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La flamme de l'espoir
La flamme de l'espoir intrigue, instruit et console.
Nous l'avons rencontrée en visitant le site appelé Καταρράκτες Δρυμώνα (en français : cascades Drymôna), qui se trouvait à 25 km au Nord-Ouest du chantier sur l'île d'Eubée.
Le spectacle attendu était celui de la verticalité éblouissante, joyeuse, pleine de vitalité. Celui que nous avons découvert était morne, lugubre, déprimant ! En levant les yeux, voici ce que nous avons trouvé :
Une verticalité salie, souillée, profanée !
En baissant le regard, voici ce qui s'offrait à nos yeux :
La noirceur morbide de la suie s'alliait à la blancheur livide des cendres.
Notre regard affligé errait ici et là quand soudain une splendeur l'a arrêté. La voici :
À côté d'un tison qui a perdu sa nocivité, mais qui faisait encore planer le spectre de la désolation, des flammes pourpres, aux corps veloutés, proclamaient un métabolisme sain, neuf, vierge de toute salissure.
La surprise était totale, magnifique, enchanteresse.
L'espoir d'un retour à la prospérité était irrésistible.
L'eau des cascades alimentait une rivière nommée Ρέμα της Σηπιάς (en français : Rivière Sipia). Le Capitaine a fait l'éloge de la poésie des méandres que traçait le cours d'eau.
L'eau elle-même a gardé sa fraîcheur et sa pureté. Mais ses abords portaient les stigmates des incendies successifs. Voici ce que nous pouvions voir sur le côté de la route :
Le feu, avide et insatiable, avait tout dévoré sur son passage : matière organique ou inorganique.
La photo montre un câble électrique, fondu, dilaté et perforé par la fournaise. Triste réalité, si le regard se contentait de la vision d'ensemble.
Un esprit joueur s'attarderait à chaque hublot, et ferait la découverte suivante :
Dans la béance du malheur, émergeait la vie, porteuse d'espoir. Espoir que le lendemain serait meilleur, et qu'il en serait de même de tous les autres lendemains.
À l'inverse, l'espoir régénérerait la vie, la rendrait tonique, agréable, lumineuse.
La flamme de l'espoir véhicule de la chaleur, mais ne blesse pas et ne cause aucun dommage.
Pour triompher de la désolation et de l'abattement, l'espoir s'est montré combatif et créatif.
Admirez cette multitude de flammes, vertes d'espérance, qui jaillissaient au pied de l'arbre carbonisé :
À la silhouette défigurée, s'opposaient des formes radieuses, fières de leur intégrité et de leur virginité.
Contraste par rapport à la palette de couleurs, mais encore par rapport au profil cinétique. En effet, l'arbre noirci par la catastrophe restait figé dans son malheur tandis qu'une gaie dynamique animait les flammes de l'espérance.
Pour séduire, l'espoir ne craignait pas d'employer l'audace. Regardez cette mèche de chlorophylle qui s'élevait pour voler au vent, à la manière d'un oriflamme :
Que proclamait cet oriflamme ? Que l'espoir était indestructible !
Parmi les endroits les plus sinistrés à cause du feu en forêt sur l'île d'Eubée, il y avait le village Αγία Άννα – AΓΙΑ ΑΝΝΑ (en français : Ayia Anna). Notre route touristique passait par là et nous y avons fait une halte à l'heure du repas de la mi-journée. Plus exactement, nous nous sommes arrêtés à l'église Παναγία Πρασίδι – ΠΑΝΑΓΙΑ ΠΡΑΣΙΔΙ (en français : Panayia Prassidi), qui était consacrée à la Vierge.
Voici notre voiture, garée devant l'édifice religieux :
Eh oui, le feu était arrivé jusqu'au seuil de l'église et avait laissé sur le flanc Ouest de celle-ci, qui était le flanc tourné vers les montagnes de l'intérieur de terres, des squelettes noircis, défigurés, pathétiques.
Qu'en était-il du flanc Est, qui était tourné vers la mer ?
Jugez-en, par vous-même :
Derrière nous, des troncs étaient noircis, non pas à la peinture, mais par la combustion. Le feu a donc encerclé tout l'édifice religieux. Avec le contexte de cette catastrophe, le sourire qui s'épanouissait sur nos lèvres était-il approprié ?
À cette question, il existait deux éléments de réponse.
La première indication s'obtenait en s'approchant de la voiture, qui était garée sous un olivier. Voici le spectacle offert conjointement par l'arbre et la carrosserie :
Le feuillage chauffé à l'extrême s'est coloré en ocre jaune. Cette variation chromatique n'avait rien de surprenant. En effet, c'était la couleur de l'agonie.
Alors, où se trouvait la justification du sourire ?
Là ! Levons un peu les yeux. Juste au-dessus du miroir où se reflétait le feuillage desséché, une branche exhibait son prodige. Voici ce prodige :
Des flammes, vertes d'espérance, s'échappaient en trois endroits, comme pour former trois buissons « ardents », mais d'optimisme.
Voilà pour le signe du relèvement, sur la bordure occidentale.
Quant à celui sur la bordure orientale, le voici :
La photo montre un réfectoire encadré par un cyprès et un autre arbre. Tous deux avaient grandement souffert de l'incendie. Mais l'oiseau de la paix, qui était perché au sommet de la toiture, a été préservé de toute dégradation. L'espoir que la colombe incarnait lui avait servi de bouclier. À l'inverse, l'état intact de l'oiseau, qui était une sorte de miracle, proclamait le caractère vital de l'espoir.
Nous avons souri, comme il se devait, à cet espoir doublement magnifié autour de l'église.
L'espoir émeut, séduit, émerveille.
L'espoir est agréable, joyeux, communicatif.
En faisant émerger la flamme de l'espoir, la Nature nous donnait une belle leçon de confiance et d'optimisme.
Tags : flamme, espoir, incendie en forêt, Eubée, Καταρράκτες Δρυμώνα, Ρέμα της Σηπιάς, Αγία Άννα, Παναγία Πρασίδι
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