément. Mais le zèle débordant de l’ami nous a aussi ouvert la porte du potager pour que nous puissions cueillir directement sur la branche le fruit désirable.

    Ce qui nous a beaucoup émus et qui nous émeut encore, c’est le caractère précoce du zèle. L’ami s’est montré extrêmement zélé dès le premier contact. À cet instant, il ne pouvait pas avoir de certitude nous concernant, mais son flair bien aiguisé lui disait qu’il pouvait donner libre cours à son zèle. C’est ainsi que nous avons eu de beaux légumes bio, par le circuit de distribution le plus court.

    En retour, nous avons eu le plus grand respect pour ce magnifique cadeau et nous avons cuit ces légumes frais avec beaucoup de soin.

     

    Le zèle de l'ami

     

    Vous l’aurez compris : le zèle en terre crétoise débouchait toujours sur des agapes. Tout simplement, parce que le zèle était communicatif et les émules aimaient bien se retrouver au tour d’une table pour se féliciter mutuellement.

    Voici le lieu de la première rencontre :

     

    Le zèle de l'ami

     

    La demeure où l’ami nous a reçus était la Bίλα Παύλoς (en français : Villa Pavlos), du nom de l’apôtre connu pour son zèle missionnaire. L’espace vert, où la cueillette se faisait directement sur les branches se trouvait à gauche, en dehors du champ de la photo.

    Nous étions les heureux bénéficiaires d’un zèle adroit et intelligent, car il savait être efficace sans être envahissant.

    Autre cadeau de bienvenue : la fleur de sel, que l’ami avait lui-même ramassée à la cuiller, au-dessus de l’onde crétoise, par très beau temps.

    Produit d’excellence. Merveilleux compagnon de tous les cordons bleus.

    En nous offrant ces précieux cristaux, l’ami nous souhaitait beaucoup de bonheur à table et un séjour savoureux. Ça, c’était pour le macrocosme. Y avait-il aussi une signification à l’échelle microscopique ?

    Confions l’exhausteur de goût au microscope de la science et contemplons la révélation :

     

    Le zèle de l'ami

     

    Quelle splendeur ! Et surtout, quelle pureté !

    Le zèle de l’ami émanait d’une âme pure.

    La fleur de sel qui nous a été offerte remplissait un très, très gros bocal.

    Il y a le zèle pour l’avarice et le zèle pour la générosité.

    L’ami a choisi de nous offrir « sa » fleur de sel avec largesse.

    Ces cristaux qui ravissaient immanquablement nos papilles étaient récoltés avec patience et dextérité. Voici le cadre géologique de cette récolte :

     

    Le zèle de l'ami

     

    Il s’agissait de la presqu’île appelée Το Ακρωτήρι της Κρήτης (en français : Le Cap de la Crète). C’était là où l’ami avait élu domicile. Mais il n’était pas un enfant du pays. Car il était né en Belgique. Et sa langue maternelle était celle de Molière.

    Le zèle de l’ami était un zèle pour la francophonie. Il était très heureux de parler français. Il était ravi à l’extrême de manger à nouveau français. Car nous lui avons proposé un repas à la française, avec une cuisson à la française et un service à la française.

    À son tour, l’ami nous a remercié pour notre zèle. C’était le zèle de la gratitude.

    Et depuis cet instant, nous excellions les uns et les autres dans le zèle en faveur de la réciprocité.

    Une des caractéristiques du zèle est la promptitude. Une autre caractéristique est la densité.

    Lors du repas français, l’ami belge nous a apporté une douceur qu’il est allé dénicher à une dizaine de kilomètres de notre demeure, plus exactement à Καλύβες – ΚΑΛΥΒΕΣ (en français : Kalyvès).

    Pourquoi l’ami est-il allé si loin ? Parce que là-bas, il connaissait un artisan fameux pour les délices de fin de repas.

    Admirez la merveille rapportée par le zèle de l’amitié :

     

    Le zèle de l'ami

     

    On y voit aisément les deux caractéristiques du zèle : la promptitude et la densité.

    Promptitude car la réponse de l’ami était immédiate, pour le jour même où il était invité.

    Quant à la densité, elle était éclatante avec les coloris chargés d’amour.

    Ce repas, pensé, organisé et réalisé à la française, a provoqué un choc émotionnel chez l’ami. Depuis, il n’a cessé d’être submergé par ses souvenirs de jeunesse, qui étaient délicieusement imprégnés des saveurs de la francophonie.

    Et l’un des attraits les plus puissants de la culture française est sa viennoiserie. Les mots « baguette » et « croissant » ont une résonance magique en dehors de l’Hexagone.

