• La musique du solstice

    Le solstice d’hiver, c’est aujourd’hui, à 17h27min. Demain, les jours auront déjà commencé à rallonger !

    Faut-il y voir une incitation à bouger, parce que la lumière diurne croît ? Ou faut-il tempérer les ardeurs de la mobilità, parce que les rigueurs de l’hiver sont encore là ?

    Le Zeph connaît bien cette problématique, pour l’avoir vécue dès la sortie des langes administratifs, en décembre, il y a quatre ans.

     

    La musique du solstice

     

    À cette époque, son berceau provisoire était le golfe d’Antibes. Mais c’est celui de Fos qui l’attendait pour lui prodiguer les soins réclamés par une nouvelle naissance.

    Le capitaine a prévu un havre champêtre pour le Zeph, qui serait bichonné entre deux vols de l’aigrette.

     

    La musique du solstice

     

    Vol de jour, grâce à la coquetterie de Dame Nature.

     

    La musique du solstice

     

    Mais aussi, vol de nuit, grâce au talent époustouflant du groupe F, qui est du même bercail.

    Au revoir, sommets alpins, dont le manteau blanc était comme un ourlet qui réunissait deux étoffes azurées, l’une ondulant dans les teintes foncées, et l’autre se déployant dans une clarté soyeuse.

    Pas si vite, pas si vite ! Car la Dame de Manosque ne l'entendait pas de cette oreille.  

    Certes, le capitaine, qui veut tout rationaliser, de l’occupation des volumes de l’espace intérieur jusqu’à la gestion de l’énergie, a mis en avant l’argument de la rationalisation des dépenses budgétaires. Et un séjour prolongé dans le berceau provisoire entraînerait un surcoût.

     

    La musique du solstice

     

    Le point de vue de la Dame de Manosque était autre. Pour elle, la priorité n’était pas l’argent, mais le souffle de vie, qu’il ne fallait, d’aucune manière, ni interrompre, ni mettre à mal. D’où sa proposition d’attendre les beaux jours pour bénéficier de la clémence des éléments.

    Musique du débat.

    Musique de l’instinct maternel.

     

    La musique du solstice

     

    Musique de la prudence et de la sagesse.

    La sagesse a toujours un prix. Et comme la parole maternelle n’était pas un « bla-bla-bla » creux et vain, la Dame de Manosque se portait volontaire pour prendre à sa charge le surcoût qu’aurait engendré le report du convoyage.

    Lâcher le cordon de la bourse, plutôt que les amarres !

    Musique de l’engagement et de la générosité.

    Et comme à l’accoutumée, c’est toujours le capitaine en exercice qui a le dernier mot.

    Musique de l’impatience, de la détermination, voire de l’intrépidité.

    Faudrait-il remarquer dans cette intrépidité le gène qui ne manquerait pas d’éclore sous la forme du voyage initiatique ? La tentation est grande, très grande.

    Ainsi, par la volonté du capitaine, le Zeph, tout confus et tout inexpérimenté, affronterait les démons de l’hiver.

     Le capitaine était intrépide, mais pas suicidaire. En effet, pour la nouvelle aventure, il a fait appel au devoir de compagnonnage. L’appel était lancé en direction du skipper de la première heure, qui a tout de suite accepté de donner une nouvelle fois un coup de main.

     

    La musique du solstice

     

    Musique de la complémentarité, de l’entraide.

    Marin de l’urgence, le mentor de toujours partageait la même pinède avec la Dame de Manosque.

    Au pays de Giono, la musique du solstice était une musique à deux voix. Musique de l’instinct maternel et de la disponibilité paternelle. Mais une seule partition, celle de la solidarité intergénérationnelle.

    Musique du dévouement.

    Musique d’un cœur disposé à se mouvoir, prompt à s’émouvoir.

    Et le convoyage a eu lieu, avec des inquiétudes étouffées et une confiance volontairement exaltée.

    Première étape, grâce à la contribution du parrain de la première heure : quitter Golfe-Juan et rejoindre Toulon. Au milieu, halte nocturne à Saint-Tropez.

     

    La musique du solstice

     

    Saint-Tropez attendait le Zeph avec les illuminations de l’espérance. Foule raréfiée, mais lumières généreuses. Malgré sa notoriété internationale, Saint-Tropez a toujours pour le Zeph une place dans son giron. Belle hospitalité de la Riviera !

