• Le dramaturge Eugène Ionesco, qui est devenu académicien en 1970, avait bâti sa renommée grâce à son théâtre de l’absurde, où il décrivait la triste réalité qu’était l’incommunicabilité entre les êtres.

    L’équipage du Zeph nourrit l’espoir du contraire, c’est-à-dire l’espoir de communicabilité.

    Un tel espoir est-il futile, irréalisable, utopique ?

    La romance entre le Hanabi et le Zeph, née il y a deux ans, dans la lagune de Μεσολόγγι – ΜΕΣΟΛΟΓΓΙ (en français : Messolonghi) atteste que l’espoir de communicabilité est sensé, fécond et vivace.

    C’est le médiéviste belge Raoul Vaneigem qui donne la clé de la réussite d’un tel projet de vie. En effet, cet écrivain disait : « La passion de créer fonde le projet de réalisation, la passion d’aimer fonde le projet de communication, la passion de jouer fonde le projet de participation. »

    Autrement dit, à la base de l’espoir de communicabilité, il y a un acte d’amour.

    Non pas l’amour narcissique, mais l’amour altruiste.

    Non pas un amour tiédasse, mais un amour enflammé, passionnel.

    Le Hanabi et le Zeph s’enflamment l’un pour l’autre, selon les termes de l’analyse faite par le médiéviste belge. Rien d’étonnant, dans ce cas, que l’espoir de communicabilité qui les rapproche et les enchante soit de plus en plus prospère.

    Tout récemment, le Hanabi et le Zeph se sont revus avec beaucoup d’émotion.

    Le rituel des retrouvailles voulait qu’ils partagent les plaisirs de la table.

    Mais une fois sortis de la table, qu’avaient-ils d’autre à partager ?

    Sur quoi portait la communication entre eux ? De quoi parlaient-ils ?

    Dans quels domaines avait lieu leur échange ?

    Comme il fallait s’y attendre, la communication prenait son envol avec l’art de la table. Car la qualité de la nourriture ouvrait toutes grandes les voies du cœur.

    La qualité de la nourriture nécessitait un regard sain et courageux sur la liste des ingrédients. Il ne s’agissait pas de lire une énumération, mais d’œuvrer avec ses mains pour donner corps à cette liste.

    La tâche manuelle n’effrayait pas le Hanabi, ni ne le rebutait.

    Mettre la main à la pâte, au sens propre comme au sens figuré, était, pour le Hanabi, une impératif, un plaisir, une vocation.

    La réalisation concrète était un sujet de communication passionnant entre le Hanabi et le Zeph. Aucun des deux ne campait sur ses positions. Leurs opinions s’enrichissaient volontiers des autres manières de faire.

    La communicabilité se manifestait avec joie et entrain pendant les préparatifs, bien avant le moment de la dégustation. Pour reprendre l’expression du médiéviste belge, « la passion d’aimer » se traduisait par la passion de contribuer au plaisir de l’autre grâce à un travail commun et une coopération efficace.

    Il y avait plus que le respect et l’écoute, il y avait une admiration mutuelle.

    Il y avait plus que la mise en commun des savoir-faire, il y avait aussi le déclenchement d’une hilarité commune.

    Voici une vision de l’instant inaugural :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    La photo montre deux sources de bien-être : la chaleur du four et la lumière du soleil levant.

    Le Hanabi avait prévu une pintade pour offrir à l’équipage du Zeph la prolongation de la magique ambiance du passage à l’an neuf. Une telle sollicitude témoignait avec éloquence du bien-fondé de l’espoir de communicabilité.

    Cet espoir n’était pas vain, car le mousse y a répondu avec une profonde gratitude.

    En effet, de la pintade, il n’en perdait aucune miette. Il a soigneusement trié les restes pour récupérer tout l’apport protéique disponible, qu’il a ensuite réutilisé pour confectionner des rouleaux de printemps.

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Sous l’enveloppe blanchâtre formée par la galette de riz, les morceaux de couleur brune provenaient de la pintade désossée.

