Nous mouillons à MARINA DI CAMPO en fin d'après midi. On a juste le temps de faire un petit tour à terre. Minh, Julie et moi à pied, par le petit sentier tandis que tous les autres y vont avec l'annexe à moteur de FIFI.

J'aime bien ce bout de sentier qui surplombe le mouillage dans lequel je vois le ZEF rouler d'un bord sur l'autre.

C'est sûr qu'avec cette gigue, j'avais hâte d'aller à terre ! Quand le bateau se met à rouler ainsi, ça ne s'arrête plus ! Et la vie à bord s'en trouve fortement incommodée !!! Les nuits dans ce roulis sont d'un désagréable que j'en viens à regretter mon petit HLM !... Et pourtant, même quand ça roule à mort, le mousse, lui, arrive à trouver presque normalement le sommeil ! A croire que ça le berce !

Le 02 août, nous restons au mouillage... Balade terrestre au programme tandis que le vent et la houle rentrent davantage dans la baie...

Ils sont tout ouïes quand le serveur énonce les réjouissances !

Le Paul ? L'est plus distrait, lui !

16 miles pour boucler la boucle et se retrouver au mouillage dans le port de départ : MARINA MARCIANA. Toujours en prévision d'un coup de vent, je mouille long. Y'a pas trop de monde alors ça va.

Et puis, peu à peu, en fait, c'est au fur et à mesure que le ciel se couvre de gris que le mouillage se remplit ! Et beaucoup trop même ! Des bateaux italiens arrivent par groupe jusqu'à envahir totalement l'endroit ! Et jusqu'au soir, les bateaux vont s'entasser les uns sur les autres. J'ai appris ça depuis longtemps, que les italiens, dans leur façon de mouiller, n'ont, en toute bonne foi, aucune gêne ni crainte de mouiller aussi près les uns des autres ! Forcément, ils mouillent court pour éviter de se toucher ! Et malgré le pas de vent, y'en a déjà qui commencent à s'effleurer ! Bon gré, mal gré, chacun trouve son coin d'eau libre. Et moi dans tout ça ? Ben j'ai des voisins de partout !

Au delà de la jetée du port, l'horizon se colore de rouge avec de gros nuages noirs qui commencent à s’amonceler...

Bien sûr, pour notre part, à FIFI et à moi même, et même si y'a tout un tas d'équipage qui va à terre, nous, on décide de rester sagement à bord pour surveiller nos chers voisins... Parties de carte endiablées à bord du bateau de FIFI.

Et c'est le moment choisi par le vent pour se lever d'un coup ! Mais vraiment d'un coup ! Juste avant y'a rien, et juste après y'a déjà beaucoup ! Et très vite le vent passe de beaucoup à beaucoup trop ! Philippe me fait alors remarquer que le ZEF chasse sur son ancre et se rapproche dangereusement d'une vedette... Je comprend immédiatement. Le ZEF ne chasse pas... Il est seulement entrain de dérouler ses 30 mètres de chaîne !!! Et comme tous les autres ont mouillé court... Sus à la bête ! L'mousse et moi sautons littéralement dans l'annexe pour rejoindre le ZEF. Déjà, l'étrave de la grosse vedette nous surplombe !!! Avec le vent, y'a aussi la houle qui entre généreusement dans le mouillage à tel point que ça devient un sacré bor...del !

On démarre le moteur (heureux celui qui a laissé la clef de contact sur le démarreur!) et on reprend un peu de chaîne, alors qu'on pouvait toucher l'étrave de la vedette avec nos mains ! Que fais-je donc ? J'hésite à quitter le coin, me faufiler entre tous les bateaux et remouiller ailleurs, alors que maintenant, ce n'est plus de la houle qu'il y a mais bien des bonnes vagues ! Tous les bateaux dansent la gigue. Des cris dans la nuit commencent à fuser d'un peu partout. On devine d'autres bateaux en manœuvre. Tout ça était tellement prévisible !!! C'était de l'inconscience de venir s'ancrer aussi près les uns des autres. Je sais qu'il me faut quitter ce mouillage avant que les bateaux devant moi ne chassent à leurs tours et ne viennent s'empaler sur nous !

Minh qui n'a que quelques mois d'expérience du monde de la mer, réagit lentement. Mais je ne peux faire autrement que de lui laisser la barre tandis que je pars remonter le mouillage depuis un avant glissant d'écume, et assurer que l'ancre ne cogne pas la coque, une fois qu'elle sera sortie de l'eau et à la merci des vagues !

Durant ces quelques secondes, je ne regarde plus les autres bateaux et je ne vois donc pas que le ZEF s'est mis perpendiculaire à notre voisin de droite et lui fonce dessus ! Je ne vois pas non plus le signe que Philippe fait à Minh de redresser la barre pour éviter la collision ! 10 secondes plus tard, Minh a réussi à virer. Le ZEF est à 30 centimètres, parallèle à notre voisin ! Une tête de femme surgit enfin... Branle-bas de combat !!! Ils réagissent vivement en lâchant de la chaîne. On est enfin libre ! Pas question de remouiller au milieu de ce bazar ! Dans une nuit noire, sans lune, je m'enfonce dans le port jusqu'au quai de la douane que je sais être libre.

L'orage éclate à cet instant. Le ciel est zébré d'éclairs. Le vent hurle. Mais il souffle dans l'axe. On s'met along side du bout de quai et on appelle FIFI par VHF. C'est Julie qui répond. Ils ont réussi à s'extirper in-extremis du mouillage au prix de beaucoup d’acrobaties et malgré que d'autres bateaux aient mouillés sur leur ancre. Ils tournent en rond depuis 1 heure. Je les invite à venir se mettre à couple du ZEF. A leur arrivée, à part FIFI qui gère le truc, seule Julie domine la situation et nous lance une amarre... Il est 1 heure du matin. Ça fait trois heures qu'on bataille dans le vent et la pluie. J'en veux terriblement à tous ces gusses, plaisanciers du dimanche, qui garent leur barque comme on gare une voiture. Voilà. C'était la chronique d'une soirée épique ! Qu'on n'a pas forcément envie de vivre tous les jours !!!

Le lendemain, devinez quoi ? On reste au port !!!

Et on file dans la montagne ! Loin de l'eau ! Les MAZOUNES s'occupent du picnic. Et moi ? Du vin !

Je négocie avec l'ormeggiatori la nuit à 40 € au lieu de 60 du fait de notre position à couple. Le quai de la douane est interdit à l'amarrage... Mais quand tu payes, il semble bien que l'interdiction se lève comme par magie !

Nous.

On reprend nos parties de carte interrompues hier...

Paul se concentre pour ne pas perdre...

Et Clément, aussi, mais en toute détente et sérénité !