• Ils ont la même morphologie et la même physiologie. Ils sont nés de la même matrice. Le lien de fraternité qui les relie est fait de respect mutuel et d’affection réciproque.

    L’un s’appelle Ouvé. L’autre, Zeph. C’est l’Ouvé qui a fait le premier pas pour retrouver son frère. Et depuis le moment où ils ont pu enfin se contempler et s’admirer de visu, le lien de la fraternité ne cesse de prospérer.

    Avant de s’ébattre en Grèce, le Zeph est allé saluer l’Ouvé, qui se trouvait dans un superbe mouillage. Certes, le temps hivernal, qui n’a pas dit son dernier mot, y creusait des vagues.

     La promesse de la fraternité

     

    Mais l’écume n’était pas menaçante, ni anxiogène.

    Et il arrivait que les ondulations environnantes berçaient l’esprit par leur paisible nonchalance.

     

    La promesse de la fraternité

     

    Le soleil, généreux pendant ces instants providentiels, faisait chanter, non pas l’azur, mais l’émeraude de la mer des pâturages.

    L’Ouvé était tout fier de montrer son nouvel espace de vie au Zeph. Et celui-ci était très heureux que son frère jouisse à toute heure du jour de l’agréable lumière de l’astre solaire.

    Voici la terrasse couverte où l’Ouvé nous a offert l’apéro de bienvenue :

     

    La promesse de la fraternité

     

    En raison des immenses hublots, nous avions la fantastique impression d’être en plein air.

    L’impatience de se revoir se mirait dans l’effervescence champenoise.

     

    La promesse de la fraternité

     

    Les bulles qui charmaient les papilles faisaient éclore des perspectives de grande envergure.

    Dès les premières gorgées, l’Ouvé nous a confié qu’il envisageait de faire route avec nous jusqu’en Grèce, par la mer évidemment, depuis le Golfe du Lion jusqu’au Pirée. Dans ce cas, nous n’utiliserions plus notre carrosse et nous serions hébergés à bord de l’Ouvé.

    Une hospitalité en mouvance, une hospitalité nomade, une hospitalité bercée par des vagues. Quel beau programme !

    L’Ouvé honorait son frère avec cette proposition. En effet, l’Ouvé disait par là qu’il avait une confiance totale dans le savoir-être du Capitaine du Zeph et du mousse.

    L’Ouvé ne rêvait pas. Il construisait le possible. Il mettait à profit la fécondité du présent pour échafauder le futur. Le Zeph découvrait que son frère avait une conscience aiguë du καιρός – ΚΑΙΡΟΣ.

    Le breuvage champenois ne produisait pas que l’euphorie de l’instant, il fertilisait aussi les méninges et contribuait à l’édification mutuelle.

    La promesse de la fraternité ouvrait la voie du merveilleux pour le futur proche. Et même, immédiat, grâce au savoir-faire et à la générosité de la fée du logis.

     

    La promesse de la fraternité

     

    La maîtresse de maison était un être exquis, talentueux et efficace.

    Pour démarrer les agapes fraternelles, elle a préparé un velouté aux champignons. Et elle a eu l’extrême gentillesse de demander au mousse d’en être le goûteur, avant les autres convives. Et quand le mousse a vidé la cuillère des prémices, il s’est laissé submerger par l’arrière-goût divinement parfumé.

     

    La promesse de la fraternité

     

    L’excellente préparation a été servie dans des assiettes creuses mais carrées. La forme géométrique de la vaisselle surprenait. L’inhabituel était là, parce qu’il était voulu. L’Ouvé était absolument doué pour faire surgir l’esthétique de la surprise.

    Dans ce choix des styles, l’Ouvé exprimait sa prédilection pour la pureté des lignes et des formes. Dans cette quête de pureté, l’Ouvé rejoignait son frère, le Zeph.

    Pureté ne signifie pas austérité, et encore moins, indigence.

    En compagnie de l’Ouvé, les saveurs de la fraternité respiraient l’opulence, grâce à la créativité de la fée du logis.

