ÉPHÈSE

Un peu avant ÉPHÈSE, sur la route depuis PAMUKKALE et APHRODISIAS, on s’est trouvé une fontaine pour refaire l’eau de la roulotte et, accessoirement la lessive, même si ça n’a rien d’accessoire !

Il nous a fallu aussi trouver un coin pour la faire sécher…

ÉPHÈSE donc !

Ce plan est vraiment un beau plan. Il prend en compte le relief et le trait de côte à l’époque où ÉPHÈSE était un port. Il donne aussi une très bonne visualisation d’ensemble de la connexion entre la ville elle-même et le temple d’ARTÉMIS (23 sur le plan), un peu plus loin, ainsi que la basilique de SAINT JEAN (25) !

Pour une meilleure compréhension !

Et donc, c’est l’histoire de Pierrus et Minus qui sont venus de leur lointaine province pour voir de leurs yeux ce qu’est devenue la cité depuis qu’elle a quitté le royaume de PERGAME au profit de l’Empire romain ! Ainsi, vous savez, vous qui êtes si cultivés, que nous sommes dans les années 100. Point besoin de préciser que c’est avant le Nazaréen… Évidemment !

Pierrus et Minus sont bien seuls devant le Bouletérion ! Ils sont arrivés en retard pour mettre un peu de ton dans les débats houleux du matin même !

Faut dire que les routes sont si mauvaises…

Tandis que nous sommes arrivés par la route, d’autres sont arrivés par la mer… Dont un, spécialement ! Je parle bien sûr de notre jeune pote ZÉPHYROS qu’il ne faut pas confondre avec ZÉPHYROS, dieu du vent d’Ouest et messager du printemps, qui porte le même nom ! Nous aussi, on aurait pu ! On avait même le choix de notre monture ! Mais on a préféré la poussière des chemins à celle du sel de la mer !

Poussés par les vents et malmenés par les tempêtes, pour eux aussi, la route a été longue ! Et ZÉPHYROS nous l’a avoué lui-même… La traversée depuis les colonnes d’HERCULE a été si difficile que, s’il l’avait su, il serait pas venu. Ou avec nous, par la route !

Je vous présente Minus ! Minus, c’est son diminutif, bien sûr ! Personne ne s’appelle Minus tout court ! Non. Son nom complet est Minustius le Maximus, professeur de théologie avant l’heure ! Minus est un précurseur !

Pierrus, lui, c’est son vrai nom. Enfin presque. Normalement, il s’appelle Piéros qui est devenu Pierus parce que, quand même, on est dans la Rome quoi ! Et de Pierus avec un R, c’est devenu Pierrus avec 2 R, pour pas qu’on le confonde avec Pierus avec un R, roi d’Emathia en Macédoine. Z’avez compris ?

Là, on ne le voit pas parce que c’est lui qui fait la photo ! Mais on est toujours dans les coulisses du Bouletérion.

Heureusement que les notables nous ont mis un plan de la cité… Elle est si grande que Minus se perd sans arrêt !

On se serait bien fait une petite toilette dans les bains de l’Agora civique, mais Minus n’y avait pas pied… Nous sommes donc restés dans nos frusques du jour emportant avec nous nos effluves de printemps !

Le temple de DOMITIEN ! Quand même ! Ça fait déjà 4 ans qu’il est achevé (On est dans les années 100 je vous rappelle !), et c’est la première fois qu’un temple est autorisé à porter le nom d’un empereur !!! Le culte de DOMITIEN y a été célébré jusqu’à ce qu’il soit assassiné ! Ah ! En ces temps-là, tu t’embarrassais pas des choses futiles !

S’il savait, le pauvre, que son temple serait détruit quelques années plus tard, à l’époque chrétienne.

- Merci Minus de toutes ses explications de si hautes envolées !

Quelle bonne idée d’installer un panneau d’indication pour nous montrer le chemin…

- C’est NIKÉ ! Et il ne faut pas oublier l’accent sur le E !

- Oui, oui, la bibliothèque est au fond à droite !

