• Avril 2023

    Avril 2023

    Coucher de soleil sur LIMNI - EUBEE

  • Le capitaine a écrit récemment : « La mer n’est pas loin ! ». Oui, la mer n’est pas loin pour nous qui sommes en route pour retrouver le Zeph, et pour nos amis aussi, qui s’associent à notre projet de navigation, par empathie.

    La mer n’est pas loin avec ce beau voilier bleu, fier de sa parade au milieu des effluves anisés.

     

    La promesse de l'empathie

     

    Pour nous faire plaisir, nos amis nous ont servi de l’ouzo, le breuvage incontournable des apéros grecs.

     

    La promesse de l'empathie

     

    L’ouzo servi était fabriqué sur l’île appelée Μυτιλήνη – ΜYΤΙΛΗΝΗ (transcription : Militini), qui était l’île de la grande poétesse Σαπφώ – ΣΑΠΦΩ (en français : Sappho).

    L’empathie recréait le décor égéen pour nous souhaiter la bienvenue. Elle rendait disponible le produit typique.

    Elle déployait son intelligence en convoquant à la table de la convivialité l’Anatolie qui accueillerait nos pas de routards terrestres quand le meltem rendrait la navigation trop périlleuse.

     

    La promesse de l'empathie

     

    Effectivement, le mot « raki » n’est pas d’origine grecque. Mais son usage répandu dans la Grèce du XXIè siècle témoigne que les deux rives de la Mer Égée demeurent inséparables en dépit des vicissitudes de l’Histoire.

    En servant de l’ouzo dans des verres de raki, l’empathie proclamait que le cosmos égéen était fondamentalement indivisible. En quoi cette façon de servir l’apéro était-il un geste d’empathie ? C’était un geste d’empathie car nous aussi, nous concevons sans aucune réticence cette indivisibilité, fondée sur le legs de l’Antiquité.

    En effet, le savoir antique était à l’honneur dès les premiers instants de partage. Avec bonheur, nos amis ont inséré au menu La République de Platon, dont le morceau favori était l’allégorie de la caverne.

    À la table de l’empathie, il y avait de la nourriture pour le soma, préparée consciencieusement, et il y avait aussi celle de l’esprit, complètement improvisée, qui était le fruit de l’humeur de l’instant.

    L’empathie est communicative et réciproque. Elle procure des ailes à l’être intérieur mais aussi à l’enveloppe extérieure. Ceux-ci se mettent d’accord pour déclarer que la meilleure manière pour résister est l’hédonisme.

    Mais contre qui et contre quoi faut-il résister ? Il faut résister contre le fait que la mémoire n’est plus sollicitée pour redonner sens au présent. Il faut résister à ceux qui nous infantilisent pour exercer davantage leur pouvoir tyrannique.

    La résistance est une tâche ardue. Et l’hédonisme donne le courage de résister.

    L’empathie qui nous rapprochait de nos amis était à la fois lucide et optimiste.

    Lucide, elle permettait d’échanger sur des sujets graves, qui étaient d’actualité.

    Optimiste, elle proposait une solution qui s’affranchissait de la morosité.

    Jamais jusqu’à présent, le mousse n’a eu l’occasion, au cours des agapes, de rendre un tel hommage à la sagesse antique.

    L’empathie de nos amis était d’autant plus précieuse que la réception qu’ils ont donnée en notre faveur ne se déroulait pas sur un rivage de la Méditerranée, mais sur une hauteur de l’Ouest lyonnais. Mais ils ont ramené dans leurs sacs à dos l’image mentale de l’unité territoriale qui abritait en son sein, comme au temps de l’illustre Macédonien, les rives du Bosphore et les trois doigts de la Chalcidique.

    Les voyages du passé nourrissent l’empathie, qui encourage l’éclosion d’autres projets de voyage. De ce fait, l’hédonisme, assumé ouvertement, concernait non seulement l’aliment pour le corps, mais aussi l’aliment pour l’esprit, c’est-à-dire l’aliment pour le ‘deuxième degré’, selon la terminologie définie par Blaise Pascal.

    Le ‘deuxième degré’ pascalien, qui était un autre point de convergence et d’osmose avec nos amis de Limonest, a été évoqué à deux reprises ce jour-là, d’abord sur la terrasse ensoleillée, puis ensuite dans l’espace des fourneaux, qui recevait la lumière, entre autres par cette fenêtre :

     

    La promesse de l'empathie

     

    La lumière bienfaisante flirtait avec des palmettes grecques qui ornaient le rideau. De toute évidence, il y avait une cohérence entre l’ornement du miracle grec et l’apologie du deuxième degré pascalien.

