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Un jour sans fin
Une NEF nordique dans un port de l' ITALIE du sud.
Du ZEF à VIBO
Départ de VIBO à 11h00 après que j'ai cassé puis réparé mon bouchon de vidange de l'inverseur du moteur. Bon. L'étanchéité de la transmission n'est pas totale, mais je n'ai pas trouvé de quoi remplacer à neuf ce bouchon.
Jusqu'au large de CETRARO que l'on atteint à la nuit tombante, soit une cinquantaine de miles depuis VIBO, la journée a été sympa. Un peu de moteur pour m'éloigner de la côte afin de revenir vers elle, à la voile, sous un prés serré. Ben oui. A nouveau, nous avons le vent dans le nez.
La traversée du golfe de POLICASTRO a été, quant à elle, ardue ! C'est le moins qu'on puisse dire... 33 miles à faire. Et il aura fallu batailler toute la nuit pour les faire. Batailler contre un vent de 30 nœuds (F7), mais surtout batailler contre la mer ! Des vagues hautes comme des montagnes ! Bon. J'exagère. Hautes comme des collines. Des petites collines… Mais des petites collines qui déferlent ! Et là, tu dégustes ! On prenait les vagues par le travers. Quand la déferlante se forme juste avant le bateau, c'est une belle explosion d'embruns sur la coque !
D'abord avec 2 ris et un bout de génois, et pour finir, à sec de grand voile et un mouchoir, un petit mouchoir, sur le génois. L'équivalent d'un tourmentin, quoi. Et malgré ce peu de voilure, le ZEF parvenait à frôler les 6 nœuds. Mais tout ce que le ZEF gagne à la voile, il le perd dans les vagues ! Y'a même une vague, qui, en heurtant l'arrière du bateau, l'a fait complètement pivoter... A un instant, tu fais du nord, puis après la vague, tu fais du sud !
Au matin, exténué, on reprend la route à l'abri de la côte avec un vent et une mer enfin calmés. Mais pas longtemps ! Le vent est revenu fort et de face, forcément, jusqu'à franchir le détroit entre CAPRI et SORRENTO… 165 miles ! La joie quoi !
Toute la nuit, on sera guidé par les incendies déclenchés par les feux d'artifices lancés à l'occasion de l'Assomption. La montée au ciel de Marie est ici très bien célébrée par les feux multiples, et pas forcément désirés, que l'on découvre depuis la mer... C'est d'autant plus triste que de gros incendies se sont déclarés dans le Parco Nazionale del Cilento !!!
La presqu'île de SORRENTO sous une jolie lumière tardive.
En arrivant à SORRENTO…
On voit que la mer n'est pas complètement plate ! On voit aussi que j'ai eu une petite soif !...Bon, on ne voit pas toutes les bouteilles vides cachées dans la soute… Je plaisante, bien sûr. Quoi que...
Après 3 manœuvres d'accostage pour rien, on trouve une place dans le port de SORRENTO à la nuit. Il était temps ! Je commençais à confondre les feux des ports avec ceux de la ville, à prendre des ombres pour des bateaux au mouillage, …
3 manœuvres. Pourquoi me direz-vous ?
La première dans le port de CASSANO. Je prends la seule place de libre quand, une fois fini d'amarrer les pendilles, le propriétaire de la place arrive !!! Bon ok, on s'en va.
La seconde, à la station service du port. C'est une combine que nous avait signalée Alberto pour trouver une place sans payer le prix exorbitant habituellement demandé dans les ports italiens ! Sauf qu'à la station service, le sondeur me dit qu'on touche. Et on touche !
La troisième, au bout du quai du commerce du port de SORRENTO. Et là, ce sont les gardes-côtes qui me demandent de partir. Mais comme ils sont sympas, ils me trouvent une place GRATUITE quasiment dans le centre ville !… Bon. Il faut seulement quitter la place à 7h00 du matin. Mais c'est déjà très bien. On a pu bien manger, bien boire et bien dormir ! Enfin !
J'ai nommé cet article « un jour sans fin ». J'aurais pu le nommer « une journée de merde », mais ça manquait de poésie !
Carte du parcours
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Commentaires
2RPJeudi 18 Août 2016 à 00:46Le capitaine se fie au constructeur, qui ne connaît que les caractéristiques techniques du bateau, mais nullement le destin de chacune des personnes qui se trouvent à bord.
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Golfe de Policastro, lieu mémorable. Nuit du 12 au 13 août 2016, expérience inoubliable. Clémence incommensurable des divinités qui nous ont épargné le sort funeste de Palinuro, le barreur d’Énée, et qui n'ont pas voulu que nous soyons l'objet de deux oraisons funèbres.
Aux dires du capitaine, le cap Ταίναρο – ΤΑΙΝΑΡΟ , malgré sa réputation d'être l'une des bouches des Enfers, était largement au-dessous de la danse macabre dont nous venons d'être les malheureux pantins nocturnes.
Dans ces moments hautement périlleux, le confort devenait futile, l'aisance était vaine, la demande de perfection immédiate apparaissait plus que grotesque. La seule chose qui demeurait inestimable était la parcelle de vie, accrochée à l'espoir d'une accalmie.
A force d'insister sur la distinction entre navigation et croisière, votre serviteur a été pris au mot, pour vivre dans sa chair, avec effroi et épouvante, la dure réalité de cette distinction.
Se pourrait-il que les divinités aient prévu d'appliquer le principe d'équité à bord du Zeph, en voulant que l'équipage partage la même expérience que le capitaine ? Celui-ci avait connu les affres de l'enfer des flots au cap Ταίναρο – ΤΑΙΝΑΡΟ , alors celui-là devait affronter, dans la frayeur et l'angoisse, les éléments en furie devant le cap Palinuro !
Les conditions étaient si dantesques qu'à un moment donné, le Zeph a pris sur lui de réaliser un mouvement giratoire pour rebrousser chemin, sans prévenir personne.
Sans les fleurs qui avaient accompagné les libations à Crotone, le Zeph se serait couché sur son flanc gauche pour ne plus se relever.
Oui. Bon. Faut pas exagérer non plus. Le ZEF se serait peut-être couché, mais de là à ne plus se relever... Quand même ! Le ZEF n'est pas un bateau ordinaire !...