Nous combattons l’adversité à la fois par la défensive et par l’offensive.

Le Capitaine se préparait aux assauts du vent fort en les empêchant de nous fracasser contre le quai. C’est pourquoi il a changé le Zeph de place le lendemain de notre arrivée à Ερμούπολη. La meilleure stratégie était de laisser le vent de la furie tendre les amarres le plus possible, pour que la coque s’éloigne au maximun du quai et que le risque de collision avec celui-ci soit le plus faible possible.

Le vent était déjà à l’œuvre au moment où il fallait installer les amarres :

Voici le Zeph finalement dans sa position de combat :

La proue regardait l’Est. La poupe était orientée vers le soleil couchant. C’était le flanc gauche qui avait pour mission d’absorber les rafales du septentrion.

Après les préparatifs de la défensive, nous sommes passés à la phase offensive. Nous repoussions la morosité avec les armes de l’art culinaire.

Le plan de l’attaque se nommait « Porc à l’ananas ».

Les épices étaient engagées en premier. Il s’agissait du laurier en feuilles et de la coriandre en graines.

Pour être pleinement opérationnelles, elles devaient être torréfiées.

Puis c’était au tour du porc d’entrer en scène, sous forme caramélisée :

Le porc était taillé en lanières tandis que son partenaire, l’ananas, était découpé en triangles pour être rôti.

Le goût acidulé de l’ananas avait pour but de donner du peps à l’association entre la viande et le fruit.

Une deuxième contribution acidulée était assurée par les tomates :

Pour rehausser leur attrait, elles ont mijoté dans du gingembre, qui était apprécié pour sa saveur à la fois poivrée et citronnée.

Ainsi la première formation de combat a été organisée selon le principe ayurvédique, qui préconisait une dynamisation mutuelle des forces salée, sucrée, acidulée, poivrée, amère et astringente.

La gastronomie basée sur l’ayurvéda nous a grandement fortifiés pour affronter la fureur du vent du Nord.

Le jour suivant était annoncé par les bulletins de météo comme le jour où débuteraient les hostilités.

On voit aux naseaux d’un cheval que celui-ci est prêt pour la bataille.

Voici les naseaux de notre destrier, le surlendemain de notre arrivée à  Ερμούπολη :

L’ancre a gardé la boue qui faisait la fiabilité du mouillage à Πάρος.

Physiquement et symboliquement, le Zeph s’accrochait à ce qui favorisait la solidité de sa position.

Prenons un peu de recul et regardons l’amarrage qui reliait le museau du Zeph au quai :

Le Capitaine a installé des amarres renforcées par des chaînes métalliques et des ressorts en caoutchouc.

Sur la photo, géométriquement, le lien était rectiligne. Donc, mécaniquement, sa tension était maximale. Autrement dit, le vent était en train de forcer le Zeph à tirer au maximun sur l’amarre, qui, heureusement, était suffisamment robuste.

Notre moral aussi, était robuste, en prévision de l’épreuve de force.

Comme ce jour était annoncé comme le jour de l’affrontement avec les éléments endiablés, nous avons procédé à une montée en puissance de nos armes offensives.

La gastronomie ayurvédique formait la pièce maîtresse de notre armure.

La torréfaction des épices constituait la mise en place des avant-postes, confiés aux feuilles de laurier et aux graines de coriandre :

À ce peloton astringent, l’ail s’est joint avec enthousiasme.

La cuisson du saumon mettait en avant l’alliance de la force salée avec la force sucrée à travers la marinade :

Mais le sel aimait bien aussi garder son identité propre. Alors, seul, il a pris place sur des frites :

Parfois, le sucre, lui aussi, préférait garder son individualité. Dans la force spécifique du sucre, était enrôlée la patate douce.

Le gingembre, taillé en filaments, dopait, avec ses effluves poivrés, le courage du régiment.

La force acidulée était représentée par la tomate et la myrtille.

La câpre apportait le renfort de l’amertume.

Voici l’armure ayurvédique du Capitaine :

Le bleu foncé était la couleur de l’étendard du Capitaine.

Et voici l’armure ayurvédique du mousse :

Le bleu clair était la couleur de l’étendard du mousse.

Le balcon posé sur la mer à Ερμούπολη était le balcon de l'attente confiante.