• L’œil du réconfort

    Voici le Zeph qui attend son opération chirurgicale à la clinique spécialisée de Χαλκούτσι – ΧΑΛΚΟΥΤΣΙ (transcription : Khalkoutsi), sur la rive Ouest du Golfe d’Eubée.

     

    L’œil du réconfort

     

    Pour le soutenir dans son épreuve, nous devons être forts nous-mêmes et nous nous y employons en tirant parti de la moindre source de réconfort.

    Il y a d’abord le mental. Nous veillons à nourrir notre esprit de pensées positives, en collectant toutes celles qui donnent du courage, de l’optimisme et de l’entrain.

    Les circonstances récentes ont amené sur le devant de la scène la victoire des Athéniens sur les Perses à Marathon. C’est un sujet à la fois très édifiant et stimulant.

    Nous nous sommes donc rendus sur le site de Marathon pour voir en grandeur nature le cadre physique qui avait offert à la première démocratie de l’Histoire le sceau de la fiabilité et l’aura de la gloire.

    Nous avons vu à quel point la terre de l’Hellade était belle et nous avons tout de suite compris qu’il fallait empêcher que cette beauté ne subisse des flétrissures qu’aurait apportées la perte de la liberté.

    Nous voici au milieu des oliviers de Marathon :

     

    L’œil du réconfort

     

    Sur la gauche de la photo, c’était le Golfe d’Eubée, d’où étaient venus les six cents vaisseaux du Grand Roi Darius 1er.

    Sur la droite de la photo, c’était la direction d’Athènes, la fière cité qui avait encouragé ses sœurs en Ionie à se soulever contre la tyrannie du monarque perse.

    La quiétude des lieux était d’autant plus exquise qu’elle baignait dans les effluves de Histoire.

    Un message nous était destiné.

    Le mauvais temps, qui était annoncé pour ce matin-là a battu en retraite. À la place, un soleil franc et généreux procurait au paysage grec un éclat incomparable.

    Le coquelicot, qui symbolisait pour nous la splendeur du printemps égéen, nous comblait par sa prospérité :

     

    L’œil du réconfort

     

    La tonicité de la couleur rouge nous procurait de l’énergie positive, en abondance.

    Ce gain énergétique était inattendu, mais ô combien sublime.

    L’œil du réconfort nous a vus, nous a observés, nous a compris et nous a chouchoutés, généreusement, au-delà de nos espérances.

    Le message qui nous était délivré disait qu’il fallait profiter pleinement de chaque instant qui se présentait, indépendamment de ce qui pouvait se trouver en amont ou en aval.

    Cette exhortation nous a été prodiguée dès le début de la balade. En effet, à la sortie du chantier, voici ce que nous avons vu :

     

    L’œil du réconfort

     

    Le bateau se préparait à entrer dans la mer. Il était immatriculé à Paimpol, en Bretagne. Mais son nom, qui n’avait rien de breton, s’écrivait « Kairos » avec l’alphabet latin et « Καιρός » avec l’empreinte grecque.

    Pour les Anciens, le καιρός était l’occasion favorable, à ne jamais manquer.

    Les divinités nous ont offert cette vision pour nous inciter à la vigilance et à la gratitude. L’œil du réconfort n’en serait que plus secourable et affectueux.

    En effet, à Marathon, l’œil du réconfort était aux petits soins pour nous. Il en est résulté qu’une nouvelle passion présiderait désormais à l’élaboration de nos projets de randonnée : il s’agissait du vif désir d’explorer le contexte géographique de la bataille de Marathon.

    Remonter le temps grâce à la disponibilité de la géographie était une activité extrêmement passionnante, dont la récompense emplissait tout le corps d’une énergie profondément régénératrice.

    Pleins de forces vives, nous sommes donc allés visiter la cité qui avait été la cible de l’envahisseur perse avant le débarquement à Marathon. Il s’agissait de Ερέτρια – ΕΡΕΤΡΙΑ (transcription : Érétria), qui se trouvait en face, sur la rive Est du Golfe d’Eubée.

    Ερέτρια – ΕΡΕΤΡΙΑ était la complice d’Athènes quand celle-ci avait encouragé la révolte qui avait contesté en Ionie l’autorité du roi des Perses, Darius 1er.

    En guise de représailles, l’envahisseur perse a mis à sac Ερέτρια – ΕΡΕΤΡΙΑ et réduit en esclavage les survivants.

    Voici le Capitaine en train de photographier l’acropole de Ερέτρια – ΕΡΕΤΡΙΑ :

     

    L’œil du réconfort

     

    La couleur rouge des filets de pêche nous a incités à choisir ce point de vue.

