• Voici le Nid d’Aigle :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    C’est le théâtre de l’antique Πέργαμον – ΠΕΡΓΑΜΟΝ (en français : Pergame), l’un des plus vertigineux du monde grec.

    Physiquement et intellectuellement, le Nid d’Aigle nous a offert l’hospitalité au milieu de ses marbres prestigieux.

    Il nous laissait déambuler à notre guise, nous arrêter où nous voulions, et caresser, non seulement par la vue mais aussi par le toucher, tout ce qui nous faisait envie.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle tenait à ce que le visiteur ne subisse aucune contrainte.

    Une telle jouissance de la liberté était une chose absolument impossible dans le territoire soumis à la juridiction d’Athènes.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle nous offrait aussi le privilège de vivre comme les Anciens, qui se mettaient à l’ombre pour mieux contempler le marbre étincelant.

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Plus nous savourions le temps, plus nous nous imprégnions de la splendeur environnante.

    Le Nid d’Aigle ne pratiquait pas l’hospitalité de manière muette ou silencieuse. Il envoyait des messagers pour exprimer les modalités et signifier la finalité.

    Le messager envoyé sur le site a rencontré le mousse devant la frise des oves que voici :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Avec une voix très chaleureuse, l’Anatolien a souhaité au visiteur un immense plaisir dans la contemplation de cette perfection léguée par les Anciens.

    Ainsi, l’hospitalité du Nid d’Aigle offrait immédiatement la jouissance du beau. Mais dans ce geste de la générosité, il y avait plus encore. En effet, l’interlocuteur du mousse, qui se prénommait « Mustafa » et qui habitait Izmir, la grande cité côtière, ne semblait pas avoir des ancêtres philhellènes. Et pourtant, « Mustafa » était fou amoureux de l’art grec. Le beau dont « Mustafa » faisait l’éloge et que le Nid d’Aigle donnait à voir portait l’inestimable cachet de l’universalité.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle nous régalait avec l’universel et contribuait par conséquent à l’édification de la concorde entre les peuples.

    Avec les mêmes modalités et la même finalité, l’hospitalité du Nid d’Aigle se déployait dans son territoire, qui comprenait, en autres, des échoppes, des axes de circulation, des lieux de rassemblement et des habitations.

    La catégorie d’échoppes où nous nous rendions souvent, transformait la farine de froment en pain croustillant. Nous nous laissions volontiers tenter par les croûtes bien dorées qui ornaient les vitrines et les présentoirs.

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Au moment de payer pour pouvoir emporter le pain choisi, le mousse a aperçu, sur le côté, entre deux hauts chariots chargés de délicieuses viennoiseries, deux silhouettes qui s’activaient devant le four, d’où sortait une belle lueur rouge. Promptement, le mousse s’est glissé dans cette fenêtre de l’opportunité pour photographier le beau travail en cours d’exécution. La curiosité et la témérité du mousse n’ont pas laissé indifférents les deux artisans en pleine activité.

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    L’un d’eux, qui semblait donner le ton au tandem, a lancé en direction du mousse, avec une voix qui portait très loin, ces mots en anglais : « Welcome !...Come ! » Donc, à grands cris, l’Anatolien nous a souhaité la bienvenue, puis nous a dit de nous approcher.

    Pourquoi cette voix forte et cette impétuosité du débit ?

    Parce que l’homme était réellement content et qu’il ne faisait pas semblant.

    Parce que la rencontre était inattendue et qu’elle lui amenait une immense joie.

    Parce qu’il était heureux de montrer son travail d’artisan.

    Parce qu’il était disposé à partager.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle chérissait l’authenticité.

