• Nos amis lecteurs ont dû remarquer que le mousse avait tendance à donner la primauté au temps dans le couple spatio-temporel.

    Cette fois-ci, ce n'est plus le temps mais l'espace qui préside au déroulement des événements. En effet, c'est l'attrait du lieu qui demande que la beauté offerte par la nature soit restituée à sa juste valeur sur la photo, c'est-à-dire avec une lumière adéquate. Et si celle-ci n'est pas au rendez-vous lors de la première découverte, il faudra revenir une autre fois, peut-être à un autre moment de la journée, pour bénéficier de l'éclairage le plus valorisant.

    La volonté de capter la plus belle lumière est illustrée par l’escale sur l’île appelée Κάλυμνος – ΚΑΛΥΜΝΟΣ (transcription : Kalymnos), dans l’archipel du Dodécanèse.

    Voici le Zeph au port municipal de Κάλυμνος :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    La proue est à l’Est. La poupe, à l’Ouest. À bâbord, se trouve donc le Nord. C’est dans cette direction que se niche l’une des merveilles de l’île, la calanque de Βαθύς – ΒΑΘYΣ (transcription : Vathis).

    Nous sommes allés voir cette calanque grâce à la mob que nous avons louée sur le port municipal.

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    L’impatience de découvrir le site faisait briller nos yeux dès l’installation derrière le guidon.

    Le soleil était déjà haut quand nous avons trouvé la calanque. Voici son entrée :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Comme l’astre solaire se rapprochait du zénith, les deux rives étaient éclairées. La lumière blanche faisait reculer l’ombre, sans toutefois nous éblouir. La blancheur de la roche étreignait tendrement le bleu foncé de la mer.

    La douce clarté participait à l’ambiance de quiétude, qui n’était troublée par aucune agitation, même au fond de la calanque, là où s’abritaient quelques voiliers chanceux :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    La lumière produisait l’enchantement et proclamait le privilège.

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Nous étions charmés.

    Nous étions déjà comblés par la découverte du panorama, même si nous n’avons pas encore vu de plus près la coquetterie du site.

    Nous cédons à notre nature gourmande en variant le plaisir de la dégustation.

    Les chefs recommandent de varier la texture des aliments.

    Sur le même principe, nous demandons à la lumière d’introduire du contraste. Pour cela, il faudrait que les rayons du soleil soient plus inclinés et moins proches de la verticale. Il faudrait donc revenir pour récolter les beaux fruits d’une inclinaison plus prononcée. Il faudrait revenir…Est-ce que cela vaudrait la peine que nous revenions ? Nous voulons renouveler le plaisir, non pas sa répétition, mais son heureuse métamorphose, voire son sublime dépassement.

    La volonté de capter la plus belle lumière a fait que nous sommes revenus le lendemain pour voir la calanque, non pas en fin de matinée, mais au lever du jour.

    La roche était parée d’un bel ocre orangé.

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Au sol, nos silhouettes allongées par la lumière rasante nous offraient le miroir de notre passion.

    Avons-nous bien fait de nous lever tôt et de courir ainsi dans l’air frais du matin ?

    Nous avons tout à fait bien agi. Car la lumière du lever du jour a marqué la différence entre les deux rives de la calanque.

    Les tons chauds ont ignoré la rive Nord et se sont attachés à la rive Sud, qui se trouve au premier plan dans la photo suivante :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Sur la rive Sud de la calanque, le chromatisme du sol ferrugineux est exalté par la lumière du jour naissant. Plus près de l’eau, la multitude des extrémités digitales des buissons se colore en rose et donne à ceux-ci l’apparence magique des coraux. Le surplomb au-dessus de l’eau qui se trouve encore dans la pénombre exhibe un magnifique contraste : d’une part, entre les formes effilées du végétal et la masse informe du liquide, et d’autre part, entre la bonne humeur du rose corallien et la sévérité du bleu de Prusse juste au-dessous.

    La nuance rompt la monotonie et préserve de la lassitude.

    Les divinités ont vu notre manège d’esthètes. Ça leur a plu. Ça les a même émus. C’est pourquoi ils ont arrangé les choses pour que nous puissions retourner une troisième fois à la calanque, mais cette fois-ci non plus avec une extension du Zeph, mais avec le Zeph lui-même.

    Voici donc le Zeph dans la calanque de Βαθύς – ΒΑΘYΣ :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Sur la photo, l’embouchure de la calanque est à gauche. Le fond de la calanque se trouve à droite. Le Zeph, reconnaissable à son éolienne tricolore, est le voilier qui est amarré le plus près de la sortie.

