Le port de MYRINA. C'est là qu'on pensait venir... A l'origine... Et pour éviter le méli-mélo des ancres, on avait même cru possible de trouver une place along side du petit quai...
Oui. Ca, c'était avant qu'on vienne voir de nos yeux vus, comment c'est en réalité !!! Et en réalité, le port est plein et archi plein ! Le petit quai est monopolisé par un gros yacht à moteur et par une zone de desserte pour les passagers d'un bateau de croisière !
Alors, même si tout est croquignolet, le port, les quais, les tavernes qui se parent de couleurs, la forteresse, là, juste au dessus du port, ben on est bien content d'avoir trouvé notre place along side au port de MOUDROS... Bon. Bien sûr, il a fallu qu'on prenne le bus pour venir ici et qu'on loue une moto pour 4 jours pour visiter l'île...
Même le mouillage, contigu au port, dont on dit que les ancres ne tiennent pas bien quand le vent se met à souffler, est plein de chez plein !
Et dire que chez nous, à MOUDROS, c'est le grand vide... Le plein de vide, même ! Le plein de rien ! Peu de bateaux viennent jusqu'ici. Comme si l'endroit était déshérité de tout ! Et nous ? Ben on s'y sent bien ! On aime cette solitude, ce côté désertique, cet abandon, comme une bourgade perdue des hommes, perdue tout court !
C'est sûr qu'ici, à MYRINA, la vie est omniprésente... Entre le va-et-vient des ferrys, des cargos qui livrent de l'eau ou du gaz ou du carburant, les voiliers de passage, les touristes qui déambulent dans les venelles ombrées, les commerces en tous genres qui attirent les curieux, la vie bat son plein. Mais est-ce la vie pour autant ?
Nous, on préfère notre solitude, notre esseulement... On revendique même d'être un peu en dehors du monde... C'est comme ça que notre voyage en devient, parfois, intérieur, et ça nous plaît ainsi ! On apprécie d'être perdu dans des ports sans prétention... Souvent, plus le port est difficile d'accès, avec des fonds juste pour notre tirant d'eau, un équipement sommaire, brut de quai, et brut tout court, ben ça nous va ! On s'y sent bien. Il nous faut seulement de quoi nous ravitailler en bouffe et en eau. Et là, à MOUDROS, c'est exactement ça. C'est équipé et paumé, juste comme y faut !
Un peu au Sud de MYRINA, la nature reprend vite ses droits... Et ce ne sont pas les vestiges d'un petit chantier naval qui vont changer les choses...
C'est la toute première fois qu'on débarque sur cette île. LIMNOS. Depuis le temps (presque 40 ans) qu'on sillonne ce pays avec délice, c'est la première fois qu'on pose notre regard sur les côtes de cette île...
Et cette île va nous enchanter !!!
Il n'y a pas un seul kilomètre que l'on parcourt avec la moto sans que le paysage ne change du tout au tout. Tantôt une montagne, une colline, une baie, une crique et tout autant de nuances, de subtilités dans les couleurs, les formes, l'ambiance...
Bien sûr, pour un œil non averti, non habitué aux épisodes climatiques qui façonnent ces îles, le paysage pourrait sembler austère, nu, sans âme. Mais c'est tout le contraire !!! Nous, dans ces déserts d'herbes ocres, on devine toute la fraîcheur d'une nature exubérante, telle qu'elle doit exister au printemps, quand les pluies abondent !!! Ici, alors que l'été a tout brûlé, le printemps, lui, doit révéler des tapis ondulants de verdure... LIMNOS doit alors ressembler à l'IRLANDE !!! Une IRLANDE grecque ! Ca doit être magnifique !
Et puis... Comment dire ? Plus l'herbe est rase, plus le paysage est dur dans sa façon d'être, plus la nature est hostile à toutes formes de vie, et plus notre plaisir est intense !!! On aime tellement cette rudesse des choses ! Cette chaleur qui écrase tout, qui brûle tout... C'est quand le monde devient hostile à l'homme que nous-mêmes, on commence à éprouver un plaisir rare... Celui de pouvoir entrer dans ces paysages, de s'y fondre, de côtoyer les gens qui y travaillent, qui y souffrent aussi... Et là, tout devient beau, simple... L'heure est exquise quand l'harmonie entre nous et la nature arrive à tisser des liens !
Ce pays doit être très beau quand il est vert. Quand l'eau du ciel l'a abreuvé tant, que tout pousse en une exubérance de fleurs et de senteurs... Mais je me demande parfois si ce que j'aime le plus n'est pas cette désolation, ce vide, cette uniformité d'un paysage que plus rien ne rattache à la vie, cette dureté de la terre quand plus aucune plante n'arrive à y trouver de l'eau, une larme d'eau, quand la terre semble abandonnée de Dieu lui-même !
C'est d'une incroyable beauté ! Juste un peu d'ombre et la vie reprend !
Nous, plus que d'autres, nous sommes les témoins de la rudesse de la terre... Nos escapades terrestres nous mènent souvent vers ces lieux désertés des hommes... Mais jamais du divin !