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3- De CORSE en ELBE et plus !
Après de belles agapes avec Clara et Bertrand, Jules et Diego, Tamara et Dianelle, Minh et moi, et le ZEF, on s'en va vers la CORSE.
Normalement, le départ était prévu dans la nuit du 11 au 12 juillet, vers 3 heures du mat' ! L'idée, venant du mousse pour lequel c'est sa toute première traversée, un baptême, quoi, était de pouvoir faire une arrivée de jour aux environs du cap CORSE. Malheureusement pour lui, après le départ de toute la smala, j'me suis aperçu qu'on était raide de gazoil ! Bon. Ok. Le ZEF est un voilier. Ça veut dire, pour ceux qui ne saurait pas trop, qu'il avance à la voile. Sans moteur donc ! (Non mais franchement... Faut tout expliquer ici!) Mais quand même... Du jus de pétrole, même dans une traversée sur un voilier, c'est aussi un élément de sécurité : éviter, faute de vent, de devoir patienter dans la pétole avec le risque de se faire surprendre par une levée impromptue de Mistral !
La prudence est donc de reporter le départ de quelques heures, après avoir refait l'plein.
Finalement, le départ se fait à 8H30... Et c'est tant mieux parce que j'ai bien dormi !
Le vent est nul et la mer est belle. Sans gazoline, on s'rait resté planté devant le port toute la journée !... Bon. Vu qu'on a du jus, on avance au moteur à 5 nœuds en direction de la GIRAGLIA.
Les voiles ont quand même été hissées pour gagner quelques dixième de nœuds, et quand le vent le permet, on coupe le moteur. On reste en voile pure tant que la vitesse ne descend pas en dessous de 3,5 nœuds.
Au final, durant les 20 heures de traversée, les voiles nous propulseront durant près de 5 heures... C'est pas beaucoup, mais c'est déjà beau pour la MEDITERRANEE en été !
Ben oui ! Je me souviens de traversées faites avec les parents qui se faisaient intégralement au moteur, les yeux rivés au compas (parce qu'en ce temps là, y'avait pas de pilote automatique !!! Le pilote, c'était le gamin qui avait intérêt à obéir, tandis que les parents dormaient !!! Enfin... Ils disaient qu'ils veillaient de l'intérieur de leur cabine !...), sauf la nuit quand t'avais la chance d'apercevoir la lumière des phares à longues portées ! (Parce qu'il n'y avait pas de GPS non plus ! On marchait à l'estime ou, quand c'était possible, à la gonio !)
Bon. Maintenant, la plaisance, c'est du gâteau ! Tu branches ton pilote, tes alarmes de collision, et tu vas t'coucher !
Moi, j'ai pas de gadget... Juste un GPS qui te donne tes coordonnées à reporter sur une carte en papier ! Alors je réajuste ma route toutes les 3 ou 4 heures ! Quand j'pense...
J'en connais des gens qui t'font un point toutes les demi-heures, même s'ils sont en vue d'la côte et qui notent tout sur le journal de bord ! Moi, le journal de bord, j'y note que la destination finale ! Par exemple, pour cette année, j'ai noté « VOYAGE A ROME ». Et c'est tout ! Je sais qu'c'est pas bien ! Parce que normalement, le journal de bord, ben c'est une obligation au delà de 6 miles nautique ! Bon. De toutes façons, là, c'est le voyage que j'ai fait en 2009. Y'a prescription !
Le doux frou-frou de l'eau qui s'écoule le long de la coque lorsqu'on navigue à la voile, est très agréable ! A 4 nœuds, la musique des bulles du sillage n'est pas envahissante. La bateau est bien stabilisé sur un bord de grand largue. Comme vautré dans la vague ! La vie s'écoule lentement, à la même vitesse que le bateau, à peine bercée par quelques houles résiduelles qui font rouler légèrement la barque d'un bord à l'autre... Autant dire que, dans ces instants, tu penses à pas grand chose !!!
On profite du soleil généreux pour faire sécher notre stock de gingembre sur le teck du cockpit.
