• Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

    Le Zeph vit à l’heure grecque, avec des réflexes grecs et un cœur grec.

    Voilà pour le principe qui régit notre navigation.

    Quant au cadre spatial où ce principe était présentement à l’œuvre, c’était Ερμούπολη (transcription : Ermoupoli), la cité portuaire qui se trouvait sur le flanc Est de l’île de Σύρος (transcription : Syros), qui avait le privilège d’être la capitale de l’archipel cycladique.

    Voici le Zeph à Ερμούπολη :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    À l’arrière-plan, sur la droite de la photo, se dressait la plus méridionale des collines qui dominaient le port. Au sommet de cette colline, était érigé un édifice dédié à la relation avec la transcendance. Les Grecs appelaient cet édifice « O Καθεδρικός Ναός Αγίου Γεωργίου » (en français : La Cathédrale de Saint-Georges).

    Au niveau de la poupe du Zeph, plus exactement au-dessous du profil de l’éolienne, facilement reconnaissable à son habit tricolore, se trouvaient des bâtiments de couleur ocre beige. C’était vers là-bas qu’avait lieu la fête du négoce.

    Car Ερμούπολη signifie littéralement «la ville d’Hermès».

    Hermès, dont l’une des fonctions principales est de servir de messager aux Olympiens, est aussi le dieu des échanges et des transactions.

    L’axe du Zeph coïncidait avec l’axe Est-Ouest.

    La proue regardait vers l’Est :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    Dans l’eau se reflétait la bonne humeur du Zeph.

    La poupe était tournée vers le soleil couchant :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    Dans l’eau, se reflétait aussi notre détermination à profiter de toutes les bonnes choses que la «ville d’Hermès» allait mettre à notre disposition.

    Avec enthousiasme, le mousse est parti en éclaireur en direction des points de liesse qui avaient éclos un peu partout dans la cité portuaire.

    Voici le tout premier spectacle, offert par la Nature :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    La photo a été faite juste à la sortie de l’enceinte de la Marina.

    Une multitude de coquelicots jaunes ornait le bas de la clôture.

    À l’instar de ces deux insectes butineurs qui s’enivraient du nectar de la fleur, nous nous enivrerions avec toutes les bontés du καιρός.

    Après avoir dépassé la Bibliothèque de l’Université de l’Égée, le mousse a écarquillé ses yeux devant cette très belle décoration :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    La tête bovine portait une couronne d’argent, qui scintillait au soleil. Les tournesols, qui entouraient la couronne, resplendissaient aussi dans leur robes dorées.

    La bête avait aussi ses sabots ornés par les fleurs du soleil :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    La photo a été faite le lundi 29 avril 2024. Selon le calendrier byzantin, débutait ce jour-là la Semaine Sainte de la Pâque orthodoxe.

    L’ornement de la silhouette bovine était donc une manifestation de la joie à l’occasion du temps pascal selon la liturgie byzantine.

    La précision temporelle dans le titre de l'article est maintenant justifiée.

    Quelques mètres plus loin, en direction du Nord, voici ce qui a capté le regard du mousse :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    À l’arrière-plan, se dressait la colline médiane des trois collines qui dominaient le port. Au sommet de cette colline médiane, se trouvait le lieu de prières, appelé Ο Ιερός Ναός της Αναστάσεως του Σωτήρος (en français : le Sanctuaire de la Résurrection du Sauveur).

    Un peu vers la gauche, apparaissait le nom d’une enseigne de ravitaillement, bien connue de nous tous. Ce nom se voyait à deux endroits. Le petit format était posé sur un abri-bus tandis que le grand format s’affichait sur le mur méridional du dock reconverti en centre de négoce.

    Le nom officiel de ce centre de négoce, qui était « Piraïki Center », était écrit dans le carré vert au-dessous de l’abri-bus.

    Piraïki (en grec : Πειραϊκή) se référait à la renommée du Pirée.

    En effet, dans cette appellation, transparaissait l’ambition de Ερμούπολη d’être l’Athènes de tout l’archipel cycladique.

    Or la graphie Πειραϊκή, avec les lettres de l’alphabet grec, n’était visible nulle part. Par contre, c’était l’alphabet latin qui était utilisé, parce que l’inscription s’adressait d’emblée à un public international, sans faire la distinction entre Grecs et non-Grecs.

    Tout centre de négoce est, en Grèce, un temple dédié à Hermès. Plus particulièrement en encore à Ερμούπολη, qui est la ville du dieu des échanges.

    L’entrée d’un temple est toujours indiquée de façon solennelle.

    Sur la photo précédente, les deux oliviers qui se trouvaient vers la gauche évoquaient cette solennité. Une double paix était accordée au mortel qui entrait dans ce sanctuaire du négoce.

    Voici le vestibule, qui correspondait au πρόναος (transcription : pronaos) de l’architecture antique :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    L’œuvre d’art, réalisée avec les moyens de la modernité, représentait une chaussure ailée. C’était l’un des attributs d’Hermès.

    Le hasard des choses faisait que la pointe de la chaussure divine touchait presque les guidons des caddies du XXIè siècle.

    De loin, la perspective illustrait l’impulsion que donnait Hermès au commerce local.

    Après le « Piraïki Center », le mousse a continué toujours vers le nord, en direction du centre névralgique de la cité portuaire.

