• Je suis arrivé à Livorno. Une étape bien agréable. J'ai fini d'amarrer juste avant le nuit. L'ormeggiatori du coin est serviable. Un coin pour l'eau chaude et un coin pour internet, tout celà ouvert touti la notte; mais la connexion internet est incertaine.

    Durant ce trajet, j'attendais du vent de NE et j'ai eu du vent de S à SE. J'attendais du F4 et j'ai eu entre du F1 et du F3. J'attendais de la houle (1,5 m) et la mer a été quasi calme, j'attendais des passages nuageux et j'ai eu un ciel céruléen. Il y a quelque chose d'inquiétant quand tu compares les prévisions des différents sites météo et la réalité.

    Livorno

    C'est aussi pourquoi j'ai entrepris cette croisière hivernale... Parce que la Méditerranée sait pouvoir offrir des moments sublimes.

    L'arrivée à LIVORNO est pleine de promesses. Tu découvres sur l'horizon l'île d'ELBE, les îles de CAPRAIA, de GORGONE et au loin, la CORSE. J'entre alors dans les îles de l'archipel Toscan.

    Livorno

    Toute l'étape, je me suis posé la question de pourquoi je préférais avoir froid et me réchauffer avec un duvet plutôt que de m'habiller plus et d'avoir chaud immédiatement !... Peut être que l'un d'entre vous saura me répondre... Entre la psycho de Virg, la médecine de Fifi et la phylo de RP. 

    A ce jour, je suis à la pointe de mon compas...

    Livorno

     

    Je pense rester 2 ou 3 jours ici. A 11 € la nuit, c'est, pour le moment, le port le moins cher. Avec des douches à l'eau bien chaude, avec un bon débit, parce que dans certains ports, c'est un filet d'eau qui coule, alors même si le filet est chaud, tu as froid partout ailleurs où l'eau ne coule pas ! Et puis, il y a un local chauffé pour internet, joliment décoré le local, avec de la littérature en prêt (mais en italien), et il me prête même un vélo pour me balader en ville ! Et question pendille, si les vents génois devaient se lever à nouveau, j'en ai 2 d'une taille tout à fait respectable.

    Voilà.

     

    Commentaires

     

     
    1
    fifi
    Samedi 28 Novembre 2015 à 09:52   Supprimer le commentaire
     

    Impressionnant ,la route déja tricotée depuis ton départ ,telle une belle écharpe multicolore qui se déroule doucement ,à la manière de celle de Shelley , qu'il ne reste plus qu'à lover autour des âmes sensibles ou du cou de l'alouette (plumée) au choix.

    A ce rythme ,tu va te retrouver tout en bas de la botte ,à force d'avoir semer tes petits cailloux ...

     
    2
    RP
    Samedi 28 Novembre 2015 à 17:50   Supprimer le commentaire
     
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    C'est l'opposition bien connue entre logique et désordre, entre λόγος - LOGOS et Χάος - CAOS , entre sagesse et folie, entre Ἀθηνᾶ - AQHNA et Διώνυσος - DIWNUSOS .

     

    Ulysse, et à plus forte raison sa déesse protectrice, Ἀθηνᾶ - AQHNA , ne fonctionnent jamais par impulsion. S'il faut absolument parler de plaisir, ils savent goûter au plaisir de la maturité. Maturité d'un projet, d'une décision. Plaisir donc du temps qui devient fécond et produit l'efficacité. Plaisir de la maturité, de la maturation, qui s'adjoint un autre plaisir, qui est de taille : celui du raffinement. La ruse, qui caractérise les manœuvres stratégiques d'Ulysse, est l'illustration de ce raffinement de la pensée parvenue à maturité.

     

    Les Anciens ne se préoccupaient guère du libre arbitre, parce qu'ils étaient conscients que l'on avait si peu d'emprise sur les éléments. Ils s'adaptaient à la marche cosmique pour mieux profiter de l'inestimable καιρός - KAIROS . Ils étaient comme le surfeur qui guette la vague, ou plutôt le surfeur a adopté leur attitude. Le καιρός - KAIROS , c'est la vague qui octroie l'équilibre le plus long et la destination la plus lointaine.

     

    L'idéal de liberté , apporté par le siècle des lumières et galvanisé par le triomphalisme de la science au cours des siècles suivants, a fabriqué le leurre qui fait croire que l'exercice du libre arbitre au niveau du microcosme de l'individu est un cri de triomphe qui résonnera dans tout le macrocosme. Pure présomption ! Piètre vanité !

     

    L'affirmation de soi en tant qu'individu, envers et contre tout, s'engouffre dans la recherche et le cumul des contradictions, comme si éclater, c'est vivre ! Si l'oxymore est un style littéraire, l'art de se contredire n'est pas un style de viabilité, mais une manière de se disloquer avant de s'autodétruire. La mécanique qui propulse ta nef tient par la cohérence et non pas le schisme.