On est seul en mer sur ce cap. Sur le premier quart de la traversée, y'avait bien un autre voilier, mais lentement, il s'est écarté de nous, prenant une route plus sur CALVI. Et en milieu d'après midi, on commence à croiser les bateaux qui ont quitté la CORSE et qui s'en retournent vers le continent. En dehors de ces rares rencontres, la mer est vide. Et c'est très bien ainsi ! Je ressent encore plus l'espace sauvage qu'est la mer ! Le bateau avance lentement mais sûrement. C'est la force du voilier que de cumuler inlassablement les miles les uns après les autres jusqu'à tracer sur les cartes des longues routes... Pour nous, la longue route ne nous fera pas dépasser ROME.
Bien qu'étant dans le sanctuaire des baleines pour la MEDITERRANÉE occidentale, nous n'en verront aucune. D'ailleurs, depuis toutes ces années (on est en 2020 aujourd'hui), en tout et pour tout, je n'aurais vu qu'une seule baleine ! Une seule !!! Heureusement qu'il y a les dauphins, même s'ils se font plus rares aujourd'hui ! Durant cette traversée, nous croiserons quelques familles... Le spectacle est toujours aussi saisissant de beauté lorsqu'ils viennent nager jusque sous ton étrave !
Le soir tombe. Le soleil disparaît paisiblement. Un point GPS nous place à une 30taine de miles de la GIRAGLIA que l'on débordera finalement à 4 heures du matin, après 120 miles de traversée.
Nous finissons notre nuit au mouillage de MACINAGGIO, puis tôt le matin, on file sur BASTIA distante d'une 20taine de miles. Nous resterons 2 jours à BASTIA et plus exactement à PORT TOGA. On en profite pour se réapprovisionner. En bière aussi ! Des litres de bière à l'arbouse ! La TORRA ! Et des litres de COLOMBA que j'entasse dans la soute nouvellement fabriquée sous la banquette tribord du carré. C'est aussi à BASTIA qu'un toubib avare en explication, avare en tout du reste, même en courtoisie (!!!), me dispense les derniers soins pour ma main brûlée !
Et c'est dans une froidure toute bretonne qu'on assiste au feu d'artifice du 14 juillet.
44 miles pour gagner l'île d'ELBE depuis BASTIA. Le temps est brumeux. Aussi nous ne distinguons les contours de l'île que quand on a quasi le nez dessus ! Le vent est nul le matin, généreux en milieu de journée puis faible le soir avec une houle désagréable. On termine donc au moteur cette étape pour atteindre, dans les prémices de la nuit, le mouillage de MARINA DI CAMPO. J'essaierais bien de trouver une place à quai dans le petit port, mais il n'y a que 4 ou 5 postes pour les bateaux de passage et tout est complet. Donc, hop, au mouillage ! La nuit sera calme et paisible, sans surprise, à peine bercée par quelques ondulations.
Le 16 juillet 2009. Nous quittons le mouillage dès le matin, comme sur la pointe des pieds, pour ne déranger personne... On ne prend même pas le temps de nous rendre à terre pour visiter le village, sachant qu'on reviendra ici dès la fin du mois avec les MAZOUNES ! Doucement, au moteur, on se glisse entre les bateaux encore endormis, jusqu'à raser le bateau rouge... Comme un caboteur à voile qui me rappelle les grands voyages mais aussi l'aventure à la Henry DE MONTFREID !
On prend un cap au Sud-Est pour gagner l'île de GIGLIO. Le vent oscille entre 10 et 13 nœuds. Aussi, nous naviguons toute la journée à la voile, au près, à des vitesses comprises entre 4 et 6,7 nœuds.
L'île de GIGLIO est verte et boisée. Ses eaux à l'approche de ses côtes sont translucides. Son port a des allures de petit port grec. Il n'y a pas assez de place pour nous. Le quai d'accueil est plein, et les rares places vides sont réservées qu'on nous dit ! Il y a bien un long quai vide, mais lui aussi est réservé aux vedettes de croisières qui assurent la rotation entre PORTO STEPHANO et l'île de GIANUTTRI. L'ormeggiatorre nous explique qu'il faut revenir après 18 heures pour espérer prendre une place sur le quai commercial. 18 heures étant encore loin, et la perspective d'obtenir une place n'étant pas assurée, on décide de poursuivre notre route vers PORTO ERCOLE, le second grand port de plaisance au Sud du promontoire d'ARGENTARIO.