    On peut voir dans cette perspective une manifestation de l’art contemporain, qui utilise des choses de la vie quotidienne.

    Mais on peut aussi voir la couleur du sang que les Perses avaient fait couler pendant qu’ils donnaient libre cours à leur terrible vengeance.

    Le καιρός nous a fourni l’œil de la vérité historique, mais il tenait à ce que nous ne versions pas dans la morbidité. C’est pourquoi il nous a préparé un autre spectacle, sur le même quai des pêcheurs. Voici ce magnifique spectacle, plein de poésie et d’optimisme :

     

    L’œil du réconfort

     

    Notre carrosse s’est abrité sur une tenture pour bénéficier d’un peu de fraîcheur. Le motif des mille cœurs dont la couleur blanche évoquait l’innocence était un hymne à la fraternité universelle. L’hymne prenait son envol au-dessus du quai des pêcheurs, non sans avoir caressé le toit de notre carrosse. Le doux contact de l’étoffe nous rappelait que le savoir avait le devoir de favoriser l’entente harmonieuse.

    Ainsi, l’œil du réconfort ne cessait de guider nos pas vers des buts édifiants.

    La compréhension que nous retirions de notre exploration du site devrait faire de nous de meilleures personnes dans notre relation à autrui.

    C’était donc cela, le message communiqué par le « Kairos » de Paimpol : qu’en toute circonstance, on peut et on doit se montrer édifiant envers l’autre.

    Nous nous réjouissions que la rencontre avec le savoir s’opère sur plusieurs niveaux.

    Par rapport à l’intellect, le plaisir était immense, car nous marchions sur les traces de Ηρόδοτος – HPOΔΟΣ (en français : Hérodote), celui qui a fondé l’Histoire en tant que science.

    L’ouvrage laissé par Hérodote s’intitule Ἱστορίαι (transcription : Historiai), qui signifie littéralement « Enquêtes ».

    Nous avons mené « l’enquête » sur le danger qui menaçait de faire périr la démocratie athénienne, nouvellement née sur la scène politique internationale.

    C’était comme si le destin de l’humanité a su empêcher le meurtre d’un enfant qui venait de naître.

    Nous avons enquêté en passant de la rive Ouest à la rive Est du Golfe d’Eubée, de la rive de l’issue heureuse à la rive de la provenance du péril.

    Nous voici dans la position des Perses, qui venaient de s’emparer de Ερέτρια – ΕΡΕΤΡΙΑ et qui commençaient à regarder vers Athènes :

     

    L’œil du réconfort

     

    Au premier plan, c’était le rivage de Ερέτρια – ΕΡΕΤΡΙΑ, qui venait de subir le glaive et le fouet des Perses. De l’autre côté de la mer, derrière la montagne, c’était Athènes. Et le bord de mer qui s’étendait au pied de la montagne, c’était Marathon. C’était dans cette direction que la flotte perse, certaine de son invincibilité, a traversé le Golfe d’Eubée.

    Pour le Grand Roi, la mise à sac de Ερέτρια – ΕΡΕΤΡΙΑ devait servir de joyeux prélude à la destruction totale d’Athènes.

    La fébrilité s’emparait des deux rives.

    Sur la rive Est, il y avait la hâte d’appliquer le châtiment intégral.

    Sur la rive Ouest, il y avait la crainte que la désolation qui frappait les sanctuaires d’en face ne finisse par franchir le Golfe.

    Avec beaucoup d’intérêt, nous avons continué à remonter le sillage des Perses.

    Nous voici face à l’entrée méridionale du Golfe d’Eubée :

     

    L’œil du réconfort

     

    De l’horizon, ont surgi les six cents vaisseaux du Grand Roi, qui ont convergé vers Ερέτρια – ΕΡΕΤΡΙΑ, dont le rivage se trouvait au premier plan.

    La convergence meurtrière servait un seul mobile : la rage de châtier, qui ne tarderait pas à déclencher le tonnerre des armes.

    Nous avons remonté le sillage des Perses jusqu’à Πόρτο Μπούφαλο – ΠΟΡΤΟ ΜΠΟΥΦΑΛΟ (transcription : Porto Boufalo).

    Pendant cette investigation captivante, nous savourions pleinement le privilège de mener l’enquête à la manière du père de l’Histoire.

    Le privilège était d’autant plus inestimable que physiquement, nous étions seuls, absolument tout seuls à mener notre exploration sur le site du conflit, aussi bien sur la rive de la résistance héroïque que sur la rive de l’enflammement de la colère.