     

    Ne pas vouloir s'habiller tout de suite pour se protéger du froid, c'est brandir le libre arbitre et se gargariser de contradictions.

     

    Ô toi qui te trouves sur les traces d'Ulysse, suis l'exemple de ton précurseur, qui privilégiait la réflexion et non l'impulsion, le bon sens et non sa négation !

     

     
    3
    RP
    Lundi 30 Novembre 2015 à 09:17   Supprimer le commentaire
     

     

    À ton arrivée en Toscane, tu penses encore aux « vents génois ». Une semaine après le cauchemar, le souvenir de la menace reste vivace. Même avec la centaine de miles marins qui te sépare des lieux de la bourrasque, la hantise de te voir rattraper par elle demeure. Résurgence qui en dit long sur la profondeur du traumatisme, la violence de l'événement, et la grande chance d'avoir évité l'accident.

     

    Arrivée à la nuit tombante à Genova, à Santa Margherita, à Lerici, à Livorno. À la nuit tombante, c'est-à-dire dans le froid glacial. Le corps, déjà fourbu de fatigue, se soumet en plus à l'épreuve des basses températures. Il va de soi que l'épuisement n'est pas un plaisir. La morsure du froid, non plus !

     

    Mais avant l'épuisement à la fin, il y a la lassitude en cours de route. Sont-elles du plaisir, ces heures interminables où la seule activité compatible avec le poste de responsabilité et le devoir de vigilance est le dénombrement des grains de sel, des filaments de ouate, des atomes d'azur, des inspirations et des expirations de son propre organisme ? Pas de livre autorisé pendant qu'on tient la barre, pas de film qui défile en DVD ou en blu-ray non plus. Pas de piste de danse disponible, pas de piscine chauffée, pas de table dressée, pas de buffet apprêté. Seulement une discipline de militaire, une endurance d'athlète, une résignation d'ascète.

     

    Poids de la condition esseulée, dont la solution n'est nullement dans le nombre de personnes à bord. Car invariablement et inévitablement, la mer ramène à la solitude première. Solitude au singulier ou solitude à plusieurs, c'est toujours la solitude, le même poids, le même emprisonnement, jusqu'à ce que la délivrance survienne à l'escale.

     

    Dans ces conditions, le voyage d'hiver est-il le voyage du plaisir ou du déplaisir ?

     

    Le croisiériste n'aime pas la besogne de matelot, ni la morsure du froid, ni le silence pesant, ni la solitude prolongée. Il se rebiffe et se répand en invectives. Le navigateur, lui, se résigne et s'exécute.

     

    Pour reprendre la terminologie de Pascal, l'auteur des Pensées, l'un recherche les plaisirs du « premier ordre » tandis que l'autre recherche les plaisirs du « deuxième ordre ». Et toujours selon Pascal, entre les deux ordres, existe un fossé infranchissable. Donc pas de passage d'un ordre à l'autre, pas de transfert, pas de conversion, pas d'équivalence.

     

    Les plaisirs du premier ordre, ceux de la consommation, s'évanouissent dans la mer, à l'instar du contenu de la cuve à eaux noires. Les plaisirs du deuxième ordre, ceux qui ouvrent l'esprit et élèvent l'âme, intègrent la mémoire et la fécondent.

     

     

     

    La Toscane, berceau de la Renaissance, voit arriver quelqu'un que l'on a voulu assassiner et qui renaît dans l'écume. L'assassinat a été maquillé en suicide. Des funérailles ont même été célébrées en grande pompe. Traîtrise et vilenie enfantées par la terre ferme, que la victime s'est empressée de fuir, en entreprenant ce voyage de la re-naissance.

     

    La Toscane, terre d'humanisme, t'incite à te sonder dès ton arrivée dans le port médicéen. Trois diagnostics pour un même mal : la psychologie, ou le rapport à l'homme ; la médecine, ou le rapport à son propre corps ; la philosophie, ou le rapport à son univers, microcosmique ou macrocosmique.

     

     

     

     
    4
    RP
    Lundi 30 Novembre 2015 à 10:00   Supprimer le commentaire
     

     

    Désolé pour les majuscules du 28/11/15. Je passe pour un fanfaron à cause d'un clavier inflexible et un microprocesseur borné.

     

    Bien sûr, il fallait lire :  λόγος - ΛΟΓΟΣ ... Χάος - ΧAOΣ ... Ἀθηνᾶ – AΘHNA ... Διώνυσος - ΔIΩNΥΣΟΣ … καιρός - KAIΡΟΣ  ...

     

    Encore une fois, toutes mes excuses.

     

     

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