• Nous aimons nous livrer à la Grèce, corps et âme. Car nous savons qu’elle est experte pour nous combler généreusement, et de mille façons.

    La volonté de donner du temps au temps permet de réaliser cet exquis abandon.

    Un exemple du bonheur de l’oisiveté est donné par l’escale à Λέρος – ΛΕΡΟΣ (en français : Léros), qui est une île de l’archipel du Dodécanèse.

    Voici le Zeph à Λέρος – ΛΕΡΟΣ :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    L’éolienne tricolore vibrait d’allégresse à cause des sollicitations du vent du soir.

    La proue du Zeph était orientée vers l’Est, là où la lune se levait.

    Sur la gauche de la photo, le bâtiment éclairé était celui de la capitainerie, qui s’empressait de remplacer l’astre solaire.

    Une sensation de bien-être se dégage de cette image du crépuscule.

    L’île nous a apporté d’autres formes de bien-être, plus magnifiques encore, grâce à des coursiers bien inspirés. Voici le premier d’entre eux, chronologiquement :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    Le puissant coursier nous a permis de réaliser un passionnant parcours de l’île, dont voici le point culminant :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    La culmination n’était pas par rapport à une altitude, mais par rapport à la découverte gustative.

    La photo montre le plaisir des yeux et l’extase des papilles.

    C’étaient les meilleures frites que nous ayons mangées en Grèce.

    D’abord elles étaient bien croustillantes. Ensuite, elles n’étaient pas grasses du tout, ni au goût, ni à l’odeur. En plus, elles étaient divinement lumineuses !

    Elles servaient d’accompagnement à deux sandwichs populaires, que les Grecs appellaient πίτα γύρος (transcription : pita yiros)

    Les deux sandwichs grecs nous ont aussi procuré une grande satisfaction : ils étaient bien fournis, bien assaisonnés et bien parfumés.

    Nous étions assis à la table du peuple et nous étions servis comme des rois.

    Deux illustres personnages ont assisté à notre ravissement inattendu. À notre gauche, il y avait le Seigneur des vents, oui Éole lui-même, tout vêtu de blanc :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    Le nom d’Éole apparaissait à la poupe du bateau, avec ces lettres majuscules : ΑΙΟΛΟΣ.

    À notre droite, c’était Saint Georges, le vainqueur du Dragon, qui nous suivait du regard :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    Sur les flotteurs rouge et orange posés au-dessus du toit du bateau, le nom du Saint était écrit avec ces lettres majuscules : ΑΓ. ΓΕΩΡΓΙΟΣ.

    Cette halte méritait d’échapper à l’oubli. Aussi avons-nous pris soin de noter l’adresse.

    Le service à table nous a facilité le travail de mémoire. En effet, au fond de la gamelle métallique qui mettait en évidence le corps doré des frites, nous avons trouvé tous les renseignements nécessaires :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    Le nom de l’enseigne apparaissait en gros caractères : Τα Κρούπια (en français : Les vases d’argile).

    Juste en-dessous, figurait la spécialité : ψητοπωλείο (en français : grill).

    En dessous encore, il y avait le nom de la localité : Agia Marina (ou Αγία Μαρίνα pour les personnes du terroir qui ne pratiquent pas ni la langue de Shakespeare, ni celle de Molière).

    La gamelle métallique, dont l’aspect rustique avait fortement charmé le mousse, contenait une invitation très chaleureuse à revenir.

    C’est pourquoi nous nous sommes promis que nous retrouverions, dès que possible, « Les Vases » de délices.

    La promesse du retour a été tenue le surlendemain, grâce à des coursiers plus romantiques mais tout aussi intrépides. Pour être plus près de la mer, nous délaissions le ruban asphalté au profit d’escaliers plus pittoresques.

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    Ainsi nous profitions davantage des premiers plans pour les photos.

    L’itinéraire n’était pas celui d’une course mais d’une promenade, souvent contemplative.

    Nous voici parvenus à la destination rêvée :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    À l’arrière-plan, on voit le nom de l’enseigne : Τα Κρούπια.

    Au premier plan, se trouvent nos coursiers d’argent. Celui du Capitaine a une trousse de réparation sous la selle tandis que celui du mousse n’en a pas.

    Avec une grande joie, nous avons retrouvé la terrasse face à la mer.

    Saint Georges, toujours vêtu de rouge et de blanc, était tout heureux de nous revoir.

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    Pour la photo du retour, le mousse a mis une chemise à fleurs tandis que lors de la première visite, il avait porté une chemise à rayures.

    De nouveau, nous avons savouré les sandwichs grecs et les frites, avec l’agréable musique du clapotis.

    Le doux bonheur qui baignait tout notre corps nous encourageait à continuer à donner du temps au temps. Aussi avons-nous agrémenté la jouissance du cadre avec du café byzantin, concocté à la mode byzantine :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    Éole, dont la silhouette bienveillante apparaissait à l’arrière-plan, nous regardait savourer le délicieux breuvage.

    La jouissance du temps engendre d’autres temps de jouissance.

    C’est ainsi qu’après la commande des sandwichs, des frites et du café, le Capitaine a rajouté une quatrième commande. Qu’a-t-il donc demandé ? De l’ouzo !

