• Terracina

    Encore une bourgade et un port que je suis allé voir en bus et non en bateau. Et j'ai vraiment bien fait. D'abord parce que il n'y avait aucune place de disponible, ensuite parce que les profondeurs sont hésitantes (!...) selon les endroits du port, et puis surtout parce que c'est glauque. J'avais un peu peur du mot glauque. Alors j'ai regardé la définition sur le dico : louche, sordide et sinistre. Ben c'est exactement ça. Du moins pour mon ressenti.

    Déjà, du sommet du piton rocheux, le port et la cité n'ont pas l'air engageants. Peut-être que le gris du ciel...

    Terracina

    Mais quand on s'approche, l'avant port est immonde, et l'arrière port aussi !

    TerracinaTout cela parait joli parce que je m'applique pour faire les photos... Mais les quais sont couverts de graffitis  obscènes. Ce n'est pas tant que ça me gêne, mais ça dénote aussi la faune que l'on peut, que l'on doit y trouver la nuit !...

    Passer ces détails qui mêlent l'ordre purement décoratif à celui du lien social (il a bon dos le lien social...), le chenal des pêcheurs est sympathique.

    Terracina

     

    Terracina

    Terracina

    Bon. Pour résumer, tout est dans le détail...

    Terracina

     En quittant TERRACINA, j'ai sympathisé avec Jean-Patrick, un quinquagénaire (ça va lui faire plaisir!...) qui parcoure l'EUROPE à vélo. Il en est à son 8 ème mois de pédalage, à mi parcours. Bon. On a mangé ensemble et il a dormi à bord.

    Le voilà au petit matin, frais comme un gardon. Quant à moi, j'ai plutôt l'air de... Bon je sais pas moi, d'un mec qui se réveille quoi !

    Terracina

    Il a un blog plein de  photos sur les lieux traversés et ces rencontres pluri-culturelles !

    Pour ceux qu'ça intéresse : poisson-aroulettes.blogspot.com

     A bientôt

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    RP
    Lundi 1er Février 2016 à 23:46

     

    Terracina  était une importante plaque tournante de la Reine des voies consulaires. Ses pavés retentissaient des pas de légionnaires, de marchands et de missionnaires qui remontaient du Sud et affluaient vers le cœur de l'Empire. Saint Paul a aussi traversé ce site pour se rendre à Rome en venant de Pozzuoli  . Cette portion de l'itinéraire du troisième voyage missionnaire de l'apôtre des nations est évoquée par le médecin Luc :

    12. Καὶ καταχθέντες εἰς Συρακούσας ἐπεμείναμεν ἡμέρας τρεῖς :       

    12. Ayant abordé à Syracuse, nous y restâmes trois jours.

     

    13. ὅθεν περιελθόντες κατηντήσαμεν εἰς Ῥήγιον, καὶ μετὰ μίαν ἡμέραν ἐπιγενομένου νότου, δευτεραῖοι ἤλθομεν εἰς Ποτιόλους

    13. De là, en suivant la côte, nous atteignîmes Reggio ; et, le vent du midi s'étant levé le lendemain, nous fîmes en deux jours le trajet jusqu'à Puozzoles

     

    14. οὗ εὑρόντες ἀδελφούς, παρεκλήθημεν ἐπ’ αὐτοῖς ἐπιμεῖναι ἡμέρας ἑπτά : καὶ οὕτως εἰς τὴν Ῥώμην ἤλθομεν.  

    14. où nous trouvâmes des frères qui nous prièrent de passer sept jours avec eux. Et c'est ainsi que nous allâmes à Rome.  

     

    ΠΡΑΞΕΙΣ ΤΩΝ ΑΠΟΣΤΟΛΩΝ 28    

    ACTES DES APÔTRES, chapitre 28

    De nos jours, le délabrement des lieux est si affligeant ! A tel point que l'on se demande si la splendeur du passé n'est pas définitivement révolue !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    RP
    Mardi 2 Février 2016 à 02:01

    Hospitalité se dit  φιλοξενία – ΦΙΛΟΞΕΝΙΑ    dans la langue d'Homère. Littéralement, c'est l'amour de l'étranger.

