Voici le Zeph, le matin du Dimanche de la Pâque byzantine :

Ne trouvez-vous pas qu'il était transfiguré ?

Il semblait plus beau, plus léger, plus aérien !

Il semblait sur le point de s'envoler.

Nous aussi, nous nous sentions pousser des ailes.

C'est pourquoi nous avons ambitionné de mettre le feu d'artifice des tous premiers instants dans nos assiettes.

Voici comment nous nous y sommes pris :

Tout d'abord, les Écritures ne parlent-elles pas du « vin qui réjouit le cœur de l'homme » ?

Si ! Au verset 15 du chapitre 104, nous pouvons effectivement lire ceci :

וְיַיִן יְשַׂמַּח לְבַב־אֱנוֹשׁ

תְּהִלִּים קד : טו

En français :

Le vin qui réjouit le cœur de l'homme

Psaumes. Chapitre 104. Verset 15

Comme les circonstances étaient exceptionnelles, le vin du Zeph devait être à la hauteur de ce caractère exceptionnel.

Le mousse a donc choisi un Margaux :

Le Grand Cru Classé était sorti en 2014 des fûts du Château Marquis de Terme.

Le privilège d'être l'échanson revenait au Capitaine :

Une belle lumière dorée inondait la table au moment où il s'apprêtait à être aussi le goûteur.

Finalement, nous avons trinqué à l'infaillibilité de la parole prophétique et au doux espoir des temps meilleurs :

La nourriture solide devait être assortie à ce beau breuvage capiteux. Le mousse s'y est employé avec dévouement.

Il a commencé par torréfier les épices. Cette fois-ci, il a utilisé du laurier et du romarin, cueillis au cours des randonnées :

Puis il a fait dorer les cuisses de poulet :

Il a prévu deux légumes pour accompagner la viande. L'asperge était le premier légume.

Seules les pointes d'asperge étaient utilisées, pour éviter le caractère filandreux.

Mais elles devaient absolument être al dente après la cuisson.

L'autre légume était la patate douce.

La patate douce avait une double mission. D'abord, elle devait contribuer à un contraste de texture : son fondant servait de contrepoint au croquant des pointes d'asperges.

Sa deuxième mission était de contrebalancer, par sa douceur, d'abord le goût âpre des filaments de gingembre.

Ensuite, la patate douce avait aussi à créer un subtil équilibre avec l'apport acidulé du tandem framboise-myrtille :

Le goût acidulé de la framboise était plus tonique que celui de la myrtille.

Venu du Nord-Ouest du Péloponnèse, le tandem framboise-myrtille avait la responsabilité de déclencher le bouquet final du feu d'artifice gustatif.

En définitive, celui-ci était merveilleusement réussi.

Après le festin, nous avons fait une passeggiata pour dire au revoir à Μύκονoς.

Sur notre passage, des couronnes aux teintes pastel célébraient la douceur de l'espoir :

C'était beau, élégant, sensuel.

Car la couronne avait un double sillage vertical, qui se balançait dans le souffle d’Éole :

Un œil bleu, qui était censé porter chance, s'est glissé dans l'interstice du sillage.

L’œil de la chance jouait à cache-cache, non pas avec le sillage, mais avec nous.

Ce jeu était un témoignage d'amitié.

Un peu plus loin, un coussin nous attendait sur une terrasse :

Le coussin était en parfaite harmonie avec le calme ambiant.

La simplicité du geste de bienvenue témoignait de la pureté de l'intention.

C'était plus que spectaculaire : c'était très émouvant.

Avec son flair merveilleux, le Capitaine nous a menés vers des endroits où la géométrie de la simplicité produisait des merveilles :

Les murs n'étaient pas rigoureusement droits, les façades n'étaient pas rigoureusement planes, mais la vie, affectueuse et suave, y trouvait refuge.

L'itinéraire de l'au revoir rendait Μύκονος encore plus attachante.

Nous avons cherché avec passion la Grèce.

Nous l'avons trouvée dans les flots égéens.

Nous la chérissons tendrement.

Elle nous a offert un bijou cycladique, qui est Μύκονος.

Le balcon posé sur la mer à Μύκονος, pendant le Dimanche de la Pâque byzantine, était le balcon de l'envoûtement.