Nous quittons GIGLIO un peu à regret. Le vent est bon. Alors je prépare le spi avec une légère angoisse à la mémoire des déboires connus au départ de PORT NAPOLEON !! Tout se passe pourtant bien. La grande voile multicolore se gonfle lentement. Le bateau gite un peu puis trace son sillon d'écume, sans heurts ! Nous croiserons à nouveau un joli banc de dauphins... Une quinzaine de gusses faisant briller leurs dos argentés dans le soleil descendant. Nous faisions en fait route l'un vers l'autre et, lorsque nos routes se sont croisées, le groupe s'est éparpillé quelque peu, certains restant avec le ZEF et d'autres poursuivant leur chemin...
Après 58 miles depuis l'île d'ELBE, on trouve une place à PORTO ERCOLE, coincé entre 2 barques. Le site est splendide ! Un vieux village posé sur un promontoire dominé par un château, et qui cascade ses maisons jusque sur les quais du port. C'est notre première escale italienne, cette année. Nous quittons le bord à la recherche d'un supermarket. En chemin, on déguste une gelati puis, dans un bar, un café frappé pour moi et un chocolat d'une extrême onctuosité pour le mousse !
Au matin, on part visiter le vieux village et on apprend par hasard que c'est ici, sur une plage proche du village, qu'est mort LE CARRAVAGGIO, peintre sublime dans les clairs obscurs !
En cette heure matinale, le village est désert. La lumière rasante du soleil nous ravit par les couleurs subtiles qu'elle réveille ! Minh filme notre errance dans des ruelles fleuries. Un enchevêtrement de ruelles et d'escaliers tortueux qui dégagent parfois la vue sur le port. On gravit doucement les reliefs du promontoire pour rejoindre la citadelle, par des chemins de traverses qui surplombent la mer. C'est très beau. (On ne le sait pas encore, mais à chaque fois qu'on croisera dans le coin, on viendra avec délice poser nos amarres dans ce port !)
On quitte PORTO ERCOLE pour CIVITTAVECCHIA distant de 40 miles. Le vent ne cessera d'enfler jusqu'au soir et dans la mauvaise direction, nous obligeant à tirer des bords ! C'est un port immense et surtout dédié aux paquebots de croisière. On y entre avec prudence pour laisser toute la place possible à ces citadelles qui manœuvrent dans les bassins ! Tout au fond, les bateaux de plaisance qui se mêlent aux chalutiers occupent toutes les places ! Y'en a bien une de libre, qu'on va prendre du reste, mais très vite on va la quitter après avoir délibéré avec d'autres plaisanciers sur place... Et si le mec revient dans la nuit ? Et si on trouve rien après ? Et si, et si ? Bref, on s'magne de partir parce que la nuit tombe et que, surtout, le vent est en train de grimper dans les tours !!!
Bon. Normalement, on ne va pas loin. 4 miles jusqu'à RIVA DI TRAIANO ! Mais il faut d'abord sortir du port de CIVITTAVECCHIA, ce qui va nous prendre une bonne demi heure ! Une fois dehors, le vent, la houle et le ressac généré par les grandes jetées sur lesquelles les vagues rebondissent fait qu'on est bien secoué !!! Un coup de vent d'Ouest est en cours. Il va durer 3 jours. Malgré une arrivée à la nuit, un ormeggiatorre sur son canot à moteur est bien présent pour nous guider et prendre nos amarres ! Là où on est, on sera aux premières loges pour voir la mer se briser et déferler durement jusque dans l'entrée du port... J'amarre le bateau solidement en prévision des fortes rafales à venir.
Durant les 5 jours à venir, aller à ROME se méritera ! Il faudra qu'on marche près de 5 km pour atteindre la gare centrale, prendre le train, (l'attendre surtout), avant de faire la même chose au retour ! Avec tous les km qu'on fait en plus dans ROME, au final, on marchera beaucoup beaucoup !
Ainsi, dès le matin, à grandes enjambées (et à plus petits pas au retour...) on visite le FORUM, le COLISEE, la fontaine de TREVI, le mausolée de VICTOR EMMANUEL, …
Le forum romain.
Le COLYSEE...
La fontaine de TREVI.
Le mausolée VICTOR EMMANUEL !
Pareil !!!
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