    La calanque de Βαθύς – ΒΑΘYΣ nous fait penser à celle qui a vu naître la Massalia des Phocéens. Cette position du Zeph aux avant-postes rappelle celle qu’a eue le Zeph quand il était amarré juste à l’entrée du Vieux Port de Marseille, à l’extrémité du ponton le plus externe du CNTL.

    Dans la calanque de Βαθύς – ΒΑΘYΣ, le Zeph reçoit la lumière solaire sur le flanc droit. C’est la lumière de la fin de l’après-midi. Elle est légèrement dorée.

    Elle magnifie la couleur mauve du bougainvillier qui se répand en cascade sur une terrasse :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Devant ce rideau de scène couleur fuchsia, on sert du vin résiné et des brochettes d’agneau.

    La couleur décuple son attrait dès qu’elle est au service de la convivialité. La plus belle lumière est celle qui brille au moment du partage. L’accès à cette magnifique lumière est la récompense de notre persévérance.

    Sur la rive Sud, la lumière du soleil couchant sculpte le feuillage du pin, du palmier et du tamaris.

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    L’Ouest se trouve à droite tandis que l’Est est à gauche.

    L’eau du port se pare de reflets émeraude.

    Dans le miroir de la mer, se voit l’harmonie du cosmos.

    La jouissance de cette suave harmonie est encore une récompense de la volonté de capter la plus belle lumière.

    Au même moment, la rive Nord reçoit aussi les rayons du soleil couchant. Les voici qui courtisent l’édifice appelé Παλαιοχριστιανική Βασιλική Αγίας Ειρήνης (en français : Basilique paléochrétienne de Sainte Irène) :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Sur la photo, l’Ouest est à gauche tandis que l’Est se trouve à droite.

    La Basilique, qui date des premiers temps du christianisme, apparaît à travers une trouée du mur de fortifications. Les murs blancs reçoivent des reflets ambrés qui font penser au miel, à sa douceur et surtout à son pouvoir guérisseur. La lumière dit où se trouve la parole qui guérit.

    Au premier plan, de ce côté-ci de la trouée, un buisson baigne dans la lumière dorée, comme pour dire que lorsque la guérison sera totalement accordée au genre humain, la nature bénéficiera de la même bénédiction pour redevenir l’Éden de jadis.

    La volonté de capter la plus belle lumière donne accès à l’incroyable richesse que contient celle-ci. Cette volonté entraîne le regard à saisir les nuances et le cœur à discerner les augures.

    En permettant au Zeph de s’amarrer dans la calanque même de Βαθύς – ΒΑΘYΣ, les divinités accordent à cette volonté une merveilleuse moisson.

    Jugez-en par vous-même, en contemplant du Zeph le soleil qui se lève à l’embouchure de la calanque :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    La lueur rose qui se dissémine par ci, par là, au-dessus et au-dessous de l’horizon est un pur délice visuel. Comme la vie, elle se nourrit de liberté. Comme l’espoir, elle apaise par sa douceur.

    Nous sommes bien loin de la lumière blanche, qui nous a pourtant procuré l’enchantement de la première découverte !

    Et regardez comme les divinités sont généreuses à notre égard :

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Sur cette photo, le Zeph fait partie intégrante du spectacle de la splendeur.

    L’or du levant se répand sur la bôme et sur le pont du Zeph.

    Le Zeph n’a plus la blancheur commune à toutes les nefs. En la circonstance, il reçoit l’empreinte qui se réfère à quelque chose d’impérissable.

    Les divinités ont installé le Zeph en première loge pour qu’il jouisse pleinement du déploiement de toutes les nuances.

    Quel privilège ! Quel bonheur !

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Pour l’au revoir, Βαθύς – ΒΑΘYΣ ne nous a pas déroulé le tapis rouge, mais l’onde turquoise à l’embouchure.

     

    La volonté de capter la plus belle lumière

     

    Les divinités nous ont réservé la plus belle nuance de bleu pour la fin.

    C’est le bleu de la magnificence, celui que chérissaient tant les têtes couronnées de l’Antiquité.

    Pourquoi les divinités nous ont à ce point gâtés ?

    Parce que notre volonté de capter la plus belle lumière témoigne que nous ne sommes ni négligents, ni ingrats.

    À Βαθύς – ΒΑΘYΣ et ailleurs aussi, nous savourons la découverte des nuances.

    La volonté de capter la plus belle lumière enrichit. Car cette lumière est la lumière de la liberté et de l’opulence.

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