• Une pièce de monnaie, frappée au IVè siècle avant notre ère et conservée au British Museum, témoigne de la grande renommée du site qui a été notre deuxième halte au bord de la Mer Noire. Voici cet objet de valeur :

     

     

    Une table occupe le centre de l’image.

    Sous la table, apparaissent les trois premières lettres de TPAΠΕΖΟΥΝΤΑ (en français : TRÉBIZONDE), qui est le nom propre du site dont parle cet article.

    TPAΠΕΖΟΥΝΤΑ provient de TPAΠΕΖΑ, qui signifie TABLE.

    C’est pourquoi une table est représentée pour illustrer l’étymologie du nom propre. Sur cette table, sont déposés des objets ronds en très grande quantité. Ce message publicitaire proclame que TRÉBIZONDE est une TABLE D’ABONDANCE.

    Le nom propre en usage dans l’Anatolie du XXIè siècle est TRABZON.

    La filiation au cours des âges est assurée par la similitude des sonorités consonantiques.

    La cité portuaire, qui se targuait d’être la « table d’abondance » devait sa prospérité à sa position stratégique. Les échanges, terrestres et maritimes, lui rapportaient d’énormes richesses.

    Voici le port, qui servait à des fins commerciales mais aussi militaires :

     

     

    La photo a été prise de notre balcon, qui était situé au quatrième étage d’une demeure juchée sur une colline.

    Avec ce panorama, à la la fois charmant et grandiose, l’hospitalité de la « Table d’abondance » nous offrait non seulement beaucoup de hauteur, mais encore beaucoup de largeur et beaucoup de profondeur.

    Cette générosité en 3D, au format XXXXL, fonctionnait pour l’espace public, mais aussi pour l’espace privé. Nous avions à notre disposition une grande cuisine, un salon immense, trois chambres confortables, deux salles de bain spacieuses, le tout pour seulement une trentaine d’euros par jour, alors que le tarif habituel était dix fois plus élevé. C’est dire que l’abondance de potentialités matérielles n’était pas incompatible avec l’abondance en fibres sentimentales, que le Capitaine a su faire vibrer en notre faveur pendant les négociations qui faisaient, en Anatolie, le charme de la relation à autrui.

    La Table d’abondance nous encourageait avec insistance à tirer pleinement profit de la variété des goûts disponibles. Nous avons suivi la sage exhortation et nous nous sommes offert l’élégant plaisir de préparer nous-mêmes la boisson nationale, selon le protocole de l’Anatolie. Voici donc le Capitaine en train de choisir le support adéquat pour préparer du thé comme un véritable Anatolien :

     

     

    La théière devait avoir deux étages. Celui d’en haut servait à l’infusion tandis que celui d’en bas entretenait la chaleur de l’étage supérieur.

    Sur la photo, le Capitaine tenait le haut d’un modèle sur lequel il venait de flasher. L’autre compartiment était resté sur l’étagère qui se trouvait à hauteur de la main gauche. Le devant de cette étagère montrait trois empilements complets et la partie inférieure de la théière préférée. Regardez comme le Capitaine était tout heureux de faire son achat ! C’était une manière gratifiante de s’immerger dans l’abondance des gestes créatifs de l’artisanat local.

    Voici les deux compartiments réunis cette fois-ci sur notre table d’abondance :

     

     

    La théière plaisait au Capitaine par la pureté du motif hexagonal et par l’élégance de la mosaïque confectionnée en dupliquant ce motif hexagonal.

    Le thé anatolien côtoyait un beau produit issu du vignoble français.

    L’abondance des papilles en alerte rendait la dégustation inévitable.

    Deux verres étaient impatients qu’on les remplisse. En lettres dorés, ils affichaient leur impatience. En effet, ils disaient sans ambages : « IT’S Party TIME », c’est-à-dire « C’EST LE MOMENT DE [FAIRE] La Fête ». Ces deux verres éloquents faisaient partie de l’équipement de l’espace cuisine qui nous était confié. C’est dire à quel point l’Anatolien qui nous hébergeait voulait que son hospitalité nous procure une abondance de moments heureux.

