• Palais Blanc se dit « Aksaray » dans la langue de l'Anatolie du XXIè siècle.

    Après le lac volcanique qui a commencé à se dessécher il y a une quinzaine d’années, notre route vers l’Est est passée par Aksaray.

    Nous voici sur l’une des grandes places qui composaient la vitrine de prestige de la Cité du Palais Blanc :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    Sur la gauche de la photo, apparaissait dans le cœur rouge qui remplaçait le verbe « aimer », le blason de la municipalité. Y était représenté le face-à-face de deux félins.

    L’hospitalité du Palais Blanc prenait grand soin de nous dès le lever du jour. Le plaisir visuel était l’indispensable prélude du plaisir des papilles.

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    Le feu de la cuisson devait laisser des traces qui contribuaient à l’esthétique du résultat final.

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    La courbure du poivron et sa peau lustrée le rendaient très désirable.

    Le teint brillant contribuait au look d’apparat que voulait donner à chaque aliment l’hospitalité du Palais Blanc.

    L’omelette faisait un grand usage de l’attrait de la brillance :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    Et l’omelette utilisait aussi un autre principe de l’attractivité, qui était basé sur la couleur rouge.

    Les vibrations chromatiques de la tomate qui rendait l’omelette onctueuse rivalisaient avec celles du piment qui donnait du peps à l’œuf dur.

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    L’hospitalité suscitait l’étonnement et stimulait l’appétit en créant des formes insolites. Entre la neige écarlate que formait le piment et les rouleaux bien croustillants qui étaient fourrés au fromage, il y avait des cylindres qui fleurissaient aux deux extrémités.

    Ce résultat-ci aurait pu être obtenu avec des radis ciselés dans le sens de l’axe longitudinal et qui auraient séjourné suffisamment dans l’eau pour qu’elle recourbe la fibre végétale.

    Cependant, dans le cas actuel, cette coquetterie du relief n’était pas réalisée avec une plante potagère, mais avec des saucisses de volaille.

    L’émergence de la nouveauté nécessitait un surcroît de travail en amont.

    Écaler les œufs durs ou faire fleurir des saucisses demandait un investissement supplémentaire, que l’hospitalité du Palais Blanc fournissait de gaieté de cœur.

    Veiller à l’essentiel sans être routinier : l’hospitalité est l’art de choyer le visiteur.

    Assurer l’équilibre en convoquant la fraîcheur du produit : l’hospitalité est une science de la complétude.

    Le persil en branche et l’aneth frais témoignaient du désir de toujours combler le visiteur par une qualité optimale :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    La sollicitude exprimée par la confection des plats salés se retrouvait évidemment dans la confection des mets sucrés. D’une part, parce que le salé et le sucré étaient inséparables en Anatolie. Et d’autre part, parce qu’il s’agissait du même dévouement qui maniait tantôt le sel tantôt le sucre.

    Le critère de la brillance demeurait incontournable. L’éclat du sucre facilitait la tâche. Encore fallait-il le mettre en évidence :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    Le nappage était un excellent moyen pour attirer l’œil par l’aspect brillant :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    Charmer l’œil par le brillant. Puis enchanter le palais par différentes textures.

    Un traitement différencié de la farine produisait en bouche des contacts gustatifs variés.

    Cette diversité évoquait du côté de la matière l’opulence et du côté du cœur la générosité.

    Le sucre lui-même pouvait ravir parce qu’il était croustillant ou parce qu’il était onctueux :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    L’hospitalité du Palais Blanc proposait le choix entre le parfum de la fraise et celui de l’abricot.

    Quant à l’incarnation de la fraîcheur dans le domaine sucré, il n’y avait pas mieux que la fameuse pastèque :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    C’était la version la plus populaire, la plus plébiscitée. L’omettre, ce serait faire un affront au bon sens !

    La très grande diversité des plats préparés, le soin mis dans leur confection, l’esthétique de leur présentation et leur goût extrêmement savoureux en bouche donnaient à l’hospitalité du Palais Blanc un caractère tout à fait exceptionnel.

    Un tel accueil, si généreux, avait une finalité, qui était évoquée sur le chemin entre notre chambre et la salle à manger. Voici l’objet qui évoquait cette finalité :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    Un bateau sortait toutes ses voiles. Celles-ci étaient gonflées, avec la convexité dirigée vers l’extrémité extérieure du beaupré. Le bateau avait donc le vent en poupe.

    L’hospitalité du Palais Blanc a servi de support logistique à notre organisme pour que celui-ci se saisisse du vent en poupe.

    À cet instant du discours, il n’est pas inintéressant de revenir sur l’emblème de la municipalité d’Aksaray. Le voici, cet emblème, cette fois-ci sculpté :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    On y voit deux félins se faire face. Le champ de vision de chacun aurait été obstrué par l’autre s’ils n’avaient pas tous les deux tourné la tête pour regarder dans une direction perpendiculaire.