    Les lanières de carotte et les fines rondelles de poireau, qui étaient visibles grâce à la transparence des rouleaux, obéissaient au même principe de l’anti-gaspillage. Il s’agissait d’utiliser au maximum les restes et de jeter le minimum.

    Dans cette gestion des ressources, le mousse a reçu la vive approbation du Hanabi.

    La rationalité de la gestion était un excellent sujet de communication entre le Hanabi et le Zeph.

    La réussite de cette concertation constituait un motif de grande satisfaction pour tous les deux.

    Si l’espoir de communicabilité n’avait pas attendu la dégustation pour montrer à quel point il était déjà prospère, il ne pouvait que se transformer en feu d’artifice quand les rouleaux de printemps bien croustillants charmaient la vue juste avant de charmer les papilles.

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Le délice gustatif apparaissait comme l’ultime justification de l’espoir de communicabilité.

    L’espoir de communicabilité ne dépendait pas d’une volaille, mais la préparation, la cuisson et l’exploitation de celle-ci donnaient lieu à la mise en place d’une réflexion commune et à une mutualisation des façons de faire.

    Le traitement du concret était propice à l’espoir de communicabilité.

    La connivence est une communication optimale.

    Le Hanabi et le Zeph étaient de connivence pour ne rien gaspiller.

    Ils étaient de connivence aussi pour pratiquer une autonomie maximale.

    C’était le plaisir de l’autonomie qui a incité la fée du Hanabi à fabriquer elle-même, à domicile, la pâte pour les raviolis chinois :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Bien sûr, le mousse du Zeph a chaleureusement applaudi cette brillante initiative.

    Vers le bas de la photo et sur la gauche, était installé le laminoir, à actionner manuellement. Sur la table, étaient disposées les cinq bandes de pâtes qui venaient d’en sortir. Leur contour irrégulier n’était pas un défaut mais une fantaisie d’artiste. Tout en évoquant les aléas de la vie, cette irrégularité témoignait de l’authenticité d’un travail artisanal.

    Le mousse du Zeph s’est vu confier la mission de surfer sur cette irrégularité pour tailler des carrés approximatifs qui recevraient en leurs centres la farce à faire frire.

     

    L'espoir de communicabilité

     

    La confiance était un signe de la communicabilité.

    Mériter cette confiance, c’est comprendre que la communicabilité était une affaire de réciprocité.

    Le mousse du Zeph s’est appliqué dans la découpe pour montrer qu’il méritait la confiance du Hanabi.

    La farce déposée au centre était faite de lanières de blanc de poulet, de bâtonnets de carotte, de rondelles de poireau et de lamelles de céleri.

    La carotte, le poireau et le céleri participaient efficacement à la démarche anti-gaspillage.

    La réflexion en amont et le travail préliminaire apportaient déjà le bonheur de la communicabilité. Mais celle-ci atteignait sans aucun doute l’un de ses sommets de jouissance quand des raviolis bien croustillants craquaient sous la dent, presque en même temps, dans plusieurs bouches autour de la table.

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Le plaisir de la dégustation simultanée était une belle récompense de l’espoir de communicabilité.

    Cependant, la communicabilité, ce n’est pas seulement manger et boire ensemble, c’est aussi travailler ensemble, penser ensemble, choisir ensemble. C’est se réjouir ensemble dans la globalité de la vie, et non pas seulement dans un aspect de la vie.

    Le Hanabi était très conscient de la dimension globale qui devait sous-tendre l’espoir de communicabilité. C’est pourquoi il a proposé maintes autres découvertes pour satisfaire la communicabilité à d’autres niveaux de la conscience.

    Souvenez-vous de la lumière qui venait de l’extérieur et qui se répandait dans la cuisine où cuisait la pintade ? Voici la fenêtre par où cette lumière entrait :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Au premier plan, un héron s’étirait en redressant son cou.

    L’oiseau avait un compagnon, qui, lui, se courbait vers le bas :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Certains saluent en levant le bras et agitant leur main. D’autres saluent en baissant la tête.

