Une semaine avant que les cieux de la Gaule ne scintillent et ne crépitent à l’occasion des festivités nationales, l’Aventy montre au Zeph le magnifique feu d’artifice de Ravenne.
Plusieurs rampes de tir composent le spectacle, qui est de renommée internationale. De l’avis des experts, les artificiers installés sur l’emplacement du Mausolée réalisent une prestation exceptionnelle, qui devancent les autres en temps et en faste.
Préalable au déploiement du talent des artificiers : le beau temps, un ciel pur, sans aucune pollution lumineuse causée par l’homme.
Elle est là, la voûte céleste idéale, constellée d’étoiles.
Mais par ci, par là, se mettent à apparaître des éclosions circulaires, évoquant une expansion radiale.
Le feu d’artifice aurait-il déjà commencé ? L’on dirait.
La teinte dominante privilégiée par les artificiers est le bleu.
Feu d’artifice permanent, que les vivants avaient offert aux défunts il y a seize siècles, puis que les défunts ont offert aux vivants de nos jours. Spectacle devenu intemporel, dont la cause est la mort, c’est-à-dire la séparation inéluctable, et dont l’objectif est de proclamer des retrouvailles, le retour à la vie, le triomphe sur la mort.
Lieu des retrouvailles : l’Éden reconquis. Rien que ça ! En effet, le décor est planté, en cohérence avec le retour à la vie.
Pas de vie sans eau. De l’eau pour le règne végétal ainsi que pour le règne animal.
De l’eau en abondance, comme en témoigne l’exubérance de la végétation. De l’eau qui rend féconde la terre et la comble de fleurs et de fruits.
Le feu d’artifice fait éclore un superbe jardin, un Éden.
De l’eau apparaît aussi explicitement sur les murs supérieurs des voûtes. Des cerfs s’abreuvent à une source. Des colombes boivent dans une coupe. Eau disponible à l’état libre, ou par le biais d’un savoir-faire.
Image de paix et de sérénité avec les deux cerfs qui se désaltèrent en toute quiétude. Les conditions paradisiaques ne sont pas dues au hasard. En effet, le tableau des deux cerfs est coiffé par une arcade dont l’intrados montre un alpha et un oméga. Début et fin de l’alphabet grec, pour signifier que le paradis sur terre était le projet initial et reste l’objectif ultime. Mais la position surélevée de l’inscription grecque évoque aussi une transcendance, qui est l’Alpha et l’Oméga de toutes choses.
L’eau qui étanche la soif des colombes apparaît sur chacun des quatre murs supérieurs, donc aux quatre coins cardinaux. Quatre, comme les quatre bras du fleuve qui irriguait jadis l’Éden (livre de la Genèse, chapitre 2, versets 10 à 14).
La coupe d’eau fraîche est placée entre deux personnages masculins, des « envoyés » pour renseigner sur le calendrier de l’Alpha et de l’Oméga. « Envoyé » se dit en grec Απόστολος – ΑΠΟΣΤΟΛΟΣ. Les personnages debout de part et d’autre de la coupe d’eau sont donc des apôtres. Sur l’un des tableaux, l’on reconnaît aisément l’apôtre Paul et l’apôtre Pierre.
L’eau de la coupe ne fait pas disparaître seulement le dessèchement des lèvres ou du gosier. Elle apaise aussi une autre soif, dont parle le Christ au cours de son entretien avec la Samaritaine.
Il lui dit :
ὃς δ' ἂν πίῃ ἐκ τοῦ ὕδατος οὗ ἐγὼ δώσω αὐτῷ, οὐ μὴ διψήσει εἰς τὸν αἰῶνα
ΚΑΤΑ ΙΩΑΝΝΗΝ ΑΓΙΟΝ ΕΥΑΓΓΕΛΙΟΝ
« Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif »
Évangile selon Jean, chapitre 4, verset 14
Les apôtres sont chargés de diffuser la Bonne Nouvelle selon laquelle cette eau de la vie est disponible pour qui veut la recevoir.
Un feu d’artifice qui met en valeur la présence de l’eau ! Comme à Versailles. Ou plutôt, bien longtemps avant Versailles !
Laissons-nous guider par l’allusion à Versailles. Y a-t-il un pouvoir royal qui se trouve magnifié par ce somptueux feu d’artifice ?
Les symboles de la royauté sont l’or, pour la magnificence, et la pourpre, pour la puissance.
L’or et la pourpre sont réunis ostensiblement dans une scène, dite du « Bon Berger ». Le manteau est pourpre. L’auréole est d’or. Le berger est un Berger-Roi.
C’est ce Roi-Berger qui veillera à la bonne marche de l’Éden retrouvé.
La vision de la royauté du Berger n’est pas immédiate. Habituellement, le visiteur doit se retourner pour l’apercevoir. La scénographie tient compte de l’ordre de préséance : le Roi voit avant d’être vu. Logique du protocole de visite : présenter le domaine avant de révéler l’identité du régisseur. Art de ménager le suspense dans un conte : éblouir avant de livrer la clé de l’éblouissement.
Le spectacle pyrotechnique serait incomplet sans la musique. Effectivement, le feu d’artifice de Ravenne se donne avec de la musique ! Il s’agit même de la musique des corps célestes.
Les vibrations chromatiques des floraisons circulaires et concentriques traduisent des harmonies acoustiques qui en émanent et emplissent le firmament.
Le somptueux feu d’artifice est né de la volonté d’une femme, qui était fille et petite-fille d’empereurs, sœur d’empereurs, femme d’empereur, et mère d’empereur. Galla Placidia était son nom.
L’impératrice, qui a donné l’impulsion, et son conseiller artistique, qui a procédé à la mise en forme, étaient les auteurs du magnifique feu d’artifice.
La contribution de l’Aventy est loin d’être négligeable. Divinement inspirée, l ‘Aventy fait la promotion d’un spectacle pyrotechnique d’une magnificence inégalable et de très haute spiritualité.
Qui a connu la perfidie d’une embolie et vu le fil ténu de la vie prêt à se rompre ne peut rester indifférent au message porté par le feu d’artifice organisé par Galla Placidia à Ravenne.