• Le pont a deux appellations. L’une se réfère à l’histoire. L’autre, à la géographie.

    Le nom qui porte l’empreinte du temps est Γέφυρα Χαρίλαος Τρικούπης – ΓΕΦΥΡΑ ΧΑΡΙΛΑΟΣ ΤΡΙΚΟΥΠΗΣ (en français : pont Kharilaos Τrikoupis). L’appellation rend hommage à l’homme d’État qui a pensé à cette liaison terrestre entre les deux rives du Golfe de Corinthe dès la fin du dix-neuvième siècle.

     

    L'allégresse du pont

     

    Le nom qui fait appel aux repères spatiaux est Γέφυρα Ρίου / Αντιρρίου – ΓΕΦΥΡΑ ΡΙΟΥ / ΑΝΤΙΡΡΙΟΥ (en français : pont de Rio / Antirrio). Ρίο – PIO ( en français : Rio) est la ville qui héberge l’extrémité Sud du pont. Elle se trouve du côté du Péloponnèse, près de ΠάτραΠΑΤΡΑ (en français : Patras), là où Marc-Antoine avait son quartier général, avant la célèbre bataille navale d’Actium.

    Αντίρριο – ΑΝΤΙΡΡΙΟ (en français : Antirrio) est la ville qui reçoit l’extrémité Nord. Elle se situe sur le continent. Elle possède un amer qui est le phare construit à proximité d’une forteresse médiévale.

     

    L'allégresse du pont

     

    Le pont a été un motif d’allégresse pour le Zeph dès le voyage initiatique.

    Certes, la prouesse technique forçait l’admiration.

    L’esthétique suscitait l’émerveillement.

    Mais pour le Zeph, le pont avait une plus-value, qui était d’ordre affectif. En effet, l’ouvrage d’architecture était le somptueux marqueur de la route vers une amitié naissante entre le Zeph et le Fréja.

    Une amitié exceptionnelle, qui fleurissait grâce à la sève épistolaire.

    Une amitié qui s’est tout de suite hissée au second degré, pour se soustraire à l’éphémère.

    Bien sûr, nous avons mangé et bu ensemble. L’allégresse était tantôt à bord du Fréja, tantôt à bord du Zeph.

    Mais l’affection qui unissait le Fréja et le Zeph ne dépendait nullement des denrées périssables, si gourmandes soient-elles.

    L’attraction mutuelle était nourrie par l’échange épistolaire qui avait précédé la rencontre de visu.

    Le Zeph, qui venait de Corinthe, passait fébrilement sous le pont, d’Est en Ouest, pour aller au rendez-vous.

     

    L'allégresse du pont

     

    De l’autre côté du pont, fébrilement aussi, le Fréja attendait de voir en vrai la nef qui l’a séduit par la chronique.

    La fébrilité, qui traduisait l’impatience, était le prélude d’une très belle allégresse qui avait la bénédiction de la pleine lune.

     

    L'allégresse du pont

     

    La plénitude de l’astre était en résonance avec la plénitude de la joie saine, noble et édifiante qui emplissait en même temps le Zeph et le Fréja.

    Chaque fois que nous franchissions le pont, le déplacement était motivé par l’épanouissement d’un lien social.

    L’été dernier, nous avons eu le privilège de franchir le pont, non plus sous le tablier, mais sur le tablier. Nous voici sur la rive Nord, à Αντίρριο – ΑΝΤΙΡΡΙΟ, juste avant la traversée :

     

    L'allégresse du pont

     

    À droite de la photo, c’est le Golfe de Patras. Nous venions de là, de la rive Nord du Golfe de Patras.

    À gauche de la photo, c’est le Golfe de Corinthe. C’est là où nous voulions aller. Nous voulions rejoindre la rive Sud du Golfe de Corinthe.

    Pour cela, il fallait traverser le majestueux pont, dans le sens Nord-Sud.

    Et qu’y avait-il de si intéressant sur l’autre rive ?

    Il y avait la fête de la fraternité que préparait le Mayapi avec talent et passion.

     

    L'allégresse du pont

     

    L’allégresse était dans l’océan de fraîcheur qui attendait de nous ravir.

    Le pont concourt joyeusement à la mutualisation des ressources naturelles et des élans fraternels. Ce faisant, il reste fidèle à la mission qui lui a été confiée le jour de son inauguration.

    Celle-ci a eu lieu le 8 août 2004.

    Ce jour-là, le tablier vibrait avec bonheur sous le pas allègre de ceux qui portaient la flamme allumée à Olympie.

     

    L'allégresse du pont

     

    Des hourras remplis de fierté s’envolaient vers le sommet des splendides haubans.

    Car les Jeux sont revenus dans la Mère-Patrie en ce début du vingt-et-unième siècle.

    Pour cet extraordinaire été de l’an 2004, le chemin entre Olympie et Athènes empruntait

    le nouveau pont qui reliait les deux rives du Golfe de Corinthe.

    L’allégresse du pont célébrait un héritage de l’antiquité : l’idéal olympique.

    Un idéal qui visait l’excellence grâce au concours de la paix et qui créait des conditions de paix grâce à la recherche de l’excellence. Un corollaire de cette heureuse interaction était le renforcement des liens fraternels au sein de l’espace grec. Fraternité entre la Grèce des origines et ses colonies aux quatre coins de la Mer Intérieure.

    L’allégresse du pont provenait du joyeux feu sacré, dont les divinités avaient permis l’allumage dans le temple de Héra.

    Une incantation solennelle sollicitait la convergence les rayons de soleil vers un miroir parabolique.

