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Par Toutatis, où par Mercure, je ne sais plus, mais c'est une drôle d'histoire !...
Y'a un truc bizarre qui m'est arrivé. Comme un flash d'une intensité inouïe. J'ai perdu connaissance et mon corps ne m'appartenait plus ! J'étais comme transporté. D'ailleurs, j'ai été transporté. La preuve :
On ne voit pas bien tellement la lumière est éblouissante. J'ai senti comme une vague spatio-temporelle qui m'emportait, et malgré tous les efforts que je faisais pour demeurer éveillé, conscient, rien n'y faisait ... J'ai pu capter encore une brève image dans un sursaut de lucidité. Mais là encore, l'image est comme dissoute !
Et puis la lumière intense, aveuglante, a soudainement disparue, faisant place à une lumière quasi crépusculaire. Avec une volonté presque surnaturelle, je m'en étonne encore moi même, j'ai pu saisir la transition. Un bref moment où, s'il ne fait plus tout à fait jour, il ne fait pas encore tout à fait nuit ! Et c'est dans ce laps de temps ridiculement court que je me suis vraiment senti ailleurs. C'est pour cette raison, et à cause de cette image, que j'ai dit, en préambule, que j'ai été transporté. Sinon, comment expliquer tout cela d'une manière rationnelle ?
Peut être qu'à force de voir des ports romains partout, j'ai fini par je ne sais quel prodige, à y rejoindre mes ancêtres...
La suite se passe dans un clair obscur, où plutôt une obscure clarté qui me permet de deviner des formes, des contours, ...
Et parfois même, il me semble distinguer des personnages !...D'où sortent-t'ils ? Ont-ils été emportés avec moi par la vague jusque dans cet autre temps ? Où font-ils parti de cet autre temps ? J'avoue que la réponse m'effraie un peu.
Et puis il y a un homme, surgi de nulle part. Il est immobile. (En même temps, avec la photo, c'est difficile de faire autrement !). Il me montre le chemin d'une manière incisive.
Et il me dit : "Ze suis Zules (il zozote un peu, comme Clémence), et le chemin est par là!"
Forcément, moi, disciple discipliné, je suis la direction que Zules (ou Jules, c'est selon) me montre. Et que ne vois-je pas ? Un homme qui étrangle tellement son cheval qu'il lui fait recracher toute l'eau qu'il venait de boire (Je parle du cheval, évidemment).
Je n'ai pas eu le temps de m'indigner, parce que c'est à cet instant précis où le cheval semble expirer que, comme par magie, je me retrouve à bord du ZEF, le soleil brille, la mer est bleue, et devant c'est le port de NETTUNO. J'espère que l'escale sera plaisante !
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Tags : rome, croisière, zephyros
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Double invocation. Par Toutatix, le Gaulois. Puis par Mercure, le Latin, sosie d'Hermès, le Grec ; tous les deux, farceurs, espiègles et roublards. Tu te mets sous les bonnes tutelles pour enclencher ton projet et dérouler ton discours.
Première vision décrite : le Colisée, avec sa couronne impressionnante, vue de profil. Lieu de spectacle par excellence, et pour le peuple, et pour les gouvernants. Belle entrée en matière de ta part. Qu'a-t-on après le lever des rideaux et les trompettes ?
Le char de la Victoire, au-dessus du Mémorial de Victor Emmanuel. Une entrée triomphale, donc. Qu'y aura-t-il ensuite dans la procession ?
La Curie romaine, vue de dos. Emblème du pouvoir. Siège du Sénat romain. C'est de là qu'est lancée la déclaration de guerre contre Cléopâtre, parce qu'Octave venait de révéler que Marc-Antoine voudrait être enterré à Alexandrie et non à Rome.
