Pour le 1er mai, l'Aventy a envoyé du muguet de son jardin au Zeph :

Joli bouquet qui exhale l'agréable odeur de la prospérité d'une amitié.

Quelque temps auparavant, l'Aventy s'est ému des moments difficiles que traversait le Zeph quand le chauffe-eau était tombé en panne. Pour remercier l'Aventy, le mousse lui a envoyé une photo qui évoquait une sortie de tunnel :

La photo a été prise à la sortie du tunnel qui se trouvait au Sud de la darse de Savona, sur le littoral ligure.

Au premier plan, se reconnaissait sans peine le bouquet de narcisses qui nous a accompagnés depuis la Bourgogne. Nos amis lecteurs ont su que ces fleurs de l'amitié étaient arrivées à San Remo, grâce à l'article « La route d'ocre », publié le 30/03/2022.

Aujourd'hui, ils apprennent qu'elles ont voyagé plus loin encore. Finalement, jusqu'où ont-elles tenu ? Jusqu'à la rive orientale de l'Adriatique !

La Grèce nous offre son amitié. Des fleurs expriment avec élégance et délicatesse cet accueil amical.

Un exemple récent a eu lieu à Τήνoς – ΤΗΝΟΣ (en français : Tinos), dans l'archipel des Cyclades.

En explorant le lacis des ruelles proches du quai, le regard du mousse a été attiré par cette couronne tressée :

Cette couronne confectionnée et exhibée pour le temps de la Pâque grecque était encore là pour apporter de la chance à chacun de nous. Le bleu turquoise qui servait de fond était vraiment magnifique ! Le mousse a passé un très, très long moment à contempler l'ensemble. Pendant ce temps, une personne l'a vu dans la position contemplative, a remarqué que celle-ci semblait sans fin, mais n'a prononcé aucune parole désobligeante.

Encouragé par ce silence approbateur, le mousse a poursuivi son exploration. Il a vu une double couronne, mais sur un fond rose, cette fois.

Il s'en est rapproché pour mieux apprécier les détails.

On le laissait faire.

L'amitié commençait par une attitude compréhensive.

Sur le mur d'en face, une peinture sur bois représentait l'habitat cycladique.

Le mousse est allé se placer devant cette peinture pour sonder l'intention de l'artiste.

Le mousse se mouvait librement. Personne ne lui faisait aucune remarque sur cette liberté. Personne ne lui disait qu'il gênait.

L'amitié se gardait de tout gâcher par des restrictions.

Le tableau se déployait sur deux panneaux assemblés, qui, de surcroît, étaient décalés l'un par rapport à l'autre. Ni le commanditaire, ni le peintre n'avaient- ils pas assez de moyens pour avoir un seul panneau, d'une taille suffisamment grande afin de recevoir la concrétisation intégrale de l'inspiration ?

La question n'était pas d'ordre matériel. Car le choix de la configuration relevait d'une conception de l'art. En l'occurrence, l'art cycladique déteste l'uniformité. C'est pourquoi la disparité intervenait ici de deux manières : par la disjonction et par le décalage.

La peinture représentait l'habitat cycladique. Un des centres d'intérêt était le village perché. C'était la ville haute.

Y avait-il une ville basse ? Oui, il existait une ville basse. Elle était située sur le côté, vers la droite, et n'était visiblement que partiellement.

Pour des raisons de stratégie militaire et d'esthétique architecturale, la préférence allait toujours à la ville haute.

Aux deux extrémités de la diagonale descendante qui adoptait la même pente que le chemin menant de la ville haute à la ville basse, fleurissaient deux énormes marguerites, une marguerite à chaque extrémité. Au pied de chaque marguerite géante, a éclos une multitude de fleurs plus petites. Là encore, l'artiste a appliqué deux traitements pour éviter l'uniformité de la vision : le pointillisme et le gigantisme.

Pour percer les secrets de la création artistique, il fallait le temps de l'imprégnation puis celui de la réflexion, tout en direct.