Lui, c’est POLLUX ! Y’a bien son pote CASTOR, mais il se ballade du côté de la rue de MAGNÉSIE…

Et je dois dire qu’il y a une petite confusion… Désolé, hein ! POLLUX n’est pas un Skye Terrier ! Enfin si, mais pas aujourd’hui !

On s’est un peu perdu du côté de la porte de MAGNÉSIE…

- Ehhh, Minus ! Mais quoi, il le fait exprès ou quoi ? On le voit à peine !

Ah ben tiens ! Déjà qu’il était petit, là, il a complètement disparu ! Il a dû s’arrêter à la fontaine. Ou peut-être à l’Hydrecdochéion de Caius Laecanius Bassus Caecina Paetus ! Ouais, c’est un pote à nous ! On l’appelle seulement Bassus parce que sinon, quand on l’appelle avec son nom en entier, t’as 5 mecs qui se retournent !

Bon. En même temps, la rue est si calme, et si belle, que même sans Minus, c’est un plaisir…

Alors que dans d’autres temps, l’effervescence est menée à l’extrême !

Le grand bazar s’agite comme une vague malmenée par les vents. C’est une grande ondulation qui emmène tout le monde dans un maelstrom de voix et de gestes. Parce qu’ici, tout s’achète et se vend !

Tiens ! V’là CASTOR !

Ouais… On le sait que t’es beau ! Tu vas pas nous en faire une tragédie, non ?

Après s’être un peu égaré dans les méandres de la ville, on reprend notre chemin. La bibliothèque n’est pas loin. Et Minus aimerait bien y trouver un traité de géophysiquenucléobasique à propos de la rotation des planètes !

En même temps, tout le monde sait qu’elle n’est pas encore construite au moment où Minus et moi, on se balade à ÉPHÈSE ! Mais on n’est pas à quelques années près ! Et puis Minus est un précurseur. Ça lui donne le droit d’espérer trouver parmi les 12000 rouleaux qu’elle contient, celui qui l’intéresse !

D’ailleurs, si on fait un bon en avant, elle est là, la bibliothèque de CELSUS ! Juste là. Au bout de la rue !

Et je dois dire qu’il y a un monde fou pour y aller ! Je me demande ce qu’ils font là, tous ces érudits ! Érudits ou abrutis… Je ne sais plus quel mot il faut employer !

Le long de la rue des Courètes, on retrouve la Nymphée de TRAJAN ! La rue est toute en marbre ! Les sculptures itou !

- On a bien fait de venir, hein Minus !

- Bla-bla, bla-bla ! Tu parles trop Pierrus !

- Ehhh ! Minus ! T’as trouvé quelqu’un à ta taille !

Y’a intérêt à faire attention… Avec tous ces érudits qui frottent leurs tongs sur les dalles de marbre, ça glisse un max !

- Je crois que ton vocabulaire n’est pas vraiment adapté à l’époque, non ?

La Nymphée de TRAJAN. Mais y’a plus d’eau ! Et puis, à l’époque de notre visite, c’est encore un mirage ! Elle n’a été construite que 200 ans plus tard. Entre 102 et 114 après J.-C. !

- C’est dingue comme le temps passe !

Ahhh. Salut !

- Tu la connais ?

- Ben oui ! C’est TÉLAÏRE ! Elle boude ! Elle s’est fait piquer son rameau !

Ah ouais. Elle avait d’la gueule la Nymphée !

On arrive à la bibliothèque !

C’est pas trop tôt !

Y’a du monde au guichet !

Tellement qu’on passe notre tour et qu’on s’en va au théâtre !

Et comme la scène est vide, que même y’en a qui la reconstruise, on s’est dit qu’on allait voir la mer !

C’est la route qui mène au port !

- Ouaaah ! Minus ? T’as vu ? C’est CLÉOPATRE qui arrive sur son char ! Elle est belle hein ? T’as vu ? Elle me regarde !!! Elle m’a vu ! Elle me salue ! Ouahhh ! Maintenant, je peux mourir !

- Je ne voudrais pas dire, mais je suis juste derrière toi ! Alors c’est moi qu’elle a vu ! Moi Minustius le Maximus !

- Comment tu veux qu’Elle te voie !!! T’es tout minus… J’peux te porter si tu veux !!!

