• Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

    La Semaine Sainte a dynamisé l’inspiration du mousse qui se plaisait à mettre la liturgie byzantine dans l’assiette.

    Le Mercredi Saint, sur la route du ravitaillement, il a vu que l’inspiration de l’artisan boucher a aussi été stimulée.

    En effet, la tête bovine, qui avait déjà sa couronne d’argent et ses fleurs du soleil, possédait à présent une grande boucle d’oreille :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Une grande fleur du soleil était désormais pendue à l’oreille gauche.

    La photo ci-dessus montre également que le dos n’était plus nu. Le Mercredi Saint a déposé sur celui-ci une étoffe striée, qui le recouvrait de l’encolure à la croupe.

    L’étoffe permettait d’ajouter des symboles décoratifs propres à la saison pascale.

    Du côté de l’encolure, des clochettes étaient accrochées. Mais leur forme se rapprochait plus de l’ovale que du cône :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Du côté de la croupe, qui présentait une assise plus large, un nid était installé :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    D’autres formes ovales apparaissaient dans le nid, avec des teintes qui rappelaient la chlorophylle, qui n’était pas sans lien avec la nourriture des deux parents qui prenaient soin du nid. Une grande fleur aux pétales dorés disait qu’ils voulaient faire de leur nid un foyer joli et chaleureux. Chaque parent tenait une fleur à la main et portait des habits fleuris. La silhouette paternelle préférait la teinte bleu clair et la silhouette maternelle, la couleur rose.

    Cette joie qui allait crescendo avec l’écoulement du χρόνος témoignait que nous étions en train de vivre un καιρός.

    Le cœur du sommelier du Zeph, très sensible à l’ambiance de fête qui emplissait la cité portuaire dédiée à Hermès, a mis sur la table un millésime 2015 :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Il s’agissait d’un Bourgogne Verget, sorti des fûts de la maison Grand Élevage.

    2015 était l’année qui avait assisté au départ du voyage initiatique.

    Dans la circonstance présente, le millésime 2015 célébrait un autre départ, qui était la renaissance du Zeph dans l’archipel cycladique.

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Nous buvions à l’espoir récompensé et à la confiance ressuscitée.

    Nos lecteurs gourmets flairent déjà qu’il y aurait des fruits de mer au programme de ce Mercredi Saint. Comme ils ont raison de s’appuyer sur la logique de l’accord mets-vin !

    Effectivement, en ce Mercredi Saint, c’était le corail des crevettes qui avait pour mission de créer la fête des papilles.

    Initialement, les crevettes devaient être crues, pour une double raison. D’une part, parce que le passage du corail au dessus du feu produirait une réserve de saveurs qui exploseraient en bouche. D’autre part, parce qu’une cuisson maîtrisée permettrait de préserver la texture al dente de la chair du crustacé. À cause de cette texture al dente si délicieuse, les crevettes passeraient au-dessus du feu en dernier.

    L’étape préliminaire consistait à torréfier les épices.

    Deux épices seulement étaient convoquées, en nous inspirant des conseils du chef Joël Robuchon.

    En l’occurrence, le mousse a choisi des feuilles de laurier et des graines de fenouil :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Le fenouil, pour son apport anisé. Le laurier, pour ses effluves apolliniens.

    Puis des poivrons verts et des oignons rouges ont été rissolés avec du gingembre en filaments :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Finalement, c’était au tour des crevettes de faire exulter leurs sucs au-dessus du feu de cuisson :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Le Capitaine a beaucoup, beaucoup aimé le corail du crustacé.

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Le Bourgogne blanc a donné à ce corail un sillage sans fin !

    Après avoir ravi l’estomac avec l’excellence sensorielle, nous voulions ravir notre être intérieur avec l’excellence qui relèverait du troisième degré pascalien.

    Pour cela, le Capitaine proposait une montée, à pied, vers la Cathédrale de Saint-Georges (en grec : O Καθεδρικός Ναός Αγίου Γεωργίου), qui se trouvait au sommet de la colline la plus méridionale.

    Mais à mi-parcours, le Capitaine, qui venait d’être habité par une nouvelle inspiration, a changé de route et s’est dirigé vers la colline voisine, qui était la colline médiane parmi les trois collines qui dominaient le port.

    La raison officielle invoquée était que cette colline médiane recevrait plus de lumière que la colline méridionale, initialement visée.

    L’argument n’était pas valide, car objectivement, le disque solaire, qui était déjà à l’Ouest, éclairait de la même façon les deux collines. Mais le mousse n’a pas contesté le changement de cap du Capitaine, parce que le mousse était conscient que très, très souvent, en de pareilles circonstances, le Capitaine servait d’instrument à la Providence.

    Donc le mousse a traversé un vallon et changé de colline, à l’instar du Capitaine.

    Voici un témoignage de ce changement soudain d’itinéraire :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    La plaque de la rue portait l’inscription, écrite en lettres majuscules, avec une abréviation :

    OΔΟΣ

    ΧΑΡ. ΤΡΙΚΟΥΠΗ

    En lettres minuscules et sans abréviation, on obtient : Oδός Χαριλάου Τρικούπη (transcription : Rue de Kharilaos Trikoupis).

    Χαρίλαος Τρικούπης était un homme politique qui, par sa volonté de modernisation, a laissé une forte empreinte dans l’histoire moderne de la Grèce. Il a inauguré l’ouverture du Canal de Corinthe en 1893.

