• Où commence l’accueil ? Où finit-il ? Sur le seuil de la porte ?

    À Ostie, nos amis romains, Danielle et Alberto, nous ont ouvert la porte de leur demeure. On y accédait en empruntant le boulevard Alessandro Magno. Symboliquement, Alexandre le Grand, l’illustre Macédonien, a conduit nos pas vers la jolie maison de l’amitié. Raffinement inattendu, grâce au parfum de l’histoire.

    Leur portail était comme un magnifique arc de triomphe, festonné par un jasmin qui exhalait des effluves délicats et égayait le lieu grâce aux corolles nacrées.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Nous avons franchi cette élégante entrée sans que nos amis nous en décrivent la splendeur. Omission à cause d’une étourderie ? Nullement ! Danielle et Alberto ont fait le choix de la discrétion orale pour ne pas nous importuner. Le raffinement de leur accueil était dans le subtil équilibre qui faisait que la sollicitude ne soit pas envahissante ou inopportune.

    L’au revoir a-t-il témoigné d’un raffinement équivalent ?

    Alberto, qui nous a raccompagnés au Porto di Roma, n’a pas pris la route la plus courte, qui lui aurait permis de s’économiser. Il a choisi le trajet le plus pittoresque, qui dévoilait les magnifiques silhouettes des pins parasols.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    On se serait cru sur la Via Appia. Mais, en réalité, on a emprunté la Via del Mare. Le raffinement était dans la permanence du souvenir de la Rome impériale.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Puis Alberto, l’infatigable Alberto, nous a fait découvrir le Canale dei Pescatori di Ostia, qui se jetait dans la mer, au Sud-Est de la Marina.

    Spécificité d’un territoire qui luttait pour sa survie.

    Tout combat pour préserver l’authenticité nous intéresse. L’initiation nous a incités à revenir sur les lieux, par nos propres moyens, en vélo, pour nous imprégner de l’atmosphère particulière d’une terre baignée à la fois par l’eau douce et l’eau salée.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    D’ordinaire, on raccompagne le visiteur jusqu’au seuil de la maison.

    Alberto, le généreux, nous a raccompagnés jusqu’à l’entrée de la Marina.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Comme si le seuil de sa maison se confondait avec l’entrée de la Marina.

    Le raffinement de l’accueil que nous ont réservé nos amis romains se trouvait dans l’extensibilité du seuil de leur demeure. L’extension concrétisait dans l’espace une donnée éthique, qui était la générosité sans bornes.

    Même dilatation de l’espace avec l’Aventy.

    Le lendemain de son arrivée à Ponza, l’Aventy nous a reçus à son bord. La terrasse flottante où nous avons pris le repas de midi baignait dans une lumière jaune orangé, qui rappelait le cadre de vie des archipels sous les tropiques.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Le raffinement de l’accueil à bord de l’Aventy était dans le visuel, dans l’univers de couleurs, proposé comme alternative à l’azur ambiant.

    L’accueil de l’Aventy ne s’arrête jamais après le café qui clôt le repas. Il y a toujours une passeggiata pour se détendre, continuer l’échange et découvrir ensemble la nature environnante.

    Avec élégance, l’Aventy nous a proposé le confort de son annexe pour la promenade entre cavernes et grottes qui truffaient la côte.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Dans la baie, il existait un endroit doté d’une très grande force d’attraction. Il s’agissait d’un piton rocheux, qui se dressait entre deux escarpements imposants, et qui était bordé par des roches affleurantes non sans danger. Plus le risque était important, plus la force d’attraction était irrésistible.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    L’Aventy a eu l’extrême gentillesse de nous mener aussi près qu’il le pouvait du piton rocheux. Le suspens était garanti, à cause des méchantes vagues soulevées par les navettes express.

