• Le port était celui où le Zeph nous avait attendus pendant tout l'hiver.

    Ce port se trouvait à Λίμνη – ΛΙΜΝΗ (en français : Limni). Ce terme désigne en grec un lac. Les géographes ont choisi d'appeler ainsi cet endroit du Golfe d'Eubée car sa configuration rappelle véritablement celle d'un lac.

    Voici le « lac » tel qu'il s'est révélé à nous, le jour de notre arrivée :

     

    Le souffle du port

     

    Nous étions ravis d'être accueillis par le souffle du printemps, qui nous a accompagnés jusqu'au port à sec.

    La route nous faisait passer d'abord par l'Est.

    À l'Est, les montagnes qui bordaient le « lac » avaient encore de la neige sur les cimes.

     

    Le souffle du port

     

    Le souffle du printemps qui les dévalait était extrêmement revigorant.

    Le manteau neigeux était plus important à l'Ouest :

     

    Le souffle du port

     

    Le souffle qui arrivait au port transportait avec lui la poésie des lieux.

    Poésie du macrocosme et du microcosme.

    Voici le côté occidental de l'enceinte du port à sec :

     

    Le souffle du port

     

    Le souffle du printemps a soulevé une marée de colza. Les mâts, nullement inquiets, regardaient l'écume dorée voler au vent.

    Même magnificence du côté où le soleil se levait.

    Le flanc Est du port à sec était gardé par des cerisiers qui avaient l'intelligence et l'élégance de diversifier leurs toilettes. Ceux qui se trouvaient vers l'intérieur des terres ont préféré la robe couleur albâtre.

     

    Le souffle du port

     

    Cette tenue s'harmonisait à merveille avec les reflets argentés de l'arbre de la paix.

     

    Le souffle du port

     

    Quant aux cerisiers proches de la plage, ils ont choisi l'attrait de la couleur pourpre.

     

    Le souffle du port

     

    Ce sont ces sentinelles vêtues de pourpre qui assurent la protection de notre carrosse pendant les mois où nous sommes sur l'eau.

    Face à l'eau, c'est-à-dire en direction du Sud, le port à sec déployait son front de glycine odorant.

     

    Le souffle du port

     

    Le souffle de la mer, quand il voulait rendre visite au port à sec, passait par ces grappes bleu mauve pour s'en aller diffuser à l'intérieur de l'enceinte leur agréable parfum.

    Le souffle du printemps à Λίμνη – ΛΙΜΝΗ était un souffle de bien-être.

    La glycine symbolise la tendresse.

    Les effluves de glycine qui accueillaient le visiteur dès l'entrée annonçaient un microcosme où la relation humaine n'était pas régie par la violence, abrupte ou feutrée.

    La discrimination est une forme de violence.

    Avec beaucoup de doigté, le port à sec de Λίμνη – ΛΙΜΝΗ a su éviter cet écueil. En effet, il favorisait constamment le souffle de la mixité en accueillant toutes sortes d'embarcations : celles qui avaient pour mission de fructifier le temps libre comme celles qui apportaient leur précieuse contribution au gagne-pain ; celles qui se préparaient au grand voyage comme celles dont le trajet était déterminé par les bouées de leurs filets de pêche ; celles qui entreprenaient un immense lifting comme celles qui avaient peu de réparations.

    Le port à sec accueillait tout le monde, toutes sortes de catégories sociales, toutes sortes de projets, toutes sortes de visions de l'avenir.

    Il existe un mot grec qui décrit le souffle d'équité qui parcourait le port à sec : c'est le mot δημοτικό – ΔΗΜΟΤΙΚΟ (translittération : dimotiko), qui signifie littéralement : « destiné au peuple ». Le peuple dans son intégralité, avec toutes ses composantes, sans aucune discrimination.

    Voici une illustration de l'usage de ce mot typiquement grec :

     

    Le souffle du port

     

    Cette signalisation routière apparaissait à un endroit stratégique du tissu urbain.

    La préséance a été donnée à la capitale, qui était Αθήνα (en français : Athènes).