    Cette rue qui rendait hommage à une figure de proue des temps modernes de l’Hellade épousait une ligne de niveau de la deuxième colline. Nous faisions notre ascension perpendiculairement à cette ligne de niveau.

    En définitive, le sanctuaire qui nous attendait à la fin de la montée était l’Église de la Résurrection du Sauveur (en grec : Ο Ιερός Ναός της Αναστάσεως του Σωτήρος).

    Nous voici sur le parvis du sanctuaire :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Par son dôme central peint en bleu, ce sanctuaire se distinguait de son voisin, qui se trouvait plus au Sud.

    Voici le spectacle qui s’offrait à nous après que nous avons franchi la porte d’entrée :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    La mise en scène se basait sur la dualité entre la lumière rouge et la lumière dorée.

    C’était très beau.

    Mais ce bel éclairage n’avait rien de spectaculaire.

    Ce qui était spectaculaire était évoqué par l’illustration suivante :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Il s’agissait de la circulation de l’encensoir dans l’espace réservé à la prière.

    L’encensoir précédait l’icône qui accordait sa bénédiction aux fidèles qui se trouvaient sur son passage. L’icône était surmontée de trois cierges allumés, en référence à la Trinité que formaient le Père, le Fils et l’Esprit Saint. L’officiant, qui portait l’icône, avançait normalement, dans le sens de la marche, tandis que son adjoint, qui portait l’encensoir, devait marcher à reculons, car personne n’a le droit de montrer son arrière-train à l’encensoir sacré.

    Sur la photo, le cortège était en train d’avancer de la porte d’entrée vers l’autel. Tous les lustres ont été éteints. Seule subsistait la lumière des bougies individuelles.

    L’extinction des sources de lumière collective avait plusieurs objectifs.

    D’abord, l’extinction des lustres supprimait tout ce qui concernait l’attrait visuel. Cet endormissement de la vue favoriserait l’effet compensatoire qui était la stimulation du sens olfactif, pour mieux apprécier la proximité de l’encens.

    Ensuite, l’obscurcissement du lieu évoquait le séjour des ombres, par lequel était passé le Nazaréen, avant d’être relevé d’entre les morts.

    Ce qui était exceptionnel, c’était cette mise en scène de la dualité entre la lumière et l’obscurité, à l’occasion de la procession de l’encensoir.

    Nous étions arrivés à temps pour assister à ce captivant spectacle : c’était le premier point positif du à l’inspiration surprenante du Capitaine.

    De surcroît, il n’était pas dit que si nous étions restés sur la première colline, nous aurions eu le même spectacle avec la même subtilité dans l’intention discursive : c’était le deuxième point positif du à la merveilleuse inspiration du Capitaine.

    En plus de ces deux points positifs, il en existait un troisième, plus extra-ordinaire encore, qui révélait que nous étaient vraiment choyés par la Providence. Elle a manifesté sa bonté spécialement à notre égard en utilisant la silhouette masculine qui apparaissait à gauche de la photo, entre le porteur de l’icône et celui de l’encensoir.

    Ce Grec, qui tenait sa bougie de la main gauche et son téléphone portable dans la main droite pour faire des photos était en vérité l’élément-clé de la cérémonie de l’encensoir.

    Il a vu le mousse fonctionner sans que celui-ci s’en rende compte. Rempli d’admiration et surtout de bienveillance, il est venu vers le mousse pour prévenir celui-ci que dans quelques minutes, quelque chose d’extrêmement intéressant allait se produire. Avec insistance, il a pressé le mousse de le rejoindre devant l’autel. Puis quelques secondes avant l’apparition de l’encensoir sacré, il a donné le signal pour la caméra du mousse.

    Le Grec de la médiation s’est entretenu avec le mousse au vu de toute la congrégation. En quelque sorte, celui-ci a reçu de cette congrégation l’autorisation de faire partie du cortège de l’encensoir. C’est pourquoi, pendant le défilé, il n’y avait pas qu’une personne qui marchait à reculons, mais deux. D’abord, le porteur de l’encensoir. Puis, derrière ce porteur officiel, le mousse avec sa caméra de privilégié.

    C’est ainsi que le mousse a pu filmer tout le trajet de l’encensoir : la traversée du bas-côté gauche, gardé par l’archange Michel, puis la remontée vers l’autel, en direction de l’iconostase, avec le Nazaréen à droite et sa Mère à gauche, et enfin la traversée du bas-côté droit, gardé par l’archange Gabriel.

    Voici l’encensoir en train de s’approcher du poste de l’archange Gabriel :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Nos lecteurs bien-aimés reconnaissent sans nul doute la silhouette située tout à fait à gauche  : c’était le Capitaine du Zeph, qui suivait avec beaucoup d’intérêt la route de l’encens. Sur cette photo, l’encensoir circulait de la droite vers la gauche.

    Derrière le Capitaine, c’était le tout premier poste d’observation du mousse, là où le Grec de la bienveillance était venu pour donner l’information de la cérémonie de l’encens ambulant.

    Quand l’encensoir sacré a achevé son parcours, la lumière des lustres a été rétablie :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-3) à Eϼμούπολη. Le balcon du Mercredi Saint

     

    Des ténèbres de la mort, la lumière de la vie a fini par triompher !

    Sans la fabuleuse inspiration du Capitaine qui avait décidé, à mi-parcours, de changer de destination et de route, le mousse aurait raté le rendez-vous avec le Grec qui a magnifiquement servi les desseins de la Providence.

    Le balcon posé sur la mer à Eϼμούπολη, pendant le Mercredi Saint, était le balcon de l’inspiration.


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