    Voici l’un de ces moments heureux, grâce à la complicité de ces verres à l’incantation irrésistible :

     

     

    Dans ces verres levés, il y avait maintenant le Vacqueras, qui provenait de la cuvée 2015 de la Réserve des Cardiniers.

    D’aucuns pourraient sourciller en nous voyant consommer, en terre d’Islam, du jus de raisin fermenté. Nous les renvoyons aux paroles du poète, dont le nom est حافظ (translittération : Hâfez). Ces paroles sont rapportées dans l’article « L’hospitalité de la frontière », publié le 20/12/2023.

    Sept siècles après le chantre de la liberté, notre hôte nous a fait goûter des rimes de la même teneur. Les voici :

    HELLO Bubbles

    GOODBYE Troubles

     

    En français :

    BONJOUR Bulles

    AU REVOIR Tracas

     

    Bien sûr, les rimes étaient plus évidentes dans la langue de Shakespeare. Mais le message demeurait le même, quelle que soit la langue : «  les bulles chassent les tracas ».

    Ce message proposait au visiteur un art de vivre, quelle que soit la provenance du visiteur, que celui-ci arrive de l’Occident, de l’Anatolie ou des pays du Golfe. Or, par la bouche même de notre hôte, nous étions informés que ce dernier cas était le plus fréquent. Autrement dit, la rime Bulles s’adressait aussi à des lecteurs qui connaissaient le Coran et en pratiquaient les principes. C’est dire la grande ouverture d’esprit que professait la Table d’abondance, qui se révélait être la Table d’une formidable liberté. Car il est très peu probable que les bulles saluées par ces verres soient des bulles de limonade ou de coca. La photo montre que nous avons tout simplement invité les bulles d’une bière très prisée, brassée par la marque Efes.

    La Table d’abondance était un état d’esprit qui s’affranchissait des contraintes insensées. Elle célébrait la jouissance légitime et salutaire de toutes les bonnes choses, dont faisaient partie les « bulles », qui possédaient le pouvoir thérapeutique de chasser les tracas.

    Sur notre table d’abondance, le bonheur de la liberté se déployait sans fard. L’éclat naturel des couleurs témoignait de l’inestimable fraîcheur des produits du terroir :

     

     

    La tonicité des tiges de l’oignon nouveau permettait de confectionner de jolis cylindres qui rassemblaient en faisceaux les filaments de carotte crus.

    Le riz, non plus, n’était nullement triste. Tout en gardant sa pureté d’origine, il se parait de la gaîté qu’apportait la robe aux mille nuances de l’oignon frais.

     

     

    Il y avait les différentes teintes vertes attendues chez la chlorophylle, mais il y avait aussi les reflets violacés inventés pour le même aromate par la coquetterie de Dame Nature.

    L’abondance de nuances chromatiques rendait la vision plus poétique et stimulait le désir.

    La variété assurait la qualité de l’ensemble.

    L’abondance était au service de la santé, c’est-à-dire de l’équilibre. Telle était la devise d’Hippocrate, le père de la médecine.

    Les physiciens distinguent deux sortes d’équilibre : pour eux, il y a l’équilibre stable et l’équilibre instable. Il va de soi que la pensée hippocratique vise l’équilibre stable.

    La Table d’abondance ne s’intéressait pas seulement à la nourriture périssable. Elle prenait aussi grand soin des choses de l’esprit. L’une de ses manifestations les plus spectaculaires s’est déroulée à l’endroit appelé « Fatih Büyük Cami » dans la langue de l’Anatolie du XXIè siècle. En français, la traduction de l’appellation est : « Grande Mosquée du Conquérant ».

    De quel Conquérant s’agissait-il ? Dans la conscience nationale de l’actuelle Anatolie, il n’y avait pas de plus grand conquérant que celui qui était entré en vainqueur dans Constantinople et qui avait mis fin au puissant empire byzantin. Ce grand Conquérant était محمد ثانى (en français : Mehmed II).

    Nous sommes passés devant le prestigieux édifice au cours d’une passeggiata consacrée à la survivance des traces de l’hellénisme.

    Même de loin, les arcades murmuraient au mousse que l’architecture initiale ne relevait pas du génie ottoman, mais de l’art de la Rome d’Orient.

