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Suite de la suite de l'épilogue !
C'est incroyable ! Le compteur de mes (fervents ?) lecteurs (et trices) ne cesse de progresser alors que je n'écris presque plus. Faut dire que la période n'est pas propice : il fait froid, le bateau est à sec, moi aussi (...), la Grèce est loin, je suis quasi désœuvré, et en plus je suis en Bretagne, dans le pays des irréductibles ! Ou des fous. Ou des 2 à la fois...
Bon. Alors. Comme le compteur vient de dépasser les 5000, pour vous remercier, je vais vous concocter une p'tite mise à jour ! Une bafouille quoi. Un p'tit truc à se mettre sous la dent, le temps que le voyage redémarre ! Mais ça, c'est quand même pas pour tout de suite, immédiatement ni à présent. C'est pour, euh..., disons dans quelques mois. Quelques dizaines de mois. Avec un "S" à dizaine ! Bon. Je parle ici d'un nouveau départ... Pas de quelques ronds dans l'eau.
Bon. Allez. Trève de bavardage.
Alors, la Bretagne, c'est comment ?
Y'a quand même beaucoup d'eau ! Y compris dans le ciel. Heureusement qu'il y a aussi des bateaux hauts en couleur... Comme pour contrebalancer le gris d'en haut !...
En même temps, y sont bien obligés de peindre les barques avec des couleurs vives, s'ils veulent les retrouver quand il bruine ou qu'il fait brouillard !
Y'a beaucoup d'eau, sauf quand l'eau s'est retirée. Paraîtrait que c'est la faute à la Lune ! Un truc du genre je t'attire..., et puis non ! Un truc avec des forces et des poussées qui fait que l'eau n'est jamais au bon endroit !
Et quand l'eau est revenue, elle est souvent grise. Ou verte. Ou marron. Ou caca d'oie. Bleue ? Ben..., pas souvent !!! Et odorante aussi. Alors là, oui ! Elle sent. Elle sent pas la crème à bronzer, comme la Grande Bleue... Non. Elle sent la vase. Elle sent les algues. Paraîtrait qu'il y a des gens qui aiment ça ! Y viennent même exprès pour ça ! Non... J'vous ai bien dit que j'étais en Bretagne !
Bon. En Bretagne, on trouve quand même de jolies barques qui prennent plaisir à se mirer dans l'eau.
On trouve aussi des p'tits cargos rutilants de peinture.
Et puis il y a toujours des bateaux qui finissent pas se confondre avec la terre elle-même.
Et puis, ici, j'ai même vu un bateau en train de se grignoter un bout de ponton ! Non, mais franchement... Faut les attacher serré, hein ?!
Y'a aussi des trucs bizarres... Jugez plutôt : des coins de mer improbables où tu te demandes comment y z'ont bien pu y amener un bateau !
Des coins paumés où même la mer doit hésiter à entrer ! Alors, oui. Quand tu as ton bateau ici, faut pas se dire que tu vas pouvoir te faire un p'tit week-end tranquille au large, quand tu veux ! Déjà, faut réussir à trouver la sortie ! Et puis bien sûr, avoir la chance que l'eau soit au rendez-vous !...
Et puis, il y a des trucs encore plus incroyables ! Par exemple. Vous me croyiez si je vous dis que pour gagner le petit port du MINAOUET, faut passer entre les cailloux que l'on voit devant ? Ben c'est vrai ! Là, ils accueillent des bateaux jusqu'à 3 mètres de tirant-d'eau. Mais faut pas non plus vouloir improviser une petite ballade !!! Tu ne peux entrer ici (et donc en sortir) qu'avec des coefficients de marée de 110 et plus. Bon. Seulement quelques fois dans l'année, quoi ! Ah, ben oui, c'est la Bretagne !
Bon. Je suis quand même un peu injuste avec ce pays breton. Bien sûr, il est gris. On ne peut pas le nier ! Mais le gris est parfois bleuté, et ça devient vraiment beau. C'est le gris de POUSSIN. Pas la bestiole, hein ? Le peintre du Louvre !