    Le fait d’être ainsi choyé par l’œil de la vérité historique constituait une grande source de réconfort.

    Le traumatisme subi par le Zeph était d’ordre matériel. Le Zeph s’en relèvera en boostant son mental grâce à des occupations qui élargissaient son horizon culturel.

    L’activité intellectuelle éloignait la morosité et le défaitisme. L’enthousiasme suscité par les découvertes faites sur le site archéologique procurait à tout l’organisme une énergie saine et réparatrice.

    La balade culturelle nourrit la réflexion et enchante l’imagination créatrice.

    La satisfaction intellectuelle fortifie le moindre neurone et ouvre l’appétit pour le savoir mais aussi pour les bonnes choses de la table.

    La question du double appétit stimulé faisait son entrée en scène à Πόρτο Μπούφαλο – ΠΟΡΤΟ ΜΠΟΥΦΑΛΟ, là où nous avons laissé l’Antiquité pour retrouver la Grèce du XXIè siècle.

    Nous voici à Πόρτο Μπούφαλο – ΠΟΡΤΟ ΜΠΟΥΦΑΛΟ :

     

    L’œil du réconfort

     

    Sur la droite de la photo, un ponton bordé de bleu s’avançait dans la baie pour accueillir les personnes qui débarquaient ou raccompagner celles qui s’en allaient retrouver l’eau.

    Du côté de la terre ferme, l’accès au ponton était orné au Sud par une barque décorative, dont on voit les deux tiers de la coque.

    Sur la photo suivante, la coque de cette barque décorative apparaissait dans son intégralité :

     

    L’œil du réconfort

     

    La voile de la barque décorative, qui était un triangle rectangle, exhibait un disque bleu où l’on pouvait lire :

    καιρός πανιά (littéralement : voiles du temps favorable) pour la ligne de dessus, et

    καιρός κουπιά (littéralement : rames du temps favorable) pour la ligne de dessous.

    Il est incontestable que ce καιρός affiché à Πόρτο Μπούφαλο – ΠΟΡΤΟ ΜΠΟΥΦΑΛΟ faisait écho au nom « Kairos » du bateau immatriculé à Paimpol.

    L’œil du réconfort, représenté ici par la voile triangulaire avec son disque bleu, nous rappelait que le καιρός se tenait toujours à nos côtés, pour nous soutenir et nous donner du courage.

    La double inscription indiquait que le καιρός agissait sur les voiles, qui évoquaient la force motrice dans les airs, ainsi que sur les rames, qui représentaient la force motrice au ras de l’eau.

    Ces deux textes constituaient un augure très favorable pour le rétablissement du Zeph.

    L’œil du réconfort remplissait notre cœur de confiance et d’optimisme.

    Au sujet du réconfort que peut recevoir le cœur, l’auteur québécois Gilles Marcotte a écrit dans son roman « Le poids de Dieu », paru en 1962 :

    Le cœur et l'estomac communiquent ; on réconforte celui-là en comblant celui-ci.”

    Comme cette déclaration est merveilleusement illustrée par la photo précédente !

    À gauche de la photo, les textes de la voile décorative étaient destinés à réconforter le cœur du marin tandis que les chaises et les tables à droite de la photo n’attendaient plus que le moment de combler l’estomac de celui-ci

    Cette terrasse, si intelligemment conçue, appartenait à la taverne qui avait pour nom Ακρογιάλι – ΑΓPΟΓΙΑΛΙ (littéralement : Bord de mer). Cette taverne était celle qui se trouvait le plus au Sud parmi les trois établissements qui servaient de la nourriture et des boissons dans la baie de Πόρτο Μπούφαλο – ΠΟΡΤΟ ΜΠΟΥΦΑΛΟ.

    Nous aurons pu remonter le sillage des Perses jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à Κάρυστος – ΚΑΡΥΣΤΟΣ (transcription : Karystos), qui était la première cité qu’ils avaient dévastée sur l’île d’Eubée.

    Mais les divinités nous ont incités à quitter la route des Perses à Πόρτο Μπούφαλο – ΠΟΡΤΟ ΜΠΟΥΦΑΛΟ, c’est-à-dire trente kilomètres avant d’atteindre Κάρυστος – ΚΑΡΥΣΤΟΣ, pour nous montrer la double inscription sur le καιρός.

    Nous chérissons cette vision des « voiles et des rames du temps favorable », à laquelle nous associons volontiers la déclaration québécoise, que nous nous sommes empressés de mettre en pratique.

    Voici avec quoi nous avons comblé notre estomac :

     

    L’œil du réconfort

     

    Avec des vitamines du terroir grec.