    De près, force a été de constater que la première empreinte était grecque et non ottomane. En effet, voici une vue de la façade principale, photographiée de près :

     

     

    La colonne ionique était savamment encadrée par des ouvrages en bois, mis en place par des cerveaux ottomans. L’encadrement avait pour but de dissoudre la présence grecque et s’apparentait à une usurpation d’identité.

    Tout ce raisonnement était mené en silence par le mousse qui, pour l’instant, se contentait d’observer la pierre muette et impassible.

    Nous n’avons pas résisté à la tentation de franchir le seuil pour pénétrer dans les entrailles de l’Histoire.

    Une magnifique lumière ambrée emplissait l’espace intérieur.

    Nous bénéficions d’une totale liberté pour organiser nos déplacements, pour décider de nos temps de pause, pour photographier ou filmer.

    L’abondance des gestes de confiance de la part de l’autorité religieuse qui nous accueillait rendait la visite très, très agréable.

    Au cours de l’exploration minutieuse et passionnante, la contemplation de la qibla, qui indiquait la direction de Jérusalem, était une étape importante.

    Pendant que le mousse observait l’ornement de la niche essentielle, un Anatolien âgé est venu à proximité pour poser par terre une petite table. Puis sur cette table légèrement inclinée, il a disposé un ouvrage rempli d’écritures. Un autre Anatolien, plus jeune, s’est approché de son aîné pour aider celui-ci à déchiffrer le texte.

    Voici l’image de cette entraide intergénérationnelle :

     

     

    C’était aussi une image de la piété, c’est-à-dire de l’intimité. Mais à aucun moment on n’a reproché au mousse d’être indiscret ou intrusif. Au contraire, la possibilité de regarder en direct et à une aussi courte distance l’échange fraternel entre deux visages de la piété témoignait de la grande bonté des deux protagonistes.

    Le mousse lui-même a été observé par d’autres yeux qui ont compris son grand intérêt pour les choses spirituelles.

    Ce climat qui nous était extrêmement favorable a déclenché un geste mémorable de part des responsables du sanctuaire.

    Au moment où nous nous apprêtions à quitter celui-ci, l’un d’eux nous a retenus pour nous dévoiler le véritable trésor du lieu. Voici l’Anatolien en train de soulever le voile de la discrétion imposée :

     

     

    Derrière l’Anatolien, c’était la porte de sortie, qui n’avait pas encore eu le temps de s’ouvrir. Au premier plan, le Capitaine donnait un coup de main pour soulever l’énorme et pesant tapis.

    Qu’il y avait-il sous le tapis ? Ceci :

     

     

    Il s’agissait des fondations de l’église byzantine, qui a été transformée en mosquée.

    La toute première appellation du lieu était « Ο ναός της Παναγίας της Χρυσοκεφάλου » (en français : l’église de la Vierge à la tête d’or).

    Cette fois-ci, nous avions la confirmation officielle et audible de la primauté de l’édifice byzantin dans le devenir de l’endroit. Cette fois-ci, la pierre a parlé, par l’intermédiaire de l’Anatolien, qui faisait preuve d’une grande probité intellectuelle.

    L’Anatolien a reconnu en nous des êtres de valeur. C’est pourquoi il a tenu à nous offrir ce cadeau inestimable.

    L’assise de pierres enfouie était comme une table dressée pour faire valoir l’abondance des jours de longévité de l’édifice byzantin. En effet, Constantinople est tombée entre les mains du Conquérant Mehmed II le 29 mai 1453. Et celui-ci n’est devenu maître de l’église de la Vierge à la tête d’or que le 15 août 1461, c’est-à-dire quelques trois mille jours plus tard.

    Par rapport à l’histoire des siècles écoulés, cette table des fondements dégagés rappelait l’abondance des ressources, qui permettait au célèbre bastion byzantin de résister à l’assaillant.

    Par rapport à l’histoire écrite au présent, le fait de soulever la nappe qui cachait cette table de l’historicité était le point culminant dans l’abondance des gestes de confiance qui composait l’hospitalité de ce lieu prestigieux.

    À l’instar de la Table d’abondance, l’Hexagone sait aussi surprendre en matière d’hospitalité.

    En effet, trois jours avant la publication de cet article, l’hospitalité à la française a rappelé au mousse qu’elle savait encore se montrer fabuleuse.

