• L’œil de la paix

    Le titre sous-entend que c’est la paix qui nous voit, nous regarde, nous suit du regard. Les questions afférentes sont : « Jusqu’à quand ? Pendant combien de temps ? Pour quelles raisons ? »

    La paix a regardé le Zeph avancer de Λίμνη – ΛΙΜΝΗ (transcription : Limni) à Χαλκίδα – ΧΑΛΚΙΔΑ (transcription : Khalkida) pour le premier trajet, le trajet inaugural.

    Voici le Zeph au départ de Λίμνη :

     

    L’œil de la paix

     

    Le Zeph venait de rejoindre la mer.

    À l’arrière-plan de la photo, se profilait le port à sec où il avait passé l’hiver.

    Dans quel état d’esprit était le Zeph ?

    Il était heureux :

     

    L’œil de la paix

     

    Il avait le sourire de la confiance, d’autant plus que la mer était calme.

    En effet, tout autour du Zeph, l’onde ne se plissait que légèrement. Les molles ondulations ne véhiculaient aucune menace et n’annonçaient aucun péril.

    L’expression « Mer calme », qui est utilisée par les bulletins météo pour désigner l’absence de violence à la surface de l’eau, décrit un état physique sans se préoccuper de l’intention que pourrait renfermer celui-ci.

    Pourtant, ce jour-là, qui était le jour de la mise à l’eau, le calme de la mer avait un message à transmettre au Zeph.

    Et le message transmis au Zeph était un message de paix.

    Regardez donc :

     

    L’œil de la paix

     

    C’était le sillage de la paix !

    La glisse était sans heurt, sans secousse, sans contrariété.

    Aucune menace ne venait du fond.

     

    L’œil de la paix

     

    Aucune menace n’était envisageable, de nulle part d’ailleurs.

    Les photos de l’article ne montrent pas que la surface de l’eau. Elles montrent encore la bénédiction qui émanait du cosmos tout entier. L’éther aussi était bienveillant envers le Zeph. La ouate du ciel n’était nullement menaçante.

     

    L’œil de la paix

     

    Au contraire, sa présence inversée sous la ligne de flottaison nous procurait l’agréable sensation d’être à bord d’un aéronef qui voguait vers des mondes nouveaux.

    Nous ne nous lassions pas de regarder le miroir qui inspirait la confiance.

    La montagne, légèrement bleutée, servait de mur de scène.

     

    L’œil de la paix

     

    Le Zeph, principal protagoniste, entonnait un hymne à la beauté de la paix.

     

    L’œil de la paix

     

    La paix était généreuse. Elle était gratuite. Et de surcroît, elle semblait n’avoir aucune date de péremption.

    La paix n’aimait pas le tapage. Mais elle n’aimait pas non plus la tristesse, ni la monotonie.

    Pour amuser le Zeph. l’œil de la paix inventait un jeu à cache cache. Le voici qui se nichait sous un double pli de la paupière :

     

    L’œil de la paix

     

    Coup de théâtre : la dualité du pli disparaît.

     

    L’œil de la paix

     

    Et de nouveau, le pli double se reforme :

     

    L’œil de la paix

     

    Pour séduire davantage, il inverse la courbure :

     

    L’œil de la paix

     

    Le changement de courbure s’est mis à révéler une tendresse infinie dans le supplément de clarté.

    Jamais la mer n’a semblé aussi inoffensive. Et elle l’était réellement, à ce moment-là.

    Après son spectacle de féerie, l’œil de la paix est allé monter la garde au dessus du sillage :

     

    L’œil de la paix

     

    Mille ocelles nous suivaient, dans la liesse de la simplicité.

    Ce n’était pas le temps de l’insouciance, car le marin a toujours un devoir de vigilance.

    Mais l’absence de spectre engendrait une douceur de vivre au dessus de l’eau, quand la mer et le ciel manifestaient simultanément leur bienveillance.

    Le corps sinueux des vagues qui s’étiraient produisait un son harmonieux qui bannissait le stress et l’épouvante.

    La tentation de se croire sur un balcon du paradis était irrésistible.

    Jusqu’au bout, la pureté du décor était époustouflante.

    Tout au long du trajet, rien n’était discordant, ni dans les formes, ni dans les couleurs.

    Le Zeph était comme immergé dans une fresque à trois dimensions, réalisée avec une palette qui comportait exclusivement des teintes pastels.

    Voici le Zeph à l’approche de Χαλκίδα, qui était la destination du trajet inaugural :

     

    L’œil de la paix

     

    Pas de heurt, pas de choc, pas de brutalité, pas de violence pendant toute la glisse.

    Mais une douceur vraie, authentique, sincère, offerte gratuitement à qui voulait bien la recevoir.

    Cette douceur est l’une des signatures de l’hospitalité grecque.

    Les descendants d’Ulysse pratiquent l’hospitalité que leur enseignent la terre et la mer où ils vivent.

    L’œil de la paix est toujours là pour prendre soin du visiteur qui vient en ami.

    Voici Χαλκίδα qui apparaissait à l’horizon :

     

    L’œil de la paix

     

    Les cheminées blanches visibles vers le centre de la photo annonçaient le Nouveau Pont qui reliait la péninsule de l’Attique à l’île d’Eubée.

    Pendant tout ce trajet inaugural, chaque instant était inondé d’azur, de pureté et d’innocence car l’œil de la paix y veillait.

    L’on entend souvent dire que le présent est prioritaire. Cela signifierait-il que le présent a le droit de phagocyter le passé, même si celui-ci a détenu le bonheur ?

    À cette question, cet article répond par la négative car ce que l’œil de la paix a apporté survit au-delà du traumatisme récemment subi.

    Ce qui compte, ce n’est pas le présent, mais le bonheur.

    Et l’œil de la paix a donné au Zeph un immense bonheur, qui est inoubliable.

     

    L’œil de la paix


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