    Et grâce à l’authenticité, les moments d’échange étaient des moments de grand bonheur.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle se manifestait au cours des haltes dans les échoppes mais aussi en chemin, au moment des flâneries. Maints égards étaient témoignés au visiteur pour honorer sa présence et célébrer le lien de l’amitié. En voici un exemple :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    La photo montre un cireur de chaussures sur la voie publique. L’Anatolien ne s’intéressait pas seulement à ses cirages et à ses cuirs, mais aussi au regard émerveillé du mousse.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle a donné à l’Anatolien un cœur bienveillant, une langue de charme et des yeux pétillants pour accueillir l’étranger et partager avec celui-ci ce qu’il y avait de plus beau en la circonstance. Et voici ce qu’il y avait de plus beau en la circonstance :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Il s’agissait de la marqueterie qui ornait la table portative.

    L’Anatolien disait que c’était un legs de ses pères.

    En plus de la valeur esthétique, il y avait la valeur affective.

    En dévoilant cet ornement, l’Anatolien ouvrait en toute confiance la porte de son intimité.

    Il n’a pas proposé au mousse de cirer les chaussures de celui-ci : il a préféré procurer au mousse une satisfaction qui relevait du second degré !

    Celui qui venait de loin était accueilli avec ce qui faisait que la vie soit désirable : l’art.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle allait jusqu’à s’affranchir complètement de l’enjeu commercial afin de donner encore plus d’éclat à ce qui était essentiel, c’est-à-dire le désintéressement. Pour réaliser la démonstration du lien social sublimé, l’hospitalité du Nid d’Aigle a choisi un cadre approprié. Il s’agissait du parvis d’un lieu de recueillement. Ce parvis était un espace où pouvaient accéder tous les êtres de bonne volonté, quelle que soit leur culture et quel que soit leur rapport à la transcendance.

    De l’eau arrivait sur ce parvis pour recommander la propreté corporelle, qui devait rappeler l’exigence de droiture morale. Un kiosque doté de bancs circulaires facilitait l’usage de l’eau bienfaitrice. Le plafond du kiosque était orné d’un magnifique décor floral, qui attirait le regard du mousse. Voici ce décor floral :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Sous cette voûte, était peinte la nostalgie pour le tout premier jardin, qui était l’Éden.

    Pendant que le mousse s’immergeait dans l’ocre des volutes, une voix masculine l’interpelait, laconiquement mais avec douceur. La bienveillance s’entendait dès les premières fractions de seconde. Il s’agissait d’une salutation accompagnée d’une requête. L’Anatolien qui s’adressait au mousse voudrait que celui-ci le prenne en photo.

    Qu’y avait-il de remarquable dans cette demande ?

    Elle était remarquable à plus d’un titre.

    D’abord, l’Anatolien disait de venir à lui. La xénophobie aurait ordonné le mouvement en sens inverse.

    Ensuite, l’Anatolien a invité à découvrir son visage. Or, selon les Anciens, le visage était le miroir de l’âme. Autrement dit, la demande concernant la photo équivalait à une invitation à découvrir la demeure intérieure. Dans cette demeure intérieure, ne régnait ni la peur envers ce qui était inconnu, ni l’indifférence à l’égard de l’étranger.

    Puis il fallait prendre en compte le contexte culturel. Car nous étions sur une terre où une certaine tradition rigoriste prescrivait l’interdiction de représenter toute forme humaine. L’attitude de l’Anatolien était donc audacieuse.

    C’était l’hospitalité du Nid d’Aigle qui a incité l’Anatolien à aller au devant du visiteur pour s’offrir à celui-ci.

    Voici le portrait réalisé :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    L’hospitalité était dans l’ouverture d’esprit, dans le cœur bienveillant, dans l’élan fraternel, dans la pureté de l’échange.

    À gauche de la photo, apparaissait le kiosque des ablutions, qui appartenait à la mosquée Şadırvan Camii.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle rendait l’espace public plus agréable et embellissait l’espace privé.

    Concernant l’espace privé, le Nid d’Aigle a confié à Ayşegül et İskender la mission de nous fournir un toit protecteur, des lits douillets et de l’eau chaude à volonté.