    Regardons la boîte dans laquelle le pâtissier crétois à Καλύβες – ΚΑΛΥΒΕΣ a déposé son sublime gâteau. Que voyons-nous sous le nœud du ruban rose ? Ceci :

     

    Le zèle de l'ami

     

    Le nombre de mots qui figuraient sur le dessin publicitaire était vingt, si on accepte que le pronom personnel « t’ » forme avec le verbe « aime » un seul mot, comme le suggère la prononciation.

    Sur les vingt mots présents, seuls deux étaient en anglais : « bakery » à deux reprises. Tout le reste, c’était du français ! Certes, parfois, c’était du français avec l’accent crétois, comme dans « croussant », mais c’était tout de même du français.

    La langue crétoise a du mal avec la nasalisation du son dans la diphtongue « oi » et adopte une tonalité plus grave et plus caverneuse en métamorphosant « oi » en « ou ».

    Cette subtilisé linguistique n’enlève en rien à la beauté de l’hommage rendu par l’artisan crétois au modèle français.

    D’abord le lieu. La rue de la boulangerie-pâtisserie s’appelait « Rue Croussant », comme si tout l’axe de circulation baignait dans les délicieux effluves de la viennoiserie française.

    Une table et deux chaises étaient installées sur le trottoir pour les clients qui voudraient savourer les croissants en prenant un bain de soleil. À l’arrière-plan, une décoration murale évoquerait la queue d’un paon ou l’arbre de vie. Juste au-dessus de l’élégant motif à ramification, apparaissait un autre mot « croussant ». Mais entre le terme de viennoiserie et le motif décoratif, il y avait une déclaration d’amour, en français.

    « Je t’aime ».

    Comme à Montmartre !

    Le Crétois associait la saveur du croissant à la rencontre amoureuse, à la manifestation verbale et gestuelle de l’affection entre soi et autrui.

    Quelle apologie du pouvoir suggestif de l’aliment choyé et réussi !

    Le bien-être n’était pas uniquement réservé au croissant et au café qui accompagnait celui-ci.

    Le lieu était « ouvert » pour d’autres formes de convivialité, qui étaient remarquablement symbolisées par une locution bien française : « Plat du jour ».

    Juste au-dessous, le gérant de l’établissement a pris soin de préciser qu’aucun condiment ne manquerait à l’appel. « Sauce », « Poivre » et « Vinaigrette » seraient à la disposition du client, pour tout le confort gustatif de celui-ci.

    Dans ce coin de Crète, comme le terme « Vinaigrette » dénotait une véritable fascination pour l’art de vivre à la française !

    Était-ce un hasard que le délicieux gâteau de l’ami était emballé dans une boîte qui était une véritable œuvre d’art ?

    Nous n’avons pas la réponse à cette question. En tout cas, nous disons merci à la vie pour ce geste providentiel de l’ami.

    Celui-ci aussi allait dire merci à sa manière, pour nos agapes de la francophonie.

    C’est-à-dire avec conviction, avec passion, et même avec folie. Parce que l’ami allait donner libre cours à ses élans d’artisan boulanger au-delà de minuit, comme s’il voulait nous servir le petit déjeuner avant le lever du soleil.

    Voici un des mails que le mousse lui a envoyé afin de modérer le zèle pour les saveurs des jeunes années :

    Αγαπητέ Ραφαήλ,

    Ξεκουράσου καλά !

    Eξοικονόμησε δυνάμεις...

    Μην φτιάχνεις άλλο κρουασάν !

    Καλή νύχτα !

    O Μιν

     

    Cher Raphaël,

    Repose-toi bien !

    Garde tes forces...

    Ne fais plus de croissant !

    Bonne nuit.

    Minh

     

    Le mail a été envoyé le 30 octobre 2021, à minuit passé d’une minute.

    Vous connaissez à présent le nom de l’ami. Ses parents lui avaient donné le nom d’un ange.

    Le mot français « ange » vient du grec « άγγελος », qui signifie « messager ».

    L’ami était le messager envoyé par la Crète pour nous accueillir à Παλαιλώνι – ΠAΛAIΛΩNI.

    L’ami était un médiateur. Il s’acquittait de sa mission avec promptitude et dévouement.

    L’ami s’est attaché à nous grâce à la possibilité de dialoguer en tenant compte des nuances et en prenant le temps de sonder la profondeur du sujet.

    L’enchantement était réciproque.

    L’ami belge avait une amie, qui était crétoise et absolument zélée. Comme le zèle s’accordait à merveille avec le zèle, l’ami-e était devenue aussi notre ami-e.

    L’ami-e de l’ami a préparé la chambre du mousse avec beaucoup de soin et d’élégance.