    Donc, vendredi dernier, 2 février 2024, le mousse est allé faire ses courses alimentaires en début d’après-midi, sans prendre sa carte bancaire. Au moment de payer, il s’est aperçu qu’il n’avait pas assez d’argent liquide dans son porte-monnaie. Il a alors demandé à la caissière de reprendre deux produits pour qu’il puisse honorer le ticket de caisse.

    Restituer une partie de la marchandise lors du passage en caisse est une chose si banale qu’elle se déroule presque toujours dans l’indifférence générale.

    Or, ce vendredi après-midi, quelqu’un s’est ému de la requête adressée par le mousse à la caissière, et s’est donc proposé de payer à la place du mousse les deux produits restitués, afin que ceux-ci puissent être finalement emportés par le mousse.

    L’âme généreuse se trouvait juste derrière le mousse dans la file de clients qui passaient à la même caisse.

    Rien auparavant ne présageait une telle intervention philanthropique.

    Le philanthrope, car il s’agissait d’un homme, ne semblait pas avoir atteint la trentaine d’années. Il maniait la langue de Molière à la manière d’une langue maternelle. À trois reprises, il a insisté pour que sa proposition trouve un écho favorable auprès du mousse. Mais celui-ci, malgré la grande émotion provoquée par le fait d’être soudainement l’objet de la sollicitude de la Providence, a dit non, à trois reprises, à la proposition du philanthrope.

    Pour signifier à son bienfaiteur la nécessité de préserver la pureté de cet instant, le mousse lui a dit, en secouant latéralement la tête : « Non, pas avec de l’argent ». Puis le mousse a tout de suite ajouté : « Par contre, si vous permettez, je voudrais garder un souvenir de ce moment ».

    Tout le monde a compris que le mousse voulait faire une photo.

    L’autorisation lui a été accordée de manière tacite.

    Voici la photo obtenue :

     

     

    À gauche de la photo, se trouvait le philanthrope, qui était en train de plonger son bras droit dans un grand sac vertical et gris.

    Sur le tapis roulant de la caisse, attendaient deux paquets de pain de mie, dont un devait être repris par la caissière. L’autre produit rendu était une bouteille de vin rouge. Celle-ci a déjà été rangée par la caissière.

    On pouvait lire sur l’écran de contrôle le montant initial des courses : 22,42€.

    Sur le même écran, la dernière ligne du décompte affichait le coût du paquet de pain de mie : 0,95€ tandis que la première ligne de la liste indiquait le prix de la bouteille de Cabernet-Sauvignon : 2,19€.

    La restitution des deux produits permettait d’enlever 0,95 + 2,19 = 3,14€ au montant initial du ticket de caisse. Finalement, le mousse n’avait plus qu’à débourser 22,42 – 3,14 = 19, 28€, ce qu’il a fait sans aucune difficulté.

    Sur le tapis roulant, derrière la petite pancarte qui séparait les courses du mousse de celles du philanthrope, trônait une grosse laitue frisée, qui faisait donc partie des achats du philanthrope.

    Sur l’écran de contrôle, le sigle du magasin apparaissait à deux endroits : d’abord dans l’angle qui était en bas et à gauche, puis vers le centre.

    Ce tapis de la caisse, où s’accumulaient les denrées choisies par les uns et les autres était comme une sorte de table d’abondance. Un coup de théâtre a surgi de cette table d’abondance pour témoigner que la bonté humaine n’était pas définitivement morte.

    Seulement sept minutes après, s’est produit un second coup de théâtre. En effet, sept minutes après avoir quitté le magasin, le mousse, qui rentrait chez lui avec les courses, a senti qu’une présence tentait de l’aborder en venant de derrière. Il s’agissait d’une silhouette masculine, qui possédait un visage extrêmement lumineux. Ce visage débordant de bienveillance ne lui était pas inconnu, mais le mousse ne se souvenait plus dans quelles circonstances il avait rencontré ce visage de la bonté. C’est alors que le séduisant interlocuteur a tendu au mousse une bouteille de vin. Le mousse a reconnu la bouteille que lui-même avait laissée à la caissière. Le mousse a compris à ce moment-là qu’il avait devant lui le philanthrope. Profitant que le mousse soit bouche bée, le philanthrope a dit à celui-ci, sur le ton de l’exclamation : « Vous marchez vite ! ».

