• L’hospitalité de la Mariée

    Sur la photo suivante, la mariée a été photographiée devant les cascades fumantes de Muradiye, dans l’Anatolie de l’Est.

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    La mariée était parée de broderies d’un blanc immaculé. Le marié, lui, a préféré le chic de l’ébène. Les deux amoureux étaient curieux de voir le portrait que le photographe venait de réaliser devant les chutes d’eau. La silhouette féminine qui apparaissait de dos avec les teintes de la rose s’occupait de la mise en scène pour les prises de vue.

    Par rapport à la géographie du XXIè siècle, la séance de photo avait lieu sur les terres de l’Anatolie orientale. Mais par rapport à l’histoire, ces terres appartenaient à l’Arménie occidentale.

    « Mariée » se dit en arménien « Ղա՜րս ».

    La première lettre du mot en arménien est Ղ , qui s’apparente à un « h » aspiré. En raison du son guttural produit, la translittération en français utilise comme graphie équivalente la lettre « k ».

    La deuxième lettre du terme arménien est ա, qui correspond au « a » français.

    Puis vient, en troisième lieu, la lettre ր, qui équivaut à un « r » en français.

    Enfin, la dernière lettre est ս, qui est l’équivalent du « s » français.

    Finalement, « Ղա՜րս », c’est-à-dire « Mariée » en arménien, se prononce K a r s.

    Voici comment l’urbanisme des temps modernes met en valeur la réputation du site historique appelé Kars :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Les lettres géantes, qui proclamaient la notoriété du lieu, se trouvaient au pied de la Citadelle, tant convoitée par les chefs militaires au cours des siècles écoulés.

    L’hospitalité de Kars au XXIè était un geste d’ouverture, qui exprimait la confiance et la bienveillance.

    Sur l’esplanade illuminée par les lettres géantes, se trouvait un sanctuaire consacré à une figure de piété. Voici ce lieu de mysticisme, avec le clair de lune qui accompagnait notre passionnante exploration :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Animé d’une curiosité irrésistible, le mousse a poussé la porte d’entrée et voici ce qu’il a vu :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Le mousse a vu une magnifique lumière verte qui était la lumière de la spiritualité en vogue. C’est la lumière de l’apaisement et du recueillement.

    Mais l’hospitalité du lieu n’était pas que dans l’éclairage, si paisible soit-il. Elle se manifestait surtout par des attitudes non programmées, des sensibilités réveillées à la dernière minute. En effet, dans cette salle dédiée à la quête de ce qui était capable de sublimer le quotidien, le mousse a croisé les regards bienveillants d’une femme et d’un homme, la première étant sans doute la mère du second.

    Le fils, qui avait une trentaine d’années, était en méditation devant les stèles funéraires pendant que la silhouette maternelle s’affairait à astiquer le relief grossièrement sphérique des turbans en marbre.

    La friction entre l’épiderme de la paume et le marbre enturbanné se faisait par l’intermédiaire des trajets circulaires, qui ne cachaient pas leur chaleur érotique.

    Ainsi, le mousse découvrait une intimité, sans l’avoir guettée.

    Le bonheur était dans le fait qu’à ce moment-là le mousse n’était pas considéré comme un intrus. Silencieusement d’abord, sans heurt donc, on lui a signifié qu’il était à sa place et qu’il avait toute latitude pour agir selon son inspiration. Cette tolérance, immédiate et grandiose, était extrêmement émouvante.

    L’Anatolienne n’était nullement fâchée parce qu’elle a été vue dans l’érotisme de ses prières. Quant au fils, il n’était nullement gêné qu’une tierce personne le trouve en train d’emprunter le chemin vers la transcendance.

    Tout en respectant ce qui appartient fondamentalement à l’un ou à l’autre, l’hospitalité abolit la clôture qui délimite la propriété privée.

    L’hospitalité de la Mariée, dont le nom est orthographié « Kars » au XXIè siècle, s’exprimait aussi à l’air libre, sans toit et hors les murs.

    En voici une très belle démonstration :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Le spectacle avait lieu à l’angle Sud-Ouest de l’esplanade éclairée par les lettres lumineuses géantes. Le brasier allumé avait une double fonction : réchauffer l’enveloppe corporelle du troubadour qui mettait en musique les états d’âme de la Mariée que les voyageurs connaissaient sous le nom de « Kars », et donner à voir la flamme interne qui s’emparait des entrailles de l’Anatolien du XXIè siècle.