     

    L'allégresse du pont

     

    Le dieu invoqué était Απόλλωνας Φοίβος (en français : Apollon Phoebus), ainsi appelé parce qu’il se révélait à travers la brillance de l’astre solaire.

    Voici les mots prononcés par la Grande Prêtresse pour convoquer les rayons du soleil :

    Όρη και Τέμπη σιγήστε.

    Ήχοι και φωνές πουλιών παύσατε.

    Γιατί μέλλει να μας συντροφεύσει ο Φοίβος, ο Φωσφόρος Βασιλεύς.

    Απόλλωνα, θεέ του ήλιου και της ιδέας του φωτός,

    στείλε τις ακτίνες σου και άναψε την ιερή δάδα

     

    Montagnes et Vallée de Tempé se sont tues.

    Sons et voix des oiseaux se sont arrêtés.

    Parce que Phoebus, le Roi du Phosphore, va nous accompagner.

    Apollon, dieu du soleil et de l'idée de lumière,

    envoie tes rayons et allume la torche sacrée

     

    Le silence environnant était de rigueur, pour marquer la solennité de l’instant.

    Mais la réalité de la réponse divine s’enflammait avec allégresse au creux du miroir parabolique.

    Le feu divin était ensuite déposé dans un vase en céramique pour accomplir une procession dans l’aire sacrée d’Olympie.

     

    L'allégresse du pont

     

    Après ce parcours de la sanctification, il était offert à la foule, au stade.

    Pour les Jeux qui devaient se dérouler l’été dernier, le privilège de porter la torche olympique est d’abord revenu à Άννα Κορακάκη – ANNA ΚΟΡΑΚΑΚΗ, qui avait gagné pour la Grèce la médaille d’or au tir au pistolet lors des Jeux précédents, à Rio, en 2016.

    Voici l’athlète qui recevait de la prêtresse la flamme olympique, destinée à être transmise, dans l’allégresse, à toute la planète :

     

    L'allégresse du pont

     

    L’allégresse qui allait se répandre sur la terre entière n’était pas due à un phénomène physique, fait de lumière et de chaleur, mais au message que véhiculait la flamme.

    Comme on peut le voir sur la photo, la prêtresse confiait aussi à l’athlète le rameau d’olivier cueilli au cours de la procession dans l’aire sacrée d’Olympie.

    Le message était manifeste : la flamme olympique avait pour mission de stimuler les efforts de paix en encourageant la fraternité universelle.

    Cet objectif de l’harmonie entre les peuples était bien présent dans la prière prononcée par la Grande Prêtresse pour obtenir l’allumage du feu sacré. En effet, l’invocation finissait avec ces mots :

    Και συ, ω Δία, χάρισε ειρήνη σ' όλους τους λαούς της Γης

    και στεφάνωσε τους νικητές του Ιερού Αγώνα.

     

    Et toi, ô Zeus, accorde la paix à tous les peuples de la Terre

    et couronne les vainqueurs des Jeux Sacrés.

     

    Conformément à l’invocation de la Grande Prêtresse, l’allégresse du pont était un prélude de la réjouissance planétaire.

    Voici une scène du passage de relais sur le pont :

     

    L'allégresse du pont

     

    Un Grec transmettait à un acteur venu de la lointaine Asie le rôle de porte-flambeau.

    Avec sa main droite, le Grec tendait la torche olympique tandis qu’il tenait dans sa main gauche, son fils qui montrait la branche d’olivier, cueillie dans le sanctuaire d’Olympie.

    L’harmonie entre les peuples était magnifiquement illustrée sur le pont.

    Par rapport au microcosme, l’allégresse du pont célébrait une unité territoriale, qui engageait la Grèce continentale et la Grèce insulaire.

    Par rapport au macrocosme, l’allégresse du pont ouvrait toute grande la perspective d’un monde prospère grâce à la paix au sein de la famille humaine.

     

    L'allégresse du pont

     

    Le hasard a fait que pendant l’été dernier, nous avons traversé le pont en allant de la rive Nord vers la rive Sud, c’est-à-dire dans le sens du parcours de la flamme olympique.

    Était-ce réellement le hasard ?

    On pourrait en douter.

    Ne serait-ce pas plutôt les divinités qui ont voulu que nous suivions le sens qui promouvait l’ouverture, le partage et le don ?

    Portés par le souffle olympique dès le début de la saison, nous l’étions encore quand il a fallu rentrer en France.

    Avant de traverser l’Adriatique d’Est en Ouest, nous nous sommes enregistrés à Πάτρα – ΠΑΤΡΑ. Voici la salle d’enregistrement :

     

    L'allégresse du pont

     

    Le capitaine était en train de remplir des papiers par rapport au coronavirus.

    Que voyons -nous à proximité de la jambe gauche ?

    Le pont dont l’allégresse a grandement contribué au succès des Jeux d’Athènes.

    Regardez avec quel ferry nous avons traversé l’Adriatique pour rejoindre Ancona :

     

    L'allégresse du pont

     

    La proue portait l’inscription CRUISE OLYMPIA.

    Olympie, qui était à l’origine de l’allégresse du pont de Rio-Antirrio, a tenu à nous accompagner sur le chemin du retour.

    Regardez aussi dans quel état nous sommes sortis du ferry :

     

    L'allégresse du pont

     

    Les phares allumés témoignaient de l’allégresse qui n’était pas sans lien avec l’évocation d’Olympie.

    L’allégresse du pont a une vocation universelle. Car c’est l’allégresse de la fraternité.

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