    Étymologiquement, “ Ayşegül ” signifie “Rose de Aïcha”.

    Quant à “ Iskender ”, c’est “Alexandre”, comme l’illustre Macédonien.

    Ayşegül et İskender se sont montrés extrêmement serviables à notre égard.

    La demeure qu’ils ont mise à notre disposition reflétait leurs qualités de cœur.

    L’espace de vie s’organisait autour d’une cour intérieure, où l’ombre était fournie par une vigne grimpante.

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Sous cette tonnelle ravissante, se dégustait le temps exquis de la quiétude. Cette configuration des lieux évoquait la douceur de caractère de nos hôtes.

    L'espace ne serait d'aucun charme s'il n'éveillait pas la conscience.

    Dès que nous avons franchi le seuil pour nous retrouver dans la cour intérieure, İskender a versé dans nos mains de l'eau de Cologne afin que nous nous en servions pour nous rafraîchir le visage.

    Voici cette eau de Cologne, qui avait si patiemment attendu notre arrivée :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    L'étiquette du flacon indiquait le nom de la maison de parfum : Eyüp Sabri-Tuncer, et l'année de l'entrée sur le marché : 1923.

    Ce rituel de bienvenue disait que le cœur de nos hôtes était en fête.

    L'eau de Cologne était posée sur la table de la cour intérieure pour être utilisée dans les tout premiers moments.

    Cette sollicitude révélait que nos hôtes étaient prodigieusement consciencieux.

    Mais l'eau de Cologne n'était pas seule à attendre notre apparition. En effet, sur la photo, à gauche du flacon d'eau de Cologne, apparaissaient dans une coupelle argentée des bonbons au chocolat et à la noix de coco. Il va de soi que ces confiseries n'avaient pas une fonction strictement décorative. Cette délicate attention de la part de nos hôtes témoignait leur générosité.

    Après ce prélude fort émouvant, nous avons fait une découverte qui nous a beaucoup touchés. La voici :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Dans l'un des compartiments les plus froids du frigo, deux verres à pied attendaient sagement. Manifestement, ils étaient placés là pour que la fraîcheur nous emporte au septième ciel.

    Dans le moindre détail, nous étions choyés par nos hôtes.

    Il était naturel que nous les remercions pour leur dévouement.

    Inspirés par l’hospitalité du Nid d’Aigle, nous adoptions son état d’esprit généreux et ses belles manières. À notre tour donc, nous avons voulu offrir l'hospitalité à Ayşegül et İskender en les conviant à des agapes que nous aurions préparées nous-mêmes.

    Dans un premier temps, nos hôtes ont été très surpris par notre initiative. Puis ils ont fini par comprendre que nous étions exceptionnels comme nous nous sommes rendus compte qu'ils l'étaient également.

    Ils ont alors dit « oui » à notre invitation. Avec une grande joie, ils ont dit « oui ».

    Et naturellement, Ayşegül et İskender ne sont pas venus les mains vides. Ayşegül est venue avec des crudités gorgées de vitamines. Quant à İskender, il a apporté les protéines de la mer, qu'il a ensuite préparées avec dextérité, selon la coutume locale, sur le grill :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Jamais le poisson n'a dégagé une odeur aussi envoûtante !

    La cuisson réalisée par İskender était parfaite : la peau était bien croustillante sans que la chair ne soit desséchée.

    Un bonheur infini emplissait la bouche.

    La promptitude de la réciprocité mise en œuvre par nos hôtes témoignait leur noblesse d’âme.

    Devant une telle réussite, l’hospitalité du Nid d’Aigle soulevait les verres pour qu’ils s’entrechoquent encore plus joyeusement.

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Mais que contenaient ces verres ? Un breuvage issu du raisin par voie de distillation et dont le titre avoisinait initialement les quarante-cinq degrés. Les Anatoliens du XXIè siècle l’appellent « rakı ». La dernière lettre de ce mot ne comporte pas de point au-dessus du montant vertical. C’est pourquoi la syllabe finale « kı » se prononce comme la conjonction « que » en français.

