La Deuxième Symphonie de Gustav Malher est encore appelée Symphonie de la Résurrection.
L’une des interprétations les plus mémorables a été réalisée par Claudio Abbado, au festival de Lucerne, en 2003. Le public était si envoûté par le voyage initiatique proposé qu’il restait plongé dans un silence religieux après la toute dernière note, oubliant presque d’applaudir.
Le maestro, qui souffrait d’une maladie réputée incurable, venait d’apprendre une bonne nouvelle : le sort funeste semblait épargner sa proie et l’étau de la mort s’est desserré. Le miracle de la rémission a habité toute l’interprétation en apportant l’intensité émotionnelle en lien avec le tragique du vécu.
Une autre Symphonie de la Résurrection, moins médiatique que celle de Gustav Mahler, mais tout aussi émouvante, se joue, non pas à Lucerne, en Suisse, mais entre Saône et Rhône.
Les premières notes parlent du bruissement de la vie un dimanche matin, de l’attrait de l’artisanat, du plaisir du négoce.
Les joies du marchandage appartiennent à la sphère d’Hermès.
Puis vient l’alerte, et la découverte du danger. À l’autre bout du fil, une voix énergique et persuasive insiste pour que l’essoufflement, étrange et inquiétant, soit déclaré et soigné tout de suite à l’hôpital. La communication, même par les ondes de l’électromagnétisme, est du domaine d’Hermès.
Sans ce coup de fil décisif, la vie se serait arrêtée ce dimanche 14 mai 2017.
En effet, l’hôpital cardiologique détecte une embolie et reconnaît qu’elle est soignée à temps.
Dans la cité des Gaules, il existe un portrait d’Hermès qui côtoie celui des Parques.
Dans cette représentation, le Messager de l’Olympe lève la main droite, comme pour dissuader la Parque de couper le fil de la vie.
C’est cet Hermès intercesseur qui a empêché le Zeph d’être orphelin depuis huit semaines.
Une des fonctions d’Hermès est d’accompagner les défunts vers leur lieu de séjour.
L’on se souvient que c’est Hermès qui a ramené Eurydice aux Enfers, après qu’Orphée s’est retourné pour la voir.
Ce dimanche 14 mai 2017, Hermès n’était pas prêt à remplir ce rôle. Hermès aurait-il eu pitié du Zeph ? Sans aucun doute. C’est la seule explication.
Mais qu’est-ce qui a motivé la clémence d’Hermès ?
Il y a trois ans, quand le Zeph était mis à l’eau pour la première fois, en tant que Zeph, il n’a pas oublié de rendre grâce aux divinités et de leur offrir une libation à la pointe de la proue.
Le marin qui avait été volontaire pour aider le Zeph à accomplir ce geste de piété envers les divinités était justement celui qui a dit avec force et insistance qu’il fallait se rendre, sans tarder, à l’hôpital, ce dimanche 14 mai 2017.
La main qui avait spontanément participé à la libation était aussi la main qui s’est préoccupée de ranger la coupe au crépuscule. Cycle complet du rituel de la piété. Il va de soi que les divinités ont choisi un homme pieux pour être le porte-parole de leur clémence.
Il s’avère que celui qu’Hermès a choisi pour indiquer au Zeph le chemin de la délivrance est aussi un disciple d’Asclépios. Et de tous les disciples d’Asclépios qui ont à faire avec la fracture du bras, c’est le seul à avoir tout juste, tout de suite, dès le départ ! Exactitude remarquable de l’intuition de l’embolie, puis exactitude tout aussi confondante de l’intuition de la phlébite avec la nécessité d’un Doppler. La perspicacité du jugement médical est une récompense accordée à un comportement pieux.
Le disciple d’Asclépios, qui bénéficie de la faveur d’Hermès, porte un prénom qui laisse à penser qu’il est l’ami des chevaux. Sa compagne est aussi disciple d’Asclépios. Leurs enfants, à tour de rôle, ont postulé pour être, eux aussi, disciples d’Asclépios.
Ainsi, depuis huit semaines, le destin du Zeph résonne tel une Symphonie de la Résurrection. Hermès, puis Asclépios en sont les auteurs. Les divinités expriment ainsi leur clémence à l’égard des marins qui pratiquent la piété.