Et puis des fois, même le ciel est bleu ! Alors la mer aussi. Forcément ! Et là, ça devient de mieux en mieux. Dommage qu'il fasse froid ! Ben oui... On peut pas tout avoir.
Enfin, y'a de très beaux sentiers...Avec toujours une surprise dans un recoin.
A bientôt.
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Commentaires
2RPDimanche 30 Octobre 2016 à 23:42La Bretagne, levier temporel et pièce maîtresse de l'échiquier du voyage initiatique.
C'était au cours de l'intermède breton qu'a germé l'idée d'étendre le périple hivernal jusqu'à la belle saison. Bénies soient la halte à Sommecaise et la première installation à Concarneau, au cours desquelles a vu le jour l'intention d'adjoindre à la Mer Tyrrhénienne la Mer Ionienne, la Mer Adriatique et la Mer Égée !
L'intermède breton a donné au capitaine l'audace et la sagacité de convoquer le καιρός – ΚΑΙΡΟΣ . Sans le καιρός – ΚΑΙΡΟΣ enfanté par l'intermède breton, le Zeph n'aurait pas découvert l'exquise présence de Siri et Nicolas à Missolonghi, ou de Danielle et Alberto à Corfou.
Matrice qui a accouché d'un magnifique καιρός – ΚΑΙΡΟΣ , la dimension temporelle de l'intermède breton était elle-même un sublime καιρός – ΚΑΙΡΟΣ !
3RPMardi 1er Novembre 2016 à 09:09Premières paroles de nos hôtes en Bretagne, après les salutations de bienvenue : " Vous avez vu ces coings ? " La fierté de la maison qui nous accueille n'est pas l'azur du ciel, ni l'iode de la mer, mais la fertilité de la terre et la fécondité du jardin.
Les coings, c'est-à-dire les pommes originaires de κυδωνία – ΚΥΔΩΝΙΑ . Ainsi la Crète s'invite à Concarneau.
Il y a la Bretagne de l'intermède et la Bretagne de l'épilogue.
Grâce à la Bretagne de l'intermède, nous sommes venus jusqu'en Grèce. Grâce à la Bretagne de l'épilogue, c'est la Grèce qui vient jusqu'à nous.
Grèce, tu nous réjouis toujours !
Bretagne, comme nous te sommes redevables pour ta sollicitude !
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Vendredi 4 Novembre 2016 à 04:16
J'aime beaucoup cette dernière photo d'une cabane enfouie sous les bananiers. Mais depuis quand la Bretagne se met-elle à ressembler aux Antilles ? je veux bien qu'il y ait la dérive des continents, mais pas à ce point !!!
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RPVendredi 11 Novembre 2016 à 23:21
Digression en marge du périple égéen. La botanique donne à voir l'hospitalité de la terre bretonne, qui héberge et prend soin des espèces originaires d'autres horizons. L'accueil de l'étranger n'est donc pas le propre de l'homme. En prescrivant aux humains le devoir sacré de l'hospitalité, Zeus ne fait donc que leur enjoindre de se conformer à la pratique du partage et de la générosité déjà en vigueur dans le cosmos ambiant. La symbiose entre végétaux est une belle leçon de cohabitation dans la paix, l'harmonie et la prospérité.
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4RPMercredi 2 Novembre 2016 à 23:18Dimanche dernier, la terre a tremblé en Italie.
Le Zeph n'a su la nouvelle que très tardivement. Mais le retard de l'information n'entame pas la vive émotion qu'il ressent. De tout cœur, il s'associe à ses amis qui résident dans la péninsule et fait sienne l'angoisse de leur attente.
Dans la capitale, le séisme a provoqué des lésions sur la façade de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs. A ses amis romains, Danielle et Alberto, le Zeph adresse ses pensées les plus affectueuses en leur souhaitant une heureuse issue face à cette terrifiante mobilité du sol.
Mais quelle divinité était-elle ainsi en furie ?
Dans l'Hymne homérique n° 22, Poséidon porte l'épithète Ἐννοσίγαιε – ΕΝΝΟΣΙΓΑΙΕ , qui signifie " ébranleur du sol ". Avant d'être le dieu des mers, Poséidon était d'abord le dieu des tremblements de terre !
