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De Camerota à Scario
En quittant CAMEROTA, je me suis échoué ! Je n'ai pas vu qu'une partie du port lui même s'était aussi ensablé. Avec un peu de marche arrière et beaucoup de propulseur pour me faire pivoter, je me suis libéré rapidement de cette entrave.
8 miles plus loin, à SCARIO, je me suis mis le long du quai après m'être assuré qu'il n'y avait pas d'enrochement qui le débordait et qu'il n'y aurait pas de bateau de pêche pour revendiquer mon bout de môle. Et si le vent doit se lever et qu'il y a du ressac, j'ai trouvé la pendille qui m'éloignera du quai.
Bien sûr, pas d'électricité ni d'eau, mais pas non plus la moindre ombre d'un ormeggiatori. A priori, la nuitée ne devrait pas me coûter bien chère. Et puis, étant autonome en eau et en courant, je n'ai pas besoin de grand chose de plus.
J'ai recensé parmi les 5 voiliers qui occupent le port, 1 Suisse, 1 Norvégien, 1 Américain, 1 Italien et moi ! Mais il semble que seul le bateau norvégien soit occupé.
SCARIO est à l'image des villages endormis. Il ne s'y passe rien. Tant mieux !
Je vais aller rejoindre MORPHEE, après m'être fait de l'agneau aux herbes avec des chips de pommes de terre au persil..., avec un petit cocktail (encore un ?) à la goyave, pour faciliter mon endormissement !
A bientôt.
Tags : scario, camerota, port, bateau, italie
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Commentaires
2RPSamedi 2 Avril 2016 à 15:11Capitaine, depuis plusieurs jours consécutifs, tu parles souvent de silence. Minute de silence pendant la procession du vendredi pascal à Acciaroli. Silence qui a enveloppé l'arrivée de la bi-coque de Cathy et Pierre, et silence qui a entouré leur départ. Puis, nouveau silence pour le " village endormi " qu'est Scario.
C'est dans le silence que l'on réalise à quel point le fil de la vie est ténu. C'est pourquoi elle ne s'esclaffe pas souvent. Mais elle sourit toujours, à tout le monde. Elle sourit aux bien-portants et aux moins-bien-portants, aux gens de la terre et aux gens de la mer. Comme elle est belle pour qui est raisonnable, vigilant et reconnaissant !
Lugdunum t'envoie ses salutations de pourpre et d'or.
3RPSamedi 2 Avril 2016 à 15:47Heurt de coque à coque à Acciaroli, enlisement à Camerota. Deux incidents bien fâcheux, survenus à deux dates rapprochées, en deux lieux rapprochés. L'affaire est plus qu'inquiétante !
A chaque fois, il y avait l'effet surprise. Tout s'est passé comme si le destin voulait agir par traîtrise !
Quelle réputation ont ces flots pour te réserver pareilles tracasseries ?
Celle d'être la sépulture de Palinurus, l'illustre barreur d’Énée !
Palinurus, avec qui le prince Troyen s'est lié d'amitié à cause de la sagacité du marin,
Palinurus, dont la connaissance intime des mers et des vents a permis de conduire la flotte troyenne des rives de l'Hellespont jusqu'aux rivages de la Mer Tyrrhénienne,
Palinurus, le valeureux soldat et le barreur expérimenté, est tombé de son gouvernail et a sombré dans les flots d'une nuit noire.
Depuis, son corps est introuvable !
Destin tragique! Sort cruel !
Le timonier d’Énée n'a pas pu toucher le sol de l'Italie, la vieille nourrice si. L'un n'a pas de sépulture, l'autre a une cité portuaire qui honore sa mémoire.
La tragédie du passé a laissé son empreinte dans le cosmos. Difficile de ne pas voir un lien entre tes récentes mésaventures et l'Antiquité.
Toi qui as su affronter avec perspicacité et ingéniosité les vents génois puis la tempête salernitaine, tu t'es laissé surprendre par des situations à risques, précisément là où Palinurus lui-même était tombé de son gouvernail !
Et pourquoi était-il tombé de son gouvernail ? A cause de sa somnolence, dit Virgile dans l’Énéide. Comme par hasard, ta chronique du jour commence par l'enlisement à Camerota et se termine avec l'étreinte irrésistible du sommeil !
Sur la route d'Acciaroli à Camerota, juste avant de tourner à gauche pour te diriger sur le port de Camerota, tu es passé devant un promontoire qui rend hommage au barreur d’Énée : la géographie moderne le nomme " Capo Palinuro ".
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Profite bien de la sérénité des lieux, loin du harcèlement patronal, à l'écart des furies génoises. Démultiplie-toi pour éviter le piège de la répétition, de la banalisation, et de la dépréciation.
Des quais sans eau et sans électricité. Voilà qui fait penser à certains rivages égéens. Mais tu es bien équipé, pas que matériellement, mais surtout mentalement, à force de côtoyer " Joseph et Joschua ", et toi-même !
La géographie, celle de Capri, de Camerota, de Scario,..., n'est qu'un cadre, qui ne peut répondre à la question fondamentale et insistante " Qu'est-ce que je fais de ma personne ? " C'est la conscience qui apporte une réponse à cette question.
Maintes épreuves au cours des quatre derniers mois ont fécondé ta conscience. Utilise ces acquis pour illuminer le présent et te rendre fort pour l'avenir. Tu peux dynamiser ces acquis en te replongeant dans les lignes déjà écrites et qui forment le véritable sillage de ta navigation.
Ces paroles auraient pu ne jamais exister, à cause d'une hospitalisation dont ce sera bientôt le premier anniversaire. A l'époque, les routes fleuries du Péloponnèse provençal étaient sollicitées avec empressement, comme si elles avaient le pouvoir de l'antidote. La contemplation de la route d'azur et d'argent des Phocéens depuis la falaise la plus haute d'Europe était renouvelée à souhait, comme si elle pouvait déjouer le verdict de l’irréparable. Puis le miracle a eu lieu. Et le sursis dure depuis un an !