    Ainsi la fête du deuxième degré battait son plein, grâce à l’empathie.

    Après Platon, c’était Pascal qui nous tenait compagnie.

    La célèbre citation : ‘l’homme est un roseau pensant’ n’a pas manqué de fleurir sur nos lèvres, entre deux bouchées gourmandes. Et le plaisir de la dégustation ne nous a pas empêchés de méditer sur le mot de la fin, qui était l’adjectif ‘pensant’. De concert avec nos amis de Limonest, nous avons fait cette déduction : sans l’attribut de la pensée, l’être humain n’est qu’un simple roseau. ‘Simple’, c’est-à-dire sans aucune noblesse, sans aucun pouvoir.

    À ce stade, le lien avec le cosmos grec était immédiat. Car ce qui a fait la gloire de la Grèce antique, c’était la primauté qu’elle a accordée au λόγος – ΛΟΓΟΣ (transcription : logos), qui désigne littéralement le déploiement de la pensée.

    L’empathie se plaisait à faire des allers-retours entre les joies de l’esprit et les joies matérielles.

    Au sujet de la satisfaction des cinq sens, nous avons dégusté, lors de ces agapes de l’empathie, un délicieux osso bucco qui était destiné à accompagner des spaghettis.

     

    La promesse de l'empathie

     

    L’onctuosité courtisait la vue. Le zeste des agrumes, qui parfumait la sauce, donnait au plat un goût très savoureux. Le toucher de l’os avec les doigts était ludique. L’oreille vibrait de plaisir au son de la moelle aspirée.

    Il aurait été incongru que cette dégustation gourmande ne fasse pas remonter dans notre esprit l’exhortation de Rabelais au sujet de la « substantifique moelle ». L’adhésion de nos amis de Limonest était totale et immédiate quand nous avons utilisé cette expression de Rabelais pour qualifier ce que nous étions en train d’extraire de l’instant présent.

    La « moelle », si savoureuse et si essentielle, de chaque instant est toujours en lien avec l’universalité promue par l’héritage grec.

    Il y a deux manières de comprendre le titre « La promesse de l’empathie ».

    Premièrement, le titre peut faire allusion à l’empathie qui fait l’objet d’une promesse. Là-dessus, l’empathie attendue était bien au rendez-vous, magnifiquement, chez nos amis de Limonest.

    Deuxièmement, le titre peut aussi se référer à ce que promet l’empathie.

    Pour ce second volet, nos amis de Limonest ont encore été fabuleux.

    Dès que nous avons vu la demeure de l’empathie, nous nous sommes exclamés : « Elle a une âme ! ». Parce qu’il émanait de la façade, de la terrasse et du jardin une authenticité inhabituelle, un projet de vie séduisant, une prédilection pour des valeurs universelles.

    L’empathie n’était pas cachottière. Elle dévoilait et se dévoilait, dès le seuil de la demeure.

    Elle se dévoilait en montrant qu’elle était au rendez-vous, fonctionnelle à souhait.

    Elle dévoilait aussi sa promesse. En effet, elle portait la promesse que la route de l’Orient, inaugurée par l’illustre Macédonien, demeurait ouverte.

    Voilà qui nous plaisait beaucoup, puisque que nous caressons le rêve de nous y engager au cours de l’été prochain.

    Déjà, dès l’entrée en matière, l’empathie a fait surgir les sonorités propres à l’Anatolie, à travers les verres utilisés pour l’apéritif.

    Puis il y a eu l’évocation des virées sur les rives du Bosphore, en tant que routards.

    Après ce prélude, nous avons reçu d’autres encouragements plus intimes, plus émouvants, plus persuasifs.

    En effet, la décoration intérieure donnait à voir le charme des demeures de l’Asie mineure :

     

    La promesse de l'empathie

     

    L’ambiance disait à la fois la douceur du présent et la sagesse héritée du passé.

    Les strates du temps se sont empilées, à l’instar de ces coupelles sur la table basse du salon :

     

    La promesse de l'empathie

     

    Mais dans cet empilement, la palmette des temps immémoriaux demeurait l’élément saillant. De la même façon, la maison de l’empathie proclamait depuis plusieurs décennies successives la primauté du λόγος – ΛΟΓΟΣ.

    Mais cet empilement des strates du temps n’était pas statique. Car, de façon récurrente, il obéissait à l’irrésistible force d’attraction qu’exerçait l’Orient.

