• L’œil de la fête

    La fête dont il s’agissait était la Pâque définie par le calendrier byzantin.

    L’œil de la fête pascale a adopté le Zeph à Χαλκίδα – XAΛΚIΔΑ (transcription : Khalkida), capitale de la deuxième plus grande île de la Grèce.

    La Pâque est la fête la plus importante dans l’univers de l’orthodoxie. Elle célèbre le triomphe de la vie sur la mort en commémorant la résurrection du Nazaréen.

    Un feu d’artifice est tiré pour indiquer que le jour de l’ouverture de la tombe vient de débuter.

    La mer, qui offre tout naturellement son décor, s’unit à la terre et au ciel dans une liesse émouvante.

    Ce qui est vivifiant l’emporte sur ce qui est morbide.

    La gerbe d’étincelles s’élance vers la voûte céleste pour soutenir l’élan de piété et de gratitude.

     

    L’œil de la fête

     

    Le feu de joie peut aussi exhiber la silhouette ellipsoïdale du globe terrestre pour encourager et féliciter le désir de fraternité universelle.

     

    L’œil de la fête

     

    Les forces régénératrices prennent le dessus par rapport aux forces destructrices.

    Du fond du cœur, monte l’hymne à la liberté.

     

    L’œil de la fête

     

    Liberté spirituelle, parce que le joug de la mort vient d’être brisé par le Ressuscité.

    Liberté politique, parce que la Grèce du XXIè siècle associe ce triomphe de la vie à l’Indépendance retrouvée.

    La photo montre que le concert du Triomphe de la Vie se déroule à proximité du porteur de flambeau, dont la silhouette apparaît à gauche, au-dessus des créneaux. Le coureur annonçait la victoire de l’Insurrection contre le joug ottoman.

    L’afflux d’énergies positives ouvre l’appétit.

     

    L’œil de la fête

     

    L’hédonisme grec n’oublie jamais de convoquer le plaisir des papilles pour rendre le bonheur encore plus complet.

    Ce climat de joie libératrice et d’espoir vivifiant n’a pas disparu parce que le calendrier a fait défiler plusieurs journées depuis. L’émotion, profonde et vivace, se loge dans les consciences, mais aussi dans le marbre et dans le bois qui structurent l’espace de vie.

    Dans notre cas, voici l’instrument de la mémoire chérie :

     

    L’œil de la fête

     

    Il s’agissait de la décoration que la Mairie de Χαλκίδα avait fait accrocher en haut des lampadaires municipaux.

    Le scintillement de la robe de la paire de fleurs géantes rappelait le feu d’artifice qui annonçait la sortie de la tombe.

    Les reflets rouges disaient l’extrême importance de l’événement et son immense valeur.

    Ce souvenir de la Pâque orthodoxe donnait l’impression de faire partie de la mâture du Zeph sur le quai de Χαλκίδα. Cette vision était pour nous un augure hautement favorable.

    Pour se rendre dans les Cyclades, le Zeph devait d’abord sortir du Golfe d’Eubée, en le traversant du Nord au Sud. Le Golfe comportait un bassin septentrional et un bassin méridional, qui étaient séparés au niveau de Χαλκίδα par un pont de trente-huit mètres.

    Voici une vue aérienne du pont, au coucher de soleil :

     

    L’œil de la fête

     

    Sur la photo, le bassin septentrional se situait au premier plan. Quant au bassin méridional, il se trouvait à l’arrière-plan.

    Le passage d’un bassin à l’autre nécessitait l’ouverture du pont, qui était financée par une taxe, dont le montant s’élevait à une quarantaine d’euros par bateau.

    En allant payer la taxe de l’ouverture du pont, nous avons vu plusieurs bateaux de plaisance se garer en toute quiétude devant la douane. Voici ce quai du désir :

     

    L’œil de la fête

     

    Mais à l’automne dernier, le Zeph en avait été chassé, avec de bien vilaines manières !

    La mésaventure de l’an passé est contée dans l’article : « L'élan du courant », publié le 30 novembre 2022.

    Le Zeph ne demandait qu’une chose : être traité de la même façon que ces bateaux qui attendaient là, tranquillement, l’ouverture du pont. C’est l’œil de l’équité que réclamait le Zeph.

    Et même si aucun bateau n’était garé devant ce quai du rêve, le Zeph aurait guetté l’œil de la miséricorde qui l’autoriserait à profiter de ce quai du répit en raison de l’heure très tardive de l’ouverture du pont.

    L’œil de la fête du Relèvement a conseillé au Zeph d’être confiant et optimiste.

    Finalement, l’autorisation d’accoster le quai du rêve a été accordée au Zeph.

    En effet, le Cerbère qui, l’an dernier, avait gardé férocement les lieux a disparu ou s’est métamorphosé.

    En tout cas, des êtres charmants, c’est-à-dire courtois, compréhensibles et serviables, s’occupaient à présent de la sécurité sans le secours de l’agressivité, de la brutalité ou de la hargne.