    Le mousse qui passait par là par le plus pur des hasards s’est naturellement inséré dans le groupe des spectateurs, qui semblait être une groupe d’amis intimes. Les plus généreux de ceux-ci accrochaient des billets à l’extrémité de l’instrument de musique pour encourager le chantre.

    Là encore, l’hospitalité a fait preuve d’une très grande intelligence. Intelligence d’abord au sens de compréhension, puis au sens d’un savoir-faire empli de délicatesse, et enfin, par rapport au résultat obtenu, qui est la concorde, grâce au partage.

    Personne n’a sourcillé d’agacement. Personne n’a plaisanté sur la provenance du voyageur. Personne n’a trouvé que la caméra de celui-ci était intrusive. Au contraire, tout le monde a vu que le voyageur était pieds-nus, en sandales et sans chaussettes, malgré le froid nocturne. L’hospitalité de Kars, la Mariée, se traduisait par une généreuse acceptation de la présence de l’enfant des rizières.

    À souhait, le mousse choisissait ses cadrages, entreprenait ses zooms, se donnait à cœur joie dans la captation du concert. La très grande liberté accordée au mousse à cette occasion témoignait avec éloquence de la belle hospitalité pratiquée par la Mariée.

    Les deux exemples précédents parlent de l’hospitalité du XXIè siècle. C’était l’hospitalité de la spontanéité.

    Mais Kars, la Mariée, exerçait aussi une autre forme d’hospitalité, qui s’adressait à la connaissance. Il s’agit d’une connaissance solidement documentée, scrupuleusement approfondie, objective et impartiale.

    Cette connaissance fait état d’un héritage millénaire. La Mariée a ouvert ses bras tout grands pour que nous puissions nous en approcher et en goûter toute la beauté.

    La Mariée affectionnait les décors fleuris.

    Voici le lotus qui s’épanouissait sur ses murs :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Les rinceaux, qui racontaient la prospérité, appartenaient au lieu appelé Տիգրան Հոնենց եկեղեցի (en français : Église de Tigrane Honents).

    La forme spiralée rappelait que ce cosmos était empli de douceur.

    La douceur apparaissait encore dans la délicatesse du graphisme. Voici un visage dont la douceur n’a pas fané depuis douze siècles :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Sur place, le mousse avait tout son temps pour recréer, avec délices, le geste du sculpteur et du peintre. Le plaisir visuel et le cheminement déductif qui en découlait donnaient au mousse une posture qui intriguait fortement deux autres visiteurs.

    L’aîné des deux s’est avancé vers le mousse pour interroger celui-ci sur la motivation.

    Le début de la conversation était ardu parce que l’Anatolien ne maîtrisait que sa langue maternelle. Mais en dépit des ressources langagières limitées, il a voulu faire connaissance avec celui qui venait d’ausculter l’édifice pierre après pierre.

    Cette démarche de l’Anatolien signifiait deux choses. Premièrement, il ne craignait pas d’aller à la rencontre de l’autre. Deuxièmement, il a consacré à l’édifice autant de temps que le mousse, puisqu’il a marché dans les pas de celui-ci. Dans ce cas, l’intérêt de l’Anatolien pour cet édifice n’était pas quelconque.

    Devant l’embarras technique de son aîné, l’autre visiteur est venu à la rescousse, grâce à un maniement plus performant de la langue de Shakespeare.

    Le premier interlocuteur avait la quarantaine. Le second, la vingtaine. Dans ce cas, c’était fort possible que ce soit le fils qui a prêté main forte à son père.

    En tous cas, les deux hommes étaient très courtois. Ils n’avaient rien, mais absolument rien de la frivolité de celles et ceux qui déboulaient là et qui en repartaient aussitôt.

    À ses deux interlocuteurs ouverts et sensés, le mousse a répondu qu’étudier l’Histoire était sa passion. Et pour illustrer son propos, il a montré le corps de l’édifice en faisant remarquer que l’artiste y avait sculpté trois reliefs circulaires, tous différents. Voici ces trois reliefs circulaires :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Avant cet échange avec le mousse, les deux interlocuteurs n’avaient pas remarqué cette décoration. Leur intérêt pour le sujet allait grandissant pendant qu’ils écoutaient le mousse décrire le remplissage qui particularisait chaque disque. Le disque le plus à gauche était engendré par la rotation d’un arc de cercle. La figure du milieu était construite sur une marguerite. Quant au disque de droite, qui se trouvait sous un aigle, il était engendré par la rotation d’un segment de droite.

