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Le balcon posé sur la mer (14) entre Πάρος et Ερμούπολη
Le surlendemain de notre arrivée à Πάρος, un vent de folie a secoué les bulletins météo qui prédisaient à qui mieux mieux le pire pour les jours à venir. Contraints de suivre les seuls prophètes, même s'ils étaient surtout des prophètes de malheur, nous avons décidé de rejoindre sans tarder notre abri habituel, qui était Ερμούπολη (transcription : Ermoupoli).
Seulement, nous nous sentions si bien dans ce mouillage de Πάρος que l'idée de devoir le quitter si tôt nous peinait beaucoup. En effet, regardez comme il était beau, l'endroit où notre balcon était posé sur la mer :
Dans un sursaut de résistance, le Capitaine a pensé que si nous trouvions une place au port, nous serions dispensés de retourner à Ερμούπολη. Vite, il a pris l'annexe et s'en est allé prospecter au port.
Peine perdue ! Aucune disponibilité au port. Il ne restait plus qu'une chose à faire : vite filer à Ερμούπολη, avant que les places de là-bas ne soient toutes prises.
On levait donc l'ancre, qui sortait de l'eau avec plein de boue.
La veille et l'avant-veille, c'était la boue de la sécurité. Ce matin, c'était la boue de la tristesse.
Vers le premier tiers du parcours, le Capitaine a hissé les deux voiles.
C'était la deuxième fois que la grand'voile apportait son concours pour rendre le Zeph aérien.
La beauté des ailes verticales nous ferait presque oublier notre condition peu enviable de fuyard.
L'urgence de se mettre à l'abri et le stress qui découlait de cette hâte ne devaient pas faire reculer la nécessité de se nourrir convenablement, c'est-à-dire de façon saine et équilibrée. À cette occasion, le menu a privilégié les crudités.
Des rouleaux de saumon fumé ont été préparés avec des filaments de carotte crue, à une extrémité, et des filaments de chou, également cru, à l'autre extrémité. Le croquant des deux sortes de légume cru formait un contraste intéressant avec le moelleux de la chair du poisson :
Pour accompagner le saumon, il y avait aussi des cylindres de concombre cru, garnis avec des betteraves rouges.
Le repas de crudités a fait remonter le moral.
Une demi-heure après ce repas, Ερμούπολη commençait à dévoiler ses trésors architecturaux à l'horizon. Sur la photo suivante, tout à fait à gauche, se dessinait un triangle blanchâtre : c'était la colline qui avait à son sommet le sanctuaire dédié à Saint Georges.
Le Capitaine a gardé les deux voiles déployées jusqu'au bout :
L'inquiétude commençait à le gagner quant au nombre de places encore disponibles dans la marina en libre service. Le mousse, lui, demeurait confiant dans la faculté d'adaptation du Zeph. Les deux états d'esprit n'ont pas échappé à l’œil du téléphone portable dans le selfie réalisé à l'approche de la cité portuaire :
Se pourrait-il que tous les deux aient raison ?
Le Capitaine a rangé les voiles avant de franchir le phare qui apparaissait à gauche de l'étai dans la photo suivante :
Dès l'entrée de la marina, nos yeux se sont tout de suite portés vers le bâtiment beige qui nous avait protégés du vent et des vagues lors du dernier séjour : la place, que nous croyions boudée de tous, venait d'être prise.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers le quai qui nous avait accueillis lors de notre tout premier séjour. Là non plus, il ne restait plus aucune place disponible !
Plusieurs bateaux nous avaient devancés pour s'amarrer à ce quai.
La colère du Capitaine était grande. Sa déception, aussi.
Est-ce à dire que la confiance du mousse était déraisonnable ? Nullement !
Dans un sursaut de lucidité, le Zeph – c'est-à-dire son Capitaine – a trouvé la solution de se mettre à couple avec un immense bateau en acier, qui n'avait pas bougé depuis longtemps.
La trouvaille était insolite, mais elle permettait déjà une première nuit tranquille.
En principe, le vent ne forcirait que le lendemain.
Voici la proue du Zeph, qui a sollicité l'hospitalité de l'immense bateau en acier :
Voici la poupe du Zeph, qui s'est consolé avec cet emplacement provisoire :
Pour aller à terre, il fallait enjamber l'immense bateau en acier.
Finalement, nous n'étions pas mécontents que l'infortune nous ait laissé une issue.
Le balcon posé sur la mer entre Πάρος et Ερμούπολη était le balcon du réalisme.
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