La question est très pertinente. Le Zeph est très heureux qu'elle soit posée.

Voici quelques éléments de réponse :

D'abord, il y a la leçon des Anciens.

À Χάλκη – ΧΑΛΚΗ, l'île qui est évoquée dans l'article KHALKI le Kastro (publié le 5 Août 2022), et qui a fait l'objet d'un commentaire de la part de Anne, on pouvait voir ceci à l'intérieur de l'enceinte du château qui avait participé à la ligne de défense élaborée par Rhodes :

Il s'agissait des réserves d'eau douce, qui assuraient la survie des assiégés.

Aucun ouvrage défensif ne pouvait être envisagé sans prendre en compte l'accès à l'eau douce.

La photo précédente montre un puits à proximité de la chapelle.

À l'entrée du château, d'autres puits étaient visibles. Les voici, narguant l'étreinte salée de la mer :

Cette eau douce était-elle « potable » ? Elle l'était sûrement pour les insulaires encerclés par l'ennemi ottoman !

De nos jours, la dégustation de cette eau qui avait soutenu le combat pour la liberté dépend du bon vouloir des archéologues.

Au sens propre comme au sens figuré, les Anciens possédaient une connaissance « profonde » du terrain avant d'y construire leurs fortifications.

Ils savaient exploiter les ressources du sol comme celles du ciel.

Voici un autre exemple sur l'île appelée Τήλος – THΛΟΣ (en français : Tilos), qui fait partie, comme Χάλκη, de l'archipel du Dodécanèse :

Un conduit alimente une énorme citerne cylindrique avec l'eau qui ruisselle des tuiles.

L'eau qui tombe du ciel est nécessairement de l'eau douce. De surcroît, elle possède le luxe d'être tout de suite potable.

Ce dispositif prévoyant et ingénieux appartient à une chapelle, dont on voit l'abside sur la droite de la photo. L'édifice a pour nom Εκκλησία Παναγίας της Θεοτόκισσας (en français : Église de la Vierge Marie). Le lieu où se trouve l'église s'appelle Mικρό Χωριό (littéralement : Petit Village).

Il va de soi que pour goûter cette eau du ciel, il fallait l'autorisation de l'agent communal.

Mais il existe aussi des lieux où l'eau douce était disponible, sans répit, en abondance même.

Nous avons fait cette magnifique découverte en suivant le sentier qui menait de Mικρό Χωριό à la mer, au milieu d'un environnement façonné par une roche rouge.

Le site n'était pas sans rappeler au mousse l'univers du Sinaï. Puis, soudain, a surgi une source, envoûtante par la fraîcheur de son eau et par la gaîté de sa musique.

Tout ce qui aspirait à prolonger le souffle de vie s'est donné rendez-vous là.

Il suffisait que chacun attende son tour pour avoir sa part de fraîcheur salvatrice.

Cette eau issue directement des entrailles de la terre était-elle « potable » ?

Elle ne l'était pas moins que celle qu'avait bue Moïse au puits de Madian, chez son beau-père Jethro.

Voici ce que disent les Écritures Hébraïques à ce sujet :

וַיִּשְׁמַע פַּרְעֹה אֶת-הַדָּבָר הַזֶּה, וַיְבַקֵּשׁ לַהֲרֹג אֶת-מֹשֶׁה; וַיִּבְרַח מֹשֶׁה מִפְּנֵי פַרְעֹה, וַיֵּשֶׁב בְּאֶרֶץ-מִדְיָן וַיֵּשֶׁב עַל-הַבְּאֵר

שְׁמוֹת ב : טו

Pharaon apprit ce qui s'était passé, et il cherchait à faire mourir Moïse. Mais Moïse s'enfuit de devant Pharaon, et il se retira dans le pays de Madian, où il s'arrêta près d'un puits.

Exode. Chapitre 2. Verset 15

Les Écritures disent que le puits d'eau douce, qui servait à maintenir en vie un corps déshydraté par la traversée du désert, était aussi le repère géographique signifiant que désormais l'Hébreu fugitif se trouvait hors du pouvoir de nuisance du souverain égyptien.

Ces effluves du Sinaï ont bercé notre contemplation de la fontaine salvatrice et providentielle qui nous est apparue sur le sentier entre Mικρό Χωριό et la mer.

Pour les estomacs particulièrement délicats et inconditionnels des normes d'hygiène de l'Occident du XXIè siècle, il y a la solution du ravitaillement par les ferries. Voici une scène du déchargement dans le port de Χάλκη :

L'empilement laissé devant la bitte d'amarrage jaune contenait, en bas, du coca cola.

L'empilement voisin, situé un peu plus vers la droite de la photo, renfermait de la bière.

L'eau minérale suivait le même chemin pour arriver sur l'île.

À Χάλκη, l'eau minérale revendue par les supermarchés provenait souvent des montagnes de Samarie, qui se trouvaient en Crète. Autrement dit, l'eau potable servie en bouteille était, à Χάλκη, d'origine crétoise, dans la plupart des cas.

Il existe donc une réponse à la question soulevée par le commentaire. Et cette réponse ne peut qu'avoir un caractère local en raison de la diversité des situations.

RP