    D’où l’interrogation suivante : qu’est-ce qui a poussé l’artiste à concevoir ces trois motifs circulaires ?

    À ses deux interlocuteurs ébahis, le mousse a avoué que lui-même n’avait pas encore trouvé la réponse à cette question.

    L’échange s’est terminé par le constat de la nécessité d’une quête.

    Cet épisode révélait une chose très importante : en faisant découvrir à d’autres la grande valeur du patrimoine de la Mariée, le mousse s’est comporté comme s’il faisait partie de la maisonnée de celle-ci. Autrement dit, l’hospitalité de la Mariée s’est métamorphosée en adoption.

    Un autre épisode illustrait l’agréable surprise de l’adoption. Il s’est déroulé devant le chef d’œuvre architectural nommé Մայր Եկեղեցի (littéralement : église mère ; autrement dit : cathédrale). C’était dans cette Cathédrale que plusieurs siècles avant les nefs gothiques de l’Occident, l’arc ogival et le faisceau de colonnes ont été conçus et pratiqués.

    Nous avons visité la Cathédrale en fin de matinée.

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Comme l’astre solaire s’approchait de sa position zénithale, l’ombre se rétrécissait.

    Une lumière blanche finissait de se répandre sur la façade, ornée de deux aigles qui symbolisaient le pouvoir royal.

    Après l’Église de Tigrane Honents, nous sommes repassés devant la Cathédrale. Cette fois-ci, le soleil se rapprochait de l’horizon en empourprant la façade de la Cathédrale. Les aigles royaux ressortaient davantage, grâce à l’ombre et à la teinte pourpre. Le mousse n’a pas résisté à l’envie d’en garder un souvenir. De nouveau, il a sorti son trépied et il s’est mis à l’œuvre. Voici ce qu’il a obtenu :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Quelqu’un a observé le manège du mousse : c’était le responsable du chantier qui avait en charge la restauration de l’édifice.

    Pour l’Anatolien, l’usage du trépied à l’ère du téléphone portable devait paraître anachronique. De plus, se donner tant de mal pour installer le trépied le matin et recommencer le même cirque en fin de journée pour photographier au même endroit, ça dépassait son entendement. Avec un rictus qui signifiait l’embarras, l’Anatolien s’est approché du mousse pour comprendre la motivation de celui-ci. Le mousse voulait parler de la fascination exercée par le profil très particulier de l’aigle, mais les mots lui manquaient pour le dire avec précision dans la langue officielle de l’Anatolie du XXIè siècle. De l’autre côté, l’Anatolien ne maîtrisait que sa langue maternelle. Par bonheur, passait à ce moment-là un couple à qui le Capitaine venait de s’adresser pour avoir l’heure exacte. Dans ce couple, la femme maîtrisait, outre sa langue maternelle, celle de Shakespeare. Avec beaucoup de gentillesse et de dévouement, elle a offert ses services de traductrice.

    Enfin, le mousse a pu faire comprendre au responsable du chantier ce qui différenciait l’aigle arménien de l’aigle romain : le premier n’avait pas les extrémités acérées du second. Le premier n’avait donc pas la cruauté du second. Mieux encore, la douceur du contour de l’aigle arménien conférerait à celui-ci l’allure inoffensive d’une colombe.

    Après avoir entendu et compris l’explication du mousse, le responsable du chantier montrait un regard désembrumé. Lui qui n’avait connu que les horizons délimités par la propagande étatique, il découvrait à présent, non sans un séisme intérieur, que les deux aigles n’étaient pas seldjoukides, mais arméniens.

    La traductrice, qui accomplissait sa mission de médiation avec une grande compétence, semblait aussi avoir été décillée. Son compagnon, qui écoutait avec beaucoup d’attention et de respect, ne pouvait pas ne pas être ébranlé par la révélation.