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    L’ouzo était servi avec l’eau de source prélevée à Samaria, en Crète. Ce clin d’œil à la source crétoise ravivait l’excellent souvenir du périple que nous avions effectué sur l’île des Minoens à l’automne d’avant.

    D’ordinaire, l’on sert l’ouzo à l’entrée du repas. Dans le cas présent, la commande a été faite à la fin. Non pas que nous mangions et buvions à l’envers des Grecs et des non-Grecs, mais c’était un prétexte, voire une fantaisie, pour rester encore un peu plus dans un tel endroit de délices.

    En tout cas, notre audace, ou plutôt la liberté que s’accordait notre hédonisme a beaucoup plu au maître des lieux, qui s’est mis à nous octroyer la gratuité pour l’ouzo.

    Nous étions aux anges, non parce que nous venions d’économiser quelques euros, mais parce que l’âme grecque approuvait pleinement que nous donnions du temps au temps.

    Le bonheur soulevait les pas du Capitaine qui s’est mis à danser en sortant de l’établissement dont l’hospitalité était un signe d’intelligence et de sagesse :

     

    La volonté de donner du temps au temps
     

    Combien de temps étions-nous restés là, à cette terrasse, devant Éole et Saint Georges ?

    Nous n’avons pas regardé l’heure, ni en arrivant, ni en partant.

    Nous étions restés là parce que le lieu nous plaisait. Le nombre de tours effectués par les aiguilles de la montre nous importait peu.

    Nous nous y sentions bien. Alors, nous n’avons pas cherché à restreindre le plaisir par des limites temporelles.

    Après de tels instants de bien-être, pouvait-il y en avoir d’autres ?

    La générosité de la Grèce a d’innombrables ressources.

    Après l’enchantement devant la mer en compagnie d’Éole et de Saint Georges, s’est présenté à nous l’exquis bonheur d’être seul devant l’onde azurée, face à la baie ensoleillée, en communion totale avec la nature, sans aucun bruit parasite de la civilisation contemporaine.

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    L’azur de la mer nous faisait les yeux doux.

    Le tamaris nous offrait la fraîcheur de son ombre.

    Les vagues nous berçaient avec leur bruissement enchanteur.

    La nature en contact direct, sans intermédiaire, sans artifice, sans fioriture, sans coût ni surcoût. Il suffisait d’ouvrir les yeux, les oreilles et son cœur. Il suffisait de humer sans appréhension, de respirer à pleins poumons. Il suffisait de se laisser caresser tantôt par le souffle rafraîchissant de l’air, tantôt par le doux rayon de soleil, ou encore par les deux en même temps, pour donner à l’épiderme l’exquise sensation de leur merveilleuse complémentarité.

    Cette fois-ci, nous avons décidé de nous lâcher, c’est-à-dire de donner pleinement du temps au temps. Ne plus avoir à arpenter à droite, à gauche. Ne plus avoir à courir de vallon en vallon et de colline en colline. Parce que l’ici-et-maintenant nous convenait, merveilleusement. Sans le recours aux espèces sonnantes et trébuchantes.

    C’est ainsi que nous nous abandonnions dans les bras magiques de Morphée, qui nous emmenait loin, très loin, vers des horizons de douceur et de paix. Le voyage onirique était sans limite, spatialement et temporellement.

    Nous avions tout notre temps pour Morphée, qui nous récompensait généreusement pour notre totale confiance.

    Le retour à l’état conscient était une re-naissance.

    Nous voici, en train d’émerger du songe :

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    Une sève nouvelle se répandait dans notre corps.

    La volonté de donner du temps au temps dans la baie de Αγία Μαρίνα nous a offert deux magnifiques évasions : la délicieuse balade accomplie avec nos coursiers d’argent et l’exquis voyage en compagnie de Morphée.

    Pour le retour, nous sommes repassés devant la terrasse où il y avait la chair dorée des frites, l’arôme du café byzantin et la transmutation de l’ouzo.

     

    La volonté de donner du temps au temps

     

    À présent, c’était l’azur qui régnait en maître, non sans nuances.

    Le bleu clair était pour les tables et les chaises tandis que l’encadrement se réservait le bleu foncé. Mais l’azur n’opérait pas en solitaire, car il était de connivence avec les reflets argentés que lui envoyait la mer. La métamorphose de l’azur de la mer en lueurs d’argent sur la vitre illustrait l’exquis bien-être que venait de nous procurer la volonté de donner du temps au temps dans la baie de Αγία Μαρίνα.

    En ce faisant, nous avons laissé la Grèce nous explorer, dans le moindre recoin, sans aucune entrave.

    Non pas que nous faisons le tourisme à l’envers. Mais nous nous sommes inspirés du principe de la réciprocité pour pratiquer ce raffinement de l’effet miroir. Et tout le monde convient que dans le jeu amoureux, l’ivresse d’être exploré est aussi intense que celle d’explorer.

    En explorant notre cœur, la Grèce a trouvé le désir de paix.

    En explorant notre mental, elle a trouvé la confiance

    En explorant nos muscles, elle a trouvé l’optimisme.

    En explorant notre squelette, elle a trouvé la vaillance.

    Ravie de cette exploration, la Grèce nous a rétribués en nous offrant ses précieux trésors, matériels et immatériels.

    La volonté de donner du temps au temps est l’unique manière de le bonifier.

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