    D’abri-bus en abri-bus, voici ce qu’il a vu :

    ! 20240429_085919. Pope avec des courses de Lidl

    Un Grec guettait l’arrivée du bus. La voiture qui était garée au soleil, près de l’abri-bus, indiquait dans quel sens arriverait le bus. Celui-ci viendrait de l’arrière-plan vers le premier plan. C’est pourquoi le Grec était vu de dos.

    Le Grec portait la tenue réservée aux officiants de la liturgie byzantine.

    Sur le banc qui était à sa gauche, il a posé ses affaires. Parmi celles-ci, il y avait un grand sac blanc. Dans le coin inférieur et situé à droite de ce sac blanc, apparaissait le logo du centre de ravitaillement évoqué ci-dessus.

    L’officiant et le mousse fréquentaient donc le même temple d’Hermès.

    L’académicien Michel Déon a déclaré : “Pour bien aimer un pays il faut le manger, le boire et l’entendre chanter.”

    Cette déclaration de l’académicien français est venue à l’esprit du mousse quand celui-ci est passé devant le buste de Μάρκος Βαμβακάρης (transcription : Markos Vamvakaris), que la plaque commémorative, écrite en trois langues : en grec, en anglais et en français, présentait comme « patriarche du rebetiko et fondateur de la musique populaire grecque ».

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    La sculpture se trouvait à l’entrée de la zone administrative, entre l’hôtel Diogenis, qui s’appuyait sur le renom du philosophe provocateur, et la gare maritime aménagée pour l’embarquement des ferries.

    Cette photo en pied, où l’on voit l’intégralité du corps du mousse en position debout, ne pouvait pas être un selfie. C’était l’œuvre d’un intervenant extérieur. En l’occurrence, il s’agissait d’un Grec d’une trentaine d’années, qui a voulu faire plaisir au mousse. Jusque là, le geste du Grec, qui avait déjà la gratitude du mousse, n’avait pourtant rien encore d’extraordinaire.

    L’extra-ordinaire a surgi dans la prise de conscience du mousse quand celui-ci a vu le Grec grondé par son patron, devant le camion qui contenait des objets qu’ils devaient décharger tous les deux. Le Grec qui a fait les photos du mousse s’était extrait de son rôle de manutentionnaire pour venir à la rencontre du visiteur étranger. Dans le cas actuel, l’hospitalité contrecarrait les objectifs de l’entreprise. L’extra-ordinaire était dans le fait que l’auteur de la photographie précédente n’a pas laissé des intérêts matériels entraver ni le sens de l’hospitalité ni le goût pour l’art.

    La photo suivante montre l’emplacement du camion à décharger :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    Sur la droite de la photo, tout en haut, apparaissait un nom propre : KATERINA. C’était le nom de la propriétaire du lieu.

    Au-dessus du nom propre, était écrit : ENOIKIAZOMENA ΔΩΜΑΤΙΑ. Littéralement : CHAMBRES À LOUER.

    C’était sous cette pancarte qu’était stationné le camion à décharger. De cet endroit ombragé, le Grec de l’hospitalité avait remarqué la présence du mousse à côté de la statue ensoleillée. De cet endroit ombragé, la joie de rendre service a propulsé le Grec hors de l’ombre. La joie également a envahi tout l’être du mousse quand celui-ci a accepté l’offre du Grec.

    Peu de temps après, le mousse est arrivé à la Grand’Place, qui était dédiée au célèbre navarque Ανδρέας Μιαούλης (transcription : Andréas Miaoulis), qui était l’un des principaux acteurs de la Guerre d’Indépendance menée contre l’Ottoman.

    Tout autour de cette Grand’Place, une multitude d’établissements s’employait à charmer les papilles. Voici l’un de ces établissements, qui misait beaucoup sur le romantisme de son énorme bougainvillier :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    Le nom de l’établissement était ΓΝHΣΙΟΝ. Littéralement : AUTHENTIQUE.

    Sous le nom, était indiquée la spécialité de la maison : Σουβλάκι εν Ερμoυπόλει. Littéralement : Brochette de viande à Ermoupoli.

    Pour donner plus d’attrait à l’annonce, tout le texte était rédigé dans le style littéraire.

    Malgré cette présentation pourléchée, le mousse avait la ferme conviction que la table la plus authentique demeurait celle du Zeph.

    En effet, en ce Lundi Saint, on servait à bord du Zeph des ντολμάδες (transcription : dolmadès). Il s’agissait de feuilles de vigne farcies, en l’occurrence avec du riz. Pour compenser le goût âpre de la feuille de vigne, nous avons fait appel à la douceur du poivron rouge rissolé :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    L’oignon rouge était l’allié du poivron rouge pour l’apport de la douceur :

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    Quant au riz qui composait la farce des feuilles de vigne, il avait une texture qui méritait d’être mise en contraste avec le croquant du brocoli al dente.

     

    Le balcon posé sur la mer (9-1) à Eϼμούπολη. Le balcon du Lundi Saint

     

    Les ντολμάδες préparés par le Zeph étaient une manière authentique de vivre la recommandation de l’académicien Michel Déon. De plus, cette authenticité procurait beaucoup de joie à bord.

    Le balcon posé sur la mer à Eϼμούπολη, à l’occasion du Lundi Saint, était un balcon de la joie.


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