    Reprenant ses esprits, le mousse a dit à son interlocuteur, pour le moins, déroutant : « Pourquoi vous faites ça ? »

    La question du mousse traduisait sa curiosité pour les qualités morales de la personne d’en face.

    Avec une émouvante simplicité, le philanthrope a répondu : « C’est pour votre week-end. »

    Fin diplomate, il n’a pas parlé de lui même mais du rapport à autrui.

    De nouveau, le mousse est resté bouche bée, pendant que le philanthrope resplendissait d’une magnifique lumière, qui provenait de son bonheur. Son bonheur, immense et légitime, lui procurait la vivacité, l’efficacité et l’à-propos.

    Jusqu’à l’ultime instant, le philanthrope gardait l’initiative.

    Pour couronner sa sublime démarche éthique, il a tendu sa main droite pour serrer celle du mousse. Jamais auparavant, le mousse n’a connu une poignée de mains aussi tonique et aussi bienveillante à la fois.

    Après le contact chaleureux entre les deux paumes, le mousse a continué vers l’Ouest tandis que le philanthrope repartait vers l’Est.

    Voici la perspective qui s’ouvrait vers l’Ouest, juste après les adieux :

     

     

    Au premier plan, nos chers lecteurs ont sans aucun doute reconnu l’une des caissettes vertes qui avaient servi au ravitaillement du Zeph. On les voit par exemple dans l’article « La route de l’eau », publié le 10 novembre 2020.

    À côté, se trouvait la bouteille de Sauvignon Cabernet, que le philanthrope avait payée avec ses propres sous.

    Le chariot marquait l’endroit exact où le mousse s’est arrêté parce qu’il venait d’être abordé par le philanthrope.

    À l’arrière-plan, apparaissait une croix verte, qui appartenait à la pharmacie qui se trouvait devant la station Flachet de la ligne A du métro.

    En contrebas de la croix de la pharmacie, on peut voir un cadre rectangulaire de couleur grise. C’était le profil de l’ascenseur qui desservait la station de métro.

    Cette localisation permettrait de mesurer l’effort physique accompli par le philanthrope pour rattraper le mousse.

    Voici maintenant la perspective en direction de l’Est.

     

     

    Vers la gauche de la photo, une passante avançait de face. Juste derrière son épaule droite, se dessinait la grosse laitue frisée qui était tout à l’heure sur le tapis roulant de la caisse. On peut aussi reconnaître le profil du philanthrope, qui portait dans son dos, le grand sac vertical et gris.

    C’est dans cette direction que se trouvait le magasin où le mousse a rencontré le philanthrope.

    Nos lecteurs connaissent déjà le nom du magasin, grâce à l’écran de contrôle de la caisse. Ils connaissent à présent le nom de la station de métro, près de laquelle le mousse a été rejoint par le philanthrope. Grâce à Google maps, ils peuvent reconstituer l’itinéraire de celui-ci et mesurer l’extraordinaire dévouement que nécessitait ce parcours.

    De plus, sur ce chemin, il fallait, à deux reprises, tourner du bon côté. À la sortie du magasin, il fallait tourner à gauche et non à droite. Une centaine de pas après, il fallait, cette fois-ci, tourner à droite et non pas à gauche. Qu’est-ce qui a guidé le philanthrope dans le choix de la bonne direction, lui qui ne savait nullement vers où le mousse s’était dirigé ?

    Qu’est qui l’a guidé ? Ou plutôt, qui l’a guidé ? Car, manifestement, il avait un message à délivrer. C’était le message de l’optimisme.

    Tout ce raisonnement mène à la conclusion que le philanthrope était un messager de la Providence.

    Ce messager de la Providence est apparu le jour où le mousse est parvenu à cerner la problématique qui devait structurer la composition de cet article.

    Le mousse a vu dans cette coïncidence un signe en provenance des sphères d’en haut.

    La générosité du messager de la Providence était une forme d’hospitalité.

    La narration de l’intervention du messager de la Providence appartient au registre merveilleux. Il en est de même de la narration de l’hospitalité de Trébizonde, qui est la « Table d’abondance » de la Mer Noire.

     

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