Subtile continuité entre les effusions d'empathie au-dessus des flots de Corfou et le devoir de solidarité devant le séisme de dimanche, grâce à l'explication du cosmos par l'Antiquité grecque !
5RPSamedi 12 Novembre 2016 à 00:54La dame de Sommecaise s'étonne qu'il y ait eu une contribution de sa part dans le redéploiement de l’itinéraire du Zeph pendant l'hiver dernier. C'est tout à son honneur si sa participation était à son insu, c'est-à-dire complètement désintéressée.
Il a été dit que le projet d'extension du périple du Zeph a été enfanté au cours de l'intermède breton. Or, la halte à Sommecaise faisait partie intégrante de cette phase féconde.
Qu'est-ce qui constituait le facteur déterminant de cette fécondité ? Le contexte géophysique ? C'est possible. L'environnement humain ? Sans aucun doute. Le facteur déterminant était le climat rencontré en Bretagne. Le climat, non pas en tant que conditions de pluviométrie et de vent, mais en tant qu'énergie positive dopant la confiance et stimulant l'initiative.
Le verset 17 du chapitre 27 du livre des Proverbes, cité en septembre dernier au sujet du " festin de Missolonghi ", dit :
σίδηρος σίδηρον ὀξύνει ἀνὴρ δὲ παροξύνει πρόσωπον ἑταίρου
" Le fer s'aiguise par le fer. Ainsi un homme aiguise le visage d'un autre. "
Ce proverbe a aussi trouvé son accomplissement pendant l'intermède breton. C'était grâce à des contacts humains féconds que le capitaine du Zeph a aiguisé sa curiosité pour de nouveaux horizons, au point de pousser sa navigation au-delà de la légendaire passe gardée par les deux monstres homériques Charybde et Scylla.
L'engagement spontané et la présence bienfaitrice de la dame de Sommecaise étaient illustrés par les ex-voto qu'elle a offerts à Dionysos, si expert dans l'art de faire danser la vie, sur terre ou en mer : un Haut-Médoc du Château Clément-Pichon Cru Bourgeois 2010 pour l'intermède de l'hiver dernier, et un Médoc du Château Moulin de l'Abbaye 2010 pour l'épilogue de la belle saison.
6RPLundi 14 Novembre 2016 à 10:55L'esprit du Zeph avait coutume de s'arrêter à Concarneau quand il se rendait en Bretagne. Mais il arrive aussi que le Zeph rencontre la Bretagne ailleurs qu'à Concarneau. En septembre dernier, c'était même dans les Yvelines que le Zeph a renoué ses liens avec la Bretagne.
En effet, à peine le Zeph était-il sorti de l'eau que son capitaine et l'équipage étaient conviés à de belles agapes en raison de certains liens de famille, mais aussi pour honorer l'exploit d'un " tour du monde " antique, à la manière des Anciens.
D'ordinaire, les mots naissent et fleurissent dans le sillage, côté poupe. Mais quand la parole prend les devants pour éclore et se disséminer avant l'apparition du Zeph ou de son équipage, il ne s'agit plus de chronique mais de renommée.
La renommée a ses relais pour répandre et amplifier ses effluves élogieux.
Bastien, présent aux agapes, était un de ces formidables relais.
Bastien a des ascendants bretons, connaît le monde égéen grâce aux projets parentaux, et se transporte volontiers dans le rêve éclos du Zeph.
Circumnavigation. Faire le tour de la Méditerranée, le tour du monde antique, le tour de soi-même. Tout cela passionne Bastien.
Bastien est enthousiaste, émouvant de spontanéité et de sincérité.
Le Zeph a bien de la chance de disposer des services d'un tel héraut !
Grâce à Bastien, le Zeph a eu l'immense privilège de prendre conscience que l'enjeu se trouvait aussi à l'avant de la proue, et pas seulement dans le sillage.
L'air amusé et heureux, le capitaine du Zeph contemplait le ballet des commensaux qui, entre deux hymnes à la vie ou deux bouchées gourmandes, faisaient vibrer l'éther avec des murmures chargés d'admiration pour la circumnavigation du Zeph.
