• Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

    Le balcon posé sur la mer à Ανάφη (transcription : Anafi) devait son souffle de vie à l'acropole.

    En contemplation, en exploration puis en souvenir, l'acropole de Ανάφη était à l'origine de tous les sentiments et de tous les états d'âme du Zeph.

    Voici le tableau inspiré par l'acropole dès le lendemain de notre arrivée :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Le feu solaire emmagasiné dans la roche se retrouvait dans le rouge vif du poivron. Mais en dépit des conditions physiques extrêmement défavorables, la vie nourrissait ses graines du lendemain, à l’instar de la courgette qui remplissait les siennes avec de la fraîcheur et de la douceur.

    Au troisième jour, l’inspiration suscitée par l’acropole se déployait sous la forme d’un triptyque qui voulait surprendre :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    La viande, représentée par du poulet bien doré au wok, constituait le premier panneau. À l’autre extrémité du triptyque, il y avait des brugnons, choisis pour leur acidité sucrée et rôtis également. Le panneau intermédiaire était occupé par des champignons, qui restaient crus après un simple aller-retour dans le jus du poulet.

    Le quatrième jour incluait dans l’œuvre picturale des floraisons d’un beau bleu violet :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Le gigot d’agneau voulait étonner : alors il a sollicité la présence du thym fleuri et de la patate douce.

    Le cinquième jour a créé l’enchantement en invitant à table l’esprit vénitien. En effet, dès le début de notre périple cycladique, le vertige de l’altitude faisait qu’à chaque ascension vers l’acropole, le Capitaine avait envie de goûter le délicieux spritz, que nous avions découvert à Venise. Ce cinquième jour était donc un hommage à la Sérénissime.

    Voici le décor planté pour la circonstance :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Le citron apportait l’acidité. Les olives, l’amertume. Le Romanetti, le sucre alcoolisé. Et finalement, le Fragolino, l’effervescence.

    Avec le spritz vénitien, l’ascension vers de nouveaux sommets gustatifs était immédiate.

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    La nourriture solide pouvait contribuer à rendre cette ascension encore plus sublime.

    En la circonstance, il y avait des aubergines au curry, servies avec des penne rigate bien al dente et des morceaux de poulet rôti.

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Le sixième jour mettait en place une nouvelle combinaison des éléments nutritifs pour accompagner la saucisse de Mύκονος (transcription : Mykonos) :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Il allait de soi que le principe ayurvédique orchestrait l’osmose des saveurs : le salé avec la viande même de la saucisse, le sucré-acide avec les cerises et l’amer-piquant avec le poivron, l’astringent avec l’ail.

    Ce sixième jour n’était la répétition d’aucun autre jour. Et la même chose pouvait être dite de chacun des jours précédents.

    Le balcon posé sur la mer à Ανάφη ne connaissait ni l’ennui, ni le désœuvrement, ni la perte d’inspiration.

    Le renouvellement de soi peut avoir une cause endogène ou exogène.

    Tous les exemples ci-dessus avaient une cause endogène car ils illustraient l’effort que le Zeph faisait sur lui-même.

    Mais le sixième jour à Ανάφη apportait également un renouvellement de soi grâce à une cause exogène. Voici la photo-souvenir de la cause exogène :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Sur la photo, le Capitaine était en train de parler à un Grec qui servait comme officier sur un ferry qui venait d’accoster. Le ferry appartenait à la compagnie SAOS FERRIES.

    La toute première question du Grec était : « Qu’est-ce qui vous a motivés pour le choix de ce bateau ? » Puis le Grec s’est empressé d’ajouter qu’il était « novice » en la matière.

    En définitive, ce n’était pas les caractéristiques techniques du Zeph qui intéressaient le Grec, mais ce qui a permis la faisabilité de notre projet de vie.

    Comme nous, le Grec rêvait de vivre sur l’eau et il nous a abordés pour que nous l’aidions à « mettre le pied à l’étrier ».

    Le Grec a vu en nous, non seulement la possibilité d’une initiation, mais aussi une bonne augure et un avant-goût inespéré de son avenir parce que notre allure de vagabonds de l’Égée lui plaisait beaucoup.