    Le premier héron saluait avec la première façon. Le second héron a choisi la seconde manière.

    Le premier héron était celui qui se trouvait le plus à l’Ouest. Le second héron était plutôt vers l’Est.

    Autrement dit, l’Occident salue par l’effervescence tandis que l’Orient salue par la révérence.

    Quelle magnifique scénographie le Hanabi a préparée pour accueillir le visiteur qui traversait le jardin pour s’approcher du seuil de la demeure !

    Le héron est l’emblème de la longévité.

    En ce début de 2022, les deux hérons exprimaient, au nom du Hanabi, ses vœux pour une longue vie. Vœux adressés, en l’occurrence, à l’équipage du Zeph. Vœux que celui-ci, avec plaisir, ré-oriente ensuite vers tous les lecteurs de la chronique.

    La bienveillance du Hanabi est un signe de la communicabilité. Le relai assuré par l’équipage du Zeph en est un autre.

    Un esprit observateur pourrait faire remarquer que le héron de l’Est baissait la tête pour ne pas heurter un nœud de couleur blanche, qui était assez gros et qui se trouvait juste au-dessus.

    La remarque n’est pas dénuée d’intérêt. Regardons d’un peu plus près ce gros nœud blanc :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Il assurait, à l’extrémité Est, l’équilibre d’un dispositif qui donnait à l’étable de Bethléem un profil aérien.

    Juste au-dessus de ce gros nœud blanc, de l’autre côté de la planche, se trouvait l’abri de fortune qui recevait le nouveau-né décrit en ces termes par la prophétie d’Isaïe :

     

    כִּי־יֶלֶד יֻלַּד־לָנוּ

    בֵּן נִתַּן־לָנוּ

    וַתְּהִי הַמִּשְׂרָה עַל־שִׁכְמוֹ

    וַיִּקְרָא שְׁמוֹ

    פֶּלֶא יוֹעֵץ אֵל גִּבּוֹר

    אֲבִי עַד שַׂר־שָׁלֽוֹם ׃

     

    יְשַׁעְיָה ט : ו

     

    Car un enfant nous est né,

    un fils nous a été donné ;

    et la domination princière sera sur son épaule.

    Et on l’appellera du nom de

    Conseiller merveilleux, Dieu puissant,

    Père éternel, Prince de paix.

     

    Isaïe. Chapitre 9. Verset 6

     

    Proclamer une prophétie, c’est souscrire à l’espoir de communicabilité.

    Écouter la parole prophétique et y prêter attention, c’est soutenir cet espoir.

    Constater l’accomplissement de la prophétie, c’est applaudir cet espoir.

    Illustrer cet accomplissement pour en montrer la portée, c’est attester le triomphe de l’espoir de la communicabilité.

    Dans ce contexte élargi, qui prend en compte les étages supérieurs, le héron qui courbait la tête faisait ce geste pour rendre hommage à l’Enfant de Bethléem. Autrement dit, c’est le temps, présent et futur, qui rendait hommage au « Prince de paix ».

    Avec cette nouvelle vision, que signifierait l’attitude du héron qui se trouvait à l’Ouest ?

    Les Écritures grecques rapportent qu’à l’occasion de cette naissance à Bethléem, les cieux et la terre étaient en communication d’une manière exceptionnelle, par l’intermédiaire du chœur des anges. Voici la description de cette sublime communicabilité :

    καὶ ἐξαίφνης ἐγένετο σὺν τῷ ἀγγέλῳ πλῆθος στρατιᾶς οὐρανίου αἰνούντων τὸν θεὸν καὶ λεγόντων

    δόξα ἐν ὑψίστοις θεῷ καὶ ἐπὶ γῆς εἰρήνη ἐν ἀνθρώποις εὐδοκίας

    Eυαγγέλιο κατά Λουκά. Kεφάλαιο β’. Στίχοι ιγ’ και ιδ’

     

    Et il y eut soudain avec l’ange une multitude de l’armée céleste, qui louait Dieu et disait :

    « Gloire à Dieu là-haut dans les hauteurs, et sur terre paix parmi les hommes de bon gré ! »

    Bonne Nouvelle selon Luc. Chapitre 2. Versets 13 et14

     

    Le cou redressé du héron rejoignait le chœur des anges et matérialisait la communicabilité entre « là-haut » et la « terre », en cet instant exceptionnel.

