• La ronde des tanins

    La ronde des tanins a accompagné avec enthousiasme notre retour dans l’Hexagone.

    Elle a prolongé le voyage et fortifié les amitiés.

    Voici ce que nous pouvons lire au début du verset 15 du psaume 104 :

    וְיַיִן יְשַׂמַּח לְֽבַב־אֱנוֹשׁ

    תְּהִלִּים

     

    le vin qui réjouit le cœur de l’homme

    Psaume 104 : 15

     

    La photo suivante pourrait-elle être une illustration de cette déclaration ?

     

    La ronde des tanins

     

    Le psalmiste dit que c’est le vin qui rend le cœur joyeux. Dans le cas présent, c’est le processus inverse qui a lieu. Car l’allégresse existe avant la dégustation. Et tout le corps est joyeux avant même que le nez et les lèvres ne s’approchent du goulot. C’est l’amitié qui rend ivre. L’ivresse de la sollicitude est inégalable.

    Partis de la Riviera cannoise, nous venons d’arriver au QG du Hanabi, qui se trouve dans les Hautes-Alpes.

    Comme nous sommes arrivés vers la fin de l’après-midi, il était prévisible que l’apéro nous attendait. La neige n’était pas au rendez-vous. Le bonheur des retrouvailles, si.

    La table disait avec éloquence que nous étions ardemment attendus :

     

    La ronde des tanins

     

    On n’y voit pas du luxe. On y reconnaît de la disponibilité.

    Le Hanabi offre avec beaucoup de bonheur et d’élégance sa disponibilité :

     

    La ronde des tanins

     

    Les tanins qui donnent à ce moment de convivialité une saveur exceptionnelle ne viennent pas de la peau du raisin, mais d’un cœur fraternel.

    Le Hanabi a l’art d’orchestrer la montée en puissance du plaisir.

    Le lendemain de notre arrivée, c’est la choucroute qui fait le festin.

    Le Hanabi est très séduisant quand il œuvre au-dessus des fourneaux.

     

    La ronde des tanins

     

    Nous avons eu vent de ce menu. C’est pourquoi nous avons soigné notre contribution pour que cette choucroute soit une choucroute royale.

    Le champagne rosé, qui a fait le chemin depuis l’Adriatique jusqu’au massif alpin, exaltait à merveille l’acidité qui dompte le temps hivernal.

     

    La ronde des tanins

     

    Les œnologues disent qu’il y a très peu de tanins dans le breuvage champenois.

    Qu’importe ! Chaque instant dégusté en compagnie du Hanabi laisse un arrière-goût inoubliable, qui est le résultat, non pas d’un processus biochimique, mais d’une affection mutuelle.

    Le jour suivant, le Hanabi poursuit son ascension vers les cimes de la gastronomie en faisant converger tous les désirs vers une volaille laquée.

    La coloration de la peau s’opère grâce à l’alliance du miel et de la sauce de soja.

    Après vingt-quatre heures d’immersion dans la marinade, la cuisson se fait au four, à très petit feu.

    La chaleur ne doit pas agresser la viande, mais la mener avec douceur vers la consistance comestible.

    Pendant que le feu rend la matière digeste et goûteuse, le Hanabi et le Zeph s’occupent de l’accord mets/vin, qui est l’un des principes clés de la gastronomie française.

    Le Zeph propose au Hanabi un Margaux, issu en 2007 des fûts du Château Lascombes :

     

    La ronde des tanins

     

    Au sujet de ce millésime, la critique livre ce commentaire instructif :

    « Le vin attire le regard par sa robe majestueuse, pourpre soutenu, qui annonce une belle structure. Au nez s'établit une réelle complicité entre les notes de petits fruits rouges, de vanille et de moka. La matière soyeuse, le fruité souligné d'un fin boisé et la longue finale harmonieuse sont autant d'arguments convaincants. »

    Alors le Hanabi et le Zeph déploient leur hédonisme pour humer l’arôme du vin.

     

    La ronde des tanins

     

    Tout le monde y trouve son extase.

    À ce moment-là, la volaille est prête, avec sa ravissante couleur ocre :

     

    La ronde des tanins

     

    Les carottes caramélisées dans le même jus apportent le contrepoint végétal tout en restant dans la même tonalité chromatique.

    Pour compléter la garniture, une fricassée de chou-fleur est préparée, avec les nervures.

     

    La ronde des tanins

     

    « Ne rien jeter », tel est l’un des crédos de la cuisine contemporaine.

    En occurrence, ce principe anti-gaspillage permet d’amener davantage de couleur verte dans le plat, et davantage de croquant aussi.