    Sur la photo, on voit que le bimini a été replié. Le Capitaine a pris cette disposition à cause des fortes rafales de vent qui nous menaçaient ce jour-là, jusqu’au lendemain. Malgré cette menace réelle, le mousse a quand même fait une très grosse lessive et étendu tout le linge dans l’espoir que celui-ci aura séché avant la tombée de la nuit. De la cohorte d’étoffes qui flottaient au vent, la photo n’en montrait que deux spécimens : c’étaient les deux shorts qui apparaissaient sur la filière à tribord. Mais le Grec, dont le regard était panoramique, a bien vu tout le joyeux folklore des textiles. À cause de cette vision, il s’est pris d’une très forte sympathie pour le Zeph.

    Puis est arrivé ce qui devait arriver, quand le désir était irrépressible.

    Le talent de diplomate du Grec lui a permis d’accéder au cockpit. Et malgré l’absence, volontaire, d’invitation de la part du capitaine, le Grec est quand même descendu dans le carré.

    C’est dire la puissance de l’attractivité des entrailles du Zeph.

    Le Grec a senti que le Zeph avait une âme. C’est pourquoi le Grec s’est frayé un chemin intelligent et hardi pour aller, coûte que coûte, à la rencontre de cette âme, à la fois insolite et séduisante.

    Dès qu’il s’est retrouvé en bas de la descente, le Grec a regardé à gauche, en direction de la table à cartes. Là, il s’est retrouvé nez à nez avec l’icône que voici :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    C’était le portrait d’une martyre du IIè siècle de notre ère.

    Son nom dans la liturgie byzantine était H Αγία Γλυκερία.

    Le Grec a marqué un temps d’arrêt devant l’image de la sainte.

    Sans doute ne s’attendait-il pas à ce que la piété fasse partie de l’univers du Zeph.

    Une fois remis de sa surprise, le Grec a traversé le carré en direction de la cabine avant, qui était la cabine du Capitaine.

    Le Grec s’est arrêté au seuil de cette cabine. Ce seuil était gardé par deux griffons. Voici ces deux griffons :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Le Grec a caressé les deux griffons. Ce geste affectueux avait pour but de sceller une amitié entre deux mondes : un monde en cours de réalisation, qui était le monde du Zeph, et un monde impatient de naître, qui était le monde du Grec.

    À gauche de la porte coiffée par les deux griffons, était suspendu un poignard.

    Le Grec a aussi scruté attentivement ce poignard, qui lui rappelait les temps héroïques où les mers étaient infestées de pirates.

    Le domicile fixe du Grec se trouvait à Πέραμα (transcription : Pérama), qui était un faubourg du Pirée.

    Le Grec gagne trois mille cinq euros par mois. Il a déjà économisé soixante-dix mille euros dans l’attente d’avoir sa propre maison flottante.

    La visite impromptue du Grec était une très belle surprise pour le Zeph.

    Le sixième jour à Ανάφη était un jour faste.

    Pour le septième jour, jour où le vent du Nord devait forcir, le mousse a revisité les ντολμάδες (transcription : dolmadès), en compensant l’acidité et l’amertume des feuilles de vigne par la douceur des frites de mangue :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Dans le jeu du contrepoint, la mangue était épaulée par la poire :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Le lendemain du retour au calme, le mousse a quitté la position contemplative pour entreprendre l’exploration de l’acropole. Voici la perspective inversée :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    La photo montre l’entrée du port avec les deux phares, vert et rouge.

    L’acropole était un espace empli de quiétude, de poésie et de générosité.

    Voici l’un des plus beaux souvenirs de cette exploration :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    Le jeune ami qui nous offrait ce doux regard de l’étonnement avait encore la démarche titubante quand il se déplaçait. Car il était sorti du ventre maternel depuis peu.

    Y a -t-il plus beau que ce regard de l’innocence ?

    L’innocence engendrait une tendresse naturelle.

    À lui seul, ce regard justifiait notre désir d’élire domicile en Mer Égée.

    Le huitième jour était le jour de l’au revoir à l’acropole de Ανάφη. Malgré la fatigue causée par la randonnée en altitude, nous n’avons pas négligé les principes de la diététique.

    Les frites destinées à accompagner la saucisse de Mύκονος sortaient d’une huile qui n’avait jamais chauffé auparavant :

     

    Le balcon posé sur la mer (29) à Ανάφη

     

    La rétrospective montre clairement que chaque jour à Ανάφη possédait du sens, en abondance même. Par conséquent il est ridicule de penser que l’immobilité équivaut à la cessation de la vie.

    Le Zeph s’étonne lui-même devant son extraordinaire capacité à se renouveler.

    Le balcon posé sur la mer à Ανάφη n’était jamais celui de la routine. C’était sans cesse celui de l’étonnement.


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