    Dans la maison de l’empathie, à l’arrière-plan de la palmette qui s’était répandue dans toute l’Asie mineure grâce à Alexandre le Grand, fleurissait la sensualité de l’Indus. La voici, restituée par un pinceau talentueux :

     

    La promesse de l'empathie

     

    Et voici la splendeur de l’intégralité :

     

    La promesse de l'empathie

     

    La silhouette équestre esquissait un pas de danse. L’équidé de l’Indus n’était pas le seul à nous faire ainsi du charme. Des pachydermes, parés de leurs plus beaux atours, étaient venus sur la terrasse pour nous souhaiter un excellent appétit :

     

    La promesse de l'empathie

     

    Ce pas de deux, qui mobilisait les pattes de devant, mais aussi les trompes, les bouches et les arcades sourcilières, se déployait au sein d’un décor paré de pourpre. Quel spectacle royal !

    Mais la demeure de l’empathie nous a offert un autre spectacle, plus magnifique encore. Le voici :

     

    La promesse de l'empathie

     

    Cette fois-ci, les montures étaient parées d’or et de pourpre. En plus de la couleur de la royauté, il y avait le symbole de l’éternité.

    À la richesse de la palette, s’ajoutait un plus grand enthousiasme dans les mouvements. Les arrière-trains participaient plus amplement au pas de danse. Les pattes de devant se soulevaient plus haut en se pliant davantage. La courbure des trompes était plus accentuée.

    Il existait une autre illustration du rêve d’Alexandre le Grand. La voici :

     

    La promesse de l'empathie

     

    Sous des parures chargées d’or, l’éléphant se balançait doucement en levant sa trompe, dont l’extrémité était couronnée par un diamant. L’animal richement habillé incarnait le faste de l’Indus. Quant à la pierre aux mille feux, elle était l’emblème des monarques hindous. Pas seulement. En effet, les Grecs de l’Antiquité l’ont appelée Ἀδάμας, car ils la considéraient comme le symbole de l’invincibilité.

    L’objet d’art était une illustration chatoyante du triomphe sans fin du Macédonien pendant qu’il progressait en direction de l’Indus.

    Cette magnifique sculpture se trouvait juste à côté de la palmette grecque qui prenait soin de l’empilement des strates du temps. La proximité des deux objets n’était pas anodine. Ce rapprochement spatial rappelait que le rêve d’Alexandre le Grand faisait partie de l’héritage grec.

    Ainsi, la demeure de l’empathie contenait une formidable promesse, qui disait que la route de l’Orient, que nous emprunterions cet été, sur les traces de l’illustre Macédonien, serait une formidable aventure.

    Nous sommes très reconnaissants à nos amis de Limonest pour leur empathie, sincère, profonde et juste. La sincérité était dans la spontanéité. La profondeur se voyait dans le dévouement. La justesse se traduisait par l’adéquation du geste et de la parole. L’empathie de nos amis avait pour auréole l’élégance et pour écho le supplément d’âme que nous avons engrangé au cours de ces agapes bien émouvantes.

    En vérité, la demeure de l’empathie, qui était juchée sur une hauteur, ressemblait à un vaisseau dont le cap était le savoir.

    Voici l’Amirale, qui officiait aussi en tant que cordon bleu à bord :

     

    La promesse de l'empathie

     

    La photo la montre en train de servir fièrement son osso bucco.

    Voici encore l’Amirale qui procédait solennellement au partage du gâteau confectionné par le mousse :

     

    La promesse de l'empathie

     

    L’Amirale était secondée par un pilote qui lui était très dévoué. Le pilote se trouvait à gauche dans la prise de vue suivante :

     

    La promesse de l'empathie

     

    Au moment de l’au revoir, le pilote nous a offert un très joli cadeau en faisant sonner ces mots : « Ευχαριστώ πολύ » ( transcription : Efkharistô poli).

    C’était l’équivalent grec de « Merci beaucoup ».

    Peu de temps après que vous avons quitté le vaisseau du savoir, nous avons reçu ces mots très affectueux de l’Amirale :

    « Quels bons moments et bon gâteau... pour un déjeuner dehors... un préalable à votre navigation grecque... on remet ça quand vous voulez ! »

    Pour reprendre les termes de l’Amirale, la promesse de l’empathie servait de « préalable à notre navigation » en 2023.

    L’Amirale s’exprimait à la manière des Anciens, en nous délivrant l’augure le plus favorable, inspiré par l’empathie.

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