    De toute évidence, l’oignon rouge, acheté sur le marché fermier de Ωρωπός – ΩΡΩΠΟΣ (transcription : Ôrôpos) tenait la vedette, en raison de son extrême douceur.

    Ça, c’était l’assiette du mousse, qui privilégiait l’homogénéité.

    Quant à l’assiette du Capitaine, la voici :

     

     L’œil du réconfort

     

    Les ingrédients de base étaient les mêmes. Mais l’assaisonnement mettait en place un relief plus accidenté, avec la complicité du piment crétois.

    Nous préparons le réconfort gustatif en suivant ce dicton de la Grèce du XXIè siècle :

    Κάθε γέυση αξίζει (littéralement : chaque saveur a sa valeur)

    Autrement dit, essayons de tout ! Osons !

    Pour le plat principal, nous voulions trouver du réconfort dans une nourriture saine, sans ajout de matière grasse. Une cuisson lente au wok nous donnait toujours cette satisfaction :

     

    L’œil du réconfort

     

    Les aromates cueillis au cours des randonnées conféraient un pouvoir enivrant au réconfort gustatif.

    L’œil du Zeph trouvait beaucoup de réconfort dans la joie qui régnait à sa table. Nous avons demandé aux fraises du marché fermier de Ωρωπός – ΩΡΩΠΟΣ de contribuer à cette joie :

     

    L’œil du réconfort

     

    Elles l’ont fait avec magnificence.

    Nous trouvons du réconfort dans des choses simples, saines et vraies.

    Notre chemin rencontre des formes pointues et des formes arrondies.

     

    L’œil du réconfort

     

    La clémence des divinités est illustrée par ce paysage où l’enveloppe sphérique du végétal est éclairée par le soleil tandis que la pointe du promontoire minéral demeurait dans l’ombre.

    L’œil du réconfort était là, au premier plan.


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  • Commentaires

    1
    Chris
    Mardi 23 Mai 2023 à 08:05
    J espère que vous avez aussi remarqué que Kairos est un frère de lait de Roch hir
      • Mardi 23 Mai 2023 à 08:51

        Évidemment !!! Un Sharki, mais peut-être de facture plus récente ?

      • Dimanche 28 Mai 2023 à 23:54

        Cher lecteur,

        Merci pour ton regard affûté.

        Le mousse, fasciné par le nom emprunté à la langue grecque, n’a pas beaucoup prêté attention aux caractéristiques physiques de la coque.

        Il existe une photo qui illustre ton commentaire. La voici :

         

         

        Sur le flanc droit, vers l’arrière, c’était écrit clairement qu’il s’agissait d’un « sharki ».

        Le lien structurel, que ton commentaire met en évidence, donne encore plus de valeur au lien sémantique, qui préoccupait le mousse.

        En effet, comme c’était le frère de lait du Roch’hir que le Zeph a vu, tout se passait comme si c’était le Roch’hir lui-même qui ce jour-là souhaitait au Zeph d’avoir le καιρός en abondance.

        Merci encore pour la pertinence de ta contribution.

        RP

         

    2
    Anne
    Jeudi 25 Mai 2023 à 20:12

    gros bisous de réconfort  

      • Lundi 29 Mai 2023 à 14:51

        Dans la demeure de l’ange du Languedoc, il existait un message de réconfort qui ne dévoile sa signification que maintenant.

        Là où le Capitaine du Zeph garait son carrosse, deux bateaux observaient celui-ci.

        Avec le premier bateau, la moitié de la coque était cachée par un monticule de cailloux :

         

         

        La mâture était en place, mais aucune voile n’était hissée.

        La perspective montrait une forte emprise de la terre ferme sur le bateau, comme si celui-ci était contraint à l’immobilisation.

        Le second bateau qui regardait le carrosse du Capitaine, n’avait aucune connexion physique avec la terre émergée.

         

         

        Les voiles étaient hissées. Leurs reflets se voyaient dans l’eau. La navigation semblait sereine car les flots n’avaient pas l’air agités.

        Le premier bateau, qui donnait l’impression d’être prisonnier de la terre ferme n’a laissé aucune empreinte sur la carrosserie, en dépit des innombrables tentatives du mousse pour dénicher cette empreinte.

         

         

        En revanche, le deuxième bateau qui flottait paisiblement en pleine mer, a laissé son image se former à l’arrière de la carrosserie :

         

         

        Dans le contexte actuel, ce reflet sélectif est un augure très favorable.

        L’œil du réconfort veillait déjà sur le Zeph depuis la demeure de l’ange du Languedoc.

        RP

         

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