    Notre petite embarcation était dirigée par une main ferme et agile. Cependant, le raffinement de l’accueil de l’Aventy au milieu des flots tumultueux n’était pas dans la dextérité de son capitaine, mais dans la patience infinie de celui-ci. Car tout le monde rêvait de réaliser la photo idéale du piton rocheux. Le problème était de tomber pile sur la millième fraction de seconde qui soit la bonne, c’est-à-dire avec le piton bien au centre du cadre, un horizon qui ne soit pas penché, des vagues temporairement apaisées pour éviter le risque de flou. Cette millième fraction de seconde n’était pas si facile à choper ! Alors le capitaine de l’Aventy a dû recommencer maintes et maintes fois l’approche du fameux piton rocheux. Le capitaine de l’Aventy recommençait ses manœuvres, sans aucun soupir, sans aucun geste d’énervement. Certaines fois, il esquissait même un sourire, parce que le défi l’amusait.

    La patience infinie du capitaine de l’Aventy témoignait de l’acuité de son sens de l’esthétique. L’Aventy aime le beau, surtout quand celui-ci se reflète dans la pellicule. L’Aventy aime les photos réussies et il s’en donne les moyens.

    L’esprit raffiné de l’Aventy réside dans sa cohérence, dans sa promptitude à payer le coût de ses objectifs.

    Après la joyeuse et passionnante promenade avec l’annexe, l’Aventy nous a ramenés à la proue du Zeph, qui était amarré à l’entrée de la Marina Settemari.

    L’accueil de l’Aventy prenait-il fin à cet instant-là, devant la proue du Zeph ? C’est mal connaître l’Aventy que de penser ainsi !

    En effet, il y a eu un épilogue à la passeggiata : l’Aventy voulait que nous mangions encore à son bord, pour le repas du soir. Avec gratitude, nous avons accepté l’invitation du crépuscule.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Le raffinement de l’accueil offert par l’Aventy était bien sûr dans l’extension tous azimuts du seuil de sa demeure flottante. Mais l’esprit raffiné de l’Aventy ne se déployait pas seulement dans l’espace. Il nous a émus surtout par rapport à la gestion des ressources temporelles. La générosité de l’Aventy n’a pas de limites dans le temps.

    Le raffinement de l’accueil dépend plus de la manière de donner que de la quantité donnée.

    Les jours fastes à Πύλος – ΠΥΛΟΣ nous ont procuré le privilège d’explorer l’arrière-pays et de découvrir l’accueil dans des territoires considérés comme « perdus ».

    Après avoir traversé maints vallons, nous sommes arrivés dans un de ces lieux retirés, vers midi, et nous nous sommes garés sur la place du village, dont voici une photo :

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Le village s’appelait Νέδουσα – ΝΕΔΟΥΣΑ.

    Personne à première vue, ni sur la place, ni dans les parages.

    Personne, sauf un enfant du pays, qui, à l’âge adulte, a résisté contre l’envahisseur ottoman, et dont l’effigie de bronze est glorifiée par le drapeau de la nation. Le nom du héros est Νικηταράς – ΝΙΚΗΤΑΡΑΣ.

    Dans ce village apparemment désert, y avait-il encore des âmes qui vivaient ?

    La réponse se trouvait dans un tournant qui partait sur la droite de la photo.

    Tout de suite après l’embranchement, nous avons trouvé deux hommes attablés devant un petit établissement qui servait du café, et où nous pourrions peut-être nous restaurer, car nous n’avions rien, ni dans l’estomac, ni dans le coffre de la voiture.

    Nous nous sommes installés à l’intérieur et nous avons commandé une bière pour chacun. Notre hôte a deviné nos intentions. Il a alors improvisé une salade pour soulager notre faim. Il s’agissait bien d’une improvisation, car ce n’était ni l’heure, ni le lieu. Ce n’était pas l’heure, parce que l’homme allait fermer pour partir chez lui. Ce n’était pas le lieu, parce que l’établissement n’était pas prévu pour servir de la nourriture. Alors, qu’est-ce qui a motivé le service supplémentaire consenti par l’hôte ? Était-ce l’appât du gain ? Cela aurait pu l’être. Le cafetier-aubergiste aurait pu se comporter comme ces brigands qui faisaient des territoires « abandonnés » leurs fiefs et exigeaient le prix fort pour tout service qui y serait rendu. Non, notre hôte n’était pas de cette nature. Il avait le cœur trop pur et l’âme trop noble. Ce qui le préoccupait, ce n’était pas son propre profit, mais le confort et l’agrément pour les visiteurs. Et ce n’était pas bien recevoir des visiteurs que de leur fournir une salade de tomates sans feta. Mû par sa conscience, notre hôte a donc pris l’initiative de nous proposer sa feta. Une feta qu’il avait gardée dans l’arrière-boutique, pour sa consommation personnelle, en toute discrétion. La feta servie n’avait pas l’apparence orthodoxe que montraient les magasins qui avaient pignon sur rue. Qu’à cela ne tienne ! Notre restaurateur improvisé a ajouté de l’huile d’olive et tout devenait très désirable.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Ça y est, cette fois-ci, notre hôte était heureux, parce que le protocole de la salade était respecté.