L'amitié offrait ce temps, très généreusement.

Une sentinelle gardait les lieux où évoluait le mousse. C'était la patronne du restaurant dont le décor vient d'être évoqué. La Grecque était extrêmement discrète afin de ne pas importuner celui qui s'intéressait à l'art dans l'univers de la gastronomie.

L'amitié se montrait reconnaissante.

Implicitement, tous les droits étaient accordés au mousse pour découvrir dans le détail l'originalité du lieu.

Voici les fleurs qui ornaient le pilier central de la façade de la taverne.

Des poissons élégamment alignés sur des brochettes indiquaient la spécialité de l'établissement. À la place de la fumée qui s'échapperait de dessus le grill, des fleurs nacrées exhibaient leurs corps voluptueux.

Aux fourneaux, c'était aussi une figure féminine qui était aux manettes.

L'entrée du local technique était décorée par deux bouquets. Celui qui se trouvait au-dessus des étagères privilégiait la couleur blanche tandis que celui qui s'élevait du sol préférait la teinte ocre.

L'amitié faisait confiance.

Le mousse a poussé sa curiosité jusqu'à examiner le coin de la comptabilité.

Un joli bouquet violet tenait compagnie aux opérations comptables.

Au visiteur, les deux Grecques souhaitaient un moment délicieux, à l'instar de celui qui serait savouré sur une balançoire, à la pleine lune :

Au pied de l'arbre où était suspendue la balançoire, d'innombrables pétales blancs et roses exhalaient leurs effluves envoûtants.

Sans l'accueil amical des deux Grecques, le mousse n'aurait certainement pas profité de la beauté de ce lieu fleuri avec talent.

Le second exemple concernant les fleurs de l'amitié a eu lieu aussi à Τήνoς – ΤΗΝΟΣ, tout près du quai où était amarré le Zeph.

Voici les fleurs qui ont déclenché le geste de l'amitié :

Le bouquet jaune trônait au milieu des tables blanches qui étaient disposées derrière l'abside d'une église. À côté, un bocal contenant des coquillages rappelait la proximité de la mer.

Le mousse était attiré par l'éclat des pétales. La Grecque qui observait la scène est venue s'informer au sujet de la motivation du photographe. Celui l'a convaincue que la photo était un hommage et non un pillage. Émue, la Grecque lui a montré un bouquet plus grand, qu'elle a sorti de l'intérieur du local administratif :

Le hasard du geste de partage faisait que l'élégant bouquet d'arums était posé à côté d'une corbeille qui contenait des pierres sculptées. Parmi celles-ci, certaines portaient l'effigie de la flore du terroir.

La marguerite à huit pétales était la favorite. Souvent, elle apparaissait nue. À cette terrasse, il lui arrivait de bénéficier de la présence de feuilles, qui étaient symétrisées. Une chose plus rare figurait dans la corbeille des surprises : c'était l'éclosion de l'acanthe, sous forme de paire symétrisée selon un axe oblique.

Avec joie et fierté, la Grecque expliquait au mousse que ces sculptures florales étaient un héritage des générations antérieures.

L'amitié ouvrait un peu plus la porte de l'intimité.

Les fleurs participaient activement à cette construction du lien amical.

À un ami, on montre volontiers le patrimoine, par rapport au temps et par rapport à l'espace.

L'évocation de la tradition de la sculpture des pierres ornementales était un hommage à la valeur temporelle. Dans sa lancée, la Grecque a aussi montré sa demeure. Voici le coin de paradis qu'elle a bâti de ses mains, avec sa sensibilité féminine :

Une très forte émotion étreignait la Grecque et le mousse.

Avant de dire au revoir, le mousse a souhaité avoir un cadeau de l'ami(e).

Voici ce cadeau, empreint de douceur et de bonté :

L'amitié naît d'un amour commun pour l'art. Art floral, art de la photo, art de vivre.