• Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

    Nous sommes partis de Σάμος (transcription : Samos) avant le lever du jour. La photo suivante a été faite trois quarts d’heure avant que le disque solaire ne fasse son apparition :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Au premier plan, sur la gauche, apparaissaient les poulies du dispositif qui servait à suspendre du côté de la poupe l’annexe du Zeph.

    Quelques instants auparavant, le Zeph était amarré entre la coque noire et la coque blanche.

    La coque noire s’appelait משא (transcription : Masa). Le nom, en lettres hébraïques, était écrit sur la poupe et signifiait « cargaison ».

    Quant à la coque blanche, elle avait pour nom Glen Feeling 2 et était immatriculée à Lorient. C’était ce voilier breton qui, la veille, nous avait donné des conseils pour nous amarrer dans la marina de Χίος (transcription : Khios) et aussi pour louer une voiture là-bas.

    Le long du quai, courait un mur où étaient accrochés des panneaux d’exposition. À l’heure où nous avons largué les amarres, la lumière blanche destinée aux lecteurs noctambules n’était pas encore éteinte. Les lampadaires municipaux, eux aussi, ont encore gardé leur éclairage nocturne.

    Comme nous avons commencé par nous diriger vers l’Ouest, le disque solaire est apparu du côté de la poupe quand il a dépassé le relief montagneux :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Tout était encore bien calme. Mais les choses n’allaient pas tarder à gagner en tonicité en nous réservant de très belles surprises.

    Le prélude des voiles hissées semblait routinier :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Mais Éole a bousculé cette apparente routine pour en faire le tremplin d’une aventure palpitante, qui était celle de la célérité. En effet, à plusieurs reprises, le Zeph a volé au-dessus des flots en dépassant les onze nœuds :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Comme le Capitaine était content, fier et heureux !

    Cette magnifique prouesse du Zeph était bienvenue car elle chassait l’amertume et le doute amenés par une précédente navigation où tout allait de travers.

    C’était rassurant, voire jouissif, de savoir que le Zeph était à ce point résistant, véloce et brave.

    Voici le contexte spatial où le Zeph nous a remplis d’enthousiasme :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Σάμος, que nous venons de quitter, se trouvait en bas de l’écran, avec l’inscription : NISOS SAMOS. Notre destination était Χίος, l’île la plus à gauche sur l’écran, avec l’inscription : NISOS CHIOS. À l’Est de Χίος, c’était l’Anatolie, toute proche. Le promontoire anatolien qui s’avançait vers Χίος s’appelait Έρυθραι (transcription : Érythrée) dans l’Antiquité et Çeşme (transcription : Tchesmé) au XXIè siècle.

    Le rivage anatolien était donc à tribord du Zeph, presque à portée de main, sûrement à portée de voix !

    Voici deux nefs anatoliennes qui flânaient dans les eaux anatoliennes :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Leur nonchalance rendait le dynamisme du Zeph encore plus jubilatoire.

    La très grande satisfaction du Capitaine aiguisait allègrement l’appétit :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Il y avait dans l’assiette des πέννες, qui équivalaient aux penne rigate de l’Italie. Ces pâtes gréco-italiennes étaient cuisinées avec des saucisses de Μύκονος (transcription : Mykonos).

    L’accord mets-vin est un principe de l’hédonisme français. Et quand tout se déroulait formidablement bien, comme c’était le cas sur la route de Χίος, les principes constitutifs de l’hédonisme étaient tout naturellement réactivés. Se posait donc la question du choix d’un vin pour accompagner les πέννες et soutenir l’exultation :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    En l’occurrence, le vin choisi était le rouge sec Apelia, l’un des fleurons produits par les Caves Helléniques (en grec : Ελληνικά Κελλάρια Οίνων).

    Le plaisir de la nourriture et de la boisson ne parasitait pas la vigilance du barreur. Au contraire, celle-ci était exacerbée par l’agréable sentiment de réussite. Comme la girouette de l’anémomètre était tombée et s’était cassée, le Capitaine compensait le déficit technique par un supplément de regard :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Finalement, le Zeph est arrivé, avec une grande joie, à la marina de Χίος, où chacun était entièrement libre de faire ce qu’il voulait : donc, libre de ne pas payer la taxe de séjour !

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Sur la photo, le Zeph, aisément reconnaissable à son éolienne tricolore, venait de passer le phare vert, qui se trouvait à tribord des bateaux entrants. À l’arrière-plan, sur la droite, se profilaient quatre moulins à vent, qui étaient pour Χίος ce qu’était la Tour Eiffel pour Paris : le glamour né de la nostalgie d’un âge d’or.

    Nous aussi, nous avons succombé à ce glamour :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Après cette halte de la coquetterie, nous sommes allés vers des lieux qui rappelaient que jadis Χίος, fière de sa puissance navale, a tenu tête à l’intransigeance d’Athènes.

    Il y avait d’abord le lieu qui détenait ce pour quoi l’on faisait la guerre. Nous voici devant le Trésor de Χίος :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    L’architecture de l’actuel Trésor utilisait le style dorique, comme sur le Parthénon de l’Acropole d’Athènes.

    Puis il y avait le lieu où l’on décidait des moyens pour faire la guerre : ces moyens étaient, dans l’Antiquité, les fameuses trirèmes. À Χίος, une institution perpétuait la mémoire de la force navale qui avait fait la renommée de l’île. Cette institution avait à sa tête une femme : Μαρία Τσάκος (transcription : Maria Tsakos). Voici la Fondation Μαρία Τσάκος, un soir de conférence :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Le style architectural était d’inspiration ionique, pour rappeler l’esthétique du temple d’Athéna la Victorieuse, qui se dressait dans le coin Sud-Ouest de l’Acropole d’Athènes, à droite des Propylées.

    Il y avait aussi des lieux de témoignage pour des faits historiques plus récents. Voici une stèle qui rappelait un épisode de la Guerre d’Indépendance Grecque :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    La date de l’événement évoqué figurait au début de la cinquième ligne : c’était en avril 1822. C’était le moment choisi par le Sultan pour donner une leçon à l’île de Χίος qui venait de rejoindre la cause des indépendantistes grecs. L’expédition punitive des Ottomans a tué 25 000 insulaires et fait 45 000 captifs ! Toute l’Europe s’en est émue. Porté par une juste indignation, Delacroix a peint, à cette occasion, le tableau intitulé « Scènes des massacres de Scio : familles grecques attendant la mort ou l'esclavage », qui est exposé au Louvre.

    Au sommet de la stèle commémorative, était gravé le symbole de Χίος. Il s’agissait d’une sphinge, qui avait la tête et la poitrine d’une femme et le corps d’un lion. La sphinge tenait une amphore avec une patte de devant. Devant son visage, flottait une grappe de raisin.

    Après cette balade passionnante, nous avons retrouvé le giron du Zeph, où des petits pois succulents nous attendaient :

     

    Le balcon posé sur la mer (40) entre Σάμος et Χίος

     

    Nous étions comblés parce que nous avons passé une journée très riche.

    La bravoure du Zeph nous a procuré tant d’énergie positive.

    Le balcon posé sur la mer entre Σάμος et Χίος était le balcon de l’exultation.


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