    L'autre préoccupation prioritaire de l'automobiliste était le stationnement. D'où la flèche d'en bas, qui disait qu'il fallait tourner à gauche pour trouver des « ΔHMOTIKA PARKING », c'est-à-dire des parkings pour Madame ou Monsieur Tout-le-Monde, sans tenir compte du rang social, ni du porte-feuille. Des parkings disponibles pour toutes les couches sociales du peuple.

    Dans ce contexte, le port à sec de Λίμνη – ΛΙΜΝΗ s'honorait de laisser le souffle « δημοτικό » se répandre sur tout son territoire.

    Du côté de la poupe du Zeph, se trouvait la barque ΔΑΦΝΗ (translittération : Daphni, c'est-à-dire laurier) :

     

    Le souffle du port

     

    Malgré son apparence rustique et sa simplicité, elle se sentait très à l'aise. Elle avait un ber qui lui était adapté. L'échelle allait de pair avec le look de la coque.

    La barque ΔΑΦΝΗ ne se préoccupait nullement de savoir si ses voisines étaient plus hautes, plus longues ou plus larges qu'elle.

    Le souffle de l'indépendance amène avec lui celui du contentement.

    À bâbord du Zeph, une autre barque de pêche, nommée BENETIA (translittération : Vénétia, c'est-à-dire Venise), exhibait clairement le bonheur d'être tout simplement soi-même.

     

    Le souffle du port

     

    Le profil imposant de ses voisines ne lui faisait ni froid ni chaud. Une seule chose l'intéressait : se faire de plus en plus belle, selon ses propres critères.

    Au fil des retouches, le treuil se métamorphosait et devenait une véritable œuvre d'art.

    Qu'elles soient haut perchées ou non, les nefs franchiraient le portail avec les mêmes égards.

    Le souffle d'impartialité était un bel ornement du port à sec de Λίμνη – ΛΙΜΝΗ.

    L'équité caractérisait la relation à l'ensemble des usagers du port.

    Quant à la relation à chaque usager, elle s'affranchissait de toute crispation et de toute contrariété, grâce au souffle de la confiance mutuelle.

    Quel changement par rapport à Γαλατάς – ΓΑΛΑΤΑΣ, où nous étions sans cesse surveillés, suspectés et brimés !

    À Λίμνη – ΛΙΜΝΗ, le bien-être de la liberté était absolument délicieux !

    Car le souffle de la liberté encourageait l'épanouissement des consciences responsables.

    Le Zeph était très heureux de reprendre des forces grâce à un environnement extrêmement agréable à tous points de vue, aussi bien matériellement que psychologiquement.

    Voici le Zeph qui ne cachait pas son bonheur :

     

    Le souffle du port

     

    Le souffle du printemps, qui caressait la robe soyeuse des coquelicots, berçait les rêves d'évasion du Zeph.

    Au sol, sur la droite, des corolles d'or profitaient du même souffle vivifiant.

     

    Le souffle du port

     

    À l'instar de l'abeille, chacun butinait le temps favorable offert par le port à sec.

    Avons-nous parcouru tous ces milliers kilomètres depuis Lyon pour voir seulement des fleurs ? Sûrement pas !

    Nous avons parcouru cette longue route pour contempler un art de vivre qui faisait la part belle au souffle d'harmonie.

    L'harmonie est à la fois un cadeau et une conquête. Dans tous les cas, elle se mérite. Ce n'est jamais un automatisme.

    Il y a eu des jours où le souffle des éléments était disgracieux, rude, voire même inquiétant.

     

    Le souffle du port

     

    La photo ci-dessus a été prise à l'entrée du port à sec.

    Le ciel était gris et bas. Les vagues rivalisaient de fureur. Le vent était très froid.

    La bouée rouge, qui devait aider le bateau qui s'y serait amarré à patienter devant le port à sec jusqu'au moment du grutage, était le pitoyable jouet du souffle conjugué de Poséidon et d'Éole.

    Mais nous avons fait preuve de résilience pour endurer. Et nous avons cultivé la patience pour attendre le retour d'une météo plus charmante. En définitive, notre patience a été largement récompensée.

    Nous voici le jour de la mise à l'eau :

     

    Le souffle du port

     

    Nous remercions vivement les divinités de nous avoir offert le privilège de jouir du souffle printanier qui choyait le port à sec de Λίμνη – ΛΙΜΝΗ.

     

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