     

    Le zèle de l'ami

     

    Magnificence du zèle à travers l’ouvrage de broderie réalisé à domicile et déployé pour honorer l’hôte de passage.

    Le zèle ne pouvait pas se satisfaire d’une unité. Quelle aubaine pour le mousse qui allait profiter de ce lit, au milieu de cinq cœurs emplis de tendresse !

     

    Le zèle de l'ami

     

    Autre manifestation du zèle en faveur de la douceur : le linge venait d’être repassé, d’abord pour le confort visuel, ensuite pour le plaisir du toucher.

    Le zèle de l’ami l’incitait sans cesse à rechercher, non pas la perfection, mais la qualité.

    L’ami n’était pas en quête de perfection, parce qu’il savait être raisonnable.

    C’était plutôt la qualité qu’il cherchait, car c’était un esthète dans l’âme, dans le regard, et au bout des doigts.

     

    Le zèle de l'ami

     

    Doigts éloquents, créatifs, ingénieux.

    Reconnaissants à l’ami, nous lui avons offert un repas avec les saveurs de l’Extrême-Orient. Le connaissant, nous lui avons dit de venir les mains vides. Et voilà ce qu’il nous a quand même apporté :

     

    Le zèle de l'ami

     

    Il nous a apporté un pain très original, qui avait la forme d’un tronc de palmier, d’où surgissaient quatre branches. C’était une illustration fort astucieuse de la bande des quatre que nous formions, nourris par la même sève qui était celle de l’amitié.

    Le zèle de l’ami ne se cantonnait pas à la consommation de la nourriture périssable. Au contraire, il s’intéressait vivement aux choses de l’esprit.

    Dès le début de notre séjour, il nous a fait découvrir le terroir par le biais du patrimoine culturel, mais hors des sentiers battus.

    Nous voici sur le site des citernes vénitiennes :

     

    Le zèle de l'ami

     

    Avez-vous remarqué la délicate attention du corps de l’ami à l’égard de celui du mousse ? La main gauche du premier rejoignait l’épaule gauche du second.

    Lien physique, au premier degré : par la présence corporelle, par le partage de la nourriture, par les promenades communes.

    Mais lien aussi au second degré, par l’échange de courrier. Car l’ami prenait très au sérieux la tâche épistolaire.

    Le zèle de l’ami se voyait dans la diligence avec laquelle il répondait à tous nos messages.

    Zèle aussi pour la cohérence. Tenir un raisonnement. Établir une parfaite correspondance dans la mise en miroir.

    L’ami possédait le grand talent de répondre point par point. Il n’esquivait rien, n’escamotait rien. Il avait le courage d’être exhaustif.

    Zèle pour ce qui donne sens.

    Zèle pour le partage.

    L’ami avait foi dans notre imagination créatrice. Il nous laissait ré-organiser à notre guise notre nouvel espace vital.

    Nous avions le droit de toucher à tout, de nous servir de tout ce qui se trouvait à portée de main, y compris des très beaux objets qui se trouvaient dans le magnifique vaisselier du salon.

     

    Le zèle de l'ami

     

    De ce magnifique vaisselier, nous avons sorti des verres à socle marin pour servir l’apéritif.

    À aucun moment, l’ami n’a redouté une casse malencontreuse ou une disparition furtive. Son entière confiance nous honorait.

    Le philosophe américain Criss Jami a déclaré :

    « Trustful people are the pure at heart, as they are moved by the zeal of their own trustworthiness. »

    Les personnes de confiance sont purs dans le cœur, car elles sont mues par le zèle de leur propre fiabilité.

    L’ami admirait la pureté de notre cœur pendant que nous admirions la pureté des verres du vaisselier.

     

    Le zèle de l'ami

     

    En reprenant les mots du philosophe, nous sommes vivement reconnaissants à l’ami d’avoir vu en nous des personnes « mues par le zèle de leur propre fiabilité ».

    Le jour de notre départ, le jasmin devant la Bίλα Παύλoς était en larmes.

     

    Le zèle de l'ami

     

    Le palmier qui nous avait vu cueillir les primeurs dans le potager de l’amitié dès le tout premier jour était lui aussi empli de tristesse.

    Le terme grec pour dire le zèle est ζήλος – ZHΛOΣ. Littéralement, il désigne le feu qui envahit tout l’être. Voici une teinte qui évoque le zèle :

     

    Le zèle de l'ami

     

    L’ocre rouge convient très bien pour signifier l’ardeur du dévouement.

    La photo dit que l’âme zélée de l’ami pleurait parce que l’heure des adieux approchait.

    Le zèle de l’ami était l’un des plus beaux trésors du périple crétois.

    Comme le zèle est merveilleux quand il concourt au bien !

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