    L'étranger, ξένοςΞΕΝΟΣ    , c'est celui qui vient d'ailleurs, qui n'est pas de notre territoire, qui n'a pas notre culture. C'est le pèlerin fourbu, le visiteur égaré, le voyageur naufragé.

    Quant à l'amour dans    φιλοξενία – ΦΙΛΟΞΕΝΙΑ   , c'est l'amour   φιλία – ΦΙΛΙΑ  ,  qui n'est pas du tout un amour frigide ou tiède, mais un amour engagé et intense, un pur élan généreux.

     

     

    Dans une scène de l'Iliade, Homère montre l'importance insoupçonnée de l'hospitalité. Le livre VI décrit la préparation de deux guerriers : Glaucos, du camp des assiégés, les Troyens, et Diomède, du camp des assiégeants, les Achéens. Coup de théâtre sur le champ de bataille, sur l’initiative de Diomède : les deux adversaires découvrent que jadis, leurs familles étaient liées par un lien d'hospitalité ! Comment va réagir chacun des deux guerriers face à cette soudaine découverte ?

    Une fois de plus, c'est Diomède qui prend l'initiative en s'adressant ainsi à Glaucos :

     

    Τεύχεα δ᾽ ἀλλήλοις ἐπαμείψομεν, ὄφρα καὶ οἵδε

     

    γνῶσιν ὅτι ξεῖνοι πατρώϊοι εὐχόμεθ᾽ εἶναι.

     

    Vers 30 et 31

    « Mais échangeons nos armes, afin que tous apprennent combien nous honorons cette hospitalité qui jadis unissait nos pères. »

     

    La lutte est annulée.  Le combat singulier n'aura pas lieu. Aucun des deux combattants ne mordra la poussière. Ils font la paix, se donnent l'accolade et s'échangent les armes.

    L'hospitalité, que l'on dit sacrée sur les terres de l'Orient, est un legs honoré de génération en génération. Elle métamorphose l'affrontement des contraires, réconcilie les camps adverses et transforme le fracas des armes en douce cohabitation.

    L'hospitalité est une ouverture à l'autre, mais le geste n'est pas gratuit. Il exige une réciprocité : les deux guerriers ont échangé leurs armes. L'un a donné à l'autre quelque chose, et tous les deux ont donné. Ce qui compte, ce n'est pas l'exacte équivalence en valeur marchande ou en poids numéraire, mais la même sincérité et la même implication de la part de chaque donateur.

    L'hospitalité n'est viable que dans un monde de réciprocité. Dans le libre consentement, personne ne profite de personne, personne ne lèse personne. Vivons-nous actuellement dans un monde de réciprocité ?

    Dans l'Antiquité grecque, l'hospitalité était naturelle. C'était une règle de vie, un code d'honneur. Honneur de la parole. A notre époque, nos sociétés nous prescrivent-elles d'être des femmes et des hommes de parole ?

    L'hospitalité était sacrée dans la Grèce antique, parce que le Maître de l'Olympe était le Dieu de l'hospitalité. Les Grecs disaient                        

    Ζεύς ξένιος ΖΕΥΣ ΞΕΝΙΟΣ   , Zeus protecteur des hôtes et garant des règles de l'hospitalité. La sacralisation de l'hospitalité était une façon d'être cohérente avec la définition de l'Olympe.

    Mais " sacré " ne veut  pas dire " inviolable " ni " inviolé ".

    Pâris, le golden-boy troyen en visite à Sparte, est ouvertement accusé par Hérodote d'avoir violé l'hospitalité de son hôte , Ménélas, et de provoquer ainsi la guerre de Troie. Le visiteur a volé ce que le maître des lieux avait de plus cher, son épouse, une certaine Hélène ! Et toute une série de conflits et de catastrophes en a découlé, de cette hospitalité bafouée ! Dix ans pour conduire et gagner la guerre, et dix autres années pour le retour au pays de certains. Ulysse, puisqu'il est temps de le nommer, débarque enfin à Ithaque. Mais son palais est infesté de prétendants qui veulent le trône et la reine, coûte que coûte. Pour parvenir jusqu'à la salle du trône le jour du festin, Ulysse s'est déguisé en mendiant et a demandé à manger à la même table que les prétendants. C'est la loi de l'hospitalité qui a interdit à ceux-ci  de refuser la requête du mendiant. Ainsi Ulysse a su manœuvrer à son avantage la prescription  de la                                    

    φιλοξενία – ΦΙΛΟΞΕΝΙΑ   pour pénétrer jusqu'au cœur du dispositif de la révolte et massacrer tous les usurpateurs.