Autre modalité de reconnaissance, autre lieu pour l'exprimer. Concarneau pour les souvenirs du sillage, côté poupe. Voisins-le-Bretonneux pour les flagrances suaves de la Renommée, devant la proue.
Cherchez Bastien parmi cette multitude de personnes de bonne volonté.
C'est l'être qui a le plus d'allant, d'élégance et de dévouement.
Sublime représentation de la Bretagne en direction du monde égéen !
7RPMardi 15 Novembre 2016 à 15:01L'épilogue tarit si le sujet de préoccupation est la plage de sable fin. L'extase s'évanouit si elle naît de la lumière des rivages ensoleillés. Le bonheur se désagrège au milieu des algues périssables quand il se confond avec la joie à table.
Par bonheur, ces écueils ont épargné le Zeph !
Non seulement l'épilogue survit, mais il prospère même, grâce à des Nicolas de Freja qui ont vibré et vibrent encore pour le texte de la chronique. L'épilogue est alors l'épilogue de l'amitié fidèle, et non du sable fin.
L'extase préserve sa splendeur grâce à des Bastien de Voisins-le-Bretonneux, qui sont les hérauts de la Renommée, par leur empathie immédiate et leur émouvante disponibilité. L'extase est alors l'extase du dévouement sans bornes, et non des rivages ensoleillés.
Le bonheur se renouvelle de saison en saison, grâce à des Jérôme de Port-Saint-Louis, qui font bénéficier le Zeph, avec prodigalité et désintéressement, de l'assistance technique d'un homo faber expérimenté. Le bonheur est alors le bonheur de la solidarité efficiente, et non de la nourriture à table.
Merci à Jérôme d'être revenu pour prendre des nouvelles du Zeph.
La visite impromptue de Jérôme coïncidait avec le premier anniversaire de la mise à l'eau pour le voyage initiatique. Visite impromptue, c'est-à-dire voulue par les divinités avec un effet surprise. Autrement dit, Jérôme était le messager des divinités. Et de quel message était-il porteur de leur part ?
Jadis, Jérôme apportait la lumière de la sortie d'un tunnel, celui des interminables travaux de la coque. Quelle lumière apporte-t-il à présent ?
Jérôme apporte la lumière qui annonce la métamorphose de l'épilogue en prologue !
8RPJeudi 17 Novembre 2016 à 15:34Abandon officialisé sur le Vendée Globe depuis 24h.
Avarie : casse de la tête de mât.
Intervention du skipper : ascension dans le mât.
Déclaration du skipper : " Lorsque la tête de mât s'est arrachée, les drisses ont découpé le mât de part et d'autre, le mât peut donc à tout moment s'ouvrir en deux " !
Dans leur bienveillance, les divinités ont épargné au Zeph ce genre de mésaventure, malgré l'impressionnant orage entre Messine et Crotone, malgré les sombres intentions du Cap Tainaro qui avait la réputation d'être l'une des Portes de l'Enfer, malgré la perfidie du Cap Maléa qui a déclenché les dix années d'errance d'Ulysse, malgré le déchaînement paroxystique des éléments pendant l'interminable Nuit de l'Horreur, à l'approche de Sorrento.
Le καιρός – ΚΑΙΡΟΣ n'est pas et ne sera jamais une conséquence de la technique, quel que soit le degré de fiabilité de celle-ci.
9RPVendredi 18 Novembre 2016 à 13:16Vendée Globe. Tour du monde sans escale et sans assistance technique.
Quelle vertu cherche-t-on ainsi à mettre en valeur ?
L'endurance, sans aucun doute, puisqu'il faut tenir bon, des semaines et des mois durant.
Mais comment tenir bon si les cales sont vides ?
C'est donc l'autonomie qui est visée.
Non pas l'autonomie d'un instant, mais l'autonomie dans la durée. Non pas l'autonomie d'un soir ou d'une journée, mais l'autonomie pour des semaines entières, pour plusieurs semaines consécutives.
Déploiement spectaculaire d'une autonomie véritable, absolue, infaillible.