    Le raffinement de l’accueil du Grec résidait dans l’absence de cupidité et dans le désir d’offrir un service irréprochable.

    Tout cela était beau, très beau, sans refléter la spécificité du lieu.

    Ce qu’il y avait de particulier dans cette taverne improvisée, et que l’on ne pourrait trouver dans aucune autre taverne ailleurs, c’était l’histoire personnelle de notre hôte.

    Jeune, il a traversé à Gibraltar les colonnes d’Héraklès, pour se rendre à l’autre bout du monde, jusqu’en Australie. Même là-bas, il a été inquiété par le conflit indochinois. De justesse, il a échappé à une triste fin sur les rivages du Viet-Nam.

    Nous y voilà.

    L’apparition du mousse a rappelé au Grec une tragédie du passé.

    Pendant la prise d’une photo, une main du Grec tenait une main du mousse. Mais la violente remontée du souvenir a fait que la main grecque a failli broyer la main qu’elle tenait.

    Confidence orale et tactile d’un traumatisme.

    Le raffinement de l’accueil du Grec était dans la pureté de la résurgence du passé. Résurgence qui se transformait en torrent dès que la parole était libérée.

    Pour exprimer son affection, le Grec nous a joyeusement apporté quatre figues, fraîchement cueillies de l’arbre, comme pour dire que la douceur du présent adoucissait l’amertume du passé.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Émus par la tragique poésie de l’instant, nous souhaitions obtenir plusieurs photos rappelant notre halte. Hélas, toutes sont ratées, parce que toutes sont floues, aussi bien celles qui ont été faites par le Grec lui-même, que celles qui ont été réalisées avec l’aide des deux hommes attablés à l’extérieur. C’est à croire que dans ce village, personne ne savait tenir un appareil de photo, même sous forme de smartphone.

    Là où nous avons mangé à notre faim, il n’y avait pas d’étalage du luxe et pas d’éloge de la modernité. Mais nous y avons vécu des moments extrêmement émouvants.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Ni les stocks, ni leur rangement ne correspondaient aux normes de l’Europe qui ambitionnait la croissance. Un bouzouki suspendu au mur disait que le patron de l’établissement était plus poète que marchand.

    Le raffinement n’est pas une affaire de moyens tapageurs.

    Un accueil est raffiné quand il est authentique et exprime le don de soi.

    Pour le confort du visiteur, le seuil de la porte peut être protégé par un auvent. Celui-ci, qui se trouve près de la gare de Lyon-Perrache, s’inspire de l’Art Nouveau.

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    Le jeu des éclairages contient les promesses d’un accueil séducteur.

    Dans peu de temps, nous entrerons dans 2020.

    Puisse l’année nouvelle nous offrir un accueil raffiné et édifiant !

    Merci à nos chers lecteurs pour l’accueil chaleureux qu’ils réservent à la chronique, pendant le petit déjeuner du matin ou en prélude aux doux rêves de la nuit.

    Bonne année 2020 à tous les amis du Zeph !

    BUON ANNO 2020 A TUTTI GLI AMICI DI ZEFIROS !

     

    Le raffinement de l'accueil

     

    ΕΥΤΥΧΙΣΜΕΝΟ ΤΟ ΝΕΟ ΕΤΟΣ 2020 ΣΕ ΟΛΟΥΣ ΤΟΥΣ ΦΙΛΟΥΣ ΤΟΥ ΖΕΦΥΡΟΥ !

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