    En Anatolie, chaque province a sa propre manière de distiller et chaque région est fière, très fière de son « rakı ».

    Nos hôtes nous ont fait goûter leur propre cru. Nous leur en sommes très reconnaissants.

    Le « rakı » peut se consommer tel quel, c’est-à-dire sans dilution. Mais la bienséance recommande d’y ajouter de l’eau. Nos hôtes ont choisi d’associer une dose de « rakı » à quatre doses d’eau.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle ne faisait pas que réunir des verres de « rakı ». Elle favorisait la convergence des esprits et la fusion des cœurs. Et par-dessus tout, elle créait le sillage de la mémoire, qui se concrétisait par la relation épistolaire.

    En effet, trois jours après avoir dit au revoir à nos hôtes, le mousse leur a adressé ce courrier :

    Sevgili Ayşegül ve İskender,

    Tüm fotoğraf ve video dosyalarını açabildiğinize sevindik.

    Bu gece Konya'daki ikinci gecemiz.

    Biz Konya'yı gerçekten seviyoruz.

    Az önce belediye binasının yanındaki meydanda verilen ücretsiz konseri izledik.

    İyi geceler !

    Minh

     

    Üç ek :

    20230927_132728. Konya'da. Kapı Camii

    20230927_175606. Konya'da. Kültürpark, konsere gitmeden önce

    20230927_195428. Konya'da. Bu Çarşamba akşamı konseri

     

    En français :

    Chers Ayşegül et İskender,

    Nous sommes contents que vous ayez pu ouvrir tous les fichiers photo et vidéo.

    Ce soir, c’est notre deuxième nuit à Konya.

    Nous aimons beaucoup Konya.

    Nous venons de regarder un concert gratuit donné sur la place publique par la mairie.

    Bonne nuit !

    Minh

     

    Trois pièces jointes :

    Konya. La mosquée Kapɪ

    Konya. Kültürpark, avant d’aller au concert

    Konya. Le concert de ce mercredi soir

     

    Voici la réponse que nous avons reçue le lendemain :

    Sevgili dostlarımız

    Güzel vakit geçirdiğinize sevindik. Gönderdiğiniz fotoğraflar çok güzel. Bizim için de gezin. Hoş çakalın. Selamlar.  

     

    En français :

    Nos chers amis

    Nous sommes heureux que vous ayez passé un bon moment. Les photos que vous avez envoyées sont très belles. Voyagez pour nous aussi. Au revoir. Salutations.

     

    Les hôtes envoyés par le Nid d’Aigle nous disaient de « voyager pour eux aussi ». Nos yeux leur serviraient de yeux. Nos cinq sens remplaceraient leur cinq sens. Nos impressions de voyage nourriraient leurs êtres.

    L’hospitalité du Nid d’Aigle, qui n’était pas un simple vernis de politesse, mais l’expression de la bonté qui venait du cœur, ne s’arrêtait pas au seuil, mais continuait de s’exprimer bien au-delà, en restant féconde.

    Il existait une image qui illustrait l’hospitalité du Nid d’Aigle. Voici cette image :

     

    L’hospitalité du Nid d’Aigle

     

    Il s’agissait des piments qui poussaient dans la cour intérieure de Ayşegül et İskender. Ces magnifiques piments évoquaient l’ardeur qui caractérisait l’hospitalité du Nid d’Aigle. Cette ardeur se voyait dans la spontanéité, la promptitude et le dévouement.

    Tirer parti de chaque opportunité pour toujours offrir à l’autre le meilleur de soi.

    Dire non à la suspicion et à l’avarice.

    Être confiant et généreux.

    Croire en la bonté.

    C’est ainsi que se définissait l’hospitalité du Nid d’Aigle.

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