    Là encore, tout naturellement, le mousse a été amené à défendre les intérêts de la Mariée. S’il a agi ainsi, c’était parce qu’il se sentait comme faisant désormais partie de la maison de celle-ci. Autrement dit, l’hospitalité de Kars, la Mariée, avait débouché sur une adoption.

    À ce stade de notre entretien, il n’est pas inutile de citer le jeu de mots qu’un chroniqueur a concocté pour rappeler la signification du nom « Kars ». Voici ce jeu de mots :

    Ղա՜րս, Ղա՜րս, Ղա՜րս, Հայաստանի հա՜րս,

    Ե՞րբ պիտի դու է՜լի նորից տու՜ն վերադառնաս :

     

    En français :

    Kars, Kars, Kars, la mariée de l'Arménie,

    Quand rentreras-tu chez toi ?

     

    Le même mot en arménien désigne une ville si c’est un nom propre, et la condition de l’épouse quand c’est un nom commun.

    Il devient maintenant clair que la Mariée à laquelle cet article est consacré est la Mariée de l’Arménie.

    Nous aimions beaucoup la compagnie de la Mariée de l’Arménie. Nous voulions savourer l’hospitalité du matin, mais aussi celle de l’après-midi et celle du soir.

    C’est ainsi que nous avons visité certains sites à plusieurs reprises, pour capter le charme à différents moments de la journée.

    Il ressort de ce qui a été relaté précédemment que la Cathédrale faisait partie des lieux envoûtants que nous ne nous lassions pas d’explorer.

    Un autre endroit exerçait sur nous un attrait puissant. Il s’agissait du sanctuaire dédié aux Douze que le Nazaréen avait envoyés pour répandre la Bonne Nouvelle. En effet, ce site était connu de la Mariée sous le nom de Սուրբ Առաքելոց եկեղեցի (en français : église des Saints Apôtres).

    C’était avec ce lieu de mémoire que la Mariée de l’Arménie nous a fait entrer pour la première fois dans son intimité. Effectivement, nous y avons vu, de nos propres yeux et avec une très forte émotion, une écriture millénaire, qui maintenant fait partie du patrimoine immatériel de l’humanité.

    La pierre parlait, communiquait, racontait.

    Elle faisait le récit des terribles épreuves subies.

    Mais elle témoignait aussi de la formidable volonté de survivre aux outrages du temps.

    Des stèles de vie, où la figure centrale du crucifix incarnait le redressement, participaient également à la proclamation de la nécessité de rester debout malgré les tourmentes de l’Histoire. Ces stèles du courage et de l’espoir, la Mariée les appelait խաչքար (translittération : khatch-kar). Littéralement : pierres à croix.

    Voici le mousse en train de courtiser l’écriture millénaire sous le regard amusé d’un khatch-kar :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    La photo a été faite vers le milieu de la matinée.

    Le Capitaine a insisté pour qu’à l’heure du soleil couchant, nous voyions de nouveau le lieu de nos premières émotions.

    L’hospitalité s’évalue au bien-être ressenti par la personne qui a bénéficié de cette hospitalité. Dans le cas présent, l’impérieuse envie de revoir le site une deuxième fois, qui était une attitude gourmande, disait que ce bien-être était très grand et que l’hospitalité offerte était absolument fabuleuse.

    Voici donc la photo du retour à l’église des Saints Apôtres :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Le soleil, qui était bien bas à l’horizon, répandait une profusion de pourpre sur les pierres de la mémoire. Une mémoire endolorie, à cause de la tragédie qui s’était abattue sur ces terres, jadis arméniennes.

    Toutes les ombres s’allongeaient, y compris celle du photographe.

    En bas de la photo, vers le centre, apparaissait l’ombre du Capitaine. C’était l’empreinte de l’affection.

    En vérité, le Capitaine et le mousse étaient tombés amoureux de la Mariée, de son histoire, de son destin !

    Mais dans cette affaire, il semblerait que le coup de foudre qui traversait le Capitaine soit plus fort que celui qui a été ressenti par le mousse.

    C’était donc le Capitaine qui donnait la cadence pour les derniers moments de la visite, pour qu’aucun tableau de l’hospitalité de la Mariée ne soit omis à cause du temps écourté.

    Sur la photo précédente, on peut voir, à l’arrière-plan, la muraille que nous avons franchie pour accéder au champ de fouilles. La porte d’entrée se situait au niveau du drapeau officiel.