    L’injonction « Μέσα ! » (littéralement : dedans), qui avait été proférée à l’occasion du précédent passage pour nous ordonner d’aller dans la cuvette infestée de tourbillons traîtres et dangereux nous hantait encore l’esprit.

    Mais à présent, l’œil de la fête de la Rédemption s’employait à nous faire oublier ce souvenir désagréable.

    Une hospitalité, faite de courtoisie et d’empathie, re-naissait sur les quais du port commercial de Χαλκίδα.

     

    L’œil de la fête

     

    Une hospitalité faite de bienveillance, à l’exclusion de toute discrimination.

    L’amarrage s’est donc fait de nuit.

    À l’arrière-plan de la photo, un camion se préparait à franchir la grille d’entrée pour décharger la marchandise destinée aux cargos.

    Les yeux du Zeph étaient en fête.

     

    L’œil de la fête

     

    Ils brillaient d’une joie intense et inespérée.

    Le quai du désir était enfin accessible.

    Le lendemain matin, voici ce que nous avons vu sur la paroi verticale du quai :

    L’œil de la fête

     

    YACHTS BERTHING PIER

     

    En français :

    QUAI D’ACCOSTAGE DE YACHTS

     

    Tant que nous respections les consignes de sécurité, nous avions donc le droit de nous mettre là, même l’an dernier. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi Cerbère nous avait expulsés de là.

    Nous nous réjouissons que l’œil de l’hospitalité ait réparé cette injustice.

    Comme les Grecs de Χαλκίδα, nous complétions les joies de l’éthique par les plaisirs de la gastronomie.

    Nous avons fait le plein de vitamines avant de prendre la haute mer.

     

    L’œil de la fête

     

    Pendant qu’il était encore temps, nous savourions le croquant de la salade verte, la fermeté de la chair du concombre, la douceur de l’oignon rouge.

    Des graines de lin, de pavot et de tournesol explosaient en bouche pour créer des surprises.

    Nos lecteurs ont souvent vu le mousse faire l’apologie de la cuisson lente. Même avec des flammes d’une hauteur minimale, il fallait du gaz pour les alimenter. Or le Zeph avait ses réserves de gaz vides aux deux tiers !

    Le Grec qui était de service à l’entrée du port a très gentiment proposé son aide en téléphonant à une entreprise pour qu’elle nous amène jusqu’au bateau deux bonbonnes de trois kilos chacune. Hélas, le livreur était en panne de stock.

    Le Capitaine s’est alors adressé à la boutique Σπύρος Μπαρμπούρης (transcription : Spiros Barbouris), qui avait vendu le sika pour refaire l’étanchéité des hublots. Ce shipchandler, lui aussi, était en rupture de stock.

    C’est alors qu’est intervenu l’œil de la fête. Il a su regarder au-delà de ces ruptures de stock et nous a menés vers le lieu de la disponibilité. Voici le Capitaine qui venait d’acquérir les deux recharges, à un prix extrêmement raisonnable : dix euros pour trois kilos de gaz, au lieu des dix-sept euros réclamés dans les Cyclades.

     

    L’œil de la fête

     

    L’œil de la clémence savait que nous nous sentions proches du peuple. C’est pourquoi il a conduit le Capitaine vers un marchand qui pratiquait des prix accessibles au porte-monnaie du peuple.

    Nous voulions obtenir pour le Zeph le vent de la bénédiction.

    L’œil de la perspicacité nous a conseillés de formuler notre vœu devant l’effigie de la Victoire :

     

    L’œil de la fête

     

    Cette sculpture, qui s’inspirait de la Victoire de Samothrace exposée au Louvre, se dressait sur la rive Est du Golfe, face au Vieux Pont. L’œuvre, caractérisée par une profusion de béances, a été réalisée par le sculpteur Garmelo Mendola pour commémorer le jumelage entre Χαλκίδα et la Sicile

    Respecté, consolé, revigoré, le Zeph était très heureux de rejoindre les flots de l’Histoire.

     

    L’œil de la fête

     

    L’œil de la fête du Relèvement ne promettait pas l’absence de difficultés. Il promettait la disponibilité du secours.


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  • Commentaires

    1
    Ouvé
    Lundi 8 Mai 2023 à 14:33

    https://www.youtube.com/watch?v=0lhhoPpdjcY

    Ils ont pris un membre de la flatterie des Zephiros et Ouvé pour un hochet !!! 

    Bon courage les cop1.

    Edith & Olivier

      • Mardi 9 Mai 2023 à 23:09

        Cher Ouvé,

        Seul le Zeph a été touché dans son corps. Mais l’Ouvé se sent solidaire de son frère jumeau dans ce traumatisme. Le témoignage de l’affection fraternelle pour aider l’autre à surmonter les coups durs est un très beau geste.

        L’image du hochet est fort intéressante. Pour continuer la métaphore, voici des traces de dent laissées par le mauvais sort qui a joué avec l’avant du bulbe de la quille :

         

         

         

        D’autres traces de dent étaient visibles sur la face inférieure du bulbe :

         

         

         

        Merci à toi, l’Ouvé, pour ta vive affection.

        RP

         



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