Ce n'est pas tant que je sois un génie, mais quand même !...
Tout le monde trouvera cela simple, mais moi, c'est la première fois que j'ose mettre les mains dans un moteur ! Bon je n'ai pas fait grand chose : j'ai seulement vérifié la turbine de la pompe à eau de refroidissement...
Ouahhh, l'exploit !!!
Faut savoir que le seul entretien du moteur que je fais habituellement se limite à vérifier les niveaux d'huile du moteur et de l'inverseur... et à resserrer les colliers de serrage. Depuis peu, depuis ma mésaventure à CANNES, je vérifie aussi la corrosion des contacteurs électriques. Je suis aussi capable de nettoyer le filtre à eau de mer. Et toutes ces choses sans m'énerver et sans rien casser ni rien balancer par dessus bord !... Vous voyez ? Quand je vous dit que je suis un génie ! La prochaine étape sera de changer le filtre décanteur du réservoir de gasoil et d'activer la pompette pour purger l'air qui sera dans les tuyaux. Mais ça, je le ferais quand je n'aurais plus besoin du bateau, au cas où !...
Le bateau est un long apprentissage de plein de chose, et je ne suis qu'au début de la liste...
La navigation n'est pas toujours romantique, mais elle est toujours authentique.
Pour un navigateur, l'autonomie n'est pas un vain mot, ni un vœu pieux. Quand il n'y a pas de brigade à bord pour les tâches d'entretien et de sécurité, l'on est soi-même son propre serviteur. De la découpe de l'ail pour l'agneau au serrage des colliers du moteur, il faut beaucoup de patience pour s'occuper de soi-même. Encore de la patience !
Qui dit patience, dit plaisir inexistant. Car quel plaisir y a-t-il à plonger ses mains dans le cambouis et à se faire mal par des contorsions ? Ceux qui disent qu'ils y prennent plaisir sont les professionnels qui caressent le rêve de s'en mettre plein les poches grâce aux prestations rendues. Leur plaisir n'est pas dans la mécanique, mais dans la vision jouissive du pouvoir d'achat qu'elle rapporte.
Une chose est certaine : le capitaine ne s'épargne aucune besogne.
Vive l'homo faber de Bergson ! Après l'exploit en ébénisterie, voilà l'aventure de la mécanique en plusieurs feuilletons.
Objectivement, la photo des entrailles n'a rien pour faire rêver. Se posent alors les questions :
1. Le blog a-t-il pour fonction et pour obligation de faire rêver ?
2. Que vient-on consommer en visitant un blog ?
La réponse à la première question définit la motivation du racontable.
La réponse à la deuxième question est donnée avec beaucoup de subtilité et de dérision par la nature-même de la photo ci-dessus. Point de plage de sable fin, point de falaise escarpée, point de promontoire bleuté, point d'azur limpide. Que des boyaux, et des boyaux, et des boyaux..., qui, pourtant, vont permettre d'aller vers les visions de cartes postales attendues. Si la plage de sable fin, la falaise escarpée, le promontoire bleuté ou l'azur limpide sont absents de la photo d'aujourd'hui, c'est parce que ce ne sont que des leurres. Par contre, quelque chose de beaucoup plus séduisant, beaucoup plus vrai et beaucoup plus raffiné émerge de cette même photo : c'est le partage éthique. On y trouve le balbutiement d'une audace, l'aveu d'une compétence incomplète, la stratégie de l'auto-satisfaction pour dissiper le malaise et éviter le ridicule. De l'humour presque hébreu, nullement gaulois !