Sport de l'extrême certes, mais sport de la pureté intransigeante, où le face-à-face avec la mer est un face-à-face avec soi, sans fard, sans intermédiaire, sans tricherie possible. Rien de tout cela dans une croisière !
Aucun des marins arc-boutés sur leurs fougueux destriers, qui viennent de franchir l'équateur ou qui vont le faire, ne commettrait l'incongruité de dire qu'ils sont en train de faire une croisière !
La question de l'autonomie a toujours été au centre de la chronique de Zéphyros 2. C'est pourquoi le cœur du Zeph vibre intensément avec l'extraordinaire épopée que vivent ses grands frères, de l'autre côté des colonnes d'Héraklès.
10RPSamedi 19 Novembre 2016 à 11:43Vendée Globe. Voile en lambeaux au septième jour de la course. Usure précoce pour cause d'usage intensif, hautement corrosif. Le skipper venu de l'empire du soleil levant perd un atout, renonce à l'accomplissement d'un rêve et se résigne derrière un sourire.
Le capitaine du Zeph n'avait pas à s'étonner des stigmates laissés dans les voiles par dix mois d'exposition, de friction, de lutte et de défi. La propulsion est immanquablement cause d'érosion.
Avant la mode des destriers de la mer, il y a eu la lubie des coursiers terrestres, abondamment sollicités eux aussi, pour relier Paris et Lyon en suivant le Canal de Briare, puis Bordeaux et Sète en suivant le Canal du Midi.
Là encore, il y a eu sur-exploitation des moyens de propulsion. A la fin de la double randonnée, les pédales ont littéralement explosé !
11RPSamedi 19 Novembre 2016 à 17:50OSARE DURARE VINCERE
OSER DURER VAINCRE
Triptyque de l'audace, de la persévérance et de la victoire.
La devise découverte par hasard sur les murs des docks de Messine n'a pas attendu le mélange des eaux de la Mer Tyrrhénienne avec celles de la Mer Ionienne pour être fonctionnelle. Maintes fois citée en exergue pour assurer la continuité de l'effort, elle était déjà à l’œuvre dès les débuts du voyage initiatique.
Oser. D'abord, oser faire. C'est ce qui a eu lieu quand le capitaine du Zeph a décidé de quitter Port Napoléon l'an dernier, malgré la menace de l'hiver.
Mais aussi, oser dire. Audace du geste, mais aussi de la parole.
Il y a un an, à pareille époque, le Zeph était à Genova. La confrontation avec les eaux ligures a permis au capitaine de prendre conscience que les ports pouvaient aussi être des pièges mortels. Il fallait de l'audace, et beaucoup d'audace, pour relater, oralement et par écrit, cette découverte. C'était la première déclaration fracassante de la chronique, le premier enseignement fondamental de cette navigation.
D'autres déclarations audacieuses suivront, comme celle qui affirme que l'esprit de la navigation est fondamentalement différent de l'esprit de la croisière. Audace verbale à l'époque des premières escales, mais évidence dans le contexte de ces jours-ci, en plein Vendée Globe!
Affectueusement, la cité ligure qualifie son phare portuaire de " lanterne ". Une lanterne qui a vu défiler neuf siècles d'histoire et qui éclaire la terre et la mer à plus de 100km à la ronde. La " lanterna " est le symbole de Genova. Et les divinités ont choisi les rivages de la " lanterna " pour donner au capitaine la lumière révélée concernant le piège mortel des ports. Cette lumière révélée ne quittera plus jamais le capitaine dans ses prospections ou dans ses prises de décision. Lumière de la prévention, lucidité en amont.
Bénie sois-tu, Genova, toi qui continues de faire luire dans le giron du Zeph la lumière salvatrice de ta " lanterna " !
La rétrospective d'un voyage est-elle un voyage ? Évidemment ! C'est celui de la profondeur et de la densité, à condition que l'on ait œuvré en amont pour conférer à chaque instant présent, profondeur et densité. C'est le voyage de la réflexivité. La rétrospective d'un καιρός – ΚΑΙΡΟΣ est encore un καιρός – ΚΑΙΡΟΣ , mais si délicieux !