    Une rotation de 90° libérait le regard et offrait une perspective complètement dégagée.

    D’une manière analogue, ce périple en Anatolie est comme une rotation de 90° par rapport au projet initial de navigation. Le bénéfice retiré est très grand : nous obtenons une vision renouvelée des choses et de nous-mêmes.

    L’hospitalité du Palais Blanc s’exprimait grâce à l’éloquence du décor architectural, mais aussi à travers la voix humaine, de manière audible.

    La voix de la bienveillance est allée à la rencontre du mousse quand celui-ci a poussé cette porte :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    La silhouette florale à la courbure ample et au port gracieux annonçait que de l’autre côté, il y aurait de la douceur, de l’empathie, de la sollicitude. Une feuille de la composition ressemblait à un croissant de lune.

    Le mousse s’est présenté devant cette porte parce qu’il était à la recherche de la direction de Jérusalem.

    Le mousse a poussé cette porte. Et il a trouvé la direction de Jérusalem avec en prime, la douceur d’une voix, l’empathie d’un regard et la sollicitude d’un cœur.

    L’Anatolien qui offrait cet accueil fraternel à l’étranger ne cessait de sourire aux paroles de celui-ci. Ce sourire ne véhiculait aucune moquerie. Au contraire, il signifiait la bonté et le bonheur.

    L’Anatolien était heureux de rencontrer quelqu’un qui venait de si loin et de tendre à celui-ci une main secourable. Comme le sourire de l’hospitalité était beau et touchant !

    Si l’on ne savait pas que l’échange affectueux avait eu lieu au pied d’un minaret, on aurait pris l’Anatolien pour l’un des disciples de la Voie (Actes des Apôtres, chapitre 9, verset 2).

    Effectivement, voici le lieu dans lequel le mousse est entré pour retrouver la direction de Jérusalem :

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    Sur la gauche de la photo, on reconnaît la porte transparente avec la feuille qui ressemblait à un croissant de lune.

    La direction de Jérusalem était indiquée par le mihrab taillé dans un bois clair, dont les muqarnas sommitaux devenaient éblouissants à cause de la lumière du grand lustre.

    Une pancarte au-dessus de la porte d’entrée indiquait le nom officiel du lieu, qui était :

    HACI HASANLI CAMİİ

     

    En français :

    MOSQUÉE HACI HASANLI

     

    HASANLI est le nom du personnage à qui était dédié l’édifice religieux.

    HACI est un qualificatif qui vient de l’arabe حَجّ . Il indique que la personne a fait le pèlerinage de la Mecque.

    L’hospitalité du Palais Blanc comportait aussi un message prophétique qui disait ceci :

    « Le Zeph pourrait de nouveau avoir accès à ce qui lui avait été interdit suite à l’accident avec le rocher de l’ensorcellement

    Exclu de la navigation, il y aurait droit désormais. »

    L’hospitalité du Palais Blanc a fourni un présage qui concernait cette exclusion.

    Le présage s’est présenté à nous pendant que nous faisions des courses dans un magasin de la Cité du Palais Blanc.

    Pendant qu’elle traitait nos courses, la caissière nous a spontanément dit : « Je m’appelle Istib’aad. »

    Istib’aad vient de l’arabe استِبْعاد , qui signifie « exclusion »

    Pourquoi cette jeune Anatolienne a-t-elle été appelée ainsi par ses parents ?

    Serait-ce parce qu’elle a vu le jour tandis que ses parents attendaient la venue d’un fils ?

    En tout cas, celle qui était « exclue » à travers son prénom nous a inclus dans son univers affectif en prenant l’initiative de dévoiler son identité.

    Verrait-on une caissière française dire, de but en blanc, à des touristes anglais en visite à Saint-Tropez : « Je m’appelle ‘Suzanne’ (ou ‘Marcèle’ ou ‘Michelle’ ou…) ?

    Sur le plan de la forme, le geste de la jeune Anatolienne reflétait donc une très grande hardiesse.

    Sur le plan du fond, ce geste déjouait une malédiction.

    Nous voici dans l’environnement où nous avons fait la connaissance de Istib’aad, qui regardait vers ce qui était exclu du champ de vision.

     

    L'hospitalité du Palais Blanc

     

    Istib’aad, dont l’hospitalité se manifestait par l’attention portée à ce qui était étranger.

    Istib’aad, dont l’hospitalité était une ouverture d’esprit et un désir de fraternité universelle.

    À toi, Istib’aad, استِبْعاد , notre sœur malgré l’exclusion ou grâce à l’exclusion, sont dédiées ces lignes !

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