- Et de toutes façons, j’crois bien qu’elle est déjà accompagnée… Crotte de bique tiens !

- C’est beau, hein Minus !

- Bla-bla, bla-bla. Tu parles trop Pierrus !

- Laisse moi contempler ! Je suis en pleine contemplation !

A force de contempler, on est arrivé un peu tard à la bibliothèque ! Tout est dans l’ombre.

- C’est ce qu’on appelle l’obscurantisme ?

- Bois ta cervoise Pierrus et tais-toi !

En tout cas, c’est beau. Même dans l’ombre !

Dire qu’elle va être incendiée par les GOTHS en 263 après J.-C, et que tout sera brûlé ! Pu...tain de GOTHS ! Et y z’ont pas fini de nous em...merder !

Quelques copines à nous !

Juste avant, c’était ÉPISTÉMÈ, personnification de la connaissance !

- Elle se la pète un peu, non ?

- Pfff !

Et là, c’est ENNOIA, la raison !

C’est ARÉTÉ, la personnification de la vertu !

-Tu m’étonnes !!! Même son nom nous y encourage… à la laisser tranquille !

Et SOPHIA, la sagesse…

Pierrus et Minus !

Et tandis que Pierrus et Minus se font un selfie, d’autres sont en extase !!!

- On croit rêver !

- C’est pas du rêve ! C’est la réalité ! C’est le temple d’ARTEMIS avec la basilique de SAINT JEAN !

- Tu dis des bêtises Pierrus… Le premier a été construit en 560 et détruit en 356 (t’es avant J.-C.) tandis que l’autre a été bâtie au 6 ème siècle… C’est dans 700 ans mon pote ! Toi aussi t’es dans le rêve !

- Et ça, c’est quoi. Hein ? C’est la destruction d’ÉPHÈSE !

- On est en plein rêve… C’est pas possible autrement ! Le soleil nous a tapé sur la tête !

Ouf ! Nous revoilà replongé dans le réel… La bibliothèque est bien là, en ruines, forcément…

- Même que, regarde Minus, tout est en ruines !

- Tu ne m’appelle pas Minus en public. Merci !

Bon. C’est quand même un sacré travail. On déambule dans la montée des Courètes. Ce matin, c’était la rue des Courètes tout court (Comme Minus) mais ce soir, la fatigue aidant, c’est la montée des Courètes ! Et voilà !

L’ombre pose son doux manteau de soie sur les dalles en marbre surchauffées de soleil !

Quelle poésie !

La nymphée de TRAJAN s’illumine…

C’est comme si tout s’endormait !

POLLUX a disparu, abandonnant son poste de guet devant les colonnes du temps de DOMITIEN. Si ça s’trouve, il est allé retrouvé TÉLAÏRE… Elle doit avoir fini de bouder !

Même Minus a l’air bien fatigué !

Tiens… C’est qui ça ?

Bon. On a quand même des potes à voir… Y nous ont invité chez eux ! Pas sûr qu’ils aient eu le temps de faire le ménage…

Y z’ont même pas fini la décoration !!!

Et même que, y z’ont encore pas mal de boulot !

Tiens, regardes ! Y z’ont même laissé traîner le balai !

En tout cas, c’est charmant chez eux… Un peu désuet, mais charmant !

Y sont ballots, y z’ont fait la mosaïque à l’envers !!!

Ah !!! Voici notre chambre !

Y’a une chaise, mais y z’ont oublié le lit !

En tout cas, on est tout proche du salon !

Et de la cuisine !!!

Y z’ont quand même les moyens, hein !

Et leur péristyle est pas mal du tout !

Faut faire gaffe la nuit, y’ a ARTÉMIS qui nous surveille !

Je ne sais trop pourquoi, mais j’l’aime bien, elle, hein Minus !

Et c’est sur cette belle image que Minus et moi, pleins de pensées dans la tête, nous nous en retournons dans notre vie de tous les jours, celle où la vie s’écrit bien heureusement avec le kaïros. Voilà. Alea jacta est comme on dit vulgairement ! Vale amici ! Ave ! Et j’en passe !