     

     

    L'hospitalité, c'est l'or. Mais toute pièce d'or a son revers.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    PAMIOT Profil de PAMIOT
    Mercredi 3 Février 2016 à 04:03

    Dans les vers 232 à 236 du livre VI, l'Iliade donne des détails sur l'échange des armures entre                           

    <cite> Γ</cite>λαῦκος ΓΛΑΥΚΟΣ  , le Troyen, et                                 

    <cite> Δ</cite>ιομήδης ΔΙΟΜΗΔΗΣ  , l'Achéen :

     

     

    Ὣς ἄρα φωνήσαντε καθ᾽ ἵππων ἀΐξαντε

     

    χεῖράς τ᾽ ἀλλήλων λαβέτην καὶ πιστώσαντο·

     

    ἔνθ᾽ αὖτε Γλαύκῳ Κρονίδης φρένας ἐξέλετο Ζεύς,

     

    ὃς πρὸς Τυδεΐδην Διομήδεα τεύχε᾽ ἄμειβε

     

    <cite> χρύσεα χαλκείων, </cite><cite>ἑκατό</cite><cite>μβοι᾽ </cite><cite>ἐννεα</cite><cite>βοίων. </cite>

     

    " Ayant ainsi parlé, ils sautent de leurs chars, se prennent les mains, engagent leur foi. Mais, à ce moment-là, Zeus, fils de Cronos, ravit la raison à Glaucos, qui troque son armure avec Diomède, le fils de Tydée, en lui donnant de l'or contre du bronze - la valeur de cent bœufs contre celle de neuf ! "

    A l'époque d'Homère, le bœuf était l'étalon de richesse. L'armure de Glaucos en valait cent, mais celle de Diomède n'en valait que neuf ! !

    Étrange arithmétique qui défie les lois de l'égalité et de l'équilibre. Glaucos aurait perdu au change. N'a-t-il pas été berné par Diomède ? Nullement. L'hospitalité, prescrite par Zeus lui-même, n'a rien à voir avec le décompte pointilleux des apothicaires. Diomède a proposé l'annulation du duel et l'échange des armures en souvenir de l'hospitalité qui jadis unissait les deux familles. Ce lien de générosité et de confiance mutuelle était un bien inestimable, c'est-à-dire loin au-dessus de toute comptabilité, qui sous prétexte d'être rigoureuse, ne fait que refléter un esprit étriqué et un cœur méfiant.

    La reconnaissance et l'appréciation de ce bien inestimable qu'est l'hospitalité n'ont été possibles que grâce à la piété filiale de chacun des deux guerriers. Le respect de la parole des ancêtres ne se décide pas par impulsion, il est le fruit d'une éducation.

    Pour le présent, en découlent d'autres biens inestimables : la vie sauve et la paix.

    Pour faciliter l'acceptation de Glaucos, Zeus en personne est intervenu en donnant à ce dernier le vertige et a introduit une transcendance du maniement habituel des quantités. Les nombres n'ont de valeur que celle que l'on veuille bien leur accorder.

    Que Diomède soit donc loué pour sa lucidité, sa promptitude à se saisir du véritable enjeu, et son art de la persuasion ! Grâce au ciseau du talentueux                                                                                                                                                                      

     

    <cite> Κρησίλας</cite><cite> </cite><cite></cite><cite>ΚΡΗΣΙΛΑΣ  </cite>, il est encore possible de rencontrer le regard lumineux et déterminé de Diomède.

     

     

    Belle leçon aussi sur l'exercice du libre arbitre. Bien sûr, la guerre avait lieu devant Troie et suivait son cours. Mais il était possible pour des individus de l'interrompre à leur niveau. Si l'on ne peut échapper à son destin, on peut toujours l'infléchir ou le corriger.

    C'est pourquoi de vifs encouragements t'ont été donnés pour entreprendre ce voyage d'hiver, afin que tu prennes connaissance de ton destin et que tu apprennes à le forger.                      

     

     

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