    Deuxième étape, réalisée une semaine après : rallier Port Napoléon à partir de Toulon, sans s’arrêter en cours de route.

    Après avoir dévalé le couloir rhodanien avec impatience, l’équipe de la relève a rejoint le Zeph dans le port de Toulon, avec les denrées de l’autonomie.

     

    La musique du solstice

     

    Agréable surprise : l’extrême douceur de la température était de bon augure. La voiture serait garée près du débarcadère des ferries. Elle y attendrait la fermeture de la boucle par voie de terre.

    Plaisir de la glisse, grâce à la très grande stabilité de la nouvelle coque. Plaisir nouveau, et de loin non négligeable. Ravissement exquis apporté par le nouvel habitat flottant.

     

    La musique du solstice

     

    Après neuf heures de route en compagnie d’un soleil charmeur, le Zeph a atteint son port d’attache.

    Le lendemain, le Zeph était l’un des premiers bateaux à être grutés.

     

    La musique du solstice

     

    Inspection de la coque, par acquit de conscience. Rien à signaler, comme il fallait s’y attendre.

    Rangements de première urgence, puis c’était la route du retour.

    Initialement, il était prévu un pré-acheminement en bus pour rejoindre le train qui allait à Toulon en passant par Marseille. Manque de chance, la liaison ferroviaire entre Port-de-Bouc et Marseille était supprimée, pour cause de changements à l’occasion du solstice. Seule solution de repli : le bus régional, avec une pause à Martigues.

    Grincements et palpitations, à cause de l’incertitude quant aux horaires et aux itinéraires. La mer du solstice semblait moins contrariante que la terre ferme.

    Arrivée à Martigues à la montée des lumières.

     

    La musique du solstice

     

    L’esprit du Zeph, pressé de retrouver la voiture laissée à Toulon, ne pouvait qu’entrevoir le caractère festif de la cité portuaire. Au cours des mois suivants, il multiplierait ses visites à Martigues, pour le plaisir des yeux, mais aussi des papilles.

    Le bus de Martigues s’est bien arrêté à la gare Saint-Charles de la cité phocéenne.

     Marseille, l’Athènes de l’Occident.

     

    La musique du solstice

     

    L’Antiquité avait laissé un cadre majestueux et une ambiance de prospérité. Le Zeph s’y sentirait toujours comme chez lui.

    Quelle joie et quelle fierté d’arriver enfin à la gare de Toulon !

    Musique d’une victoire.

    Musique de l’accomplissement d’un tour de force, qui possédait une valeur prémonitoire et qui renfermait, à l’état embryonnaire, un projet qui ne s’appelait pas encore « voyage initiatique ».

    Des paquets cadeaux géants ornaient le parvis de la la gare.

    Pour rejoindre la voiture, on traversait le marché de Noël. On passait de nouveau devant la statue de la Liberté, qui était drapée de guirlandes scintillantes.

     

    La musique du solstice

     

    Scintillements de circonstance, certes. Mais vis à vis du capitaine, c’étaient autant de clins d’œil amusés à sa nouvelle liberté : désormais, il serait libre d’aller où il voudrait dans le giron du Zeph, sans aucune contrainte, sans avoir à baisser la tête ou à courber le dos !

    Musique d’un nouveau confort, indispensable à l’endurance.

    Musique d’une très grande satisfaction, quand la voiture, retrouvée intacte, a quitté le port de Toulon pour remonter le couloir rhodanien.

    Désormais, le Zeph aurait tout le loisir de se lier d’amitié avec les plumeaux de la Camargue, de jour avec la complicité de Dame Nature, ou de nuit, grâce au savoir-faire des magiciens du groupe F.

     

    La musique du solstice

     

    La musique du solstice était une polyphonie qui chantait la stratégie de l’adaptabilité dans la quête d’authenticité. Authenticité du bercail, du chez soi, du cadre de vie.

    Agapes lyonnaises pour fêter la réussite de la nouvelle adoption filiale.

    Chloé s’appellerait désormais, à Port Napoléon, Zéphyros II.

     

    La musique du solstice

     

    La musique du solstice avait l’agréable sonorité du vin capiteux qui ruisselait dans la carafe.

    Nouvelle identité administrative, nouvelle tranche de vie.

    Musique du foisonnement des projets.

    Musique de l’accélération du désir de Grèce !

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