12RPLundi 21 Novembre 2016 à 18:27" Il ne se passe plus rien ! ", pourraient dire certains au sujet des activités du Zeph.
Faut-il agir pour vivre ? Faut-il bouger pour exister ? Nullement.
Les amis du Zeph ne sont pas à l'affût du récit de la mobilité. Ils veulent seulement savoir si le Zeph se porte bien, et la bonne santé du Zeph leur permet d'espérer qu'ils le reverront bientôt. Ils se réjouissent de savoir que le souvenir des excellents moment de partage continue de nourrir la mémoire du Zeph, et cette mémoire vivifiée fortifie leur espérance.
Parmi ceux qui donnent une seconde vie aux événements, après la consommation de l'immédiateté, et qui œuvrent à la fécondité et à la vivacité de la mémoire, il y a Jérôme de Port-Saint-Louis, être de lumière et de spiritualité.
Jérôme est le seul à m'avoir délivré d'une interrogation obsédante, qui ne cessait de m'assiéger après la visite du Monastère du Grand Météore. Avant cette visite, tous les Pantocrators présentaient dans un mouvement ascendant les doigts de la bénédiction. Pourquoi sous la coupole centrale du Grand Météore, ce mouvement est-il inversé ? Maintes fois, votre serviteur a confié à son entourage le tourment d'une question sans réponse. Auditoire distrait ou indifférent ? Jusqu'au jour où Jérôme, le philosophe voyageur, m'a tout de suite répondu, avec beaucoup d'humilité, que la direction des doigts baissés indiquait le pouvoir et la maîtrise du temporel.
Lumière immédiate, convaincante, diffusée avec délicatesse et raffinement. C'est l'art et le talent de l'aquarelliste.
Quand Jérôme a tendu au capitaine l'outil qui allait simplifier et accélérer les travaux de la quille, c'était aussi avec beaucoup de douceur, sans emphase ni ostentation. Raffinement du geste, raffinement de l'être.
Le Pantocrator aux doigts baissés est inaccessible à la lumière des technologies modernes, pour cause de propriété privée du Monastère. En revanche, dans la cour centrale, une réplique est généreusement offerte au visiteur. Les doigts bénissant ne sont pas dans leur position verticale habituelle, même s'ils n'ont pas l'originalité de la coupole centrale.
Le Zeph a une dette envers Jérôme, pour l’assistance technique.
Votre serviteur aussi a une dette envers Jérôme. Dette personnelle, pour l'assistance éthique.
Jérôme est un magicien de la résurgence. Résurgence du sens avec le Pantocrator du Grand Météore, mais aussi résurgence des années de jeunesse, en empruntant la route de l'Est, non pas l'Est de la Méditerranée, mais l'Est Extrême qui s'appelle Mer de Chine. Témoin de ce voyage inopiné et émouvant, la table du souvenir, où apparaissait le jus extrait de la mer, salé par définition, et enrichi d'ail et de piment.
Une nouvelle passerelle attend-t-elle encore sa finition ? Qu'à cela ne tienne ! Le pont baigné de lumière naturelle, le carré illuminé par la " lanterna " ligure, le corps tout entier du Zeph étaient disponibles pour servir de passerelle entre la côte égéenne et le rivage de l'An Nam 安南 . Dans ce retour à la Mer de Chine, l'imagination voguait avec bonheur sous l'impulsion de Jérôme, héritier d'un illustre connaisseur de l'Orient Extrême.
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Troisième anniversaire de l'émergence du Zeph hors des langes administratifs.
Il y a trois ans, à pareille époque, le verdict de l'expert était très attendu.
On voulait savoir si le Zeph avait une bonne constitution, une charpente solide et des entrailles saines. L'auscultation a eu lieu en contrebas du Fort Carré d'Antibes. Puis l'épreuve de flottabilité s'est déroulée entre le Port Vauban d'Antibes et le Port Camille Rayon de Golfe-Juan.
Les résultats de l'examen étaient plutôt satisfaisants.
La présence de deux anges gardiens était une source de réconfort inestimable.