    Elle a eu la géniale idée de réunir le croquant des feuilles de mâche crue et celui des cerneaux.

     

    La promesse de la fraternité

     

    Et elle a aussi eu la sublime idée de décliner le goût de la noix sous forme de deux textures : la texture du croquant et celle de l’onctuosité, en combinant cerneaux et huile de noix.

     

    La promesse de la fraternité

     

    Le spectacle offert par la fée du logis était une fête sans fin pour les cinq sens. Elle a demandé à sa quiche de faire un grand sourire au photographe curieux.

     

    La promesse de la fraternité

     

     

    Généreuse, elle facilitait la visite des coulisses de son art.

     

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    La présence de la fée du logis était extrêmement ravissante, car elle débordait de douceur.

    Mais la douceur n’était ni la mollesse, ni l’hypocrisie.

    Car la fée du logis était aussi un être lucide, rigoureux et courageux. Elle a agi avec pertinence quand des propos prêtaient à confusion au sujet de la ‘chance’, qui selon certains, sourirait aux uns et non aux autres.

    Avec sagesse, la fée du logis dissociait la disponibilité des ressources, offerte à tous, et la responsabilité qui incombait à chacun, de prendre position individuellement.

    Le discours de la fée du logis était profondément humaniste car il faisait du libre arbitre le seul et véritable protagoniste.

    Voici l’autre source du merveilleux offert par l’Ouvé à son frère : après le plaisir qui venait de l’assiette, il y avait celui de la pensée. Le second complétait le premier en le sublimant.

    La gourmandise, au premier degré ou au second degré, se dégustait dans le déploiement des nuances.

    En guise de gourmandise de la conclusion, l’Ouvé nous a préparé une délicieuse mousse au chocolat. Elle a été servie avec des violettes qui venaient directement du jardin.

     

    La promesse de la fraternité

     

    Quelle exquise complémentarité entre les teintes chaudes et les teintes froides, entre le cuit et le cru !

    Jusqu’à la fin, l’Ouvé a surpris son frère. En effet, pendant que la mousse au chocolat enchantait le transit œsophagien, les paroles qui accompagnaient le dessert concernaient la magnifique vigueur des personnes qui manœuvraient à bord de leur bateau, malgré leur très, très grand âge. L’Ouvé s’est montré extrêmement diplomate en disant avec un sourire en coin : « Qui garde qui en excellent état ? »

    Et si c’était la mer qui préservait elle-même ses marins ? Semblait suggérer l’Ouvé.

    Chaque fois que se produisait une occasion favorable à l’édification mutuelle, l’Ouvé s’en emparait avec virtuosité. Le Zeph était fasciné par la vigilance et la dextérité de l’Ouvé.

    Pour la nuit, l’Ouvé nous a proposé une cabine spacieuse, au décor très apaisant.

     

    La promesse de la fraternité

     

    La blancheur immaculée des murs nous menait en douceur vers les bras de Morphée.

    Le lit était très douillet. Les draps offraient un toucher extrêmement agréable. Le sommeil était absolument délicieux.

    L’Ouvé était aux petits soins pour le Zeph. La sollicitude, implicitement promise par le lien de fraternité, était explicitée par la moindre disposition.

    Voici le mouillage, vu au lever du jour, à travers l’immense hublot de la cabine réservée aux amis :

     

    La promesse de la fraternité

     

    La Nature, parée de sa robe printanière, nous faisait des clins d’œil.

    Le jour nouveau a donné à l’Ouvé l’occasion de renouveler de vive voix la promesse esquissée la veille. La promesse de la fraternité prévoyait des retrouvailles dans les eaux grecques, avec un Ouvé et un Zeph côte à côte, transfigurés par l’azur égéen.

     

    La promesse de la fraternité

     

    Face à la promesse d’un si grand bonheur, le Zeph était tout ouïe, à l’instar des cyclamens qui collectaient le moindre message de renouveau :

     

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