    Élevons-nous encore d’un degré. Au-dessus de l’étable de Bethléem suspendu, flottaient deux papillons aux ailes empourprées :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    La silhouette du lépidoptère évoquait la légèreté, l’optimisme.

    La couleur pourpre chantait la prospérité.

    Les deux papillons aux ailes pourpres faisaient écho au chant des anges, qui répandait sur les hommes de la bienveillance l’espoir de paix.

    Les paroles du chant céleste mentionnent une qualité de cœur, qui est la bienveillance.

    Voici ce qui se trouvait sous l’étable de Bethléem, du côté du septentrion :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Deux cœurs aux reflets dorés flottaient au vent.

    Sur la droite de la photo, au-dessus de la planche, se dessinait la silhouette de l’étable.

    Juste au-dessous, était reconnaissable le gros nœud blanc qui avait déclenché l’enquête.

    Les deux cœurs pourraient évoquer la contribution affective du capitaine du Hanabi et celle de sa Muse.

    On peut encore y voir la générosité du cœur de l’hôte et la gratitude du cœur de l’invité.

    Mais examinons de plus près la structure de chaque muscle cardiaque.

    Le cœur du haut comportait douze points nodaux, qui se présentaient sous la forme de sphères rouges :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Douze, comme les douze tribus d’Israël. Comme les douze apôtres

    C’est la perfection organisationnelle.

    Quant au cœur du bas, il renfermait dix points nodaux, qui adoptaient aussi l’apparence des sphères rouges.

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Dix, comme les Dix Commandements.

    Dix, pour dire la complétude.

    Autrement dit, ce sont des cœurs qui avaient pensé à tout, qui avaient tout prévu, pour qu’il ne manque rien. Des cœurs extrêmement dévoués. Des cœurs dont la « bienveillance » était irréprochable.

    Le Hanabi partageait généreusement sa fabuleuse créativité artistique.

    L’art est le domaine où s’épanouit l’espoir de communicabilité.

    Avec le Hanabi, la vie n’est jamais vide de sens.

    Pour chaque chose, même parmi les plus petites, il y a un foisonnement de significations.

    Eugène Ionesco a institué le théâtre de l’absurde.

    Avec le Hanabi, c’est le triomphe du théâtre de l’émerveillement.

    En venant de l’Est, on passe par une fontaine avant d’arriver au domaine du Hanabi. Au moment où l’équipage du Zeph était là, la couche de glace qui bloquait la surface venait de se disloquer.

     

    L'espoir de communicabilité

     

    La glace brisée livrait l’accès aux profondeurs.

    La communicabilité offrait la vision du sous-jacent

    L’univers du Hanabi était truffé d’objets polysémiques.

    Cette polysémie témoignait de la fécondité de l’espoir de communicabilité.

    Notre carrosse était garé à côté de la fontaine.

    Même les cimes enneigées ont cherché à communiquer avec nous en laissant sur la vitre arrière leur magnifique empreinte :

     

    L'espoir de communicabilité

     

    Il s’agissait bel et bien de cristaux de neige au milieu de l’écrin alpin.

    Mais sous le soleil de Μεσολόγγι – ΜΕΣΟΛΟΓΓΙ, ils se métamorphoseraient en cristaux de sel.

    En vérité, l’espoir de communicabilité qui réunit le Hanabi et le Zeph a le goût de la fleur de sel cueillie à Μεσολόγγι – ΜΕΣΟΛΟΓΓΙ. Ce cadeau inestimable de la mer est pratiquement introuvable sur les routes terrestres !

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