    Voici le mélange de légumes, prêt à accompagner la volaille laquée :

     

    La ronde des tanins

     

    Et voici la volaille laquée, impatiente de séduire le palais des gourmets :

     

    La ronde des tanins

     

    Il existe deux manières de dresser l’assiette.

    Le dressage peut insister sur l’ocre de la laque :

     

    La ronde des tanins

     

    Ou il peut proposer un équilibre entre l’ocre de la laque et le vert de la chlorophylle :

     

    La ronde des tanins

     

    Quelle que soit l’esthétique choisie, les tanins du Margaux 2007 fonctionnent à merveille avec la volaille ainsi servie.

    Après ce plaisir gustatif, une promenade urbaine à Gap nous procure des idées pour le menu du soir.

    Le Hanabi et le Zeph se mettent d’accord pour changer de terroir et de tannicité.

    Le choix du crépuscule se porte sur une recette terre-mer, avec la prépondérance qui revient à l’espace marin. Il s’agit de saumon, qui mijote dans le jus de la volaille du matin.

     

    La ronde des tanins

     

    Pour la cohérence, c’est un vin blanc qui accompagne le poisson.

    Le Zeph et le Hanabi sont tombés d’accord sur un Côtes de Duras, sorti en 2008 des fûts de la Maison Daguet de Berticot.

     

    La ronde des tanins

     

    La quantité de tanins est petite. Mais le plaisir de la convivialité demeure immense.

    Que la ronde des tanins vous procure aussi de nombreuses joies !

    Joyeux Noël à tous les amis du Zeph !

    Buon Natale a tutti gli amici dello Zefiro !

    Καλά Χριστούγεννα σε όλους τους φίλους του Ζέφυρου !


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  • Commentaires

    1
    Hanabi
    Mardi 20 Décembre 2022 à 22:00

    Nous avons lu cet article avec beaucoup d'émotion (même le buveur d'eau a été touché, c'est dire).

    Il est vrai que le plaisir des retrouvailles prend une toute autre dimension lorsqu'on y associe les saveurs taniques sans oublier l'apport indispensable des polyphénols chers à Marc Jolivet.

    https://youtu.be/Z7YskQOuIGM
      • Mercredi 21 Décembre 2022 à 17:04

        Cher Hanabi,

         

        Merci pour ton commentaire, exact et complet.

         

        Dès la première phrase, il pointe du doigt la clé du problème. « La clé de la réussite », devrais-je dire.

         

        Le commentaire désigne l'émotion comme chef d'orchestre de l'exécution de la partition festive. Au QG du Hanabi, l’élan émotionnel précède toujours les considérations biochimiques. Il les transcende donc.

         

        Certes, il y a la matérialité de la transformation dû au ferment déposé sur la peau du raisin. Cette intervention des tanins n'empêche nullement que le bon vin, voire l'excellent vin, peut devenir le vin de l'amertume ou la boisson du désespoir pour des cœurs brisés ou des âmes en peine.

         

        C'est donc l'élan émotionnel de la fraternité qui est le véritable maître d’œuvre des festivités réussies.

         

        Dans la toute première phrase du commentaire, il est question du buveur d'eau, qui a participé avec enthousiasme à la ronde des tanins, physiques ou symboliques. Dans son cas, qui est très instructif, l’eau avait la saveur du vin des autres commensaux, car son eau portait les tanins symboliques de l'amitié, sincère et passionnée.

         

        Il existe un précédent à cela, au fait que l'eau possède, à la dernière minute, le goût du vin. Cela a eu lieu à Cana, au temps du Nazaréen.

         

        En voici une illustration :

         

         

         

         

        Un serviteur est en train de transvaser le breuvage de l'émotion finale avant de porter celui-ci à la table des convives.

         

        Chaque jarre blanche avait une contenance d'une centaine de litres.

         

        Le miracle de la transformation a rempli six jarres blanches.

         

        Le peintre qui l'a illustré est Véronèse. Sans doute a-t-il pensé au Hanabi quand il a peint ce chat en train de s'amuser avec la jarre blanche située sur la droite du tableau.

         

         

         

         

        La toile de l'émotion festive est exposée au Grand Louvre. La voici dans son intégralité :

         

         

         

         

        Le transfert de l'eau métamorphosée se trouve sur la droite de la photo, vers le bas.

         

        Le peintre vénitien s'est inspiré du récit de la Bonne Nouvelle selon Jean, au chapitre 2.

         

        Le miracle du vin est le tout premier miracle accompli par le Nazaréen. Il a donc eu lieu avant celui du pain. Déjà, à l'époque, boire était plus important que manger.

         

        Boire à l’amitié, à l’affection, à la vie, avec ou sans les tanins de la maturation biochimique.

         

        RP

         

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