Puis le forum s'obscurcit à deux reprises avant de t'offrir la silhouette d'Octave, maintenant devenu empereur. Tu l'appelles Jules et tu le fais zozoter. Humour gaulois sans doute, sous l'influence de Toutatix, invoqué tout au début. C'est vrai, on peut être empereur romain et avoir des difficultés d'élocution. C'était le cas de Claude, qui a régné entre Caligula et Néron, dont tu as rappelé le lieu de naissance à l'occasion de ton excursion à Anzio. Quant à Octave lui-même, il souffrait de maux de ventre, mais ces douleurs ne l'ont pas empêché d'être un brillant orateur et d'enflammer le Sénat romain. Tu lui donnes le prénom de son grand-oncle maternel, Jules César, le seul et l'unique. Lapsus, évidemment. Lapsus, volontaire ou involontaire, qui s'échappe souvent de la bouche de visiteurs qui confondent les forums, les statues, les cuirasses, les visages. Dans ton cas, effectivement, Octave a gardé de son grand-oncle maternel, non pas le prénom de Jules, mais le titre de César. En effet, un mois seulement après l'assassinat de Jules César, Octave s'est fait appeler César, et quand il deviendra empereur, ce sera César Auguste.
Tu as bien de la chance que César Auguste t'ait montré le chemin. Quel chemin t'a-t-il montré ? Celui qui mène à la fontaine des tritons, devant la gare Roma Termini. C'était ton premier contact avec la cité impériale - le contact que l'on dit initiatique, ta toute première découverte lors de ton tout premier voyage à Rome ! Tu prêtes au triton de la fontaine le geste de la strangulation. Quelqu'un est mort par strangulation, par ordre de Jules César : c'était Vercingétorix.
Toutatix en invocation initiale, strangulation de Vercingétorix en vision finale. Beau chemin circulaire, belle boucle qui se referme. Cette circularité est-elle un hasard ? Apparemment. Mais ceux qui savent que tu t'apprêtes à rentrer en Gaule diraient que non, que cette circularité n'est pas un simple hasard.
Le rêve, même conçu sur le mode de la plaisanterie, ne déroge pas à la règle de l'énonciation des vérités premières, peut-être enfouies, mais toujours vivaces. La succession des scènes de lumières éblouissantes, puis de ténèbres étranges, puis de lueurs ambrées converge finalement vers la première émotion, pure et ingénue, du voyage qui rencontre pour la première fois le cœur de l'Empire.
Comme ton cœur battait fort, très fort, quand tes yeux découvraient pour la première fois l'étendue du forum à partir des hauteurs du Palatin ! Alors, ce n'est pas du tout étonnant que tout ce forum constitue la matière première de ton songe burlesque et de ta méditation nocturne.
Tu fais le vœu que la halte à Nettuno soit plaisante et tu formules ton vœu avec des images de Rome, l'étape suivante. C'est à Rome que tu pensais confier le Zeph pendant ton retour en Gaule. Ton désir de Rome est si fort qu'il a provoqué et envahi le songe à 3h du matin ! Et la géographie moderne va dans le sens de ton rêve éveillé : Nettuno fait partie de la "métropole Roma Capitale", qui est la plus importante des dix " métropoles " qui constituent le territoire de l'Italie du XXIè siècle. Donc, sur le plan administratif, il n'est pas incohérent de rêver de Rome à ce point quand on est à Nettuno. Mais, sur le plan personnel, le vœu pour Nettuno, c'est la voix consolatrice de la conscience tandis que l'attachement à Rome, c'est l'expression irrépressible de l'inconscient.
En plaisantant, tu simules, sans le savoir, ce qui arrivait à Énée chaque fois qu'il avait à affronter un tournant décisif de son histoire. D'où te vient cette inspiration de te comporter comme au temps de l’Énéide ?
Au cours de la nuit qu'il passe dans la demeure de son père, Énée voit en songe le fantôme d'Hector se présentant sous l'aspect du guerrier vaincu, marqué par les blessures de ses combats devant Troie. Énée l'interroge avec un certain espoir mais sans se défaire de sa tristesse et de son découragement. Hector affirme que Troie est irrévocablement perdue. Il conseille à Énée de fuir avec les Pénates de la ville, pour les établir, après un long périple sur mer, dans une ville nouvelle. (Énéide, chant 2, vers 268-297)
Ton humour montre que tu n'es pas d'humeur chagrine, et que tu maîtrises la déception de ne pas atteindre Rome avant ton départ en Gaule.
Ça, ça s’appelle un commentaire !...