    À présent, comme le soleil déclinait de plus en plus vite, le Capitaine a demandé au mousse de presser le pas pour ne pas rater la splendeur d’une composition architecturale que le Capitaine lui-même avait dénichée en début de matinée, dans son exploration en tant qu’éclaireur.

    Pour aller vers la merveille, il fallait retourner en direction de la muraille externe et suivre le premier virage à gauche, jusqu’au bout.

    Voici la composition architecturale qui a commandé la marche accélérée du mousse :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Deux fragments d’arc et une colonne tronçonnée formaient un lotus empourpré par les dernières lueurs du couchant. Le chapiteau, qui était séparé du bas de la colonne, était décoré par deux spirales qui se rejoignaient au-dessus d’une marguerite.

    Une douce harmonie se dégageait de l’ensemble. Pouvoir s’en imprégner grâce à une contemplation en direct était un impératif pour le Capitaine.

    Le spectacle était absolument magique ! De l’édifice initial, il ne restait que ces quelques débris. Et pourtant, à eux seuls, ils réussissaient à restituer la splendeur originelle de l’ensemble.

    Sur le répertoire officiel, l’endroit était seulement désigné par l’appellation Եկեղեցի Ժ (en français : église 10). Malgré l’affreuse tristesse de cette appellation, le génie du Capitaine a donné à voir, sur place, au mousse, la magnificence d’une évocation, où se réfléchissait le destin de l’Arménie.

    La halte avait un double enseignement. Premièrement, nous étions bigrement choyés par l’hospitalité de la Mariée. Deuxièmement, le coup de foudre pour la Mariée a donné au Capitaine le flair de l’archéologue et l’œil de l’esthète.

    Voyez comme le Capitaine était heureux de vivre le coup de foudre qu’il avait pour la Mariée.

    Après cette halte sublime, il restait encore un trésor que le Capitaine merveilleusement enflammé voulait montrer au mousse. L’euphorie allait crescendo parce que le Capitaine voyait le beau succès de sa démarche de médiateur dévoué.

    Le dernier trésor, qui n’était pas l’un des moindres, était un « temple rond ». C’était ainsi que le mousse l’a appelé quand il l’a vu de loin, car l’édifice lui rappelait la Tholos de Delphes.

    La rondeur de l’enveloppe extérieure était le premier signe de l’originalité.

    Le site avait pour nom officiel Գագկաշեն Սուրբ Գրիգոր եկեղեցի (en français : Église Saint-Grégoire de Gagik). L’appellation indiquait que l’édifice était consacré à Grégoire, qui était le Saint protecteur de l’Arménie. Quant au nom Gagik, il désignait le roi arménien qui a donné sa bénédiction à l’érection du sanctuaire.

    Nous voici au milieu de la surprenante rotonde, qui regorgeait de signes de la féminité, comme l’avait souhaité la sensibilité de la Mariée :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Sur le chapiteau, la jonction entre les deux spirales latérales était comme une tresse, ce qui renforçait encore plus la ressemblance de celles-ci avec des boucles de cheveux.

    Les derniers rayons du soleil venaient caresser le flanc droit du Capitaine, qui se réjouissait grandement d’avoir mené à bien sa diplomatie avant la disparition de la clarté diurne.

    Contemplez l’immense bonheur que nous procurait l’hospitalité de la Mariée.

    L’hospitalité de la Mariée était fabuleuse : elle nous laissait totalement libres, libres d’aller et de venir, libres de revenir, et libres de vouloir ne plus repartir.

    « Restez encore ! », nous disait la Mariée.

    Et nous sommes restés jusqu’au lever de la lune.

    Voici la photo de l’au revoir :

     

    L’hospitalité de la Mariée

     

    Le clair de lune éclairait un troupeau qui passait entre nous et la muraille.

    Cette photo miraculeuse a été réalisée par le Capitaine. Jusqu’à l’ultime instant, il est resté vigilant et réactif. Cette promptitude et cette efficacité exprimaient l’extraordinaire tonus que nous a apporté l’hospitalité de la Mariée.

    L’hospitalité de la Mariée anatolienne était faite de sincérité et de réalisme. Elle portait l’empreinte douloureuse des tourments de l’Histoire. Nous formons le vœu ardent qu’elle soit un jour couronnée par la réconciliation des mémoires.

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