Mais vraiment pas drôle...
Jugez plutôt !
Déjà, y'a LUSIADES qui est parti !
On s'y sentait tellement bien à leur bord, en leur compagnie !!! Mais bon. C'est un peu normal en fait. Chacun sa route. C'est le lot de beaucoup de navigateurs, voire de tous. On n'a pas les mêmes inspirations, les mêmes désirs, les mêmes rêves.
Bon. Déjà, c'était pas drôle, hein ?
Nous aussi, on a repris la route. Longer la côte du golfe de VOLOS. Par deux fois, j'essaie de trouver une place où loger le ZEF mais notre trop grand tirant-d 'eau nous en a empêchés !
Comme ici, je trouvais le paysage champêtre ! Et non, je ne me moque pas de vous ! Y'avait une barge toute rouillée, mais pas assez d'eau à son encontre. Alors bon. Faut bien continuer.
C'est drôle ça ? Ben pas du tout.
Au final, on a accosté là. AMALIAPOLIS. Ça nous semblait bien. La suite nous dira le contraire. Et c'est là que ce ne s'ra plus drôle du tout...
Un chat noir. Je ne l'ai pas croisé, mais c'est tout comme. Il m'a dévisagé de son regard d'or tellement intense qu'il m'a quasi hypnotisé !!! Si, si ! D'ailleurs, le soir même, je miaulais ! Mais alors, qu'est-ce que je miaulais ! C'est dire si on s'est carrément croisé. Et j'aurais pas dû !
Et donc, on était là. Mer plate. pas de vent. Des gens sympas.
Même que le bateau est vachement beau vu d'en-haut, hein ?
Et c'est là que tout bascule... Mais qu'est ce que je suis venu foutre dans cette galère ?
Il faisait nuit. Pas de lune. Toujours pas de vent. Minh le mousse venait de nous préparer un bon couscous !!! Et tout à coup, comme par magie, des vagues énormes sont apparues !!! Tout a valsé dans le ZEF. Le bateau dansait au-dessus du quai d'une manière tellement dangereuse. Minh s'est précipité à l'intérieur pour tenter de retenir tout ce qu'il y avait à retenir. Tout quoi ! Le ZEF roulait terriblement comme il n' a jamais roulé. Et moi, ben je me suis mis dans la tête que peut-être y'avait un truc à faire, dehors, pour éviter à not' barque de se répandre sur le quai. J'aurais pas dû ! Une dernière vague. La plus grosse peut-être, m'a déséquilibré et je suis tombé de tout mon haut sur le quai ! J'ai hurlé de peur, de douleur, et, aussi, malheureusement, de colère, quand j'ai vu la position totalement grotesque de mon poignet.
Poignet cassé. A nouveau. Comme en mars 2017. Au même endroit. Plus des douleurs énormes à la hanche et à la jambe.
Voilà. Comme quoi, voyez vous, je ne vous ai pas menti. C'est un article pas drôle du tout !
C'est la dernière photo que j'ai prise. Le voyage s'arrête là. Point.
Enfin, il s'arrête presque là.
Il faisait nuit noire, le vent s'était remis à souffler. Allongé sur le dos, groggy, je réfléchissais à l'avenir. Pas drôle non plus, ça ! Rester ici ? Laisser Minh seul avec le risque que cette série de vagues scélérates ne se reproduise ? Impossible. Minh m'a aidé à reprendre pied sur le ZEF et on a largué les amarres, puis, vite, au moteur, presque à fond, direction le port de VOLOS distant de 15 miles. La mer est désormais hachée. J'ai des douleurs lancinantes partout. J'en suis même à expliquer au mousse les rudiments d'une navigation de nuit, comment on règle le pilote, et toutes ces choses-là, tellement j'ai peur de tomber dans les pommes à cause de la douleur !!!
A VOLOS, je décide de me rapprocher de la vedette des Gardes- Côtes afin qu'ils nous aident pour amarrer le bateau. Ils feront bien plus ! Bien sûr qu'ils vont prendre nos amarres, faire les nœuds et tout ça, bien sûr qu'ils vont contacter une ambulance pour me conduire à l'hosto. Mais aussi, ils vont se prendre l'idée de tout nous contrôler. Ben tiens !!! Y'a un bateau suspect qui leur tombe directement dans les mains. En plus, y'a un Chinois à bord (il n'est pas Chinois, il est Vietnamien en fait... Mais y font pas la différence !!!), et pour eux, Chinois = réfugié clandestin = bateau de trafiquant = on n'est pas sorti de l'auberge !
De retour de l'hosto où j'ai presque été trucidé (ils avaient dans l'idée de réduire la fracture, comme ça, à chaud, sans aucune anesthésie...), ben les GC nous avaient confisqué tous les papiers...
Heureusement, y'a Minh. Qui n'est ni un clandestin, ni un réfugié, même s'il l'a été, il fut un temps bien long déjà ! Et Minh, il sait louvoyer au milieu des illogismes, des contraires, des absurdités, des bêtises de l'humanité et, ici, en l'occurrence, de celles des GC !
Bref. Le lendemain, grâce à son talent qui m'éblouit chaque jour (!!!), on quittait en vitesse le port de VOLOS en s'disant que ça serait bien qu'il n'y ait pas une énième volte-face des GC !
Direction LIMNI. Un chantier à sec qu'on avait à peine entraperçu lors de notre précédente route. 72 miles pour mettre le ZEF en sécurité.
Maintenant, les photos sont de Minh...
Voilà. Le ZEF est au bout de sa route... On s'demande même si on ne va pas le vendre. En tout cas, c'est dans l'humeur du moment ! Trop de blessures, trop de stress, trop de tout !
J'annonce d'ailleurs sa vente à qui veut l'entendre !!! Suis-je convaincu ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Des amis de voyage me conseillent de donner un peu de temps au temps.
En attendant, justement, ben la suite se passe à ATHENES. Convalescence d'au moins 6 semaines. Après la mer, vous me surprenez à rouler des mécaniques ! Quelle ironie !
En pointillé, le retour express.
Et là, le court trajet de cette année ou j'aurais réussi l'exploit, en moins de 3 mois, à casser ma voiture dans un "refus de céder le passage" et à me casser la binette ! Bon. L'un dans l'autre, j'ai réussi à ne pas casser le ZEF... C'est déjà beau non ?