PAULINE FAURE, critique d'art, conte la démarche artistique de LISE CHEVALIER :
"La pratique de LISE est multiple. Poésie, photographie, dessins à l'encre, céramique... Mais cette diversité est d'une cohérence exemplaire au service d'un onirisme de la nature..."
"...Pour mieux en appréhender le potentiel de rêve et de retour à sa propre nature humaine profonde, LISE CHEVALIER l'interprète au rythme de ses songes, de ses sentiments, de ses sensations."
"... Se départissant de toute rationalité, elle puise dans ses états intérieurs pour donner vie par ses gestes à des fragments d'une nature dont elle aura absorbé la puissance de vie et de mémoire."
J'ai découvert cette exposition intitulée "Le chant des platanes" dans les salles de l'Auberge de France à RHODES.
Et bien sûr, toutes ces photos ont été réalisées avec la bénédiction des deux femmes qui régissaient l'exposition. Je le dis à toutes fins utiles !!!
" Au fond s'ouvre une île.
Portée par les barques, nous échouerons parmi les géants.
Ils nous attendaient depuis longtemps.
Comment avions-nous franchi la ligne de rochers ?
Nous avons oublié. Nous connaissons un récit. Il semble perdu."
"Nous avons mal aux pieds, au cœur. Epuisés, nous tombons l'un près de l'autre sur les cailloux blancs. Partout des yeux nous regardent, ils flottent dans les airs. Des plantes s'approchent de notre lit, se hissent et se nouent à nos jambes."
"Ils dorment comme des bêtes épuisées. De leurs bouches entrouvertes s'échappe de la vapeur violette. Leurs squelettes laissent une empreinte. Ils ont cherché un repos dans lequel ils pourraient se perdre."
"Leur souffle se fond dans le bruit des vagues, des gouttes d'eau tombent doucement. Le ciel se couvre et des nuages d'un noir terrible avancent. Les black clouds comme ils les appellent.
Depuis qu'ils se sont évanouis au bord des falaises, les fumées blanches émanent des roches. La pluie bat leurs corps. Leurs visages rouges se parlent.
Et comme dans un vœu commun, une foudre tombe. L'électricité se répand à toute allure partout, un noyau se détache, une intelligence est née."
"Un rameau se disperse, une vague se fend, un corbeau s'éveille."
"La mer est d'obsidienne.
Les géants gisent dans les rochers. Une tortue dort.
La surface est glissante, opaque. Elle court sur la mer et plonge.
Secrètement, elle l'appelle."
"Il viendrait du ciel, il pourrait regarder le soleil droit dans les yeux.
Et elle pourrait s'agripper sur ses ailes.
Ils n'auraient plus besoin de se nourrir, seulement courir."
"Une fusée blanche traverse, des étoiles filent et d'autres tombent.
Elle voit son reflet s'accrocher aux arbres.
Des volcans émergent sous une pluie acide. Ils sont des milliers à se réveiller."
"Ses yeux sont inversés.
Son plumage coloré.
Son bec parfumé.
Elle vient de déposer l'amour sur le petit lit cycladique."
Et c'est sur ce tryptique d'une "forêt primaire équatoriale", que cette jolie visite prend fin !